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>> des préliminaires, il déclara qu'il était >> convaincu que la paix avec la France, non » moins que la convention avec les puissan» ces septentrionales, étaient éminemment >> honorables pour la Grande-Bretagne ». Et pour faire connaître en peu de mots tous les motifs de son approbation, il ajouta, que « la sagesse et la modération manifestées du>> rant tout le cours de ces importantes négo>> ciations, dans leur commencement, leur » progrès et leur fin, étaient telles, qu'elles >> donnaient au gouvernement le plus juste >> titre à la gratitude de la patrie ». C'était se louer soi-même, car personne n'ignorait que son ami et son successeur, M. Addington et lord Hawkesbury, n'avaient rien fait sans le consulter.

L'ancien secrétaire d'état, M. Wyndham, qui avait été pendant l'administration de M. Pitt le plus ferme soutien de son système, ne s'opposa point à l'adresse parce qu'elle ne supposait pas l'approbation des. préliminaires qu'il blâmait formellement; mais malgré la peine qu'il éprouvait à différer

d'opinion avec son honorable ami, malgré la défaveur que devait encourir l'expression de sa tristesse au milieu des cris de joie, il voyait cette paix sous un tout autre point de vue, et n'y trouvait aucun sujet d'exaltation, «< persuadé que les ministres, en la » signant, avaient signé l'arrêt de mort de >> la patrie, il pouvait douter s'il était invité » à des fêtes ou à des funérailles ». On accordait à la France les moyens de partager avec l'Angleterre l'empire des mers, puisqu'on la laissait participer au commerce et rétablir sa marine. Il se réservait de discuter en détail les conditions de cette paix, qui ne lui paraissait ni sûre ni nécessaire.

Le chancelier de l'échiquier, M. Addington, évitant aussi d'entrer encore dans la question des préliminaires, repoussa les suggestions de M. Wyndham, par cette sage et belle maxime de gouvernement, « que ce » n'est point par l'extension du territoire et >> par les conquêtes qu'on fait prospérer le >> commerce, mais par un bon système de dé»fense, et par le maintien de la constitution

» et des droits des citoyens ». Enfin, M. Shéri. dan, en adhérantau vœu unanime de l'adresse et reconnaissant la nécessité de la paix, déclara cependant que « la paix entraînait avec elle » la dégradation de la dignité nationale; qu'il >> avait toujours considéré cette guerre comme » la plus mauvaise et la plus funeste dans >> laquelle la nation eût jamais été engagée, » qu'une telle guerre n'avait pu conduire » qu'à une telle paix, et que celle-ci était >> aussi bonne qu'on pût la faire dans les >> circonstances où se trouvait l'Angleterre ».

Nous avons recueilli les principaux traits de cette importante discussion, parce que les opinions controversées dans les assemblées nationales des peuples, dont la liberté est garantie par les formes du gouvernement représentatif, sont les plus purs élémens de l'histoire. Tous les intérêts s'y développent, toutes les passions s'y déclarent; les secrets des cabinets y sont presque toujours dévoilés. L'esprit du siècle, les mœurs du temps se peignent dans le caractère des hommes publics; aussi les plus illustres écrivains de

l'antiquité, et ceux qui de nos jours ont le plus approché de ces grands modèles, n'ont pas manqué de reproduire les harangues les discours, les débats qui nous transportent vivement aux temps et aux lieux, et nous rendent pour ainsi dire présens aux événemens. Ce n'est pas seulement une agréable illusion dramatique, c'est un miroir fidèle, où la vérité historique dégagée des obscurités de l'intrigue, par une authentique et prompte publicité, se réfléchit aux yeux des générations futures.

Le parlement d'Angleterre reçut, le 30 octobre, la communication officielle des articles préliminaires de la paix avec la France; ils furent présentés à la chambre des pairs, par lord Pelham, et à celle des communes par lord Hawkesbury, ministre des affaires étrangères.

Dans la chambre haute, lord Romney proposa l'adresse au roi; il se fonda principalement sur ce que la guerre ayant été entreprise, non pas seulement pour la dé

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fense des alliés, mais pour préserver d'une entière subversion la religion, les lois, la propriété et la constitution, le but avait été atteint; et que la paix, plus glorieuse et plusprofitable que ne l'avaient été les paix précédentes, celle même conclue par l'immortel Chatam, était devenue aussi convenable et aussi nécessaire que l'avait été la continuation de la guerre jusqu'à l'époque présente. Il paya un juste tribut d'éloges à la flotte et à l'armée, et releva l'importance des acquisitions des îles de Ceylan et de la Trinité, des conquêtes de l'Inde et de l'affranchissement de l'Égypte. Lord Spencer soutint, au contraire, qu'on n'avait tiré aucun fruit d'immenses sacrifices, et qu'on n'avait obtenu aucun des résultats qu'on s'était promis, puisqu'on cédait dans les quatre parties du monde des possessions conquises par la valeur des troupes de terre et de mer, possessions qui pouvaient seules donner à l'Angleterre quelque sécurité contre les effets inévitables de l'agrandissement de la France sur le continent. La

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