Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

toujours présens à son esprit. Il suivait et réglait les moindres détails par des ordres particuliers qu'il dictait sans hésitation avec la rapidité de la parole, et sans autre secours que celui de sa prodigieuse mémoire leur précision et leur parfaite concordance avec ses dispositions générales confondaient la prévoyance des autorités supérieures et subordonnées, et les tenait toujours alertes. Dans son palais ou sous sa tente, en quelque lieu qu'il se trouvât, tous les fils étaient toujours tendus par cette main de fer; sa jalouse méfiance n'en laissait échapper aucun.

Ce continuel emploi du temps, ce travail immense n'occupaient autour de lui qu'un très-petit nombre de personnes. Deux ou trois secrétaires lui suffisaient; il savait les choisir parmi les hommes distingués par leur intelligence, leur esprit d'analyse, leur sage discrétion et la prestesse d'expédition : général de l'armée d'Italie, il en eut autant; chef du gouvernement et moteur de l'Europe, il n'en eut pas davantage.

Mais autant le premier ressort de cette vaste machine était simple, autant les rouages auxquels il imprimait le mouvement étaient nombreux et compliqués. Leur jeu l'occupait nuit et jour; il le ralentissait ou l'accélérait à son gré selon les circonstances. Il exigeait des rapports journaliers et des tableaux synoptiques de la situation de toutes les

parties du service: les moindres négligences échappaient rarement à sa rapide investigation; il les relevait avec sévérité; et dans de tels cas, il ne s s'astreignait pas à la hiérarchie des autorités et des grades: il frappait immédiatement au point où il avait aperçu la faute, et atteignait dans les divers détails l'individu qui l'avait commise. C'était l'objet des missions particulières soit politiques, soit militaires ou administratives, qu'il donnait fréquemment, le plus souvent à l'insçu de ses ministres, et toujours inopinément à ses aides de camp et aux membres de son conseil. Le général Duroc fut celui auquel il confia les plus importantes, et celui qui, par son excellent esprit et son noble caractère, était l'un des plus propres à les remplir. Le juste hommage que nous rendons à la mémoire de ce guerrier mort au champ d'honneur, ne sera démenti ni par le témoignage de ses émules qui lui survécurent, ni par celui des étrangers ses contemporains,

Nous répétons, en terminant cette note, que la critique et l'esprit de parti n'y doivent point chercher un sens apologétique; nous avons pensé qu'une image des pratiques les plus usuelles de cet homme extraordinaire, serait utilement placée au milieu du récit des événemens dont il remplit l'Europe, et précisément à l'époque du plus grand développement de son ambitieuse politique et nous aurions sans

doute manqué notre but, si les expressions dont nous nous sommes servis laissaient, dans l'esprit de nos lecteurs, le moindre doute que cette image n'ait été fidèlement tracée.

1

NOTE CINQUIÈME.

CHAPITRE III. - Page 88.

Sur le développement des forces navales britanniques.

ENVIRON huit cents voiles de guerre, dont deux cents vaisseaux de ligne et deux cent cinquante frégates composaient, en 1801, vers la fin de la première période de la guerre de la révolution avant l'époque du traité d'Amiens, le matériel de la marine d'Angleterre. Le personnel des officiers de mer non compris ceux des troupes de marine (marine forces) était de 3,264 officiers en activité. Dans ce nombre on comptait 144 amiraux, vice- amiraux ou contre-amiraux, 516 capitaines de vaisseaux, 452 commandans ou seconds capitaines, et 2,152 lieutenans. Si l'on calcule la force des équipages d'après les règlemens de la marine anglaise pour les vaisseaux de divers rangs, en prenant pour leur effectif un terme moyen, on trouve que la totalité a dû s'élever à 160,000 gens de mer, dont 30,000 soldats de marine.

Les fonds accordés, cette même année 1801, par le parlement d'Angleterre, pour le service de la marine, s'élevèrent à 12,422,000 livres sterlings, à peu près 311 millions de francs.

La république française et ses alliées, l'Espagne et la Hollande n'avaient ensemble, à cette époque, guère plus du tiers des forces navales de l'Angleterre. Leurs escadres disséminées, retenues dans les ports à de grandes distances, étaient surveillées par des croisières nombreuses, et ne pouvaient avec sécurité combiner entre elles aucun mouvement. Cependant, malgré cette énorme disproportion de forces et de moyens, malgré l'avantage de position, et celui bien plus considérable d'une parfaite organisation du personnel, consolidée par le temps et par les succès, les Anglais ne purent parvenir à paralyser entièrement la marine française. Ils s'en étaient flattés après le désastre d'Aboukir; mais ils éprouvèrent que ce système de blocus, si l'on peut militairement se servir de cette expression dans la guerre maritime, était un vain épouvantail, et qu'ils ne pouvaient sur chaque point être assez en force pour empêcher la sortie des bâtimens de guerre. Les petites escadres françaises, en évitant la rencontre de leurs flottes et les engagemens contre des forces supérieures, portaient à la navigation du commerce anglais plus de dommage qu'il ne pouvait recevoir de protection de ces nombreuses croisières à vue de terre, qui formaient une chaîne à peine interrompue sur l'immense développement des côtes du continent.

Cette chaîne trop étendue, trop forte ou trop

« ZurückWeiter »