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tions. Toute communication fut interrompue: Bonaparte comprit fort bien que l'évidence des faits que demandait l'Angleterre était la restitution des conquêtes, et qu'il ne pouvait répondre que par de nouvelles victoires. On a vu dans ces essais quels furent les résultats militaires et politiques de ce second appel aux armes quelques mois s'étaient à peine écoulés depuis les refus dédaigneux de l'Angleterre, que l'Italie était reconquise; une partie des états héréditaires de la maison d'Autriche envahie, et l'armistice de Parsdorff accepté comme un acte de modération.

Le voile tomba: on commença à craindre sérieusement à Londres l'affermissement de ce gouvernement dont la chute avait paru infaillible et prochaine : tous les intérêts se pressaient autour de lui, car après de si longues calamités et tant d'espérances déçues, au dedans comme au dehors, on avait une égale soif de la paix. Les succès prodigieux des armes françaises pendant deux campagnes dont nous avons présenté le tableau, ne lais

saient aux peuples allemands d'autre perspective, que de voir consommer leur ruine; et l'auguste chef de l'Empire, lui qui soutint cette lutte inégale avec le plus de fermeté, donna l'exemple d'une noble résignation: toutefois en cédant à la nécessité, l'empereur àl François II remplit fidèlement l'engagement qu'il avait contracté avec l'Angleterre de ne point conclure de paix séparée, et le ministère britannique déposant tout à coup sa fierté et le mépris qu'il avait fait des propositions du gouvernement français, fléchit aux nouvelles circonstances, et se montra disposé` à concourir avec l'Autriche aux négociations pour la paix générale.

Nous éviterons de répéter ici, même sommairement, les détails que nous avons rapportés précédemment sur les insinuations de l'Angleterre pour la formation d'un congrès, et sur la demande d'un armistice naval; nous n'en rappellerons que les points principaux qui se lient à l'objet dont nous nous occupons maintenant. Le premier Consul évita comme un piége l'intervention de l'Angle

terre qui pouvant, en sécurité, traîner l'affaire en longueur, devait par ses prétentions rendre la négociation épineuse, neutraliser l'influence des dernières victoires de la France, et donner par ces délais tout le temps nécessaire aux alliés pour réparer leurs pertes. La réunion d'un congrès est toujours favorable à la puissance maritime prépondérante et nuisible à la principale puissance continentale; celle-ci n'y trouve qu'envie et rivalité d'intérêts, tandis que première, sans alarmer aucune des parties contractantes, peut les diviser à son gré, affecter impunément la suprématie, et selon qu'il convient à ses vues, jeter dans la balance le poids des richesses.

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la

Le cabinet des Tuileries, voyant qu'il était impossible de décider la cour de Vienne à se dégager spontanément des liens qui la retenaient dans l'alliance de l'Angleterre, avant de l'y contraindre par la force des armes, feignit de condescendre à ses désirs, et consentit à admettre le plénipotentiaire anglais sous la condition que cette puissance accor

derait pendant la durée des négociations un armistice naval dont on assimilait les clauses à celles de l'armistice continental. Ce moyen spécieux de résoudre la difficulté n'eut aucun succès; il n'y avait en effet aucune parité d'avantages dans cette cessation d'hostilités. L'ouverture des ports de la France l'aurait fait jouir d'avance des fruits de la paix, aurait ranimé son commerce, rétabli sa marine, rallié ses forces navales dispersées, tandis que les immenses armemens de l'Angleterre, si onéreux à ses finances, seraient restés inutiles, et que ses combinai

sons de blocus et de croisières auraient été bouleversées et sans objet. On se garda bien d'admettre la comparaison de cette espèce de désarmement, avec la position respective des armées de terre inactives dans leurs camps et leurs cantonnemens, en observations mutuelles et toujours prêtes à recommencer les hostilités; tel était cependant le désir manifesté par le ministère anglais de s'immiscer dans les négociations continentales que l'habile et sage négociateur français, M. Otto,

parvint à obtenir des modifications au contre-projet d'armistice naval, présenté par lord Grenville. Ces concessions auraient pu satisfaire le premier Consul, si, trop certain de porter à l'Autriche des coups plus profonds, il n'eût déjà rengagé la querelle et dénoncé l'armistice en Allemagne et en Italie. On a vu comment de nouveaux triomphes justifièrent sa politique et contraignirent la cour de Vienne à séparer enfin sa cause de celle de l'Angleterre.

La paix de Lunéville mit hors de doute la nouvelle existence politique de la France. Cette mémorable transaction qui, dictée par la force, ne put fonder la confiance, établit cependant une croyance générale au nouvel ordre de choses, c'est-à-dire, que toutes les puissances continentales regardèrent la paix de Lunéville comme le dénoûment de la révolution française, et renoncèrent à mettre en question ses résultats civils et politiques. L'Angleterre elle-même ne put résister à l'entraînement de l'opinion.

Nos lecteurs savent que la démission de

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