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tous les états du roi de Sardaigne, si le grand-duc de Toscane n'était rétabli dans les siens, la conservation de Malte était la seule garantie de la sûreté du commerce anglais dans la Méditerranée, et qu'on ne pouvait entendre différemment le status ante bellum dans cette partie. Quant à l'Amérique, on ne devait point s'attendre que le roi d'Angleterre restituât toutes les conquêtes que ses armes avaient faites sur la France, sur l'Espagne et sur la Hollande, comme une compensation pour la seule intégrité du Portugal; tout au plus en se désistant de garder l'île de la Trinité, sa majesté offrirait-elle le status ante bellum pour l'Espagne, en compensation de la même mesure pour le Portugal.

Le premier Consul, qui s'était exagéré l'importance de l'occupation du Portugal, ressentit un vif dépit de l'inflexibilité du ministère britannique', et fit exprimer son mécontentement; la note présentée à ce sujet par son plénipotentiaire ne produisant aucune proposition nouvelle, et ne renfer

mant que de vagues récriminations, provoqua une semblable réponse. Lord Hawkesbury en prit occasion de se prévaloir à son tour du grand changement que les évé nemens arrivés en Égypte et dans la Baltique avaient récemment apporté dans la situation de l'Angleterre; il faisait observer que ces succès et l'espoir d'un prompt arrangement avec les puissances du nord, l'emportaient de beaucoup sur les conséquences de l'invasion du Portugal, et auraient pu justifier de la part de sa majesté britannique de nouvelles demandes; que cependant, elle se référait encore à ses premières propositions, et invitait le gouvernement français à établir distinctement à quelle partie de ces propositions s'appliquaient ses objections, et quelles condi tions lui semblaient propres à conduire les négociations vers une heureuse conclusion.

Il fallut modérer ce ton d'aigreur, et le premier Consul jugeant bien que cet échangé de reproches et de vaines protestations me nerait à ne plus s'entendre sur le fond de

la question, la fixa par une note explicative et catégorique, dans laquelle il énonçait les conditions auxquelles il était prêt à signer les articles préliminaires de la paix. Cette note, remarquable pour sa clarté et sa concision, fut remise par M. Otto à lord Hawkesbury, le 23 juillet. En voici la substance:

Dans la Méditerranée, l'Égypte restituée à la Porte. - La république des Sept-Isles reconnue. Les ports de l'Adriatique et de la Méditerranée restitués au roi de Naples et au Pape. Mahon rendu à l'Espagne. Malte restituée à l'Ordre, et ses fortifications rasées, si le roi d'Angleterre juge cette clause conforme à ses intérêts.

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Aux Indes, l'Angleterre gardera Ceylan. Les autres établissemens y compris le de Bonne-Espérance restitués aux alliés. En Amérique, tout sera restitué aux anciens possesseurs.

cap

Le Portugal sera conservé dans son intégrité.

La note était terminée par la déclaration solennelle <<< que la France ne renoncerait

» jamais à la restitution de la Martinique » Cette île, disait-on, n'avait pas été conquisé par les Anglais, mais déposée entre leurs mains par les habitans, à l'époque de l'effroyable révolution de Saint-Domingue, par un motif d'intérêt général, et seulement jusqu'à l'époque où la France aurait un gouvernement. Quoique les termes de la capitulation donnassent lieu de démentir cette assertion, le fait passait pour certain, malgré les formes dont cette transaction avait été revêtue.

un

Ces nouvelles propositions, ainsi divisées, ouvraient du moins à la discussion champ plus étendu; il était probable que la cession de Ceylan, n'étant plus contestée, le ministère anglais consentirait à entrer en explication relativement à l'ile de Malte, et ne soutiendrait pas la prétention de conserver dans la Méditerranée la même domination exclusive, qui lui était abandonnée dans les Indes orientales.

En effet, lord Hawkesbury, en répondant à la note explicative qu'il avait demandée,

évita de rien articuler sur la restitution de la Martinique : mais il admit l'arrangement relatif aux Indes comme la juste base des négociations, et déclara « que sa majesté >> britannique était prête à entrer dans des » négociations ultérieures relativement à » l'île de Malte, et qu'elle désirait sérieu»sement de concerter les moyens de faire » pour cette ile un arrangement^ qui la » rendît indépendante de la Grande-Bretagne et de la France ».

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L'affaire mûrissait, la difficulté ne portait plus que sur l'Amérique, et là comme aux Indes, la France, après avoir vainement insisté sur la restitution de ses anciennes possessions et de celles de ses alliés, pouvait faire supporter à ceux-ci les sacrifices nécessaires. L'Angleterre ne consentait à se désister de la possession de la Martinique, présentée par le gouvernement français comme un obstacle insurmontable, qu'en offrant l'alternative suivante, «ou sa ma jesté britannique conservera dans les Indes >> occidentales les îles de la Trinité et de

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