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Sur l'alliance du Portugal avec l'Angleterre.

L'INTÉRÊT mutuel des deux pays avait depuis long-temps formé les liens qui unissaient le Portugal et la Grande-Bretagne. En 1640, lorsque les Portugais secouèrent le joug des Espagnols, et mirent sur le trône Jean duc de Bragance, descendant des rois qui l'avaient occupé avant l'invasion de Philippe II, le nouveau roi, pour affermir sa dynastie contre les armes et les intrigues de l'Espagne, rechercha l'alliance des Anglais. Une princesse portugaise épousa en 1662 le roi Charles II. La révolution qui changea peu de temps après l'ordre de succession à la couronne d'Angleterre, en y appelant une famille étrangère, n'altéra point cette alliance: elle s'affermit au contraire depuis cette époque. Le Portugal prit une part active à la guerre contre la maison de Bourbon, à cause de la succession et de l'avénement de Philippe V au trône d'Espagne. Les intérêts politiques ayant rendu les communications très-fréquentes, ceux du commerce entre les deux pays se resserrèrent de plus en plus, et l'Angleterre en recueillit les principaux avantages qu'elle a soigneusement conservés. Le fameux traité conclu par Methuen, en 1703, les rendit

presque exclusifs: il mit les Portugais dans la dépendance des principales maisons de Londres, dont ils n'étaient que les commissionnaires. Les marchandises provenant des manufactures anglaises librement importées, servirent d'objets d'échange pour l'exportation des vins précieux de la côte de Portugal. Les Écossais, les Irlandais surtout, se livrèrent à cette branche de commerce, dont la balance était toute en faveur des insulaires, à cause des bénéfices considérables sur les produits, et par l'extension de leur navigation; avantage plus réel, plus national et plus durable. La cour de Portugal, qui venait de se liguer avec l'Angleterre et l'Autriche contre la France, convoitait une part dans le partage de la succession d'Espagne : on lui fit entrevoir de magnifiques espérances, et un grand accroissement de territoire du côté de l'Estramadure: c'était au moment où la reine Anne, qui semblait être la moins intéressée à cette grande querelle, prodiguait des secours au prétendant à la couronne d'Espagne, que les alliés appelaient l'archiduc roi; elle lui fournit trente vaisseaux de guerre qui se joignirent à dix vaisseaux hollandais, deux cents vaisseaux de transport et neuf mille hommes de troupes qui débarquèrent à Lisbonne avec le prince autrichien. L'habile négociateur Methuen profita de cette circonstance favorable, pour faire signer un traité de commerce

qui réduisait le Portugal à l'existence d'une colonie anglaise, dont la richesse et la substance étaient aspirées par la métropole.

Après la paix d'Utrecht ces désavantages furent moins sensibles; la situation du Portugal s'améliora par la prospérité des établissemens du Brésil et le prodigieux accroissement de leur population. Cette nouvelle source de richesses, quoique moins abondante que celle des Indes orientales presque tarie, avait ravivé le commerce de Lisbonne, lorsque cette capitale fut entièrement bouleversée par le tremblement de terre de 1755. Les Anglais contribuèrent par de généreux secours à réparer ce désastre, et cette circonstance rendit encore plus étroite leur alliance avec le Portugal.

Pendant la guerre de sept ans, l'Angleterre en retira de grands avantages pour ses armemens et la protection de son commerce; elle défendit, comme son propre territoire, le Portugal menacé en 1763, d'une invasion par les Espagnols et les Français. C'était la même situation politique, c'étaient les mêmes motifs qu'à l'époque de la guerre de la succession d'Espagne; et cette diversion servit aussi à hâter la conclusion de la paix générale.

On voit que le Portugal ne put jamais s'affranchir de cette dépendance à laquelle les états du second ordre sont condamnés, et qu'après avoir prospéré

et brillé d'un éclat éphémère dans le siècle des découvertes, il se trouvait ramené aux conditions, au danger de sa position géographique, c'est-à-dire, à n'être bientôt plus qu'une factorerie anglaise, ou à devenir une province d'Espagne. Des causes incidentes, la fortune, le sort des armes, l'influence momentanée d'un homme de génie peuvent changer le cours des événemens, mais le fond des choses reste le même. Si nous osions hasarder cette expression, nous dirions que les seules grandes masses de la vieille Europe sont immuables, et qu'il n'y a point d'autre système d'équilibre. Les progrès de la civilisation tendent à donner plus d'intensité à l'esprit national. A mesure que les lumières pénètrent, et que la raison publique se perfectionne, l'amour de la patrie se fonde sur des bases plus solides, ses intérêts mieux connus par le grand nombre de citoyens éclairés sont plus profondément sentis. On a vu dans le dernier siècle, on verra sans doute encore des territoires envahis, on ne verra point comme autrefois des nations subjuguées et détruites. Les institutions politiques et la formation des armées nationales élèvent de toutes parts de nouvelles barrières contre l'abus de la force. Il ne serait pas moins difficile aujourd'hui d'exercer impunément le droit de conquête que d'établir un parfait équilibre entre les puissances.

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Le ministère du marquis de Pombal, dont les talens et les vues patriotiques fixèrent les regards de l'Europe, n'eut pas tout le succès dont il s'était flatté: il releva cependant les affaires du Portugal; le commerce reprit son essór et l'industrie plus d'activité. Le système politique à l'égard de l'Angleterre ne changea point, mais il fut modifié. A l'égard de l'Espagne, lorsque le Prince-régent, qui prit les rènes du gouvernement à l'époque de la maladie mentale, et de la retraite de la reine-mère, épousa l'infante d'Espagne, fille du roi Charles IV, ces relations de famille eurent nécessairement beaucoup d'influence dans les négociations qui précédèrent la rupture entre les deux cours, provoquée et exigée par le chef du gouvernement français. Il soupçonna mais ne put pénétrer les intrigues secrètes du Prince de la Paix avec le duc d'Alfoens: la marche rapide de l'armée espagnole, l'évacuation des places fortes, la retraite précipitée des Portugais, l'armistice, la cession à l'Espagne du district d'Olivenza, tout était combiné, convenu d'avance, et communiqué au cabinet de Londres. Le premier Consul, pour accomplir ses desseins, fut donc forcé de mettre entièrement à découvert sa politique impérieuse, et de rejeter comme une transaction illégale, le traité de paix conclu entre les deux royaumes de la Péninsule. Il ne lui suffisait pas que les ports eussent été fermés

ཆུ

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