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qui conservèrent à leurs officiers municipaux le titre d'échevins; mais il y en eut beaucoup aussi qui adoptèrent la qualification de consuls. Quelques-unes (nous parlons toujours ici des villes du Centre, et notamment des villes de la Bourgogne méridionale et du comté de Bourgogne) employèrent les deux mots indistinctement; et dans plusieurs chartes on écrivit scabini seu consules, pour désigner les membres de la magistrature urbaine.

Après la révolution communale, quelles furent les attributions des échevins? Ils restèrent tout à la fois administrateurs et juges. Mais ils n'avaient plus que la connaissance des causes inférieures, les cas de haute justice étant réservés aux officiers seigneuriaux, et plus tard, d'une manière plus générale, aux prévôts et baillis délégués par le pouvoir royal. Le pouvoir judiciaire leur fut quelquefois contesté, mais jamais le droit d'administrer la cité.

La réunion, ou, comme on disait encore, le collége des échevins, constituait l'échevinage. Ce dernier mot fut aussi souvent employé, dans un sens figuré et abstrait, pour désigner le pouvoir des magistrats municipaux, et quelquefois même l'étendue de territoire (ville et banlieue) soumise à la juridiction des échevins.

Quel fut le rôle des échevinages dans la série des événements qui composent notre histoire? C'est une question que nous avons déja résolue à plusieurs reprises. Nous renvoyons principalement à la partie de nos ANNALES où nous avons raconté la grande révolution qui éclata dans les villes du nord de la France au commencement du douzième siècle, et aux articles que nous avons consacrés aux COMMUNES, aux ÉLECTIONS et aux MUNICIPALITÉS dans le présent dictionnaire.

ÉCHIQUIER, Saccarium, c'est le nom que l'on donnait en Normandie à certaines assemblées de commissaires délégués pour réformer les sentences des juges inférieurs et juger en dernier ressort. Le nom était venu de ce que le premier échiquier, qui fut celui de Normandie, se tenait dans une salle dont le pavé était formé de dalles carrées, alternativement noires et blan

ches, comme le damier d'un jeu d'échecs. L'échiquier de Normandie, institué suivant la tradition au commencement du douzième siècle, par le duc Rollon, fut pendant plusieurs siècles ambulatoire, comme le parlement de Paris. Philippe le Bel ordonna, en 1302, qu'il se tiendrait chaque année à Rouen deux échiquiers; mais cette ordonnance ne fut pas toujours exécutée à la lettre, puisque la cour de l'échiquier s'assembla souvent, surtout dans les temps de troubles et de guerres civiles, à Falaise et à Caen. Les états généraux de Normandie, réunis en 1498, reconnurent la nécessité de l'échiquier perpétuel; ils demandèrent instamment à Louis XII de l'ériger en cour sédentaire dans la ville de Rouen. Ce prince fit droit à leur requête, et, par un édit du mois d'avril 1499, il établit dans la ville de Rouen une cour souveraine, sédentaire et perpétuelle, composée de quatre présidents, dont le premier et le troisième devaient être clercs, et le second et le quatrième laïques, de treize conseillers clercs et de quinze laïques, deux greffiers, etc., etc. François Ier, à son avénement au trône, confirma par lettres patentes la cour de l'échiquier dans tous les priviléges que son prédécesseur lui avait concédés; mais il voulut que le nom d'échiquier fût changé en celui de parlement. (Voyez PARLEMENT.)

Les autres cours souveraines connues sous le nom d'échiquiers étaient :

1° L'échiquier de l'archevêque de Rouen. C'était un tribunal particulier que les prélats de cette ville prétendaient avoir le droit de posséder, et qui était, suivant eux, indépendant de l'échiquier général de Normandie. Cette prétention donna lieu à de longues discussions, qui ne furent terminées que le 2 juillet 1515, époque où le parlement de Rouen ordonna aux officiers que l'archevêque commettait pour tenir la juridiction temporelle de son archevêché, de qualifier cette juridiction du titre de hauts jours, et non de celui d'échiquier.

2° Les échiquiers des apanages. On appelait ainsi les grands jours des princes auxquels avaient été concédées, à titre d'apanages, des terres situées en Normandie. Chacun de ces échi

quiers avait son nom particulier; tels étaient les échiquiers des comtés d'Évreux, de Beaumont-le-Roger, etc. Ces échiquiers étaient indépendants du grand échiquier de Normandie.

3o L'échiquier d'Alençon était aussi indépendant de l'échiquier de Normandie; il avait sans doute été établi lorsque le comté d'Alençon avait été donné à un prince de la maison de France. Des lettres patentes de Henri II ordonnèrent, en 1550, malgré l'opposition du parlement de Paris et celle des habitants d'Alençon, que toutes les causes du bailliage de cette ville seraient renvoyées au parlement de Rouen, pour y être jugées souverainement. Les choses furent rétablies dans leur état primitif vers 1525; et enfin, après plusieurs tentatives faites par le parlement de Paris pour s'emparer de cette juridiction, l'échiquier d'Alençon fut supprimé par des lettres patentes du mois de juin 1584, et, jusqu'à la révolution, le bailliage d'Alençon ressortit au parlement de Rouen.

Les juges ou conseillers siégeant dans ces divers échiquiers prenaient le nom de maîtres de l'échiquier.

ÉCHUTE MAINMORTABLE. On appelait ainsi un droit en vertu duquel tous les biens du sujet mainmortable, décédé sans communier, retournaient au seigneur, qui n'était pas même tenu de payer les dettes de celui dont il héritait ainsi. Les héritages mainmortables de l'homme franc décédé sans laisser de descendants ou d'autres parents en communion avec lui étaient soumis au même droit. L'article 6 de l'édit du mois d'août 1779 abolit ce reste odieux de la servitude personnelle.

ECKEREN (bataille d'). Pendant la guerre de la succession d'Espagne, le maréchal de Boufflers commandant, avec le maréchal de Villeroy, l'armée de Flandre, trouva, le 30 juin 1703, une occasion favorable pour attaquer le général hollandais d'Obdam, campé à Eckeren, près d'Anvers, sur un terrain dont une grande quantité de marais, de canaux, de digues et de haies faisaient un poste très-avantageux. Il lui livra un combat très-rude et trèsopiniâtre, qui dura depuis trois heures jusqu'à la nuit. Le régiment du Maine

se distingua particulièrement dans cette affaire. Après avoir forcé un défilé, il se trouvait exposé à un feu terrible des alliés, qui tiraient sur lui à couvert d'une digue. Pour les atteindre, le régiment se jeta dans un canal, qu'il traversa ayant de l'eau jusqu'au cou. A peine arrivé sur l'autre rive, il est chargé par un gros de cavalerie; aussitôt il se sépare en pelotons qui tirent sur l'ennemi sans s'ébranler. Le colonel est tué avec un grand nombre d'officiers; mais les soldats ne perdent pas un pouce de terrain. Les balles leur manquent, ils arrachent les boutons de leurs habits, et se jettent sur les cadavres pour leur enlever la poudre qui leur reste.

Après ce combat, qui fit échouer les dessins des alliés, et leur fit perdre quatre mille hommes et presque tous leurs bagages, d'Obdam 'fut privé du commandement en chef.

ECKMUHL (bataille d'). Les généraux autrichiens Rosenberg, Lichtenstein et Hohenzollern, étaient tenus en échec vers Eckmühl par les corps d'armée des maréchaux Lefebvre et Davout. L'empereur, qui voulait punir les Autrichiens du léger avantage qu'ils avaient obtenu en occupant Ratisbonne, partit de Landshut le 22 avril 1809 au matin. Il arriva dans l'après-midi devant Eckmühl, avec les divisions Lannes et Masséna, les divisions de cuirassiers des généraux Nansouty et Saint-Sulpice, et une division wurtembergeoise. L'armée autrichienne y était en position, sous le commandement du prince Charles, au nombre de cent dix mille hommes. En arrivant sur le terrain, Lannes dirigea immédiatement la division Gudin de manière à ce qu'elle débordât la gauche de l'armée ennemie, et au même instant les troupes des maréchaux Davout et Lefebvre, ainsi que la cavalerie légère du général Montbrun, entrèrent en ligne. L'attaque commença sur tous les points à la fois ; l'ennemi fut promptement chassé de toutes ses positions, et mis en pleine déroute. La nuit seule arrêta la poursuite de la cavalerie française. Les Autrichiens perdirent dans cette rencontre la plus grande partie de leur artillerie, leurs bagages, leurs munitions, quinze

drapeaux, six mille morts et vingt mille prisonniers.

ECKMUHL (prince d'). Voyez Da

τουτ.

ÉCLAIRAGE. L'usage des chandelles de cire et de suif est fort ancien en France. Dès l'année 1061, les artisans qui les fabriquaient étaient réunis en communauté (*), du moins à Paris. Leur marchandise se vendait en boutique, et se colportait aussi dans les rues, annoncée par ce cri :

Chandoile de coton, chandoile, Qui plus ard que nule estoile. Mais pour illuminer les vastes salles des châteaux pendant les festins, on n'employa longtemps que des torches tenues par des domestiques. Cet usage datait du temps de la première race. Grégoire de Tours dit, en parlant d'un certain Rauching, homme d'une méchanceté féroce: « Si un esclave tenoit devant lui, comme c'est la coutume, un cierge allumé pendant son repas, il lui faisoit mettre les jambes à nu, et le forçoit d'y appliquer le cierge jusqu'à ce que la chair du malheureux fut entière

ment brûlée. » Quoique plus tard l'usage des chandeliers se fût répandu, les grands continuèrent néanmoins à éclairer leurs convives de la même manière, parce que c'était une occasion d'étaler une nombreuse livrée. Dans l'état de la maison de Philippe le Hardi, on voit six valets - servants destinés à l'office de porte-flambeaux; et Froissard dit, en décrivant la magnificence déployée par le comte de Foix : « Douze torches tepues estoyent devant sa table, qui donnoient grande clarté en la salle. » La vie de Charles VI, par Christine de Pisan, nous apprend que ce mode d'éclai

rage était usité dans les fêtes et les di

vertissements de la cour. C'est ce service ambulatoire et incommode que François Ier voulut remplacer d'une manière plus élégante, lorsqu'il commanda à Benvenuto Cellini douze statues d'argent, de proportion de nature, destinées à faire autour des tables office de torchaires. Quant aux lustres, ils étaient encore très - simples au quin

(*) Legrand d'Aussy, Vie privée des Francais, t. III, p. 176. Voyez aussi notre article CHANDELIERS,

zième et au commencement du seizième siècle. D'après le témoignage des manuscrits (voyez le manuscrit des tournois de la Gruthuyse, à la bibliothèque royale, folio 70), ils consistaient en deux traverses de bois assemblées en croix, et portant une chandelle aux quatre bouts; et l'usage d'ajouter à leur éclat par des girandoles de cristal ne remonte guère qu'aux premières années du règne de Louis XIV.

Ces différents modes d'éclairage suffisaient aux besoins des particuliers, mais ils n'offraient que de faibles ressources comme moyens d'utilité publique. Aussi les rues de nos cites furent-elles longtemps dangereuses à parSeulement, dans les circonstances où le courir dès que la nuit était arrivée. danger était imminent, et quand on voulait préserver les citoyens des attaques des mauvais garçons, on ordonnait, comme on le fit par exemple en 1524, 1526 et 1553, à tout propriétaire de maison, de placer, après neuf heures du soir, sur la fenêtre du premier étage, une lanterne allumée.

cations, du 29 octobre 1558, prescrivit Un réglement de la chambre des vade placer, au coin de chaque rue de Paris, et au milieu, si la rue était longue, des falots qui devaient brûler constamment, depuis dix heures du soir jusqu'à quatre heures du matin (*). Un arrêt du parlement, du 14 novembre suivant, y substitua des lanternes ardentes et allumantes (**). Ces précautions étaient devenues indispensables pour prévenir

les attentats des larrons et effracteurs de portes, dont Paris fourmillait. Mais, soit nonchalance, soit nécessité du temps et pauvreté des manants et habitants, cet utile reglement ne reçut qu'une exécution très- imparfaite; le parlement fut obligé d'ordonner, le 21 fevrier 1559, que « les matières desdites << lanternes, potences pour icelles asa seoir et pendre, et autres choses à ce << nécessaires qui n'avoient été mises en « œuvre,» seraient vendues aux enchères publiques, et que le prix en serait distribué aux pauvres ouvriers (***).

(*) Félibien, Hist. de Paris, Preuves, t. IV, p. 785.

(**) Ibid., p. 786. (***) Ioid.

Dans le cours du siècle suivant, l'usage s'établit, en vertu de ces arrêts du parlement, d'entretenir, aux frais des Parisiens, des lanternes dans les carrefours et au milieu de chaque rue. Cependant, un bourgeois ne se hasardait guère à sortir, pendant la nuit, sans porter avec lui sa lanterne; car les voleurs assommaient impunément les passants attardés, et les laquais de bonne maison, l'épée à la main, insultaient et frappaient les roturiers.

L'année 1662 vit tenter un nouvel essai, sur lequel on a recueilli des détails assez singuliers (*). Au mois de mars, parut une ordonnance ainsi conçue :

« Louis, par la grâce de Dieu, etc. « Les vols, meurtres et accidents qui ar« rivent journellement en nostre bonne « ville de Paris, faute de clarté suffisante << dans les rues; et d'ailleurs, la pluspart « des bourgeois et gens d'affaires n'ayant « pas les moyens d'entretenir des valets « pour se faire éclairer la nuit, pour vac« quer à leurs affaires, n'osant, pour lors, << se hazarder d'aller et venir par les rues, « et sur ce que nostre cher et bien aimé « le sieur abbé Laudati Caraffe (**) nous « a fait entendre, que pour la commodité «< publique, il seroit nécessaire d'establir << en nostre ville et faubourgs de Paris, et << autres villes de nostre royaume, des porte-lanternes et porte-flambeaux pour «< conduire et éclairer ceux qui voudront «aller et venir par les rues, etc.

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« Sçavoir fesons que pour ces causes « et autres particulières considérations... « avons, par ces présentes, audit sieur «abbé Laudati Caraffe, à l'exclusion de << tous autres, accordé et accordons le « pouvoir, faculté, permission et privilége d'avoir et d'establir... des porte-flam<< beaux et porte-lanternes à louage..... « pour, dudit privilége, jouir et user par ledit sieur, ses hoirs, successeurs et

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(*) Voyez les quelques pièces relatives aux Porte-flambeaux et Porte-lanternes, insérées à la suite d'un opuscule de M. Monmerqué, ayant pour titre les Carrosses à cing sous, ou les Omnibus du dix-septième

siècle, Paris, F. Didot, 1828.

(**) Cet abbé était vraisemblement de la grande maison napolitaine qui porte le même nom. Peut-être vint-il se réfugier en France après la révolution de 1647, dans laquelle le duc de Guise joua un si grand rôle.

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«

<< ayant cause, pleinement, paisiblement « et perpétuellement. Voulons et nous << plaist que les lanternes qui sont aux « coins et au milieu des rues de nostre « ville et faubourgs de Paris y soient « conservées, ainsi que de coutume..... « Si donnons en mandement à nos amez « et féaux conseillers, etc., etc.

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«

Régistrées..... à Paris, en parlement, a le 26 aoust 1662.(*). »

L'arrêt d'enregistrement au parlement mit à la concession du privilége des conditions fort curieuses. « Tous << les flambeaux, y est-il dit, dont le sieur << Laudati de Caraffe ou ses commis se << serviront, seront pris et acheptez chez «<les maistres espiciers de ceste ville de Paris, seront d'une livre et demie et « marquez des armes de la ville..... Ceux qui voudront se servir desdits flam<< beaux payeront cinq sols pour chacune « des dix portions esgalles du flambeau, « et celle desdites portions qui sera en<< tamée sera payée cinq sols; et à l'esgard des porte-lanternes, ils seront di« visés par postes qui seront chacun de « 800 pas, valant 100 toises, pour lequel poste sera payé, par ceux qui << s'en voudront servir, un sol marqué;..... pourront aussi, lesdits portelanternes, esclairer ceux qui vont en « carosse ou en chaise, et pour chas<< cun quart d'heure sera payé cinq sols. « A ces effets, lesdits porte-lanternes au<< ront un sable, juste d'un quart d'heure, « marqué aux armes de la ville, qu'ils << porteront attaché à leurs ceintures; et « les gens de pied qui voudront se servir a desdites lanternes payeront par cha« que quart d'heure trois sols; le tout « sans que personne puisse estre con« trainct de se servir desdits porte« flambeaux ou porte-lanternes. »

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Enfin, dans un imprimé du temps, espèce d'annonce, qui se trouve dans un recueil d'édits et autres pièces, à la bibliothèque de l'Arsenal (**), on lit, entre autres considérations laudatives : « Et ceste commodité de pouvoir aller et vefera que les gens d'affaires et de négoce nir et d'estre esclairé à si peu de frais,

(Registres du parlement, 9° vol. mss. des ordonn. de Louis XIV, RRR, f° 140 verso (Archives judiciaires du royaume). (**) Jurisprudence, no 2830.

sortiront plus librement, que les rues en seront bien plus fréquentées de nuit (ce qui contribuera beaucoup à exempter la ville de Paris de voleurs), et que l'on pourra fort souvent rencontrer des occasions d'estre esclairé sans qu'il en couste rien, en suivant lesdits porteflambeaux et porte-lanternes, lorsqu'ils éclaireront d'autres personnes.

<< Outre les commoditez que cet establissement apporte à ceux qui se feront esclairer, il en donne d'autres à ceux qui seront employez à cet exercice, par exemple à quantité de manoeuvres, de beaucoup de sortes de mestiers, qui, dans la saison de l'hyver, ne peuvent trouver aucun travail pour gaigner leur vie, et à quantité de pauvres gens, d'y faire occuper leurs enfants de quinze seize ans, qui bien souvent ne font rien et leur sont à charge.......

«Le bureau est estably rue SaintHonoré, près les piliers des halles ; il sera ouvert le quatorzième octobre 1662. »

Malgré tant de commodités, il ne parait pas que l'entreprise des porte-lanterues ait prospéré.

Enfin, en 1667, la Reynie, le premier lieutenant de police, conçut le projet d'éclairer Paris avec quelque régularité. On suspendit d'abord une lanterne garnie d'une chandelle allumée, à chaque extrémité de rue, et une autre au milieu, innovation si importante que pour en éterniser le souvenir on frappa une médaille avec cette légende: Urbis securitas et nitor. Mais cet éclairage n'eut lieu d'abord que depuis le 1er novembre jusqu'au dernier jour de février. On sentit bientôt la nécessité de prolonger cet espace de temps, et un arrêt du 23 mai 1671 ordonna qu'à l'avenir on allumerait les lanternes depuis le 20 octobre jusqu'au dernier jour de mars (*). Un édit de juin 1697 étendit l'éclairage à toutes les villes du royaume.

On trouve, dans les lettres de madame de Sévigné, quelques lignes relatives au nouveau mode d'éclairage. «Nous trouvâmes plaisant, écrit-elle à sa fille, le 4 décembre 1673, d'aller ramener madame Scarron à minuit, au fin fond du faubourg Saint-Germain, fort au delà

de madame de la Fayette, quasi auprès de Vaugirard, dans la campagne....... Nous revinmes gaiement à la faveur des lanternes, et dans la sûreté des voleurs. »

Plus tard, les lanternes furent allumées pendant neuf mois, dont on exceptait encore les huit jours de lune. En 1729, la capitale compta 5,772 fanaux. M. de Sartine proposa une récompense à celui qui perfectionnerait ce service public, et alors furent inventés les réverbères. Bourgeois de Châteaublanc et l'abbé Matherot de Preigney, auteurs de ce système, obtinrent par lettres patentes, enregistrées le 28 décembre 1745, le privilége de l'entreprise. Les réverbères eurent un succès d'enthousiasme. Un M. Valois d'Orville publia à leur louange, en 1746, un petit poëme assez curieux, intitulé: Les Nouvelles Lanternes.

Après avoir peint la lutte de Phébus et de la Nuit, le poëte fait parler ainsi Jupiter, en réponse au dieu du jour :

Le règne de la nuit désormais va finir;
Des mortels renommés par leur sage industrie,
De leurs climats sont prêts à la bannir.
Vois les effets de leur génie

Pour placer la lumière en un corps transparent,
Avec un verre épais, une lampe est ferinée.
Dans son antre une mêche, avec art enfermée,
Frappe un réverbère éclatant,

Qui, d'abord la réfléchissant,
Porte contre la nuit sa splendeur enflammée.
Globes brillants, astres nouveaux,
Que tout Paris admire au milieu des ténèbres ("),
Dissipez leurs horreurs funèbres

Par la clarté de vos flambeaux.
Déjà, pour lever tous obstacles,

Du monarque français on implore l'appui.
Nous ne favorisons les humains que par lui,
Des dieux les rois sont les oracles.
Pour ne rien hasarder, enfin,

Il charge de Thémis les ministres fidèles (**)
D'examiner les machines nouvelles;

Quel avantage on leur trouve soudain !
Chacun y reconnait l'utilité publique.

En 1769, Châteaublanc fut de nouveau chargé pour vingt ans de l'éclairage des rues de Paris. Le nombre des réverbères augmenta successivement. On comptait alors 7,000 becs, alimentés par 3,500 réverbères; il y en avait 11,050 en 1809, 12,672 en 1821.

Dès l'année 1811, Lebon, ingénieur (*) Les lanternes qui sont au Louvre (Note du poëte).

(**) Le privilége enregistré au parlement, le 28 décembre 1745 (Note du poëte).

(*) Félibien, Hist. de Paris, t. V, p. 214. T. VII. 2 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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