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servirait de base à la représentation. Les partisans de l'opinion contraire objectaient que les catholiques étant en nombre cinq ou six fois plus considérable que les protestans, cette masse effaçait toute différence de rapport dans la propriété, et que la tranquillité de l'Église anglicane ou celle de l'état serait compromise par l'égale admission des catholiques et des protestans aux fonctions publiques, effet nécessaire de l'émancipation.

Tant que l'Irlande dut conserver une législature indépendante et séparée, le ministère anglais se garda bien d'encourager les réclamations des catholiques; mais le danger d'accorder l'émancipation était bien moindre en supposant la fusion des représentans de l'Irlande dans la chambre des lords et dans celle des communes. M. Pitt donna donc aux catholiques irlandais l'assurance, ou du moins l'espoir qu'aussitôt après l'acte d'union, ils obtiendraient, non comme un droit, mais comme grâce et faveur, de la part de la Grande-Bretagne, l'entière participation à toute espèce de pouvoirs et

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de priviléges politiques. On observa que ce projet ne pouvait se concilier avec les lois fondamentales telles que, l'acte de tolérance, le bill des droits, l'acte d'établissement, et même avec l'acte d'union entre l'Angleterre et l'Écosse; ces difficultés n'arrêtaient point le premier ministre il espérait les résoudre et calmer les alarmes des protestans, en réglant l'exercice des pouvoirs et des priviléges politiques accordés aux catholiques; mais une difficulté plus sérieuse, et qu'on ne saurait croire que M. Pitt n'eût pas prévue, était le serment du roi à son avénement au trône, de maintenir la reli gion protestante établie par la loi.

Georges III fut inébranlable dans la résolution de rester fidèle aux engagemens qu'il avait contractés; les mêmes, disait-il, sur la foi desquels le premier roi de la maison d'Hanovre était monté sur le trône d'Angleterre, et auxquels sa conscience' et la constitution l'obligeaient à se conformer. Le roi n'admit aucune interprétation, et cette

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grande question fut la dernière qu'on discuta dans le conseil avant sa maladie.

M. Pitt se détermina à se démettre de ses charges de premier lord de la trésorerie et de chancelier de l'échiquier; il s'attacha à accréditer l'opinion que la seule cause de sa retraite était le rejet du plan, et des réglemens qu'il avait proposés comme ministre, en faveur des catholiques. Il fit répandre avec profusion dans toute l'Irlande, un écrit sur lequel il fut interpellé dans la chambre des communes, et qu'il ne désavoua point on y remarqua le passage suivant :

«Les catholiques doivent prudemment considérer que leurs espérances reposent » sur les personnes qui ont récemment >> épousé leurs intérêts, et comparer ces >> espérances avec ce qu'ils pourraient at» tendre d'un autre côté : ils peuvent avec >> confiance compter sur l'appui et le zèle >> de tous ceux qui se retirent, et d'un assez >> grand nombre de ceux qui restent en >>-place, aussitôt qu'ils pourront agir avec >> quelque espoir de succès; ils peuvent

» être assurés que M. Pitt fera tous ses ef» forts pour rétablir leur cause dans l'opi» nion publique, et leur préparer les voies » qui peuvent les conduire au but ».

Ce manifeste servit de texte à l'animadversion: jamais, disait-on, les agens de la couronne, en abandonnant le service du roi, n'ont aussi indignement trahi la cause de leur maître. Et que devrait-il penser, lorsque venant à prendre connaissance des affaires. que la maladie avait dérobées à sa sollicitude, il reconnaîtrait que celui qu'il avait longtemps considéré comme le plus digne de sa confiance, l'avait présenté aux catholiques d'Irlande comme leur principal ennemi, et leur avait fait ainsi envisager le roi, source constitutionnelle des grâces, comme un obstacle à des actes de libéralité et d'affection paternelle. Les membres du parti de l'opposition déçus dans leurs espérances, n'épargnaient point les reproches et les injures, au ministre qui, en abandonnant l'exercice du pouvoir, conservait la puissance. Ses insinuations, disaient-ils, n'étaient pas moins

injurieuses à la nation et au parlement, qu'à la personne même du souverain; ce n'était point de la munificence du roi, ce n'était point de la sagesse du parlement, ni de la générosité et de la justice du peuple, que les catholiques irlandais devaient attendre des concessions : leurs succès dépendaient désormais d'une nouvelle élévation de M. Pitt et de son parti, à la faveur et au pouvoir.

Il était évident que la question de l'émancipation n'était, pour le premier ministre, qu'un prétexte plausible pour se retirer momentanément des affaires. Ce prétexte était d'autant mieux choisi, qu'en se réservant exclusivement la confiance des catholiques, par ces démonstrations de dévouement, et ces apparens sacrifices, pendant qu'il maintenait ou faisait élever aux premiers emplois ses amis et leurs cliens qui adhéraient à son système politique, M Pitt s'assurait plus que jamais la majorité parlementaire d'ailleurs la cause des catholiques d'Irlande est si juste au fond, et par là

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