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Bordeu, qui raconte les anciennes coutumes suivies dans la faculté de Montpellier, signale l'usage que les médecins de cette faculté avaient adopté, de s'appeler eux-mêmes médecins orthodoxes sous le patronage de saint Luc, désignation qui, sans doute, dans le principe, n'eut d'autre objet que de marquer la séparation tranchée qui existait entre ces médecins et les médecins juifs et arabes de la même époque. Le même auteur nous fait connaître une autre coutume plus singulière encore, et qui durait depuis plusieurs siècles: la faculté, après avoir, au frontispice de ses thèses, invoqué Dieu, la Vierge et saint Luc, patron des médecins orthodoxes, terminait ainsi son invocation: Cette thèse sera soutenue dans le sacré temple d'Apollon. Étrange formule en effet, et conclusion bien inattendue après de telles prémisses.

De pareils traits sans doute accusent la physionomie d'un siècle, mais ils doivent être recueillis avec réserve et discernement. On nous saura gré de nous en tenir à ceux que nous venons d'indiquer. Un fait d'un autre ordre, et que nous devons mentionner, c'est l'ordonnance par laquelle Louis d'Anjou permit la dissection publique des cadavres des criminels. Cependant, malgré cette protection légale, on n'osait encore braver l'ignorance et les superstitions populaires; et ces investigations cadavériques étaient faites la nuit, à la lueur des flambeaux, au milieu du plus grand silence. Dans ces dissections clandestines, on enseignait l'anatomie en quatre leçons, dont la première était consacrée aux viscères du bas-ventre; la seconde, aux viscères de la poitrine; la troisième au cerveau ; et la quatrième aux membres (*).

Ces ressources étaient, on le voit, bien insuffisantes; on essayait d'y suppleer à l'aide des treize planches de Henri de Hermandaville, où se trouvaient représentées à peu près les principales dispositions des organes.

Mais l'un de ces événements fortuits, où la perfectibilité de l'espèce se révèle tout à coup, devait bientôt venir seconder la marche de l'esprit humain; grâce

() Voyez l'ouvrage de Gui de Chauliac.

à la découverte de l'imprimerie, ce fait immense, qui domine le quinzième siècle, il fut possible aux savants de remplacer les traductions d'auteurs anciens, faites de seconde main et sur des versions arabes, par des traductions entreprises d'après les textes originaux, lesquels ne tardèrent pas eux-mêmes à se multiplier.

En dehors du mouvement scientifique qu'il nous est interdit de suivre et d'apprécier dans cette rapide esquisse nous avons encore à nous demander quel était l'état réel de la faculté, et quelles étaient ses conditions d'exis tence et de durée. La faveur des rois ne lui manqua jamais; elle se manifesta par de nombreux priviléges. L'exemption de droits d'entrée, d'impôts et de contributions de guerre, accordée aux docteurs en médecine et à leurs écoliers en 1364, fut successivement confirmée par Charles le Sage, en 1379; par Charles VI, en 1427, et par Charles VIII, en 1484 et 1496. On avait seulement oublié d'assigner un traitement fixe à ceux qui étaient chargés des cours, et des revenus pour l'entretien de l'école. Il résultait de là que la gloire et de légers émoluments, fournis par les élèves, soutenaient seuls les professeurs et la faculté. Informé de l'état des choses, et voulant asseoir l'enseignement sur des bases durables, Charles VII établit quatre régents, chargés de faire des leçons annuelles, et assigna pour appointements à chacun d'eux une somme de cent francs, laquelle pouvait suffire au quinzième siècle. Une pareille somme devait, en outre, être consacrée annuellement à l'entretien et aux réparations de l'école; mais la mort empêcha le prince de donner une forme définitive à cette fondation.

C'est à Louis XII que Montpellier doit en réalité l'établissement des charges de professeurs. Charles IX ajouta douze cents francs aux cinq cents francs primitivement alloués. Henri IV porta le traitement de chaque professeur à six cents francs; et, plus tard, on y joignit l'immunité des tailles, aides, octrois, logement de gens de guerre, etc. Les priviléges, étendus d'abord à tous les docteurs de la faculté, furent ensuite restreints à ceux qui enseignaient,

et qui, seuls alors, se trouvèrent chargés des travaux relatifs à l'école et aux réceptions. Ainsi, dès le milieu du seizième siècle, la faculté de médecine cessa de comprendre l'universalité des médecins de Montpellier, et ne fut plus représentée que par les professeurs

royaux.

Bientôt, cependant, de jeunes médeeins, jaloux de seconder leurs maîtres, se vouèrent aussi à l'enseignement, et leur zèle fut reconnu par le titre légal de docteurs agrégés. Aussi nombreux d'abord que les docteurs régents, ils furent réduits à deux par un édit de 1610. En 1595, Henri IV avait créé deux chaires nouvelles : l'une d'anatomie, l'autre de botanique; un chirurgien anatomiste fut de plus chargé des dissections et démonstrations qui devaient toujours suivre les leçons du professeur. Cabrol occupa le premier cette place. La chaire d'enseignement chirurgical ne fut érigée qu'en 1673, par suite de dissensions entre les praticiens et les chimistes. A ces dissensions se rattache un procès fameux, qu'on ne peut point se dispenser de mentionner dans l'his-, toire de la faculté de Montpellier.

Renaudot, médecin de cette faculté, était venu se fixer à Paris, avec la prétention déclarée d'introduire dans la pratique médicale l'usage des remèdes chimiques, et notamment de l'antimoine. En conséquence, il avait établi, sous l'autorité du roi et en vertu de lettres patentes, un bureau public de consulta tions pour les pauvres. La faculté de Paris, voyant dans cette concurrence imprévue une violation de ses priviléges, résolut d'en poursuivre la suppression. La cause fut plaidée solennellement au parlement de Paris; et le célèbre GuiPatin, irréconciliable ennemi des remèdes chimiques qu'il flétrissait du nom de cuisine arabesque, se constitua le champion de sa compagnie, et fit condamner Renaudot. Mais le grand conseil, couvrant celui-ci de sa protection, lui délivra, en 1673, des lettres patentes portant érection d'une communauté des médecins de Montpellier réunis à Paris, avec droit d'y pratiquer la médecine. Cet établissement, aussitôt organisé, prit le nom de Chambre royale de Montpellier, et brava la faculté rivale

jusqu'en 1694, où elle fut abolie par une déclaration du roi.

Après avoir montré sommairement, l'origine et le développement progressif de l'ancienne école de Montpellier, nous voudrions pouvoir donner une idée des travaux de ses professeurs les plus illustres, et dire la part qui revient à cette compagnie savante dans les progrès de la médecine; le défaut d'espace nous oblige à ne donner ici que l'abrégé chronologique de l'histoire de cette école célèbre; mais, du moins, nous rappellerons qu'elle sut conserver sa renommée jusqu'au moment où elle vint tomber, comme toutes les corporations scientifiques, sous le coup de la loi du 18 août 1792.

Une autre loi la rendit à la vie; nous ferons plus loin connaître les principales dispositions de cette loi, qui sont également applicables aux facultés de Paris et de Strasbourg.

II. Ecole de Paris. On a voulu placer le berceau de cette école dans le palais de Charlemagne; mais le témoignage de l'histoire est formellement contraire à cette opinion; et la plus haute origine de l'école de médecine de Paris ne saurait remonter au delà de l'existence même de l'université. Or, ce fut en 1181 que le pape Alexandre III chargea le cardinal saint Chrysogone et les archevêques de Rouen et de Reims de dresser des règlements pour l'étude de Paris. C'était le nom sous lequel on désignait alors l'association toute volontaire et spontanée des maîtres ou savants sortis des écoles monastiques. Ce fut seulement vers 1250 qu'ils prirent le nom d'université.

Entre les années 1270 et 1280, la faculté de médecine se sépara de l'université. Ce fut alors seulement qu'elle prit un sceau particulier, commença à tenir des registres, et eut des statuts à elle; statuts qui furent confirmés, en 1331, par Philippe de Valois. Les premiers registres, connus sous le nom de Commentaires, ont été perdus; le plus ancien de ceux qui nous restent ne remonte pas au delà de 1395 (*).

(*) La plupart des détails qui suivent sont empruntés aux recherches historiques du docteur Sabatier, sur la faculté de médecine de Paris.

Pas plus que l'université, la faculté naissante ne possédait de revenus; elle n'avait pas même de salles pour ses cours; les premières qui furent construites pour elle lui furent ouvertes en 1505. Jusque-là, les grandes réunions des régents eurent lieu dans l'église des Mathurins ou à Notre-Dame. Les actes se passaient dans les maisons des maîtres, et plusieurs enseignaient chez eux. Quant aux leçons journalières que faisaient les bacheliers, elles avaient lieu dans le quartier Saint-Jacques, dans le voisinage de la place Maubert, dans ces rues étroites, sombres et humides, comme la rue du Fouarre, qui conserve encore aujourd'hui le nom qu'elle dut à la paille et au foin qui s'y trouvaient en abondance pour servir de litière aux élèves réunis, ou plutôt couchés et entassés dans des salles basses et non pavées; salles où l'on vit des fils de rois et des princes venir écouter et apprendre, car la faculté de médecine n'était pas seule maîtresse de la rue du Fouarre, où la faculté des arts faisait aussi ses cours. En 1454, sous le décanat de Denisdessous-le-four, Jacques Desparts, chanoine de l'église de Paris, et premier médecin de Charles VII, convoqua là faculté au bénitier de Notre-Dame, et démontra à ses collègues la nécessité d'obtenir pour les cours un local plus convenable. La compagnie adopta ses vues; mais la guerre contre les Anglais, et plus encore le défaut d'argent, menaçaient ce projet d'un ajournement indéfini, lorsque le digne chanoine fit don à la faculté de trois cents écus d'or, ainsi que d'une partie de ses meubles et de ses manuscrits.

Par suite de cet abandon généreux, la construction d'un bâtiment pour recevoir la faculté fut commencée en 1472, au bourg de la bûcherie, sur le terrain d'une vieille maison qu'on acheta d'un bourgeois nommé Guillaume Chanteloup, et qu'on réunit au terrain d'un autre bâtiment cédé, dès l'année 1369, par les chartreux, moyennant une rente de dix livres. La faculté avait élevé, en 1495, près de la principale entrée de ses nouvelles écoles, un bâtiment modeste qu'elle convertit en chapelle; de sorte qu'elle abandonna désormais l'église des Mathurins (1511), où jusqu'alors

elle avait célébré elle-même tous ses offices. Les fonctions de chantres étaient confiées aux docteurs, qui, chaque année, chantaient la. messe de saint Luc en grande cérémonie. Quant à J. Desparts, il couronna ses œuvres en léguant par testament son Avicenne à la faculté, qui se montra reconnaissante en fondant à perpétuité un obit vigile et messe, pour l'anniversaire de sa mort.

L'Avicenne, bien et dûment commenté par Desparts, servit longtemps de base à l'enseignement des écoles. C'était un des livres rares de la bibliothèque de la faculté; bibliothèque dont le catalogue n'était pas bien nombreux. On n'y comptait, en 1395, que huit ou neuf ouvrages, savoir: la Concordance de Jean de Saint-Amand (1200); la Concordance de Pierre de Saint-Flour (1325); le livre de Galien, De usu partium; le Traité des médicaments simples, et la Pratique de Merué; le Traité de la thériaque; l'Antidotaire d'Albu kasis; l'Antidotaire clarifié de Nicolas Myrepse (1300); enfin, le plus précieux de tous les livres possédés par la faculté, le plus beau, le plus singulier de ses joyaux, ainsi qu'elle le disait ellemême dans sa lettre à Louis XI, le Totum continens Rhasès! en deux petits volumes. Louis XI, en effet, ayant désiré faire transcrire cet auteur pour le mettre dans sa bibliothèque, députa, 1471, le président de la cour des comptes, Jean Ladriesse, vers la faculté, pour lui en demander communication. Grande avait été l'émotion de l'école lorsqu'elle avait appris le désir du roi; le bénitier de NotreDame la vit plus d'une fois se réunir pour délibérer sur cette grave affaire; elle consentit enfin à se dessaisir de son singulier joyau; mais auparavant, elle exigea qu'on lui remît comme gage douze marcs de vaisselle d'argent et un billet de cent écus d'or, qu'un riche bourgeois nommé Malingre souscrivit au nom du roi. L'année suivante, le Rhases et le gage furent fidèlement rendus à leurs propriétaires.

en

Tels furent les ouvrages où jusqu'à Fernel, médecin de Catherine de Médicis, les docteurs puisèrent toute la science dont ils alimentaient la studieuse curiosité de leurs élèves.

Nous avons dit que primitivement l'école n'était qu'une agrégation de professeurs sortis des écoles monastiques. Plus tard, des laïques parvinrent à s'y introduire, et leur nombre s'y accrut bientôt tellement, que, devenus les maîtres de la faculté, ils voulurent s'opposer à l'admission des prêtres au baccalauréat en médecine. Cependant, par une contradiction assez étrange, ils imposaient en même temps à ceux auxquels ils conféraient ce grade, même aux régents, l'obligation d'observer le célibat.

Cette loi fut strictement suivie jusqu'en 1452, époque où le cardinal d'Estouteville, envoyé par le pape pour organiser les facultés de théologie, de droit et de médecine, vint lever l'interdiction en la déclarant impie et absurde, attendu, disait le décret, que les hommes mariés sont ceux auxquels il appartient surtout d'enseigner et de pratiquer la médecine.

La faculté se composait alors de tous les docteurs régents reçus dans son sein, et pour élire le doyen et les professeurs nouveaux, elle conférait ses pouvoirs à cinq électeurs désignés par le sort. Le doyen élu prêtait devant l'assemblée le serment de préférer ses devoirs à toutes choses, et de sévir rigoureusement et sans distinction contre tous ceux qui pratiqueraient la médecine illicitement. Ensuite, il inscrivait sur un registre le procès-verbal de sa nomination, et donnait à son devancier un récépissé des biens de la faculté, savoir: du sceau attaché à une chaîne d'argent, du livre des statuts et des sommes qui restaient en caisse. Le serment des professeurs mérite d'être, en partie du moins, consigné ici.

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candidats étaient nommés d'avance, et d'après le mode d'élection que nous venons d'indiquer, dans une assemblée générale qui se tenait tous les deux ans, le troisième samedi de janvier. A cette occasion, la faculté envoyait des bacheliers porter des cierges aux examinateurs désignés.

Après leur réception, les bacheliers rendaient visite à leurs juges et aux maîtres, et, en vertu d'un usage consacré depuis le quatorzième siècle, ils leur offraient des épices, telles que de la muscade, du gingembre, du poivre, de la cannelle, et autres substances analogues que leur rareté rendait alors précieuses. Mais vers la fin du seizième siècle, lorsque les épices devenues plus communes furent par cela même moins estimées, on les remplaça par des bourses plus ou moins pleines. Un autre usage plus singulier est aussi heureusement tombé en désuétude, car les professeurs de nos jours n'y suffiraient pas. « Il ne se passait, dit Hazon, aucun acte public des écoles, aucun examen, aucune thèse, aucune reddition de compte qui ne fût suivi d'un dîner. Les repas qui se faisaient au sortir des thèses ou des examens se donnaient aux dépens du soutenant ou des bacheliers. » Les licenciés ne manquaient jamais d'inviter à la cérémonie de leur licence et au dîner qui la suivait le chancelier de NotreDame et tous les chanoines. Aux yeux de ces derniers, l'habitude avait sans doute force de loi, car lorsque la faculté voulut, vers 1650, supprimer cet abus, ils se crurent privés d'un droit bien acquis, et ne craignirent pas d'en réclamer le maintien par sommations et procédures. Néanmoins, malgré leur résistance, l'usage des repas demeura abrogé; ce que voyant, les chanoines cessèrent d'assister aux actes de l'école. Au bout de deux années employées à professer, à suivre les hôpitaux et à dis cuter entre eux, les bacheliers devenus émérites présentaient en corps leur supplique à la faculté, dans le but d'être admis à l'examen sur la pratique. Le doyen fixait le jour de cette épreuve, qu'on subissait le plus ordinairement avant la Saint-Pierre, et convoquait tous les docteurs régents pour interroger les candidats à la licence.

Les examinateurs s'engageaient par un serment prêté sur le crucifix et sous peine de damnation éternelle, à fixer le rang des candidats en leur âme et conscience. Les noms et prénoms des licenciés et leur ordre de réception étaient proclamés ensuite par l'appariteur; après quoi, les récipiendaires à genoux et nu-tête recevaient du chancelier la licence et faculté de lire, enseigner, interpréter et pratiquer la médecine, hic et ubique terrarum. C'était en effet l'un des priviléges de l'université de Paris d'exercer avec le grade de licencié et de docteur non-seulement en France, mais dans tous les pays soumis à l'obédience romaine.

Cette formalité remplie, les nouveaux licenciés étaient conduits dans l'église cathédrale, à la chapelle de la Vierge, où ils remerciaient Dieu d'avoir conduit à bien leurs travaux.

Ce degré de licencié conférait, comme on voit, le droit d'enseignement et d'exercice médical; mais pour obtenir voix délibérative à l'école, le titre de docteur était indispensable. Avant de passer à ce dernier grade, qu'il nous soit permis de dire un mot de l'acte du paranymphe, l'une des plus vieilles coutumes de la faculté. Escorté du grand appariteur et des bedeaux de l'école, le licencié se rendait auprès des membres du parlement, des ministres, prévôt des marchands, échevins, lieutenant de police, etc., pour les inviter, au nom de la faculté, au paranymphe, c'est-à-dire, au langage figuré, à son mariage avec l'école. Dans l'acte en question, le doyen remplissait à l'égard des licencies le rôle de Παρανύμφιος, ce qui répond à ce que le vulgaire appelle garçon de noces, et l'église sanctionnait avec appareil cette union médicale.

Le jour de sa réception au doctorat, le récipiendaire, précédé des massiers et des bacheliers, ayant le président à sa gauche, et suivi des docteurs chargés d'argumenter contre lui, montait en chaire avec le président. Le grand appariteur s'approchant alors de lui, faisait un révérencieux salut, et dans une courte allocution latine lui rappelait les trois serments imposés aux docteurs : 1° observer les statuts et règlements ainsi que les louables coutumes de

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l'ordre; 2° assister à la messe de saint Luc en mémoire des confrères décédés; 3o employer toute sa force et toute son influence à poursuivre l'exercice illicite de la médecine sans aucune exception de rang ni de personnes. Voulez-vous le jurer?» disait-il en terminant. Le récipiendaire prononçait alors ce mot, le dernier qui sortit de la bouche de notre Molière : « Juro!» puis le président se tournant de son côté, lui retracait brièvement les devoirs du médecin, prenait un bonnet carré avec lequel il faisait le signe de la croix, et le plaçait sur la tête du candidat: après quoi, des deux doigts de la main droite, il lui donnait un léger coup sur la tête (in signum manumissionis), et finissait par l'embrasser en qualité de confrère.

C'est ainsi qu'après de longues épreuves dont nous n'avons pu faire connaître que le cérémonial, et des études préliminaires qui supposaient des connaissances assez étendues dans les lettres, ceux qui embrassaient autrefois la médecine atteignaient le but de leurs travaux. Le titre de docteur régent était à cette époque une garantie, sinon toujours de capacité médicale, au moins d'une instruction variée et d'une bonne éducation première. Les membres de l'ancienne faculté sans cesse rapprochés les uns des autres, égaux en droits et participant tous aux mêmes priviléges, remplissant à tour de rôle l'administration de l'école et les fonctions du professorat, étaient liés entre eux par un esprit de corps et une unité de doctrine qui leur valurent une grande importance et une puissance marquée dès les premiers siècles de leur association. Mais, par malheur, l'école de Paris ne connut d'autre moyen de conserver son influence que de maintenir aveuglément. les errements du passé. Stationnaire au milieu du mouvement des intelligences, prenant son immobilité pour de la force et ses dogmes vieillis pour l'éternelle expression de la science, elle ne vit pas que de toutes parts elle était entourée de supériorités nouvelles, et que résister à d'inévitables progrès c'était se condamner à l'oubli.

L'autorité même ne la consulta plus que sur deux questions: la translation du cimetière des Innocents et le mes

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