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soin fut de stimuler le zèle des marins, et de les encourager par des récompenses.

La certitude de la destination de l'armée d'Abercrombie ne fit qu'affermir le premier Consul dans sa résolution. L'amiral Gantheaume reçut bientôt à Toulon l'ordre de remettre à la voile; s'il trouvait le s'il trouvait le port d'Alexandrie bloqué par les forces supérieures de Keith et de Bickerton, ce dont il n'était plus permis de douter, il devait débarquer les troupes à l'ouest de cette ville, entre Tripoli et le cap Razai; les approvisionner d'eau et de biscuit, et les diriger vers l'Égypte à travers le désert de Barca. Cette tentative désespérée exposait cinq mille Français à périr de faim; car si l'armée anglaise avait opéré son débarquement et s'était réunie à celle du grand-visir, ce corps isolé, errant dans le désert, eût été coupé du Caire et d'Alexandrie, et ne pouvait plus ni se réunir à l'armée d'Orient, ni se rembarquer pour retourner en Europe.

La sortie de Toulon était encore plusdifficile que ne l'avait été celle de Brest, car l'amiral

Warren avait suivi l'escadre française et croisait devant la rade, c'était à l'époque où le général Murat, ayant franchi les Apennins, menaçait Naples d'une soudaine invasion. Le gouvernement anglais, qui ignorait encore la véritable destination de l'escadre échappée de Brest et la croyoit dans l'Océan, avait expédié à l'amiral Warren l'ordre de se rendre dans les mers de Sicile et de porter secours à son plus fidèle allié; Warren qui ne put faire connaître assez promptement l'importance de sa station devant Toulon la quitta et fit voile pour le golfe de Naples où il entra le 16 mars il arriva trop tard; la paix avait été dictée et conclue; il revint dans les eaux de Toulon, mais aussi trop tard; il y parut le 25 et déjà depuis cinq jours. Gantheaume, profitant de ce faux mouvement, avait fait voile pour l'Égypte.

L'amiral Warren se mit à la poursuite de l'escadre française, et forçant de voiles, arriva devant la côte d'Égypte le 23 avril; Gantheaume en ayant eu connaissance, manoeuvra pour l'éviter et sauva une seconde fois

son escadre; il rentrait à Toulon quand son ardent adversaire le cherchait encore dans les parages de l'est.

Quoique le principal but de l'expédition française n'eût point été rempli, ces fréquentes sorties, cette navigation en pleine mer au milieu de tant de vaisseaux ennemis honora le pavillon français, et démentit la prétention qu'avaient les Anglais de tenir la clef des deux mers, et de fermer tous les ports: les côtes de Provence et d'Espagne furent pour quelque temps dégagées d'une importune surveillance.

Le premier Consul mit à profit le retour de sa flotte, en l'employant, comme nous l'avons dit précédemment, à presser le siége de Porto-Ferrajo; mais après que cette opération fut consommée, il ordonna à l'amiral Gantheaume de se hasarder une troisième fois à porter en Égypte un secours tardif, et que le sort des armes avait déjà rendu presque superflu. Gantheaume remit donc en mer et se dirigea súr Brindisi dans le golfe

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Adriatique où trois frégates, que la paix avec

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Naples mettait à la disposition du gouvernement français, devaient se rallier à son escadre. Ce renfort était loin de pouvoir compenser la diminution de ses forces; les maladies occasionnées par l'encombrement des troupes à bord exerçaient un tel ravage, qu'après avoir fait débarquer un grand nombre de matelots et de soldats dans les lazarets de Livourne, il fut contraint de renvoyer à Toulon trois de ses vaisseaux, le Formidable, l'Indomptable, le Desaix et une frégate.

L'escadre française ainsi réduite à quatre vaisseaux de ligne, une frégate, un brick et deux transports, arriva le 25 mai devant Messine; Warren la suivait de si près, qu'il se présenta au cap Spartiventi, extrémité des côtes de Calabre, le lendemain du jour où Gantheaume l'avait dépassé. Celui-ci reconnut enfin la terre d'Égypte le 8 juin; il se garda bien de s'approcher d'Alexandrie dont le

port étoit étroitement bloqué; se conformant à ses dernières instructions, il chercha en rangeant la côte le point qui paraissait le plus propre à un débarquement. Ce fut à

environ quarante lieues à l'ouest de la tour des Arabes qu'il tenta de l'effectuer, malgré l'opposition d'une foule d'arabes et d'habitans qui se précipitaient vers la plage; mais à peine avait-il mouillé et fait de premières dispositions pour la descente, que l'apparition de la flotte de l'amiral Keith le força d'y renoncer : la mer, très-houleuse, rendait l'opération si lente et si difficile, que s'il s'était obstiné à faire débarquer une partie des troupes qu'il avait à bord, il eût été joint par l'ennemi dans la position la plus défavorable, accablé par le nombre, et inévitablement détruit.

La corvette l'Héliopolis, détachée en éclaireur et qui n'avait point de troupes à bord, entra le 9 juin dans le port d'Alexandrie à la faveur du mouvement de la flotte anglaise qui se porta vers l'ouest à la hauteur de la tour des Arabes. Elle était forte de quarante voiles lorsqu'elle fut signalée à l'amiral français; celui-ci eut à peine le temps de gagner le large: il résista aux instances de quelques braves officiers commandant les troupes,

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