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M. le général Mouton-Duvernet. « Je sais qu'une résolution de la Chambre a chargé le gouvernement de lui faire tous les jours connaître la situation des affaires; mais il est possible que le gouvernement ne puisse pas en présenter tous les jours. Il est impossible que le général en chef, occupé des mouvemens des troupes et des détails immenses d'une défense telle que celle de Paris, puisse jour par jour s'occuper d'un rapport. »

Plusieurs voix. « Ce serait imprudent, dangereux. »

On demande de nouveau l'ordre du jour. — L'ordre du jour est adopté à la presque unanimité. — On demande de nouveau la levée de la séance.

M. le général Mouton-Duvernet. « Vous avez.envoyé des commissaires à l'armée; mais les commissaires n'ont pas vu le corps du général Vandamme; les troupes qui composent ce corps ne connaissent ni vos adresses, ni vos commissaires. Les journaux ne parviennent pas au camp, parce que les officiers qui les donnaient à lire aux troupes dans leurs cantonnemens n'ont pas eu le temps de faire changer leurs adresses (!). »

Plusieurs voix. « Tant mieux... »

M. Mouton-Duvernet. « Cependant, il faut que les troupes sachent ce qui se passe, ce que vous faites pour elles, je demande qu'un extrait de vos procèsverbaux soit dès aujourd'hui adressé à l'armée. »

La Chambre arrête que les commissaires iront visiter le corps du général Vandamme demain matin, et lui porteront, avec l'adresse de la Chambre à l'armée, l'extrait des procès-verbaux.

M. le président annonce que demain matin, à neuf heures, la Chambre se réunira dans ses bureaux pour s'occuper de la Constitution, et que la séance générale s'ouvrira à midi; plus tôt, s'il y a un message du gouvernement à lui communiquer.

Chambre des Pairs.-Séance du 1er juillet 1815.

Le prince archi-chancelier déclare la séance ouverte à deux heures trois quarts.

M. le président. « L'ordre du jour appelle M. le comte Thibaudeau à la tribune, pour y faire la proposition qu'il a annoncée hier, et en développer les motifs. »

Le comte Thibaudeau. « J'ai été, en ma qualité de secrétaire de la Chambre, convoqué avec le bureau par la commission de gouvernement. Je n'ai pu m'occuper du travail que je devais soumettre à la Chambre. D'ailleurs j'ai été informé qu'il avait été fait à la Chambre des Représentans une semblable proposition. Je pense que l'examen de la mienne doit être ajourné jusqu'après la clôture de la discussion entamée dans cette Chambre. >>

La proposition n'a pas de suite.

M. le comte Thibaudeau (secrétaire) donne lecture d'une lettre du président de la commission de gouvernement, et d'un message contenant une lettre du général Lamarque, aunonçant la pacification de la Vendée; 2o une dépêche télégraphique venue de Lyon, et adressée par le maréchal duc d'Albuféra. — (Voyez Chambre des Représentans).

M. le président.« Il n'y a plus rien à l'ordre du jour.»

Le maréchal Grouchy demande la parole.

Messieurs, c'est avec un douloureux étonnement que j'ai vu dans les jour

(4) Le gouvernement avait, quelques jours auparavant, pris des abonnemens aux journaux pour les envoyer à l'armée. (Note des auteurs.)

naux la manière dont on s'exprime relativement au compte que j'ai rendu de la situation de l'armée du nord. N'ayant cessé de payer aux troupes de l'aile droite que j'ai commandées à Fleurus, et depuis, le tribut d'éloges qu'elles méritent; n'ayant cessé d'écrire qu'elles formaient une masse de plus de vingt mille hommes d'infanterie, et de cinq mille de cavalerie; qu'elles ramenaient plus de cent bouches à feu, que toutes ces troupes étaient remplies de zèle, d'énergie, de dévouement, comment se permet-on de donner à entendre que celui qui a eu l'honneur de marcher à leur tête les aurait calomniées.

Messieurs, je demande que le ministre de la guerre publie les pièces et rapports que je lui ai adressés pendant ma marche de Namur jusqu'à Reims. Elles prouveront à l'armée et à la France l'outrage qui m'est fait.

» Arrivé à Reims avec mon brave corps d'armée, j'ai reçu du gouvernement l'ordre de le conduire à Soissons (où le duc de Dalmatie réorganisait les débris de l'armée qui avait combattu à Waterloo ), de prendre le commandement de la totalité de l'armée du Nord, et de marcher sur Paris.

» Compiègne, Creil, Pont-Sainte-Maxence n'avaient pas été occupés. L'en nemi en était maître. Il était plus près-que moi de la capitale. Je ne pouvais y arriver à temps que par la marche la plus rapide, et en prêtant le flanc pendant dix-huit heures à l'ennemi. Je me déterminai donc à faire filer, couvertes par les troupes qui venaient de Soissons, celles que j'avais amenées de Reims. Cette disposition les a fait arriver à Paris sans tirer un coup de fusil.

» L'aile gauche a été attaquée dans sa marche, comme je m'y attendais, et sur deux points. Quelques pièces de canon ont été prises. Des soldats ont abandonné leurs rangs, et j'ai été moins content des corps de cette aile gauche, que de ceux que j'amenais de Namur.

» J'ai dù l'écrire : taire la vérité au gouvernement est un crime (qu'aucune considération ne saurait me faire commettre, moins encore quand le salut de la capitale exige que les moyens de défense soient bien pesés..

D

» Mais, messieurs, si j'ai rendu compte de la désorganisation de l'aile gauche de l'armée, à son arrivée ici, après une marche de ving-huit lieues en trente heures, qu'il me soit permis d'être fier d'avoir pu amener sous Paris les quarante mille hommes que j'y ai conduits; et qu'on n'imagine pas que j'ai pu méconnaître ce dont ils sont capables, et les causes de l'affaiblissement momentané de quelques corps, sous les rapports moraux et numériques.

• Messieurs, une défiance fondée de mes propres talens m'a fait désirer que des mains plus habiles que les miennes fussent chargées de la direction des forces destinées à défendre Paris. Mais permettez-moi d'espérer que la France et vous-mêmes saurez apprécier la difficile et glorieuse retraite qui, en ramenant des bords de la Dyle sur ceux de la Seine les troupes qui m'étaient confiées, nous donne aujourd'hui les moyens de combattre l'ennemi qui vous entoure. »

La proposition du maréchal est appuyée par plusieurs membres. — Insertion de la réclamation au procès-verbal.-M. le président suspend la séance jusqu'à quatre heures. La séance est reprise à quatre heures un quart. Comme il n'est point arrivé de message, la séance est suspendue.- La séance est reprise à neuf heures et un quart. - Le comte Thibaudeau donne lecture d'un message de la Chambre, ainsi que de l'adresse au peuple français, qui y est annexée.

Le comte Fabre. « Messieurs, je ne pense pas qu'on puisse adopter cette adresse sans l'avoir mûrement réfléchie. Je demande que l'examen de cette adresse soit renvoyé à une commission composée de sept membres.

T. XL.

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Plusieurs voix. « Le rapport séance fenante. »

Le comte Fabre. « Quand la commission sera prête. »

Le comte Cornudet. « A demain. »

M. le président met aux voix la proposition de nommer une commission et d'ajourner à demain. Il y a du doute. L'épreuve est renouvelée. Il est arrêté qu'il sera nommé une commission dont on entendra le rapport demain.

ÉVÉNEMENS MILITAIRES.

Le conseil de guerre, dont on avait, le 1er au matin, décidé la réunion, eut lieu le soir. Voici la liste des questions et des réponses:

« Première question.

fense de Paris ?

-

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» Réponse. — L'état des retranchemens et leur armement sur la rive droite de la Seine, quoique incomplet, est en général assez satisfaisant. Sur la rive gauche, les retranchemens peuvent être considérés comme nuls.

» Deuxième quest. L'armée pourrait-elle couvrir et défendre Paris? » Rep. Elle le pourrait, mais non pas indéfiniment; elle ne doit pas s'erposer à manquer de vivres et de retraite ?

Troisième quest. Si l'armée était attaquée sur tous les points, pourraitelle empêcher l'ennemi de pénétrer dans Paris d'un côté on d'un autre?

Rép. Il est difficile que l'armée soit attaquée sur tous les points à la fois; mais, si cela arrivait, il y aurait peu d'espoir de résistance.

» Quatrième quest.- En cas de revers le général en chef pourrait-il réserver ou recueillir assez de moyens pour s'opposer à l'entrée de vive force?

» Rép. Aucun général ne peut répondre des suites d'une bataille. » Cinquième quest. Existe-t-il des munitions suffisantes pour plusieurs

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Enfin, peut-on répondre du sort de la capitale, et pour

n'y a aucune garantie à cet égard.

» Ce 2 juillet, à trois heures du matin. - Signė le maréchal, ministre de la guerre, prince D'ECKMULH. »

Tel n'était pas cependant, dit-on, l'avis unanime des généraux appelés au conseil, ni même l'avis de la majorité. Avant de traiter la question militaire, on avait traité la question politique. Soult et Davoust se prononcèrent vigoureusement en faveur des Bourbons, et par conséquent pour la reddition de Paris. Plu sieurs généraux soutinrent l'opinion contraire. Le conseil se sé para sans avoir formulé une délibération. Lorsque les généraux qui voulaient se battre furent retournés à leurs postes, le procèsverbal fut rédigé, et signé par ceux qui étaient restés et voulaient capituler. (Thibaudeau.)

Ce procès-verbal fat aussitôt envoyé à la commission, qui dé

CENT-JOURS.

cida qu'on ferait les démarches nécessaires pour terminer la guerre.

Quoi qu'il en soit, on batailla toute la journée du 2, avec les Prussiens, au sud de Paris. L'armée française était en quelque sorte acculée aux murs de la capitale, sur la ligne où avaient dû être établies les fortifications. Au lieu de poursuivre et d'aider le mouvement de Vandamme, le seul qui pût amener un résultat décisif, puisqu'il tendait à couper la route par laquelle ils communiquaient avec le nord, leur seul point de retraite ; au lieu de faire des démonstrations dans cette direction, on fit retirer le deuxième et le quatrième corps, qui s'étaient avancés jusqu'à Saint-Cloud. L'armée était indignée. Vers dix heures du soir, Davoust, par les ordres de la commission, écrivit au général prussien commandant l'avant-garde, pour proposer la suspension des hostilités.

Au prince d'Eckmülh, 2 juillet. — Monsieur le maréchal, le général Revest m'a communiqué verbalement que vous demandiez un armistice pour traiter de la reddition de la ville de Paris. Je n'ose même point annoncer cette demande à S. A. le maréchal prince Blücher; mais cependant, si les députés du gouvernement déclarent à mon aide de camp, le comte Westphalen, qu'ils veulent rendre la ville, et que l'armée veut se rendre aussi, j'accepterai une suspension d'armes.

» J'en ferai part alors à S. A. le prince Blücher, pour traiter sur les autres articles. · Signé ZIETHEN. »

Cette réponse remplit d'indignation l'état-major; on ne voyait qu'un moyen de rendre les Prussiens raisonnables, c'était de les battre. Or, rien n'était moins impossible. Notre armée, forte de soixante-dix mille hommes de ligne, était sans doute moins nombreuse que la leur; mais ils occupaient une ligne immense qu'il était facile de percer; nous avions l'avantage de bien connaître le terrain sur lequel il s'agissait de manoeuvrer; nous pouvions choisir notre point d'attaque; en un mót, les chances étaient en notre faveur. Aussi Fouché fut effrayé des résultats possibles d'une bataille; il était trop engagé pour reculer; il expédia en conséquence le général Tromelin à Blücher et Marcirone à Wellington; ils étaient porteurs d'une note ainsi conçue:

« L'armée est mécontente parce qu'elle est malheureuse: rassurez-la ; elle deviendra fidèle et dévouée.

» Les Chambres sont indociles par la même raison: rassurez tout le monde, et tout le monde sera pour vous.

» Qu'on éloigne l'armée : les Chambres y consentiront en promettant d'ajouter à la Charte les garanties spécifiées par le roi. Pour se bien entendre il est nécessaire de s'expliquer; n'entrez donc pas à Paris avant trois jours; dans cet

intervalle tout sera d'accord. On gagnera les Chambres; elles se croiront indépendantes, et sanctionneront tout. Ce n'est point la force qu'il faut employer auprès d'elles ; c'est la persuasion. »

Les conseils de Fouché furent exactement suivis, ainsi qu'on le verra par la suite.

Représentans. — Séance du 2 juillet.

M. Dupont de l'Eure, vice-président, occupe le fauteuil.
La séance est ouverte à deux heures moins un quart.

Plusieurs anciens militaires résidans à Paris réclament du service; la meniton honorable est faite au procès-verbal, et le renvoi de leur pétition à la commission du gouvernement est ordonné.

Un sécrétaire donne lecture d'une adresse des fédérés de Clermont-Ferrand, département du Puy-de-Dôme.

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Représentans, y est-il dit, les revers élèvent les ames libres, ils fortifient les courages éprouvés et redoublent l'indignation qué fait éprouver une injuste agression. A la nouvelle de nos malheurs à l'armée du Nord, nous nous somines réunis le 25 de ce mois, et nous avons juré de répandre jusqu'à la dernière goutte de notre sang pour la défense commune. Nous avons vu, avec la satisfaction la plus vive, que le gouvernement et les représentans du peuple rivalisaient de zèle. Le caractère énergique qu'ils déploient depuis le noble sacrifice de Napoléon Ier, la vigueur des résolutions prises, l'enthousiasme qui a présidé à la proclamation de Napoléon II, a excité notre admiration et doublé notre dévouement. Si les puissances étrangères violent les engagemens qu'elles ont pris à la face du monde, si elles prétendent méconnaître par la force le principe de l'indépendance des nations, il faut que le peuple français se lève tout entier. Pour nous, nous sommes debout pour nous porter partout où les ordres du gouvernement nous appelleront. Vive la patrie! vive les pairs! vive les réprésentans du peuple! vive le gouvernement impérial de Napoléon II! »

La Chambre ordonne la mention honorable de cette adresse au procès-verbal. M. Grégoire fait hommage à l'assemblée de plusieurs de ses ouvrages. On fait lecture de la lettre d'envoi. On y remarque ce passage:

« Tandis qu'ailleurs en parlant d'idées libérales, on partage les peuples comme s'ils étaient de vils troupeaux; tandis que des hommes aveuglés ou corrompus préconisent l'obéissance passive, au nom du christianisme qui les désavoue; tandis que simulant une tendresse paternelle envers la France, on veut y pénétrer en marchant sur les cadavres de tant de milliers de nos braves et sous l'escorte de baionnettes étrangères, l'acte qui proscrira constitutionnellement un commerce infâme, mettant en harmonie la justice et la politique, retentira dans les deux mondes; il préparera les esprits et les cœurs à une réconciliation générale. J'invoque à cet égard le courage et la droiture des Représentans de la nation. »

Paris, 1er juillet 1815. « Monsieur le président, nous avons reçu aujour d'hui des nouvelles des plénipotentiaires qui sont au quartier-général de l'armée de lord Wellington, pour traiter d'un armistice. La négociation continue; mais nous n'avons pas encore de résultats. - Signé, duc d'Otrante. »

Bulletin du 2 juillet 1815.

« Nos troupes ont eu occasion de développer hier leur valeur accoutumée dans deux affaires brillantes.

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