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DE L'IMPRIMERIE DE RENAUDIERE,

RUE DES PROUVAIRES, N. 16.

Le Censeur

EUROPÉEN,

OU

Examen de diverses questions de droit public, et de ouvrages littéraires et scientifiques, cousidéréa

divers

dans leurs rapports avec les progrès de la civilisation.

PREMIÈRE PARTIE.

MATIÈRES GÉNÉRALE S.

DES FACTIONS.

Les peuples civilisés se trouvent aujourd'hui dans une position tout à fait neuve, et qui n'a aucune comparaison dans l'histoire des anciens temps. Le genre humain n'est pas, comme les autres espèces d'animaux, stationnaire par sa Cens. Europ. - TOM. III.

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nature , il a des organes qui le rendent propre à se perfectionner; l'homme a pu s'emparer des forces de la nature; il a su, par ses progrès successifs, se faire un domaine de propriété matérielle et de propriété intellectuelle que les générations se transmettent en héritage, et qui s'accroît, par la succession des temps, par de nouvelles acquisitions, qui viennent sans cesse grossir le capital.

Le domaine matériel et intellectuel des anciens était infiniment petit, en comparaison du nôtre. Les peuples étaient isolés, sans communications, inconnus les uns aux autres. L'art de la navigation les a tous mis en rapport: le commerce a excité l'industrie, et le travail, autrefois honteux et réservé aux esclaves, est devenu de nos jours la vertu des peuples; la propriété en est la récompense. Les progrès des arts, les moyens d'échange ont rendu l'homme indépendant il sait vivre de son travail, il n'est plus attaché à la glèbe, son existence ne dépend pas des caprices d'un maître ; il fuit les persécutions, emportant avec lui sa propriété et son industrie, pour les transplanter partout où il trouve liberté, protection et profit.

Le domaine intellectuel s'est accru comme le domaine matériel. L'imprimerie est le moyen

magique qui sert à conserver et à accroître ce trésor précieux; il le place à l'abri de toutes les tentatives du despotisme et de la barbarie. Cet art merveilleux met les peuples en conversation permanente; il est un organe nouveau, inconnu aux anciens, qui démasque l'erreur et proclame la vérité; il ne laisse perdre aucune invention utile, tout ce qu'il recueille devient un héritage pour la postérité.

Ges changemens établissent une différence très-grande entre les anciens temps et ceux où nous vivons; ils doivent influer sur les gouvernemens après avoir changé la situation des peuples.

Les peuples de l'antiquité étaient divisés en maîtres et en esclaves ; ceux-ci, presque sem→ blables aux bêtes, devaient travailler sans pouvoir acquérir; les autres, vivant dans l'oisiveté, ne connaissaient d'autre métier que la guerre, d'autre droit que la force, d'autre vertu que le courage. Chez eux le travail devait être honteux, puisque la force seule assurait la propriété. De là leur penchant pour la guerre, et leur grande estime pour la force physique et l'audace.

La passion des peuples modernes est d'acquérir par le travail, de conserver et de jouir. La force et le courage n'est plus leur vertu essentielle, c'est le

travail et l'industrie; ils ne desirent pas la guerre

gouvernement

si contraire à leur but, ils veulent la paix, la li berté des communications, et tout ce qui peut faciliter les échanges dans le monde entier. La France, placée pour ainsi dire à la tête de la civilisation de l'Europe, a ce vif desir plus qu'aucun autre peuple du continent, et le qui voudra favoriser son penchant, s'emparera de la force et de l'opinion nationales; il gouvernera avec ceux qui ont acquis, ceux qui veulent acquérit, ceux pour qui le travail est une vertu, et la conservation de la propriété un besoin; ce sont ces hommes qui forment le plus grandnombre et qu'on peut appeler la nation.

Les factions sont composées d'hommes parasites qui veulent vivre sans travail aux dépens de ceux qui travaillent. Il faut créer pour eux des places dans les administrations, dans la judicature, dans l'armée de terre et dans la marine. Si les gens de cette espèce sont rangés sous deux bannières différentes, ils menacent de troubler l'état. On est obligé de composer avec les uns et les autres, et c'est toujours la partie saine et laborieuse qui doit payer ces compositions. Si l'on veut gouverner avec une faction contre l'autre, on s'égare; la masse industrieuse reste neutre, et les factions sont aux prises, troublent

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