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hors de combat : cette batterie non moins utile que celle de l'Ile verte, avait aussi baucoup ralenti son feu; le général de brigade Deveaux s'y précipita avec des troupes qu'il prit à bord du Desaix, et porta bientôt des coups plus fréquens et mieux dirigés.

Les vaisseaux anglais ne purent résister plus long-temps à ce terrible feu; trois d'entre eux étaient démâtés de leurs mâts de hune, et tous avariés dans leur voilure; ceux qui étaient mouillés coupèrent leurs cables : l'Annibal échoué près du Formidable, essuyant en même temps le feu croisé de la batterie de Saint-Jacques, et du vaisseau français, le Desaix, amena son pavillon à deux heures. L'amiral Saumarez l'abandonna, fit cesser le combat qui avait duré six heu res, et se retira sous Gibraltar, avec le reste de son escadre..

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Dans cet opiniâtre combat, la perte en hommes tués ou blessés fut des deux parts très-considérable, mais beaucoup plus sans doute du côté des Anglais. Deux des trois commandans des vaisseaux français, les ca

pitaines Lalonde, du Formidable, et Moncousu, de l'Indomptable, périrent glorieusement sur leurs gaillards. Les équipages et les troupes de terre rivalisèrent de zèle et de et combattirent en bon ordre avec

courage,

une constance imperturbable.

et le

Sir James Saumarez, avait par le nombre rang de ses vaisseaux une telle supériorité, qu'il attaqua l'amiral Linois avec confiance; celui-ci, presque surpris sur une rade ouverte au vent d'est favorable à l'ennemi, se trouvait dans une position désespérée, n'ayant point comme son adversaire le choix des moyens d'action, et une retraite assurée sous le canon de Gibraltar. Il s'acquit beaucoup d'honneur par la fermeté de sa résolution, et la justesse avec laquelle il sut employer tous les moyens de défense.

- Les Anglais n'avaient cédé la victoire, qu'après avoir combattu avec un rare courage, et perdu deux vaisseaux, le tiers de leurs forces; l'Annibal resté entre les mains des Français, et le Pompée entièrement dé

semparé. Ils trouvèrent à Gibraltar, toutes les ressources nécessaires pour réparer promp tement leur escadre et renforcer leurs équipages, tandis que l'amiral Linois n'avait à espérer aucun secours de la côte d'Algésiras, et n'en pouvait attendre que de Cadix. Saumarez se hâta de profiter de cet avantage, et la fortune, un moment infidèle aux maîtres de la mer, ne tarda pas à les dédommager de cette défaite, par un de ces coups imprévus, un de ces événemens où la valeur et le talent ne peuvent rien contre ses caprices.

L'amiral Linois s'empressa de faire connaître les résultats du combat d'Algésiras, et sa fâcheuse position au général Massaredo, commandant la marine espagnole à Cadix; ainsi qu'au général Dumanoir, chargé par le gouvernement français des détails relatifs aux armemens, et à la combinaison des forces navales des deux nations; il réclamait avec instance les secours sans lesquels il ne pouvait se relever du mouillage d'Algésiras, en présence de l'ennemi, et atteindre le premier but de.

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l'expédition. « Si l'escadre de Cadix, disait>> il au contre-amiral Dumanoir, ne donnait >> pas aux Anglais le temps de respirer, et » qu'elle vînt en cette rade, elle pourrait > incontestablement sauver nos vaisseaux >> qui sont à flot, et les remorquer au port. » L'Annibal est démâté de tous mâts, ct » dans un état effroyable, il me faudrait des >> cables, des grelins, des ancres à jet; nos >> mâts, ceux qui sont encore debout, sont » tellement offensés, que je m'attends à les >> voir tomber au premier moment, etc... ». Dans une autre dépêche, il témoignait en ces termes sa juste indignation.... « Je suis >> indigné de l'inaction de l'escadre qui de. » vrait déjà être rendue à Algésiras, pour >> nous remorquer à Cadix ; les vents ont été >> favorables, et cette escadre n'en n'a point » profité. Cependant qu'a-t-elle à craindre? >> Les vaisseaux anglais ont été tellement mal» traités, que deux sont entrés dans le port » de Gibraltar, et des trois qui sont sur la >> rade, un a ses mâts de hune cassés, un » autre est démâté de son beauprẻ. Nos qua

>> tre vaisseaux, y compris l'Annibal, sont >> embossés, et nous sommes en état de re» cevoir l'ennemi; mais s'il nous vient du >> vent, je ne réponds plus des vaisseaux...».

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Enfin, il écrivait au général Massaredo : <<< On vient de me renouveler l'avis que l'en>> nemi se dispose à venir nous incendier au >> mouillage; vous pouvez sauver à la Répu>>blique trois beaux vaisseaux et une frégate, >> en ordonnant que l'escadre de Cadix vienne >> nous chercher.... ».

Cette correspondance, dont nous ne donnons ici qu'un extrait, et dont quelques pièces intéressantes ont été recueillies à la suité de ce volume, fournit une preuve remarquable du désavantage des coalitions, et de la difficulté de faire concourir à l'objet le plus important et le plus utile pour la cause. commune, les forces disponibles de diverses puissances, et particulièrement les forces navales. Les cabinets veulent avoir tout prévu, et laissent rarement à ceux qui sont chargés de l'exécution, la latitude nécessaire pour se décider librement selon

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