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qu'il ne peut pas, conformément ni aux intérêts de son peuple, ni à l'honneur de sa couronne, négocier sur aucun principe d'infériorité, ni déclaré ni supposé. Il ne peut traiter sur aucun autre pied que sur l'hypothèse que la continuation des hostilités est également désavantageuse à toutes les deux parties. Il ne peut y avoir aucune raison de supposer que les conquêtes que S. M. se propose de garder par la paix pour roient lui être remportées par la guerre, et le soussigné do supposer que la meilleure preuve de l'équite des bases sur les quelles il se propose de traiter, se trouve dans le fait qu'elles ont été proposées par la France à la première ouverture de ces communications entre les deux gouvernemens, qui ost amené la mission dont son souverain l'a chargé, conjointement avec le comte d'Yarmouth.

Paris le 7 Août, 1896.

No. XIV.

LAUDERDALE.

Le soussigné, ministre plénipotentiaire de S. M. l'empereur, roi d'Italie, a mis sous les yeux de son gouvernement la note remise hier par S. Exc. lord Lauderdale, plénipotentiaire de S. M. Britanuique.

S. M. l'empereur, roi d'Italie, n'a pu qu'être péniblement affecté de voir qu'une négociation qui a déjà été l'objet de tant de pour-parlers, qui a donné lieu à l'envoi de tant de courriers de part et d'autre, qui était enfin déjà conduite à sa maturité, ait soudainement rétrogadé de manière à présenter des ob stacles, non dans la nature des stipulations, mais quant aux bases mêmes d'après lesquelles cette négociation fut ouverte,

La cour de France s'est constamment refusée à admettre dans une même négociation les cours d'Angleterre et de Russie, et quelque désir qu'ait S. M. l'empereur des Français, roi d'Italie, de voir la paix générale bientôt rétablie, il n'est aucune considération qui eût pu le porter à violer ce principe de sa politique. D'ailleurs, les négociations que la France avait entamées à Petersbourg avoient convaincu S. M. l'empereur, roi d'Italie, que le cabinet anglais se faisait illusion sur lá pature de ses relations avec la Russie.

Après plusieurs mois de discussion, le cabinet de Londres céda sur ce poiut, et S. Exc. le comte d'Yarmouth arriva publiquement à Calais, puis à Paris pour traiter de la paix. Il eut, dès son arrivée dans cette capitale, des conférences avec S. Exc. le ministre des relations extérieures, après lui avoir fait connaître préalablement qu'il était duement autorisé par son gouvernement.

Depuis cette époque, la Russie a conclu sa paix avec la France; le soussigné a été nommé ministre plénipotentiaire pour traiter avec le plénipotentiaire de S. M. Brftannique, et

la première démarche a été un échange de ses pouvoirs avec ceux de S. Exc. le comte d'Yarmouth, qu'il a dû croire, ainsi que le portent les pleins ponvoirs de S. Exc. autorisé à traiter, à conclure et à signer un traité définitif entre la France et le royanme uni de la Grande-Bretagné et d'Irlande. De très-fréquentes conférences, la plupart de plusieurs heures, out eu lieu depuis entre les deux plénipotentiaires, qui, de bonne foi de part et d'autre, s'appliquèrent, à applanir les difficultés, et mirent de côté tout ce qui eût pu aigrir les esprits, ou embarrasser et retarder inutilement la marche de la négociation.

Au lien de se remettre de part et d'autre des nctés plus ou moins adroites, mais qui éloignent plus qu'elles ne rapprochent du but qu'on veut atteindre: au lieu d'entamer de ces contro verses écrites, non moins préjudiciables à l'humanité que les hostilités à main armée, et qui prolongent les malheurs des peuples: au lieu surtout de négocier la paix comme on fait la guerre, les plénipotentiaires eurent des conférences franches, dans lesquelles S. M. l'empereur et roi accorda tout ce qu'il put accorder sans perdre de vue la dignité de sa couronné, son amour pour ses peuples et l'intérêt de ses alliés.

Jamais on ne réduira S. M. à d'autres sacrifices.

La marche que prend S. Exc. le comte de Lauderdale, nouveau plénipotentiaire de S. M. britannique ne semble-t-elle pas annoncer qu'ane multitude de notes ne suffira même pas pour que les deux gouvernemens s'entendent, et ne court-on pas évidemment le risque, en adoptant une telle marche, dont l'abus a été si manifeste de nos jours, de s'entendre encore moins qu'on n'a fait jusqu'ici. Si on ne veut au contraire que créer des pièces qu'on puisse ensuite présenter au parlement de la Grand-Bretagne, S. M. l'empereur et roi n'éprouve pas le même besoin. C'est la paix qu'il désire; cette paix égale ment honorable pour la France, pour la Grande-Bretagne et pour leurs alliés, que le travail assidu et mutuel des plénipotentiaires respectifs avait rendu acceptable par les deux gou

vernemens.

Cependant pour faire paraître aux yeux de tous son amour pour la justice et la sincérité de ses sentimens pacifiques, et pour qu'on connaisse véritablement à qui on doit attribuer tout empêchement à la marche de la négociation, S. M. l'empe reur et roi a daigné permettre au soussigné de discuter ici la vaine question relative à la base de cette négociation déjà avancée, et sur le point d'être terminée.

Dans la lettre écrite à S. Exc. M. Fox le 1er. Avril, par S. Exc. le ministre français des relations extérieures, ce ministre annonça que S. M. l'empereur et roi adoptait entièrement le principe exposé dans la dépêche de S. Exc. M. Fox du 26 Mars, et présenté comme base de la négociation, que Zzzzz 2

la paix proposée doit être honorable pour les deux cours et pour leurs alliés respectifs.

Dans sa lettre du 2 Juin à S. Exc. M. Fox, S. Exc. le ministre des relations extérieures alla plus loin. Il proposa an nom de S. M. l'empereur et roi, d'établir pour bases deur principes fondamentaux, le premier tiré de la lettre de M. For du 26 Mars, savoir: "Que les deux états auront pour objet que la paix soit honorable pour eux et pour leurs alliés respec tifs, en même tems que cette paix serait de nature à assurer, autant qu'ils le pourront, le repos futur de l'Europe," Le second principe était une reconnaissance en faveur de l'une et de l'autre puissance de tout droit d'intervention et de gårantié pour les affaires maritimes."

Telles sont les bases adoptées par le gouvernement britan mique et convenues avec lui. Jamais il n'a pu venir dans la pensée de S. M. l'empereur et roi, de prendre pour base de la négociation l'uti possidetis. Si telle eût été sa pensée, il eut gardé la Moravie, une partie de la Hongrie, la Styrie, la Car niole, la Croatie, toute l'Autriche, ainsi que sa capitale, Trieste et Fiume et le littoral environnant seraient encore en sa puissance, comme Gènes et Venise. Le Hanovre, Osnabruck et toutes les embouchures des grandes rivières du nord de l'Alle magne seraient soumis à son empire, et certes alors S. M. l'empereur et roi aurait pu sans difficulté laisser le Cap, Surinam, Tabago, Sainte-Lucie, Pondicheri, etc. au pouvoir de S. M. britannique.

Quant à la Sicile, dans cette hypothèse même, S. M. l'empereur et roi ne l'aurait pas laissée à ses ennemis; mais S. M. aurait pensé seulement que la conquête de cette île aurait du précéder l'ouverture des négociations, et lorsque la Prusse et la Russie ont ou garanti ou reconnu les changemens, arrivés dans le royaume des Deux-Siciles doit-on présumer que l'Angleterre eût pu empêcher la conquête de la Sicile qui n'est séparée du continent que par un canal de moins de deux mille

toises.

Et en supposant même que le Cap et Surinam et autres possessions hollandaises eussent pu être détachées définitivement du royaume de Hollande, n'est-il pas certain que son incorporation avec l'empire français eût été la suite, nécessaire du refus qu'aurait fait l'Angleterre, de lui restituer ses colonies? Quel serait en effet le moyen de maintenir une nation qui n'aurait que des dettes, et à laquelle l'absence absolue de tout commerce ôterait tout moyen de les payer? Quelque chose que puissent alléguer LL. EE. les plénipotentiaires de S. M. britannique il est impossible qu'ils ne soient pas vaincus qu'il est extrêmement différent pour la Grande-Bre tagne de voir le Texel et l'embouchure du Rhin et de la Meuse soumis aux douanes françaises, ou de les voir soumis à

coll

celles des Hollandais. Ainsi donc, sans la restitution de ses colonies, la Hollande deviendrait forcément une province de L'empire français; car en acceptant la couronne de Hollande, le prince Louis a déclaré formellement son intention d'y renoncer, si les colonies hollandaises n'étaient restituées à la paix générale.

Que le Hanovre devienne en outre une province de France; que Trieste, Fiume et leurs territoires deviennent également des provinces du royaume d'Italie, et que la Grande-Bretagne garde en compensation le Cap, Surinain, Malte, Pondichéri, etc. la France y consentira, et le grand principe uti possidetis sera appliqué dans toute son etendue pour le présent et a l'avenir.

Que le nouveau ministre plénipotentiaire de S. M. britan nique trouve dans l'histoire du monde une négociation terminée d'après l'uti possidetis, entre deux grands peuples? Qu'il examine si l'uti possidetis n'appartient pas plutôt à on armistice qu'à une paix? Il est impossible de ne pas dire qu'en proposant à la France l'uti possidetis, surtout dans les circonstances actuelles, on a dû s'être formé une étrange idée du caractère de l'empereur Napoléon, et qu'il faut qu'on l'ait cru réduit à un singulier état d'abaissement et de détresse.

Mais en demandant l'uti possidetis, S. E. le comte de Lauderdale, plénipotentiaire de S. M. britannique, sans avoir égard au principe qu'il avance, vent cependant changer le destin d'un état continental tout entier, lequel fournissait vingt-cinq mille hommes à l'Angleterre, et lui a fourni une partie des moyens qu'elle montra dans la guerre de sept ans, et même dans la guerre de la révolution française aux armées du 'nord. Ainsi donc, on veut l'uti possidetis, pour ôter à la France tout son commerce, tous ses établissemens et ruiner ses alliés; mais on veut violer le principe de l'uti possidetis, pour obliger la France à renoncer à ses engagemens, à rompre ses traités, à dissoudre enfin tout son systême continental. N'est-ce pas proposer une paix mille fois plus désastreuse que la plus longue guerre, et des conditions capables d'exciter l'indignation de tous les Français? Quoi! la France `aurait vaincu toutes les puissances soldées par l'Angleterre, pendant la durée des trois coalitions, pour se voir imposer des conditions aussi injustes que déshonorantes, malgré la modération et la générosité qu'elle a montrée.

S. E. Monsieur Fox a proposé lui-même que la paix füt honorable pour les deux cours et pour leurs alliés respectifs." S. M. l'empereur et roi ne pourrait regarder la paix comme honorable, si par une de ses conditions il devait perdre un seul de ses sujets; et quelque peu importante que puisse être la colonie de Tabago, il suffit qu'elle ait fait partie de l'empire français au moment ou S. M. a pris les rênes du gouvernement, pour que S. M. ne signe jamais un traité où l'aliénation de

cette colonie ou de toute autre qui lui appartient de là même manière serait comprise. Aucun Anglais raisonnable n'a pu se flatter du contraire, et dans sa position S. M. perdrait, si elle y consentait, l'estime de tout ce qu'il y a de braves et de généreux même chez ses ennemis.

Le soussigné est chargé de déclarer que S. M. l'empereur et roi estime à déshonneur la seule idée d'une négociation basée sur l'uti possidetis. Elle est d'autant plus contraire à ses principes que S. M. a restitué ses conquêtes, et qu'elle règnerait sur une population double de celle qui lui est soumise, si lors des paix qu'elle a faites, à l'expiration des diverses coalitions, elle avait pris pour unique principe l'uti possidetis.

Le soussigné est également chargé de déclarer que les seules bases de négociation que S. M. l'empereur et roi veuille adopter, sont celles proposées en partie par S. E. Monsieur Fox, et en partie contenues dans la lettre qui lui a été adressée le 2 Juin par le ministre des relations extérieures, et rappelées dans le 12e paragraphe de la présente note.

S. M. l'empereur et roi n'exige de la Grande-Bretagne rien qui soit contraire aux intérêts de ses alliés; elle doit s'attendre qu'on n'exigera d'elle-même rien de contraire aux intérêts de ses propres alliés.

Le soussigné est chargé d'ajouter qu'il se réfère à tout ce qui avait été préparé par les effets mutuels de S. E. le comte d'Yarmouth et du soussigné.

Si la paix ne se rétablit pas, ce n'est pas la France qui pourra être accusée d'avoir changé, mais l'Angleterre; quoique la paix entre la France et la Russie, et d'autres événémens défavorables à la Grande-Bretagne aient eu lieu depois que la négociation a été entamée et presque amenée à sa conclusion de concert avec S. E. le comte d'Yarmouth.

Le soussigné saisit cette occasion d'assurer leurs excellences les comtes de Lauderdale et d'Yarmouth de sa haute considération.

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Les soussignés plénipotentiaires de S. M. britannique, ne croient pas devoir se permettre d'entrer dans une considération détaillée de la note officielle qui vient de leur être remise de la part de son excellence le général Clarke, en date du 8 Aout. D'après la manière dont les différens points qui font le sujet de cette note y sont traités, il leur serait impossible de les discuter avec la calme et avec cet égard dus aux convenances qu'exige le caractère dont ils sont revêtus de la part de leur souverain. Mais le sujet de cette note est d'une nature si

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