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Dans cette extrémité, ne pouvant ni, virer de bord pour rentrer à Toulon, ni longer, en présence de forces si supérieures à la sienne, la côte orientale du détroit pour atteindre la rade de Cadix, le contre-amiral Linois n'avait devant lui d'autre refuge que la baie de Gibraltar; il n'hésita point à s'y jeter, et mouilla le 4 juillet, à la rade d'Algésiras.

Les armemens combinés entre la France et l'Espagne, avaient été poussés avec tant de vivacité, qu'ils avaient réveillé la sollicitude du gouvernement anglais sur le port de Cadix, dont la position avancée sur la communication des deux mers, gêne autant les ambitieux régulateurs du commerce des deux mondes, qu'elle favorise la navigation des autres peuples. L'amiral James Saumarez, fut chargé de surveiller ces nouveaux mouvemens. Il appareilla de Plimouth, le 13 juin, avec une escadre de six vaisseaux, dont trois de quatre-vingt-quatre canons; le César, le Pompée, le Spencer, trois de soixantequatorze; l'Audacieux, le Vénérable, l'An

nibal, une frégate et un lougre. Cette escadre croisait depuis plusieurs jours devant Cadix, lorsque l'arrivée de celle du contreamiral Linois lui fut signalée par les vigies de Gibraltar; l'amiral Saumarez quitta surle-champ sa station, et fit voile pour aller à la rencontre de l'ennemi, il passa le détroit dans la nuit du 5 au 6 juillet, et parut au cap Carnero, le 6 à sept heures du matin.

Au moment où l'escadre anglaise doublait le cap et formait la ligne de bataille, la division française mouillée devant Algésiras, par dix et douze brasses, était en mouvement pour prendre sa ligné d'embossage qui devait être soutenue à là droite (le sud), par une batterie de sept pièces de vingt-quatre et de dix-huit, établie sur l'Ile verte, et à la gauche (le nord), par une batterie de la côte, dite batterie de Saint-Jacques, de cinq pièces de dix-huit. Quoique l'amiral Linois s'attendît à être attaqué, la lenteur et la négligence des Espagnols à signaler les mouvemens des Anglais, l'exposa à combattre avant d'avoir pu achever ses premières disposi

tions et rectifier sa ligne d'embossage. Les batteries qui devaient lui servir d'appui. étaient faibles, en mauvais état et mal approvisionnées. Le vaisseau français, le Formidable, se trouvait le plus au nord, ayant dans le sud, c'est-à-dire, à sa droite, le Desaix, l'Indomptable et la frégate la Muiron. Les vents variaient du nord au nord-ouest.

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L'amiral Saumarez, s'apercevant que l'es cadre française était mouillée trop loin de la côte, pour que sa ligne fût bien flanquée, vonlut imiter la manoeuvre hardie de Nelson, au combat d'Aboukir; il mit en tête le vaisseau le Vénérable, dont le capitaine connaissait bien l'ancrage de la baie. Il fit tenir. le vént, et gouverner sur le Formidable dans le dessein de le doubler, et, en passant entre la terre et la ligne d'embossages, de mettre toute l'escadre française entre deux feux.

A huit heures, la batterie de l'Ile verte commença à tirer sur les vaisseaux anglais, et le combat s'engagea de la droite à la gauche, du sud au nord, à mesure qu'ils prolongeaient la ligne. L'amiral Linois, jugeant du

but de l'attaquedes ennemis par la manœuvre de leur chef de file, et des deux vaisseaux qui le suivaient, dont les feux étaient aussi dirigés sur le Formidable, ne perdit pas un instant, et donna le signal de couper les cables pour s'échouer; la brise ayant molli, et variant du nord au nord-est, le mouvement d'abattée fut long et inégal: le Desaix eut à souffrir des enfilades des vaisseaux qui le cannonaient; l'Indomptable, en touchant, se trouva placé dans une position critique, mais son feu des deux bords n'en fut point rallenti; le Formidable présenta le travers au large, et l'avant au chef de file de la ligne ennemie, qui toucha aussi en avant de lui; deux autres vaisseaux anglais s'embossèrent à portée de mousqueterie. Le combat durait depuis deux heures, et les manoeuvres étaient des deux: côtés fort endommagées. issiles aber

T

N'ayant pu réussir à doubler la gauche de la ligne française, les Anglais tentèrent de s'emparer de l'Ile verte, dont la batterie mal servie

par les Espagnols, avait cessé de tirer; le capi

taine de la frégate la Muiron, mouillée entre l'Indomptable et la terre, souffrait beaucoup du feu des derniers vaisseaux de la ligne anglaise; voyant leurs embarcations se diriger sur l'île, il y détacha cent trente hommes de troupes sous le commandement d'un capitaine d'infanterie : ce brave officier arriva à temps pour empêcher l'ennemi d'aborder; un des canots fut coulé, et un autre fut pris. La batterie ainsi renforcée par des Français, fut servie avec la plus grande activité; un des vaisseaux anglais, le Pompée, qui avait touché sur le basfond vis-à-vis cette batterie, et qui essuyait aussi le feu de l'Indomptable, amena son pavillon, et fut remorqué au large par les chaloupes, et d'autres embarcations arrivées de Gibraltar.

La gauche de la ligne de l'amiral Linois, après son échouage, se trouvait fermée par sept¡ chaloupes cannonieres espagnoles qui, sous la protection de la batterie de SaintJacques, prirent une part si vive à l'action', que cinq d'entre elles furent coulées, ou mises

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