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Que de réflexions fait naître ce tableau !! Comment méconnaître l'effet des causes morales auxquelles il faut toujours remonter. Non, ce n'est pas la faux du temps qui, dans le cours d'un siècle (bien courte période de la vie des nations), a détruit jusque dans leurs fondemens tant d'édifices qui semblaient être inébranlables: ce n'est pas seulement la corrup tion des institutions anciennes qui les a fait s'écrouler. L'histoire de l'antiquité et celle des temps modernes nous montrent que cette cause de désorganisation et de mort, agit lentement sur les corps politiques. Il n'entre pas dans les desseins de la Providence, que l'homme jouisse de ses plus grands bienfaits sans un mélange, et le plus souvert un égal partage de maux. Le progrès des lumières, le perfectionnement des connaissances qui ont multiplié nos rapports et nos jouissances, ont imprimé aux esprits un plus grand mouvement: il n'y a plus eu de forces inertes; tous les intérêts s'agitant à la fois, se sont plus fréquemment entrechoqués. La manie des projets, l'ambition de s'agrandir ayant saisi tous les cabinets de l'Europe, cette turbulente agitation s'est bientôt pagée de rang en rang jusques aux derniers.

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Si nous trouvons que ces froissemens inévitables dans le nouvel état de société ont causé de grands malheurs, nous devons aussi reconnaître qu'il est

résulté un grand bien de ces cruelles expériences, la fixité de l'opinion sur l'essence de la vraie liberté. Sans doute il est difficile de modérer ce mouvement progressif; mais les souverains et les ministres, les écrivains et les orateurs qui auront la sagesse et la bonne foi de reconnaître la maturité de la raison publique, et d'en faire le ressort et le principal appui de l'autorité, la dirigeront avec succès vers la prospérité commune. Des efforts opposés à cette tendance naturelle et à l'esprit du siècle, ne feraient qu'accélérer le mouvement et préparer de nouvelles commotions. Heureusement la science du gouvernement ne s'est pas moins perfectionnée que toutes les autres branches des connaissances humaines : ce n'est plus lus' une science' occulte; on n'y peut dévier impunément des principes reconnus.

Que nos prophètes politiques s'exercent donc sur ce parallèle des deux siècles; qu'ils essaient d'après ces données et la connaissance des événemens qui ont rempli les premiers lustres du dix-neuvième siècle, de pressentir quelles devront être ces différences aux premiers jours du vingtième ; qu'ils osent prédire de nouvelles aberrations. Nous qui nous bornons à faire des voeux plus consolans pour l'humanité, nous dirons qu'on peut espérer, et qu'il est probable que l'homogénité des mœurs, la fusion

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des intérêts des peuples européens, et la similitude des formes de leurs gouvernemens, suivront ces pro

grès et la diffusion des lumières, et prépareront à

nos neveux de meilleures destinées.

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Sur les hommes d'état qui fleurissaient en
Angleterre en 1801.

EN offrant à nos lecteurs le tableau des dissensions politiques auxquelles fut livrée l'Angleterre après le traité de Lunéville, au moment où M. Pitt quitta le ministère, nous avons cru devoir rappeler les mémorables débats auxquels donna lieu ce changement inattendu : ils nous ont paru dignes du burin de l'histoire par l'importance des objets, non moins que par les caractères et les talens des hommes d'état qui y prirent le plus de part. Nous avons cru ne pouvoir mieux compléter ce résumé, et satisfaire nos lecteurs, qu'en leur faisant connaître par la notice suivante, les principaux personnages qui ont paru sur cette scène. Pour esquisser ces portraits nous avons eu recours aux meilleurs écrits du temps: nous avons recueilli les renseignemens les plus authentiques, en écartant ceux qui nous paraissaient avoir été dictés par l'esprit de parti.

M. Fox, chef de l'opposition, avant de se concilier l'estime d'un parti considérable, avant de conquérir la faveur populaire, avait lutté long-temps contre

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d'injustes préventions. On rendait hommage à ses talens supérieurs, mais on le soupçonnait de ne songer qu'à son élévation, et de ne paraître tour à tour si séduisant et si inflexible, que pour sacrifier plus sûrement selon les circonstances, l'intérêt général à ses vues particulières : Charles, disait le vulgaire, est un comédien aussi habile que Garrick, as deep as Garrick. Cependant à la longue, son intégrité, sa modeste affabilité, la simplicité de ses manières, sa sensibilité, la constance et la chaleur de son amitié ramenèrent vers lui l'estime et la confiance du peuple anglais. On reconnut dans la fermeté soutenue de sa conduite politique, la libéralité de ses principes, et le but d'une noble ambition. Il ne manqua pas de l'atteindre: aucun autre homme public, pas même son illustre rival, n'a joui en Angleterre d'une telle et si constante popularité.

M. Fox avait une grande capacité, des dispositions naturelles pour les sciences, un goût sûr et délicat pour les arts. Il avait fait dans l'étude des belles-lettres d'étonnans progrès, si l'on considère la variété d'occupations et d'affaires qui dès sa jeunesse l'en avait distrait. C'était un excellent critique, et dans d'autres circonstances, il eût été, comme écrivain, l'un des meilleurs modèles.

Ce n'étaient pas ses discours brillans d'éloquence et de traits originaux, sa conception prompte, sa

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