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avertissement salutaire, pour qu'il jugeát mieux de la sincérité, de l'attachement des Français, et de leur paix, avec les Turcs. Cet ordre daté du mois de septembre 1799 << rappelait aux Égyptiens que Constantinople >> était tributaire de l'Arabie, et que le temps » était venu de rendre au Caire sa supréma» tie, et de détruire en Orient l'empire des » Osmanlis. >>

Le colonel Sebastiani, encouragé par les égards que lui témoignait le pacha du Caire, en présence du commissaire anglais, donna plus d'éclat encore à sa mission, en mettant tous les chrétiens sous la protection spéciale de la France, en recommandant les moines du mont Sinaï, ceux de la Propagande, et obtenant pour eux la promesse du rétablissement de leurs priviléges. Avant de quitter le Caire, il rassembla tous les chrétiens, et fit chanter un Te Deum en action de grâces. Il partit pour Damiette dans une kange du pacha, fut escorté jusqu'à Boulak avec les mêmes honneurs que le jour de son arrivée.

Satisfait d'avoir vu se répandre avec rapi

dité d'Alexandrie aux Pyramides et jusques aux Grandes-Cataractes les mêmes impressions favorables aux Français,les mêmes vœux pour la prospérité du premier Consul, Sebastiani se rembarqua sur sa frégate au bogaz de Damiette,etfit voile pour Saint-Jean-d'Acre. Il écrivit au fameux Djezar, pour lui proposer une conférence : sur son acceptation verbale, il se rendit seul près de lui, et le trouva seul au fond de son palais, comme le minotaure au fond du labyrinthe. Le Pacha était entouré d'armes de toutes espèces. Il promit

que

les Français recevraient dans les ports de Syrie l'accueil le plus amical. « J'estime les » Français,dit-il; Bonaparte est petit de corps, >> mais c'est le plus grand des hommes..... Je >> sais qu'on le regrette au Caire : je ne fais au>> cun cas des ordres du Divan; je n'ai besoin >> de personne, et l'on me recherche. » Le colonel Sebastiani obtint que les couvens de Nazareth et de Jérusalem seraient efficacement protégés il ne lui fut point permis de voir ces fortifications devant lesquelles avaient échoué les efforts du conquérant de l'Italie

et de l'Égypte, et cette tour où l'intrépidité des grenadiers français ne put suppléer au manque d'artillerie. Il quitta ce palais ou plutôt ce repaire, où l'appareil de la guerre et celui des supplices frappaient en même temps les yeux; où les ministres et les esclaves, également mutilés de la main du monstre qui les gouverne par la terreur, présentaient le spectacle le plus hideux et le plus humiliant pour l'humanité.

Là finit, du moins quant à l'objet dont nous occupons ici nos lecteurs, le voyage du colonel Sebastiani; sa relâche au Zante et ses observations sur les dispositions des habitans des îles Ioniennes, n'avaient plus de rapportaux affaires du Levant. Il importe peu de connaître quels motifs déterminèrent le premier Consul à publier le compte rendu par le colonel Sebastiani. Voulut-il seulement constater aux yeux de l'Europe le refus d'évacuer l'Égypte, ou ne chercha-t-il qu'à satisfaire son orgueil flatté de l'influence de son nom dans l'Orient? Peut-être jugea-t-il nécessaire de démentir d'avance les rapports

infidèles qu'il supposait que les Anglais ne manqueraient pas de répandre. Quoi qu'il en soit, cette publication très-impolitique fut considérée généralement comme un aveu des prétentions et des vues ultérieures du gouvernement français sur l'Égypte, et caractérisée comme une agression par les partisans de la guerre : ils s'emparèrent de ce nouveau prétexte pour justifier les retards d'exécution du traité d'Amiens.

La difficulté insoluble était toujours la rétrocession de Malte; ce port si commode, si facile à garder, cette douane de la Méditerranée était pour le commerce de l'Angleterre d'une valeur supérieure à tous ses autres établissemens; il présentait à sa marine militaire le point d'appui le plus menaçant pour ses opérations offensives, et le refuge le plus sûr en cas de revers. Le rocher de Malte entre les mains des Anglais n'est rien moins que le commandement de toute espèce de navigation dans ⚫ ces parages aussi l'adresse et l'activité du ministre français de Talleyrand n'avait pu triompher des chicanes multipliées dont les

négociateurs anglais avaient semé les germes dans l'art. 10 du traité.

Les trois puissances du Nord qui avaient garanti l'indépendance de l'île de Malte s'étaient concertées avec le roi d'Angleterre, pour que la nomination du grand-maître fût, pour cette fois, déferée au saint-siége sur la présentation des, prieurés de l'ordre ; et le Pape ayant accédé à cet arrangement avait nommé, le 9 février 1803, le bailli de Thomasy grandmaître de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Ce nouveau souverain chargea de ses pouvoirs et nomma son lieutenant le commandeur de Busy, qui arriva à Malte le 28 du même mois: il requit au nom des puissances garantes le ministre d'Angleterre M. J. Ball, de lui remettre l'île et. de faire relever les garnisons anglaises par les troupes napolitaines celui-ci répondit qu'il n'avait point d'ordre pour faire évacuer l'île de Malte par la garnison anglaise, et fit entendre que le grand maître ferait bien de ne pas s'y rendre.

M. de Busy, après avoir récapitulé les en

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