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ger aucune opinion injurieuse à sa personne sacrée ; toutefois, en faisant cette déclaration, il n'entendait pas démentir le bruit public sur le motif de sa démission, et il ajouta :

« Mes collègues et moi, nous recomman» dons une mesure qui, dans le moment où » s'opère l'union entre l'Irlande et l'Angle» terre, nous paraît être d'une grande im»portance pour la réussite de ce projet : nous » avons la conviction que cette mesure est » indispensable; mais voyant que nous ne >> pouvons la proposer au nom du gouver>>nement, nous pensons qu'il n'est ni de >> notre honneur ni de notre devoir, de >> garder nos emplois. Je ne crois pas que >> nouseussions dû nous conduire autrement; » pour moi, j'ai été comme je le serai tou>> jours, guidé par mon zèle pour la tran» quillité, la force et le bonheur de mon >> pays ».

A l'appui de cette explication vint l'expression noble et modeste des sentimens du nouveau chancelier de l'échiquier : « Je ne >> pense pas, dit-il, que nos relations avec

» mon honorable ami, M. Pitt, doivent >> rendre mon indépendance suspecte ; j'es>>père qu'on ne préjugera rien sur mon admi>>nistration ». Plusieurs membres, parmi lesquels se trouvait le colonel Addington, son parent, supplièrent la chambre de ne point condamner d'avance ses intentions; et jusqu'à ce qu'il y eût des preuves acquises contre lui, de lui conserver l'opinion bien méritée par son zèle et ses talens; qu'il continuerait à agir de manière à mériter l'estime dont il avait si éminemment joui jusques alors. La question fut alors mise aux voix, et la chambre se forma en comité de subsides.

Ainsi les nouveaux ministres furent, par l'issue de ces débats, avoués et reconnus par la majorité dans les deux chambres du parlement quoiqu'ils eussent prêté serment entre les mains du roi, le 20 février, M. Pitt n'en continua pas moins à diriger les affaires. jusqu'au 14 mars, jour auquel il remit solennellement les clefs et le sceau à M. Addington. Il termina cette longue période de sa brillante carrière politique par la présenta

tion du budjet : la totalité des charges s'éleva à la somme de quarante-deux millions cent quatre-vingt-dix-sept mille livres sterling (un milliard douze millions sept cent ving'. huit mille francs ). Les diverses ressources ne pouvaient produire que seize millions sept cent quarante-quatre mille liv. sterl.; il restait un vide de vingt-cinq millions cinq cent mille liv., qui fut rempli par l'emprunt le plus considérable qui eût jamais été proposé (vingt-huit millions sterling, dont vingt-cinq millions et demi pour l'Angleterre, et deux millions et demi pour l'Irlande). M. Pitt annonça qué cet énorme emprunt avait été fait aux conditions les plus avantageuses; il considérait ce contrat et la glorieuse rivalité des deux compagnies qui s'étaient rendues adjudicataires, comme une preuve évidente de l'énergie et de la persévérance du peuple anglais, et de sa confiance dans la force et les ressources du pays. Il terminait ainsi son exposé: « Si tout >> le monde fait son devoir, la nation sortira >> triomphante de la lutte où elle se trouve

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>> engagée : jamais le commerce ne fut à un si » haut point de prospérité; si le peuple >> anglais éprouve quelque malaise, il n'en >> faut accuser que l'intempérie des saisons; >> mais il n'a jamais été plus grand, plus » digne de l'admiration et de l'envie de tous » les peuples de la terre ».

Dans le vote des subsides, on accorda pour le service de mer le payement d'une force de cent trente-cinq mille honimes, y compris trente-neufmille matelots: l'effectifdes forces régulières était de cent quatre-vingt-treize mille cent quatre-vingt-sept hommes; le nombre des milices anglaises et irlandaises de soixante-dix-huit mille quarante-six; celui des fencibles, de trente-un mille quatré cent quinze ; en sorte que la totalité des forces. de l'empire britannique, sans y comprendre les corps de volontaires, était de quatre cent trente-sept mille cinq cent quarante-huit hommes.

Telle fut à cette époque la brillante mais orageuse situation de l'Angleterre ; jamais les esprits ne furent plus divisés, jamais la

marche de ce gouvernement ne parut plus embarrassée et plus incertaine; les chambres du parlement et la nation elle-même se partageaient entre les trois partis qui différaient d'opinion et d'intérêts, et qui s'accu saient mutuellement d'intentions factieuses, Le parti le plus ardent, et à la tête duquel s'était constamment montré M. Fox, s'était toujours opposé à la guerre. Plus effrayé dé l'influence croissante de la couronne, que des effets de la révolution française, il captait la faveur populaire sans trop s'inquiéter des mouvemens séditieux, qu'il ne s'abaissa pourtant jamais à fomenter. Ce parti d'opposition voulait la paix à tout prix, pour désarmer le ministère, et lui ôter les motifs ou le prétexte de mesures coërcitives qui blessaient la constitution.

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Le parti de M. Pitt, le plus considérable qui se fût jamais formé pour le gouverne→ ment, avait de forts appuis, et tous les moyens de puissance, soit dans le parlement par une majorité sûre et bien disciplinée soit dans la nation par l'intérêt du commerce

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