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ses états; le roi de Sardaigne détrôné; la maison d'Orange exclue du stathoudérat ; les oligarchies de Berne et de Génes perdant leur existence; le Portugal démembré ; fruits amers, inévitables effets de leur alliance avec l'Angleterre.

Cette virulente récrimination était terminée par cette espèce de défi.

«Au reste, le peuple français n'ignore » point qu'il existe une grande masse de » jalousie, et que long-temps on fomentera » contre lui des dispositions hostiles, soit » intestines, soit étrangères; aussi demeuret-il constamment dans cette attitude que » les Athéniens ont donnée à Minerve : le » casque en tête et la lance en arrêt. On » n'obtiendra jamais rien de lui par des pro» cédés menaçans; la crainte est sans pou» voir sur le coeur des braves. »

Nous n'étendrons pas davantage les citations de ces écrits éphémères qui ne méritent d'être mis au rang des documens pour l'histoire, que parce qu'ils portentl'empreinte des passions qui les dictèrent, et font, pour

ainsi dire, revivre aux yeux du lecteur le caractère des principaux personnages. Nous ne pourrions représenter plus fidèlement ce qui se passait au cabinet des Tuileries dans cette grande circonstance; le dépit et l'impatience du premier Consul, et les premières étincelles de l'incendie qui embrasa l'Europe: c'est maintenant à Londres, à l'ouverture des débats du parlement, qu'il faut en suivre les progrès.

Le discours du roi était attendu avec la plus vive inquiétude; jamais une aussi grande foule n'avait inondé les accès des deux chambres, et n'avait accueilli la personne royale avec de plus fortes acclamations: il semblait que le secret du gouvernement ne pouvait être plus long-temps retenu par les ministres. La nation était avide de le pénétrer dans les paroles émanées du trône; et la présence de l'anıbassadeur français, le général Andréossi, ajoutait à l'intérêt de cette séance solennelle.

Cette ardente curiosité ne fut qu'imparfaitement satisfaite; le gouvernement garda

une juste mesure entre le désir de la paix et les dispositions à la guerre.

<<< Dans mes communications avec les puis»sances étrangères, disait S. M., j'ai été >> animé d'une disposition sincère pour le >> maintien de la paix; il m'est néanmoins » impossible de perdre de vue le système de >> politique sagement établi, par lequel les » intérêts d'autres états sont liés à nos pro>> pres intérêts. Je ne saurais par conséquent » être indifférent à tous changemens essen» tiels dans leur position et leurs forces >> relatives. Ma conduite sera invariablement » réglée par une juste considération de la si>>tuation actuelle de l'Europe, et par une » sollicitude vigilante pour le bien-être per>> manent de mes peuples.

» Vous penserez, j'en suis sûr, avec moi, » qu'il est de notre devoir d'adopter les me» sures de sûreté les plus propres à assurer » à mes sujets la perspective de conserver >> les bénédictions de la paix. »

Malgré le vague des expressions, le dernier paragraphe de ce discours pouvait être

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interprété d'une manière peu favorable au maintien de la paix. Les débats pour la rédaction de l'adresse mirent à découvert les véritables intentions. L'amiral Nelson, en appuyant dans la chambre des pairs la motion de l'adresse, était resté dans les bornes d'une modération conforme à l'esprit du discours du roi mais lord Grenville éclata en reproches contre les ministres auteurs d'une paix qui, disait-il, avait produit de plus grands maux qu'on n'en pouvait attendre du plus malheureux résultat de la guerre. Il peignit avec amertume l'état de servilité où l'Europe était plongée à l'égard du gouvernement français, qui disposait de l'indépendance, de l'existence même des autres puissances, au gré de son caprice. Il énuméra toutes les atteintes portées aux trônes, aux territoires, et aux droits des nations.

Les ministres ne s'engagèrent point dans le débat sur le fond de la question politique, et se bornèrent à dire « qu'ils n'auraient pas » moins à cœur que leurs prédécesseurs les >> affaires du continent, pourvu que la si

>>tuation de l'Europe permît à la Grande» Bretagne de se promettre quelque succès » de ses dépenses et de ses efforts. » C'était presque annoncer des projets hostiles et l'espoir de former une nouvelle coalition.

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La réticence des ministres et leurs expressions ambiguës, après une attaque si vive, étaient fort remarquables, parce qu'on savait que M. Pitt, l'ami, le conseil de lord Hawkesbury, s'était peu à peu rapproché des Grenville, qui le rappelaient hautement au timon des affaires, comme le seul homme, disait Thomas Grenville à la chambre des communes, qui pût mettre un frein à l'ambition de celui qui gouvernait la France et l'Europe avec un pouvoir absolu.

Au milieu de cette agitation des partis, on vit reparaître M. Fox. Cet illustre orateur venait de faire un voyage en France; l'accueil distingué qu'il y avait reçu l'avait mis à portée de juger sainement la grande question qui préoccupait tous les esprits : il prononça, dans la séance du 9 novembre, un discours plein de sagesse: nous le rappor

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