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Les acquisitions de l'Angleterre n'étaient ni moins importantes, ni moins consolidées; elle avait détruit l'empire de Tippoo-Saïb,

et subjugué les autres princes, qui se ralliaient au Mithridate des Indes orientales. Les riches colonies hollandaises et espagnoles dans cette partie du monde étaient, ainsi que les comptoirs français, tombées en son pouvoir. Celles des îles du Vent, restées sans défense ou sans aucune protection maritime, avaient eu le même sort : l'occupation du cap de Bonne-Espérance avait mis entre les mains des Anglais la clef du commerce des deux hémisphères, et celle de l'île de Malte, et des îles Baléares, assurait leur domination dans la Méditerranée.

Ces diverses conquêtes ne dépendaient plus des chances de la guerre. Le sort des armes pouvait décider encore de quelques points peu importans, en Égypte, en Portugal, dans la Baltique; mais dans la situation où se trouvait l'Europe, aucun événement militaire aucune combinaison politique, ne pouvaient changer les intérêts respectifs des deux puis

sances contractantes, et influer sur les conditions de la paix, Les intérêts des alliés ne pouvaient donc être que d'une importance très-secondaire pour l'une et l'autre puissance, et tout au plus servir de prétexte pour appuyer leurs prétentions respectives, et les demandes de rétrocessions. L'Angleterre, si l'on en excepte la garantie qu'elle avait donnée au roi de Sardaigne, et que la nouvelle situation de l'Italie rendait illusoire, n'avait, à l'égard de ses autres alliés,: , que des engagemens faciles à remplir; car la restitution de l'Égypte à la Porte-Ottomane, n'était plus douteuse, et la maison d'Orange, ne conservant plus aucune espérance de faire valoir ses anciens droits sur le gouvernement des - Provinces Unies, ne pouvait prétendre qu'au dédommagement de la perte de ses domaines. La tâche de la France était plus difficile; elle ne pouvait satisfaire ses alliés, l'Espagne et la Hollande, qu'en leur faisant restituer les précieuses possessions que les Anglais leur avaient enlevées dans les Deux-Indes, et ces restitutions ne pouvaient être com

pensées que par celles des plus importantes conquêtes sur le continent.

Dès les premières conférences la difficulté fut abordée : le ministère anglais, après avoir mis en avant les prétentions de sa cour pour la rétrocession de la Belgique, et le rétablissement de l'ancien gouvernement de Hollande, fit valoir le désistement de cette base fondamentale, comme le plus grand sacrifice que pût faire l'Angleterre, et remit au -négociateur français un aperçu non signé des conditions qu'il proposait, comme devant former les préliminaires de la pacification. Nous rapportons ici cet aperçu trèslaconique, parce qu'il fut l'initiative que le premier Consul voulut laisser à l'Angleterre, pour connaître le maximum de ses prétentions; c'est la seule pièce que nous ayons cru devoir insérer dans le texte, de cette partie de la négociation nos lecteurs trouveront les autres au recueil des Pièces justificatives.

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Aperçu écrit de la main de lord Hawkes

bury.

« Le gouvernement français évacuera >> l'Égypte et la rendra à la Porte.

» Sa majesté restituera de son côté à la >> France et à ses alliés les conquêtes sui

>> vantes :

» Pondichery, Chandernagor, Mahé, » Négapatam, Malaca, Amboine, Banda, » Cochin, le cap de Bonne-Espérance (sous >>> condition que l'on en fera un port franc), » Gorée, Surinam, Curaçao, Sainte-Lucie, »les Saintes, Saint-Pierre et Miquelon, » Saint-Marcou, Minorque.

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>> La république batave accordera à la » maison d'Orange une indemnité entière » pour les pertes qu'elles a éprouvées dans » ses propriétés.

>> Dans le cas où l'on recevrait avant la » signature des préliminaires, des nouvelles » authentiques de l'évacuation de l'Égypte, >> par les troupes françaises, ou d'une con->vention conclue pour cet effet, sa majesté

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>> ne sera point tenue à souscrire aux condi>>tions ci-dessus dans toute leur étendue ».

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Des propositions si peu modérées éloignaient les espérances qu'on avait conçues d'un prompt et sincère rapprochement : le silence du ministre anglais, sur les îles de la Martinique, de la Trinité, de Malte et de Ceylan, montrait assez l'intention d'en conserver la possession. Le premier Consul ne considéra cette première ouverture que comme un moyen de gagner du temps; il déclara que ces propositions ne pouvaient être sérieusement discutées, qu'il ne consentirait jamais à « laisser aux mains » de l'Angleterre des pays et des établis >> semens d'un poids aussi considérable dans » la balance de l'Europe, que ceux que l'An» gleterre prétendait se réserver ». Il n'admettait pas que les événemens de la guerre, quelque lenteur qu'on apportât dans la discussion, pussent désormais rien changer aux conditions de la paix maritime, dont le but devait être de rétablir un équilibre qui embrassât à la fois les possessions et le com

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