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faire connaître ses vues pacifiques; les Anglais firent éclater leur joie d'être délivrés d'un implacable ennemi. Toute l'Europe retentit bientôt après des éloges du nouvel empereur la beauté de ses traits, sa taille élevée, sa pénétration, sa circonspection, et son affabilité, le faisaient comparer au Télémaque de Fénelon. Il justifia ces préventions favorables par une prudence au-delà de son âge; il répara lentement et sans secousse les torts qu'avaient fait éprouver, soit à des individus, soit à des corps entiers, la trop grande sévérité, l'humeur chagrine, et les caprices de son père dans une séance du sénat dirigéant, à laquelle il se rendit Jui-même le 14 avril 1801, il publia plusieurs ukases remarquables; il rétablit et confirma les droits, priviléges et prérogatives de la noblesse, conformément aux diplômes accordés par Catherine II. Il replaça les autorités municipales, accorda un pardon général, supprima l'inquisition secrète et les procédures commencées; il permit aux cultivateurs d'exporter les productions de la

Russie, et remit au clergé le soin de cultiver les terres appartenant aux églises.

Il ne montra pas moins de sagesse et de dignité dans ses négociations avec l'Angleterre. L'amiral Nelson, après l'armistice de Copenhague, malgré les changemens arrivés à la cour de Saint-Pétersbourg, et les insi-. nuations qui lui furent faites sur les dispo-: sitions de l'empereur Alexandre, ne crut point devoir suspendre ses opérations; il poursuivit sa navigation dans la Baltique, et bloqua le port de Revel; l'empereur se refusa à lever l'embargo mis sur les bâtimens anglais, jusqu'à ce que la flotte se fût retirée. La convention qui fut signée à Saint-Pétersbourg, le 17 juin, par le ministère impérial et le lord St. Helens, et à laquelle accédèrent les cours de Suède et de Danemarck, fixa pour l'avenir les prétendus principes de la neutralité maritime : les Anglais y conservèrent tous les avantages qu'ils s'étaient précédemment arrogés. Sous les spécieux prétextes de maintenir également pour chacune des parties contractantes leurs ordon

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nances prohibitives du commerce de márchandises de contrebande, ils confirmèrent, non sans doute le droit qu'ils n'avaient pas, mais l'usage de violer le pavillon; la visite à bord des navires marchands naviguant même sous convoi, fut clairement stipulée dans cette transaction fatale à la liberté du commerce la fermeté du jeune empereur y fitdu moins admettre toutes les formalités qui pouvaient en tempérer la rigueur, et conserver l'honneur des armes sous l'apparence d'une illusoire réciprocité.

Le changement qui s'opéra à la cour de Russie, donna la mesure du rapide accroissement de son influence sur les affaires de' l'Europe, et plus immédiatement sur celles de la France. Le premier Consul en avait senti tout le poids, lorsque l'accession de Paul Ier à la coalition, et le phénomène de la marche des Russes des rives du Tanais jusqu'à la Méditerranée, relevèrent les armées autrichiennes, et ravirent aux Français leurs conquêtes d'Italie. La scission qui suivit cette campagne, fut la principale cause des

revers qui amenèrent le traité de Lunéville, et soumirent l'Allemagne à la domination française. Les effets de la révolution du 23 au 24 mars 1801, ne furent ni moins prompts, ni moins importans. Il est vraisemblable que la guerre maritime du Nord n'était qu'une partie du vaste plan qu'avait conçu le premier Consul, et que fit échouer l'avénement de l'empereur Alexandre. Ce plan devait s'étendre dans l'Orient; deux armées russes rassemblées depuis six mois n'avaient d'autre objet que de menacer les possessions ottomanes; elles effectuaient ainsi en faveur de la France une puissante diversion, et tenaient en échec les forces qui devaient coopérer avec les Anglais en Égypte. L'exagération des projets hostiles contre l'Angleterre, l'animosité et l'entraînement de Paul, auraient peut-être porté bientôt jusqu'à la presqu'île de l'Inde le délire des conquêtes. La modération et le système pacifique d'Alexandre arrêtèrent le torrent, et dissipèrent ces vaines alarmes : s'il cessa de seconder les vues ambitieuses du premier Consul, il n'abandonna point brus

quement la cause de la France, et servit mieux ses véritables intérêts en offrant sa médiation pour la paix générale. Parmi les puissances que ce changement affecta, la Prusse fut peut-être celle qui regretta le plus vivement les avantages qu'elle s'était promis d'une meilleure issue de la coalition du Nord; la possession du Hanovre qu'elle a toujours convoitée, et que ses troupes occupaient, devait être le prix de sa constante neutralité; la maison d'Autriche renouait dans le Nord ses relations interrompues, retrouvait un appui, et les états de l'Empire un nouveau protecteur.

Le premier Consul vit ainsi ses espérances déçues, et ses plus profonds desseins contre l'Angleterre avortés ou traversés : il dissimula son dépit, et parut entrer dans le système de modération du nouvel empereur; il capta sa bienveillance en le faisant intervenir dans l'affaire du règlement des indemnités des princes de l'Empire. On peut croire croire que revers éprouvés par l'armée française en Égypte, dont nous avons précédemment

les

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