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les circonstances. Les amiraux espagnols, qui étaient informés du départ de l'escadre de Toulon et de sa prochaine apparition au détroit, auraient dû, à l'instant où elle fut signalée du cap Carnero, mettre à la voile pour suivre les mouvemens de la croisière anglaise ; ils seraient entrés dans la baie de Gibraltar presque aussitôt que l'amiral Saumarez, et l'auraient forcé d'accepter un combat inégal, ou de voir dégager l'escadre française; ils commirent donc une première faute qui compromit le sort du général Linois : la lenteur qu'ils mirent à aller à son secours après le combat d'Algésiras fut une faute bien plus grave; l'une et l'autre ne furent, comme on va le voir, que trop sévèrement punies.

Les vives sollicitations et l'activité du contre-amiral Dumanoir entraînèrent les espagnols: don Juan Moreno appareilla de Cadix, le 8 juillet; son escadre beaucoup plus forte que celle de l'ennemi, était composée de six vaisseaux de ligne, dont trois à trois ponts; savoir :

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Cette escadre, sur laquelle le général Dumanoir s'embarqua avec l'amiral Moreno, arriva, le 9 juillet, au mouillage d'Algésiras, trop tard pour que les vaisseaux français pussent être remorqués en présence des ennemis, qui, plus promptement réparés, étaient en observation: cette manoeuvre eût été facile deux jours plus tôt; il fallait à présent même avec des vents favorables pour passer le détroit, mettre les vaisseaux avariés en état de faire toute la voile indispensablement nécessaire pour se relever du mouillage on y travailla nuit et jour.

Enfin, tout étant prêt le 12 au matin, le général Moreno, à une heure après midi, à raison de la marée, fit signal d'appareiller. Les vents étaient à l'est; le mouvement du vaisseau de tête de la ligne pour sortir de la baie fut suivi successivement; de sorte que l'ordre de bataille naturel de l'escadre espagnole se trouva formé de suite au vent des vaisseaux français.

Un calme inégal qui survint à la hauteur de Gibraltar dérangea la régularité de cet ordre, et retarda la marche des derniers vaisseaux, tandis qu'au contraire les Anglais, au nombre de cinq vaisseaux, une frégate, un brick et une fregate portugaise, appareillèrent avec une brise fraîche de l'est, se formèrent en bataille basbord-amures et doublèrent le cap d'Europe.

L'amiral Moreno se conformant aux ordonnances qui prescrivent au commandant en chef de la marine espagnole, lorsqu'il se trouve en présence de l'ennemi, de quitter son vaisseau, et de passer sur une frégate, porta son pavillon sur la Sabine; il exigea

que le commandant français se rendit auprés de lui pour le concert des mouvemens et la transmission des signaux : l'amiral Linois n'y consentit qu'après avoir fortement exprimé sa répugnance à cette démarche, et ses regrets d'abandonner le Formidable dont il confia le commandement au capitaine Troude.

Ce ne fut qu'au soleil couchant que les derniers vaisseaux de l'escadre combinée parvinrent avec difficulté à doubler le cap Carnero; il ne restait que le vaisseau l'Annibal qui, quoique remorqué par la frégate l'Indienne, n'ayant pour mâts majeurs que des mâts de hune, ne put faire assez de voile pour s'élever, et qu'il fallut faire relâcher à Algésiras. L'escadre combinée mit en panne à une lieue sous le vent de l'ennemi pour faciliter le ralliement des vaisseaux que le calme avait surpris: la ligne étant formée, l'amiral fit signal de passer à l'ordre de front pour arriver au détroit; sa frégate passant en avant de la ligne alluma les feux. La nuit se fit, et l'escadre réunie navigua d'abord en bon ordre; mais bientôt la profonde obscurité

ne permit pas à des bâtimens d'une marche et d'une voilure si inégale de s'observer mutuellement et de conserver leur poste.

L'amiral Saumarez, qui était resté en panne au vent de l'escadre combinée jusqu'à l'entrée de la nuit, força de voiles pour l'atteindre, après avoir suivi et observé pendant quelque temps la marche des bâti mens : vers onze heures du soir, il ordonna au Superbe d'attaquer les vaisseaux d'arrièregarde; ce vaisseau passant entre l'Hermenegilde et le Real Carlos lâcha ses bordées de tribord et basbord sur l'un et sur l'autre, et doublant leur sillage, se porta sur le SaintAntoine déjà attaqué par le César. Les deux vaisseaux espagnols l'Hermenegilde et le Real Carlos, qui dans l'obscurité n'avaient point aperçu le changement de position du vaisseau anglais, croyant l'un et l'autre riposter à son feu, se prirent réciproquement pour ennemis; ils se livrèrent un furieux combat; entraînés de plus en plus par cette funeste erreur, après s'être canonnés avec acharnement, ils s'abordèrent le vent

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