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de précipiter les concessions, disons plutôt les actes de soumission exigés par le premier Consul. Tout au contraire on redoubla d'activité comme pour une défensé désespérée. Le prince régent multiplia les édits pour ordonner les levées; il fit équiper six vaisseaux de ligne destinés à se joindre à l'escadre anglaise qui croisait devant Cadix. Il accorda une prime aux matelots et aux ouvriers qui travaillaient jour et nuit. L'armée portugaise ne put cependant être portée au-delà de vingt-cinq mille hommes, en y comprenant trois régimens d'émigrés français à la solde de l'Angleterre, et quelques escadrons de cavalerie anglaise. Le duc d'Alfoens, qui avait commandé pendant la guerre contre l'Espagne, fut rappelé et remplacé par le comte de Gortz : ce général rassembla cette faible armée, mal organisée et mal pourvue, sur la position d'Abrantes, la seule qui pût un instant protéger Lisbonne contre l'invasion des Français.

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Pendant que le général Leclerc s'ébranlait d'Almeida pour descendre par la Haute

Beira dans la vallée du Tage, le général Gouvion-Saint-Cyr continuait à Madrid, sous la médiation de l'Espagne, sa négociation, si l'on peut appeler ainsi la loi qu'il dictait, au nom de la France, aux deux peuples de la péninsule.

Mais déjà, comme nous le verrons plus tard, les communications rouvertes entre la France et l'Angleterre tendaient à un rapprochement; et, bien qu'aucun obstacle sérieux ne s'opposât à l'invasion du Portugal et à l'occupation de ses places fortes par les troupes françaises, il paraît que, dans l'intérêt de la pacification générale qui se préparait, il convint mieux au premier Consul d'obtenir de grands avantages commerciaux, et principalement la restitution et l'extension du territoire de la Guyane. Le traité de paix, signé à Madrid le 29 septembre 1801 (*), suspendit les hostilités, et pour cette fois sauva le Portugal.

Le résultat politique le plus remarquable

(*) Voyez ce traité dans les Pièces justificatives.

de cette courte campagne, d'ailleurs peu importante sous le rapport des événemens militaires, fut de livrer entièrement la monarchie espagnole à l'influence de la France, et à la funeste domination du prince de la Paix.

CHAPITRE III.

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Situation de la marine française. Objet de l'expédition de l'amiral Gantheaume. — Il sort de Brest. Sa navigation, ses manoeuvres dans la Méditerranée. IL manque son but à la côte d'Égypte, prend un vaisseau anglais et rentre à Toulon. Glorieux combat du contre - amiral Linois, au mouillage d'Algésiras. Don: Juan Moreno sort de Cadix.

Combat

désastreux du détroit de Gibraltar.

UN

L'un des plus grands malheurs que la guerre de la révolution ait attirés sur la France, a été d'arrêter les progrès de sa marine militaire, non moins importante à son existence, à sa considération politique, et à sa prospérité, que la forte organisation de l'armée de terre. La perte des plus florissantes colonies, l'interruption du commerce et de la navigation, la fatale émigration d'un grand nombre

d'officiers de l'armée navale, portèrenť dės les premiers temps de la révolution des coups funestes à la marine française, que Louis XVI avait relevée, et qui, dans da guerre de l'indépendance américaine s'était glorieusement vengée d'un siècle d'humiliations.

La présomption et l'impéritie des gouvernemens destructeurs qui se succédèrent jusqu'à l'avènement du général Bonaparte au consulat, précipitèrent l'affaiblissement des forces maritimes de la France. Malgré le désavantage de la désorganisation du personnel des officiers, et l'inexpérience des équipages trop peu exercés à la mer, la marine française, dans ses longs revers, soutint constamment l'honneurdu pavillon, soit dans les combats particuliers, soit dans les actions générales où l'audace et le talent ne furent pas accablés par une grande supériorité de forces ou vaincus par la fortune contraire. C'est ce qu'on reconnaît à chaque pas dans l'histoire des premières campagnes de cette guerre, et particulièrement dans les rapports des. amiraux anglais, presque tous remarquables

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