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» entre le gouvernement de S. M. et celui de >> France, dont le résultat ne saurait encore >> être connu, S. M. informe la chambre, qu'a» nimée par l'intérêt qu'elle prend toujours » à la sûreté et au bien-être de ses sujets, elle >> a jugé nécessaire d'exercer les pouvoirs >> dont elle est revêtue par acte du parlement, » pour convoquer et mettre immédiatement » sur pied la milice de ses royaumes, ou telle partie d'icelle que S. M. jugera convenable » pour la défense et la sûreté de ses royau» mes, ne doutant point que son parlement » ne l'approuve.

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Bien assurés de cette approbation, les ministres l'avaient devancée: dès le 7 mars, la veille du premier message, une proclamation royale encouragea les enrôlemens pour le service de mer; tous les matelots au service étranger furent rappelés; la presse commença le 9 mars à Londres et dans les autres ports. Les officiers les plus distingués de l'armée navale, l'amiral Gardner, sir Sidney Smith, sir Édouard Pellew, et beaucoup d'autres, s'empressèrent d'offrir leurs ser

vices à l'amirauté. Le cri de guerre jeté par le gouvernement retentit dans toute l'Europe; des messagers furent expédiés pour toutes les légations, et portèrent la consternation dans toutes les capitales et dans les principales places de commerce. Seize vaisseaux, la plupart de premier rang, furent mis en commission: on redoubla d'activité pour les armemens; lord Keith partit pour Plymouth; l'amiral Thomborough fut désigné pour prendre le commandement de la rade des Dunes; lord Gardner fut envoyé à Portsmouth, et le commodore Domett à Corke, en Irlande.

Sir Sidney Smith reçut l'ordre de mettret en mer avec une escadre d'observation; les amiraux sir James Saumarez et sir Édouard Pellew prirent chacun le commandement d'une division; enfin lord Nelson fut chargé du commandement général de toutes les forces navales dans la Méditerranée. Jamais une plus grande ardeur ne s'était manifestée' dans la marine anglaise. La nation qui avait accueilli la paix avec tant d'enthousiasme,

n'en montrait pas moins pour ces préparatifs : on irritait la haine et la fierté des uns; on excitait le courage des autres; les dépouilles des peuples allaient affluer de nouveau dans les ports d'Angleterre; les retours de Batavia et des autres possessions hollandaises dans l'Inde, promettaient aux armateurs un riche butin.

Les messages du roi si imprévus même à Londres, n'étonnèrent pas moins à Paris. Le premier Consul dissimula d'abord son ressentiment : résolu de laisser consommer l'agression pour en tirer avantage, vis-à-vis des puissances du continent, et rendre plus difficile la formation d'une nouvelle coalition, il affecta la plus grande modération; il imposa silence aux écrivains, et ne parut occupé dans ses conseils que de la discussion du Code civil, et d'objets d'administration intérieure: mais ce calme apparent ne pouvait cacher que pour quelques instans ses travaux militaires et politiques; il passait des nuits entières avec ses ministres des affaires étrangères, de la guerre et de la marine.

Il ne se borna pas à s'assurer de la neutralité des puissances du Nord, qui semblait être suffisamment garantie par leur propre intérêt; il tenta de les déterminer à profiter de cette circonstance pour affranchir leurs pavillons du joug honteux imposé par l'Angleterre, comme un vasselage à tous les peuples navigateurs : il essaya de renouer cette formidable ligue maritime, à peine ébranlée par le bombardement de Copenhague, et seulement rompue par la mort de Paul Ier. Ce fut dans ce dessein qu'il envoya ses aides-de-camp, le général Duroc et le colonel Colbert, le premier auprès du roi de Prusse, et le second à l'empereur de Russie. Ces deux officiers arrivèrent ensemble à Berlin le 22 mars, presque aussitôt que la nouvelle du message du roi d'Angleterre ; le colonel Colbert fut rendu à Saint-Petersbourg le 13 avril.

Ces deux cours, dont l'alliance secrète depuis l'entrevue de Memel avait pris plus de consistance, s'étaient déjà concertées : elles refusèrent par les mêmes motifs

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dans les mêmes termes, de s'immiscer dans la querelle, de compromettre leur marine, leur commerce et d'épuiser leur trésor pour affermir de plus en plus l'existence et la domination de la république française sur le continent, pour délivrer Malte à son profit, et lui ouvrir l'Égypte ; et quand même ces puissances n'auraient pas été retenues par la foi de leurs traités particuliers, elles devaient naturellement préférer aux avantages que leur fesait entrevoir le gouvernement français, les chances qui pouvaient résulter pour elles des événemens d'une guerre acharnée entre les deux colosses de l'occident.

Pendant cette infructueuse négociation, le premier Consul mettait l'armée sur le pied de guerre, levait cent vingt mille conscrits, pressait les constructions dans tous les ports, dirigeait des corps de troupes vers les côtes des deux mers, renforçait ceux qui se trouvaient en Italie et en Hollande, mettait Flessingue en état de siége pour en faire un grand arsenal, et préparait, avec une incroyable activité, le développement de forces

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