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marine française, disposait des escadres espagnoles, et des débris de celle de la Hollande; mais ces forces navales, disséminées et inactives dans les ports des trois puissances alliées, étaient étroitement bloquées par des forces supérieures; rien n'échappait à la surveillance des amiraux anglais. Cependant le premier Consul voyait avec dépit échouersuccessivement toutes ses tentatives partielles, pour porter des secours à son armée d'Égypte; les vaines promesses faites aux braves qu'il y avait laissés sous le commandement de l'illustre et malheureux Kléber, contrastaient si péniblement à ses yeux avec l'éclat de son élévation et de ses nouvelles victoires en Europe, qu'il ne pouvait supporter la pensée de son impuissance à conserver cette belle colonie, à sauver d'une défaite certaine cette valeureuse armée d'Orient, ses compagnons d'armes les plus dévoués, qui presque tous avaient été les premiers instrumens de sa gloire il n'avait pas une autre pensée; il excitait l'émulation et l'audace des officiers de mer qui se hasardaient à traverser les croi

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sières pour se diriger vers l'Égypte; il faisait équiper des frégatés dans les ports de l'Adriatique, dans ceux de la Méditerranée et de l'Océan: c'est ce qu'on voit par sa correspondance avec ses généraux, et par ses ordres secrets. Il rédigeait lui-même les instructions pour ces petites expéditions: il accorda une prime de quarante pour cent aux négocians et aux armateurs qui les premiers apporteraient des marchandises, des denrées et des munitions en Égypte; plusieurs bâtimens de guerre et de commerce, à des intervalles inégaux, entreprirent cette périlleuse navigation; presque tous furent enlevés aux attérages.

Enfin, la nouvelle du départ et de la destination de l'armée anglaise rassemblée aux îles Baléares, sous les ordres du général Abercrombie, décida le premier Consul à tenter un plus grand effort, et à faire parvenir à temps un renfort considérable à l'armée d'Orient trop affaiblie par les combats et les maladies, pour pouvoir résister au choc dont elle était menacée. Il avait fait équiper à Brest, une

escadre de sept vaisseaux de ligne, dont trois de quatre-vingt canons, et quatre de soixante et quatorze, deux frégates et un lougre; les apprêts se firent avec autant de secret que de célérité; rien ne transpira, même en France, sur la destination de cette escadre, dont le commandement fut confié à l'amiral Gantheaume, habile officier, plein de résolution, et dont le premier Consul disait, qu'il était aussi heureux qu'il était brave.

Cinq mille hommes de troupes commandés par le général Sahuguet, furent embarqués sur cette escadre, et l'on prit à bord autant de munitions de guerre et de bouche, que les bâtimens en purent contenir.

Ces dispositions étant terminées, le premier Consul donna l'ordre à l'escadre de sortir de Brest, et de faire voile pour Alexandrie: les bâtimens de guerre mouillés dans les divers ports de France, et sur les rades, reçurent en même temps celui de tenter de fausses sorties, afin de favoriser celle de l'escadre. Ces mouvemens multipliés obligèrent en effet les Anglais à étendre leur croisière,

DÉS ÉVÉNEMENS MILITAIRES.

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à disperser leurs bâtimens et à se rapprocher des côtes. On ne peut qu'admirer leur constance à tenir la mer si dure dans cette saison, et l'on ne doit pas s'étonner qu'une marine ainsi exercée aux plus rudes travaux, dans des situations toujours nouvelles, souvent pé. rilleuses, n'acquière l'avantage d'une grande supériorité pour la précision, la prestesse des manoeuvres, et surtout pour l'adresse dans la réparation des avaries: c'est là qu'est leur bonne et forte école; on ne peut les égaler qu'en les imitant.

L'amiral Gantheaume appareilla le 7 janvier, du port de Brest, et alla mouiller à la rade extérieure de Bertheaume; il remit à la voile le lendemain, et tenta de dérober sa partance en passant par le Raz, canal fameux formé par les redoutables écueils connus sous le nom de Saints; mais aperçu par les vaisseaux croiseurs, il fut contraint de regagner la côte et de mouiller à l'embouchure de la Vilaine. Il jugea fort bien qu'en profitant d'un moment favorable pour rentrer à Brest, il donnerait le change à

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l'ennemi, qui penserait que cette fausse sortie n'avait, comme tant d'autres, que l'unique objet de l'inquiéter. Après avoir repris le mouillage dans la grande rade, il résolut d'attendre qu'un gros temps contraignît l'escadre anglaise à s'éloigner de la côte, et lui ouvrît un libre passage. En effet, le 23 janvier, une tourmente ayant forcé les croisières à gagner le large, l'amiral français profita de cette circonstance, et de l'obscurité de la nuit, pour faire sortir son escadre. Comme il était probable que les vaisseaux seraient bientôt dispersés, il indiqua pour premier point de ralliement, le cap de Gates, sur la côte d'Espagne, entre Gibraltar et Carthagène. Voici le nom des bâtimens dont l'escadre était composée :

L'Indivisible,

Le Formidable, de 80 canons.
L'Indomptable,

La Constitution

Le Dix-Août,

Le Desaix,

Le Jean-Bart,

de 74 canons.

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