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sa propre image. Bientôt, l'empereur créa de nouvelles monarchies, ou remplaça d'anciens souverains par des rois qu'il prenait parmi ses propres lieutenants. En lui voyant taire de si grands changements et remanier ainsi la carte de l'Europe à sa guise, les peuples crurent qu'il se proposait de refaire une nouvelle Europe, composée d'États nouveaux, mais indépendants. Cependant on ne tarda pas à s'apercevoir que, s'il avait créé de nouveaux rois, détrôné les Bourbons de Naples et d'Espagne, détruit le saint-empire d'Allemagne, et diminué le territoire de l'Autriche et de la Prusse, c'était non pas pour équilibrer les États de l'Europe sur de nouvelles bases, mais, au contraire, pour mieux détruire l'ancien équilibre, et pour réunir tout l'Occident dans un vaste système d'agglomération, moyen de transition pour arriver à la conquête et à la monarchie universelle. Dès lors, les nations européennes oublièrent tout le bien qu'avait produit son système, pour n'en voir que les inconvénients et les abus; elles se rappelèrent les promesses de liberté que leur avait faites la France, et elles lui en voulurent d'avoir sacrifié sa propre liberté pour entreprendre sur celle des autres. La conduite de l'empereur envers l'Espagne et les rigueurs toujours croissantes du blocus continental augmentèrent encore le nombre des mécontents. Aussi, lorsque vint le désastre de la campagne de 1812, les Anglo-Russes parvinrentils à soulever tout le monde contre Napoléon. Seul contre tous, il combattit et il succomba en héros, sans vouloir faire aucune concession. Avec lui, tomba l'Empire, qui était son ouvrage personnel.

Sous ce rapport, le plan d'organisation de l'empereur a échoué au dedans aussi bien qu'au dehors, en France non moins qu'en Europe. La quatrième dynastie s'est éteinte avec le grand Empire; l'Europe, un moment sur le point d'être convertie en une seule monarchie, est redevenue un assemblage d'États indépendants, une république fédérative, encore imparfaitement constituée, mais assise sur la base de l'indépendance des nations. Au dehors, le principe de l'équilibre a triomphé du principe de

l'unite; au dedans, la monarchie constitutionnelle a remplacé la monarchie militaire. Le système impérial ne se soutenait que par l'activité de son auteur; l'auteur ne vivait que pour son système: tous les deux ont disparu ensemble.

Mais malgré cette double ruine, il s'en faut que l'Empire ait passé sans laisser de traces. Il n'existe pas de pouvoir qui, en un aussi court espace de temps, ait autant détruit et autant édifié. De nouveaux royaumes créés en Allemagne, la destruction du saintempire, l'Italie et l'Espagne tirées de leur ancienne torpeur, partout la féodalité entamée; le système administratif perfectionné en France et chez presque tous nos voisins; l'Europe entiere rajeunie, retrempée par le contact des armées françaises; la révolution victorieuse entrant dans toutes les capitales du continent, et le renouvelant, le pètrissant, sinon à l'image de la liberte, du moins à l'image de la civilisation; l'ancien équilibre ruiné; un nouvel équilibre, mieux en harmonie avec les besoins de l'époque, rendu possible et même déjà préparé. En un mot, si l'Empire n'a rien pu changer aux deux principes de la liberté et de l'équilibre, il a beaucoup changé aux vieilles choses du monde féodal.

Il y a même cela de remarquable que, en 1814, c'est au nom des principes de la révolution française, repandus dans toute l'Allemagne par nos troupes. que la coalition des peuples et des rois prit les armes contre l'empereur; tant il est vrai que, suivant ses propres expressions, la victoire sera toujours du côté de ceux qui auront pour eux l'assentiment des peuples. On s'étonne que l'homme qui a pu parler ainsi, se soit aliéné l'amour des nations, lui qui, un moment, avait été populaire dans toute l'Europe. Et cependant, il n'a été precipité du trône que pour avoir été trop conséquent avec lui-même. Lorsqu'il se fit empereur, il visait déjà à la monar chie universelle; seulement, comme il ne pouvait sans imprudence heurter l'esprit des peuples. il faisait encore briller à leurs yeux les armes révolu tionnaires. Il y avait déjà malentendu entre lui et l'Europe, qui ne s'en aper çut que lorsqu'elle lui vit développer

essivement le plan de conquête le habile; retourner à la fois contre ontinent et contre la reine des mers incipe du blocus, d'abord interprété e manière perfide par les Anglais mêmes; détrôner tous les Bourbons, as par une haine aveugle contre des ces décrépits, que pour mettre à place les proconsuls couronnés de pire. Toutes ces innovations étaient nséquence naturelle de son système lomination universelle. Malheureuent, plus l'Empire grandissait, plus lait resserrer les liens du despoe, jusqu'à ce que la chaîne finit par ompre sous son propre poids. insi donc, une même idée et une he passion élevèrent et détruisirent apire l'unité, d'une part, et l'amin de l'autre ; sœurs toutes les deux e développant ensemble pour être pées du même coup. La croyance à ité occupait une grande place dans aste intelligence de Napoléon. C'épour avoir bien compris la néceset la puissance de la concentration le gouvernement, qu'il avait si ement renversé le Directoire, et était devenu premier consul de la blique. Mais son ambition dévoe ne le portait que trop à s'exagérer vantages d'une idée dont l'extension it profiter à son pouvoir; elle l'aveu au point de lui faire préférer l'unité rielle à l'unité morale, la victoire rmes à la victoire des principes. i, après avoir été reconnu seul du gouvernement français, il chercentraliser tous les pouvoirs aude lui, à les absorber dans sa pere. Puis, quand il eut fait aboutir é du pouvoir exécutif à la monarhéréditaire, il s'occupa de recomer sur un plus grand théâtre le il qui lui avait si bien réussi en ce. Autour de l'Empire, il voulut aliser toutes les forces de l'Europe; l'Empire, il voulut absorber tous tats du continent. Plus l'agglomé1 des peuples avançait, plus il resit les liens de la centralisation en e; plus son despotisme faisait de ès en France, plus il se sentait de pour achever la centralisation au s. Il menait de front le développedu pouvoir dynastique et le déve

loppement de la conquête, qui, selon lui, devait amener à la monarchie universelle, mais qui, en réalité, ne devait finir que par une immense catastrophe.

Voici, du moins, comment nous apparaît le système personnel de Napoléon, en qui l'idée de l'unité, mais surtout de l'unité matérielle, semblait s'être faite homme. Sans doute, ce système a été observé dans cet article avec plus de bonne foi que de profondeur; mais, du moins, a-t-il été étudié à un point de vue franchement national. S'il a été hasardé des critiques empreintes d'une sévérité téméraire, c'est sans aucun esprit d'hostilité contre le caractère héroïque de l'empereur. Le martyr de Sainte-Hélène, l'ancien dictateur de l'Europe, est assez grand pour qu'on puisse combattre ses erreurs sans insulter à son ombre. Luimême en a donné l'exemple en reconnaissant publiquement ses principales fautes. Peu avant de mourir, il a prophétisé que l'avenir appartiendrait au premier chef populaire qui saurait prendre son point d'appui, au dedans, sur les masses, au dehors sur les peuples. N'était-ce pas avouer qu'il ne l'avait pas fait et qu'il en conservait un cruel repentir?

Ce qui atténue ses erreurs, c'est qu'elles étaient généreuses en même temps que personnelles, et que, de plus, elles étaient presque inévitables. Du temps de Charlemagne, et déjà même du temps de Charles-Quint, les projets de monarchie universelle rencontraient des obstacles invincibles en Europe; mais, au commencement du dix-neuvième siècle, on pouvait croire qu'il n'en était plus ainsi. La révolution française avait ébranlé les fondements de l'ancien monde; les peuples éprouvaient le besoin de se rajeunir et de se rapprocher en brisant les barrières qu'avait élevées entre eux le vieil équilibre, si imparfait, si égoïste et si jaloux; une ère nouvelle avait commencé; tout paraissait possible. D'un autre côté, la grande nation possédait des ressources bien autrement puissantes que l'Espagne du seizième siècle ou que la France de Louis XIV; abandonnée à elle seule, non-seulement la république avait résisté aux attaques renouvelées de l'Europe entière, mais elle avait conquis nos frontières natu

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impérial, qui se proposait sincèrement le bonheur de l'Europe. C'est même qui a trompé Napoléon : il a eru que nations préféreraient toujours sa dictature, violente dans ses moyens, mais généreuse dans son but, à l'alliance d'un gouvernement perfide, qui ne leur parlait de leurs droits que pour mieux leur faire oublier leurs intérêts. Place entre deux rivaux ambitieux, voulant lui imposer, l'un son système contr nental, l'autre son système maritime, l'Europe se prononça pour celui qui speculait sur sa bourse sans porter direetement atteinté à son indépendance: et alors le peuple marchand put lem porter sur le grand capitaine, auquel il fit durement expier bien moins ses fantes que sa gloire et son génie.

relles du Rhin et des Alpes, mais elle avait plusieurs fois victorieusement franchi ces frontières. Le chef de la grande nation a donc pu croire qu'il lui serait donné de réussir dans l'entreprise où avaient échoué le monarque espagnol et le grand roi. Avec l'arme de l'unité, il avait déjà fait de tels prodiges, qu'il pouvait en attendre encore bien d'autres merveilles. Pour que tout le monde apprît que la reconstruction matérielle de l'empire de Charlemagne et de l'empire romain n'est plus qu'une chimère, dans l'état actuel de la civilisation européenne, peut-être fallait-il une preuve de plus; personnellement, en sa qualité de premier capitaine des temps modernes, Napoléon ne pouvait guère être convaincu que par les enseignements de l'expérience. La leçon a été si éclatante et si terrible, qu'on ne saurait garder rancune à celui qui porta la France assez haut dans son estime pour se croire toujours invincible avec elle, et qui n'osa la courber sous son joug que pour lui offrir, en échange de sa liberté, une gloire incomparable et la suprématie en Europe.

Etendue de l'Empire français sons Napoléon.-Si l'on compare l'empire d Napoléon au moment de sa plus grande extension, c'est-à-dire en 1811, avec l'empire que Charlemagne avait forde exactement dix siècles auparavant, 00 verra que le premier égalait en étendue les vastes possessions soumises an fis de Pepin. En effet, il comprenait l'ancien royaume de France, toute la pénin sule italique, moins le royaume d Naples; une partie de l'Allemagne o cidentale, la Belgique et la Hollande contrées qui se divisaient en deux par ties principales: la France et l'Italie.

La France était divisée en cent treat départements, dont 85 avaient été for més des anciennes provinces françaises 17 des conquêtes reconnues en 1801 pai le traité de Lunéville, et 28 des acqui sitions faites depuis 1801 jusqu'en 1811

Les 85 départements sont devenus avec l'addition du département de Val

Enfin, pour dernière excuse, il ne faut pas oublier qu'il eut toujours à lutter contre l'ambition et le machiavélisme de l'aristocratie anglaise, qui, en lui fermant le chemin de la mer, en lui suscitant partout des ennemis sur le continent et soudoyant sans cesse la révolte et la trahison, le forçait de recourir à des moyens de plus en plus rigoureux, et à toujours augmenter son despotisme pour ne pas perdre le fruit de ses victoires. Sa seule faute impardonnable dans cette lutte à mort, c'est de n'avoir pas employé contre l'Angleterre l'arme de la liberté et de l'égalitécluse, les 86 départements actuels, sat à la place de l'arme du despotisme; sa seule faute envers l'Europe et la France, c'est d'avoir voulu les incorporer violemment au lieu de les réunir dans une association librement consentie, dans une fédération nouvelle et d'autant plus forte qu'elle eût été basée sur le respect des droits de chacun. Mais il s'en est repenti, et d'ailleurs, personne n'ignore qu'en réalité le libéralisme hypocrite de l'Angleterre était bien plus contraire aux progrès véritables de la civilisation que le despotisme

quelques légères modifications.

Les 17 départements provenant conquêtes confirmées par le traité Lunéville, étaient répartis ainsi :

Dans le comtat Venaissin, réuni 1795: le département de l'aucluse Dans la Savoie et le territoire de G nève, avec les districts de Gex, de rouges, de Thonon, etc. : le Léman le Mont-Blanc (2).

Dans le comté de Nice, avec la pri cipauté de Monaco : les Alpes-Mar times (1).

ans la Belgique les départements de ys, PEscaut, de Jemmapes, de bre-et-Meuse, des Forêts, l'Ourla Meuse-Inférieure, la Dyle, les t-Nethes (9).

ans les pays de la rive gauche du n: la Sarre, le Mont - Tonnerre, hin-et-Moselle, la Roër (4).

es 28 départements formés des cones postérieures au traité de Lunéétaient répartis ainsi :

ans le Piémont, réuni en 1802: les irtements de la Doire, du Pó, de Itara, de Marengo, et de la Se5).

ans la Ligurie, réunie en 1805 : les irtements de Montenotte, de Génes es Apennins.

ans le duché de Parme, réuni en 3: le Taro.

ans la Toscane, réunie en 1808: no, la Méditerranée et l'Ombro3).

Dans la partie sud-ouest des Étatsnains, réunie en 1809: le Tibre et rasimène (2).

ans la partie méridionale de la Hole, réunie en 1809: les Bouches-decaut et les Bouches-du-Rhin (2). ans le royaume de Hollande, réuni 810: les Bouches-de-la-Meuse, le derzée, l'Yssel-Supérieur, les Bou-de-l'Yssel, la Frise, l'Éms-Occial, et l'Ems-Oriental (7).

ans le Hanovre et la Westphalie, is en 1810: la Lippe, l'Ems-Supér, les Bouches-du-Wéser et les ches-de-l'Elbe (4).

ans le Valais réuni en 1810: le plon (*).

e royaume d'Italie, divisé en 24 déements, renfermés dans six divis militaires, comprenait la partie ntale de la Péninsule, depuis les ཉ au nord, jusqu'au Tronto. 7. ITALIE (royaume d')].

e plus, les provinces Illyriennes et les Ioniennes faisaient partie de la ce; mais, séparées de l'Empire par lie, les provinces Illyriennes avaient administration particulière; et les Ioniennes, sans doute à cause de éloignement, étaient régies par un

Voy. DIVISIONS DE LA FRANCE et les de chacun des départements.

gouverneur militaire. Enfin, le chef de l'Empire français était protecteur de la confédération du Rhin, et médiateur de la république helvétique. Le royaume de Naples, le grand-duché de Berg, le royaume de Westphalie, et les royaumes d'Espagne et de Portugal réunis, avaient été donnés par lui à des lieutenants, choisis parmi ses frères et ses généraux, à la condition qu'ils se regarderaient comme les grands feudataires de l'Empire. En dernier lieu, venaient les États alliés, dont plusieurs étaient presque entièrement dans la dépendance de l'empereur. Il résulte de là que, si l'on ajoute les annexes de l'Empire à ses possessions directes, on voit qu'il dépassait de beaucoup en grandeur matérielle l'empire de Charleınagne.

EMPIRE LATIN ou mieux EMPIRE FRANÇAIS DE CONSTANTINOPLE. Nous avons raconté ailleurs (*) comment une armée de croisés français et vénitiens s'empara, en 1204, de Constantinople. Les confédérés avisèrent immédiatement au partage de l'Empire. Ils convinrent de nommer douze électeurs, six de chaque nation, et de reconnaître pour empereur celui qui obtiendrait la majorité des suffrages. Dans le cas de partage des voix, le sort devait décider entre les deux candidats. On abandonna d'avance au futur soulverain les titres et les prérogatives des empereurs d'Orient, les deux palais de Blacherne et de Boucoléon, et le quart de toutes les possessions qui composaient la monarchie des Grecs. Les trois autres quarts, divisés en deux portions égales, devaient appartenir aux Vénitiens et aux barons francais. La nation à laquelle appartiendrait l'empereur devait céder à l'autre le droit de nommer le patriarche. Les six électeurs français étaient tous ecclésiastiques.

L'un des chefs de la croisade, Baudouin, comte de Flandre, fut élu et couronné le 16 mai, dans l'église de Sainte-Sophie. Aussitôt après la cérémonie, vingt-quatre commissaires, douze de chacune des deux nations, procédèrent au partage des terres conquises

(*) Voy. le t. 1 des ANNALES, et au DrcTIONNAIRE, l'art. CROISADES.

ou à conquérir. On assigna aux Français toutes les provinces d'Asie, à l'exception de Chalcédoine, de Cyzique et des Cyanées, à l'embouchure du Bosphore, qui furent cédées aux Vénitiens pour servir d'entrepôts à leur commerce et de relâches à leurs vaisseaux. Ces provinces étaient encore au pouvoir des Grecs ou des Turcs. On leur abandonna, en outre, en Europe, la Thrace ou Romanie, et la Thessalie; tout le pays qui s'étend depuis les Thermopyles jusqu'au promontoire de Sunium (la Béotie, la Mégaride et l'Attique), les îles de la Propontide, les plus grandes îles de l'Archipel (Lemnos, Lesbos, Chio, Samos, Rhodes). Quant aux Vénitiens, ils eurent les Cyclades, les Sporades, les îles de la mer Adriatique, les deux Épires, l'Acarnanie, l'Étolie, les contrées habitées par les nations illyriennes, la Morée, la Phocide, la Chersonèse de Thrace, une partie des côtes de la Propontide, du Pont-Euxin et de l'Archipel; enfin une grande partie du littoral de la Thrace et de la Thessalie. Le royaume de Thessalonique (la Macédoine) fut acccordé à Boniface, marquis de Montferrat, qui devait en faire hommage à l'empereur; Jacques d'Avesnes, seigneur de Hainaut, eut l'île de Négrepont; Renier de Trith devint duc de Philippopoli; le comte de SaintPol, prince de Démotica; un Grec, Léon Sgure, s'était rendu maître de Corinthe et de Nauplie, où il était parvenu à se maintenir. Louis, comte de Blois, fut investi, sous le titre de duc de Nicée, de la souveraineté de la Bithynie, dont cette ville était la capitale. Les titres de la cour de Byzance, d'autres titres empruntés au cérémonial des cours d'Occident, furent de même partagés entre les principaux chefs de l'entreprise. Le doge Dandolo fut revêtu de la dignité de despote; l'historien de la croisade, Geoffroi de Villehardouin, maréchal de Champagne, fut nommé maréchal de la Romanie, et on lui fit un riche établissement sur les bords de

l'Ebre; Thierri de Los fut fait grand sénéchal; Conon de Béthune, protovestiaire; Macaire de Sainte-Menehould, grand échanson; Miles de Braibans, grand bouteillier; enfin Manassès de l'Ile, grand queux de l'empereur.

Ce partage terminé, il se trouva que la part des Vénitiens était plus considérable que celle du monarque, qui possédait à peine un quart du territoire conquis. C'était une faute immense que cette dislocation anticipée d'un empire naissant, qui, au contraire, eût eu be.soin, pour se constituer, de concentrer toutes ses forces et d'en former un fais ceau unique, capable de résister à toutes les chances de ruine qui devaient résul ter, pour lui, de la haine des populations vaincues et des attaques incessantes des éternels ennemis du nom chrétien. Quoi qu'il en soit, le nouvel empereur. après avoir donné force de lois, dans ses États, aux usages et coutumes cousignés dans les Assises de Jérusalem, fit publier des lettres par lesquelles invita tous les pèlerins de France a ve nir se fixer dans la nouvelle conquête. Mais bientôt la division se mit parm les conquérants trois mois après la prise de Constantinople, Baudouin et le roi de Thessalonique se déclarerent la guerre, et l'on ne parvint qu'à grandpeine à les réconcilier.

Parmi les croisés qui, en petit nom bre, répondirent à l'appel de Baudouin, le plus considérable fut Guillaume de Champlitte, vicomte de Dijon, qui appartenait à une branche bâtarde des comtes de Champagne. Il leva des trou pes en Bourgogne, s'embarqua à Venise et débarqua eu Achaïe: bientôt Patras Andravida, Cyllène et Corinthe, qui, comme nous l'avons dit, appartenaient au seigneur grec Léon Sgure, se sou mirent à lui, ainsi que toutes les ville de la contrée. Il fut rejoint par Geof froi de Villehardouin, neveu du chron queur, et, bientôt après, en employan à propos une politique habile, ils deci dèrent les Grecs de la Morée à se sou mettre à eux. Six des principaux habi tants du pays procédèrent immédiate ment, avec un nombre égal de délégue des Français, au partage du pays ent les vainqueurs et les indigènes. Aids fut fondée la principauté d'Achaie, qu postérieurement, prit le nom de More et de laquelle dépendaient, à titre fiefs, les duchés d'Athènes et de Thèbe conquis par le Bourguignon Otton la Roche, et qui passèrent ensuite dat la maison de Brienne. Quelques anndan

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