/2-13.29-4.X MONSIEUR DE TALLEYRAND. TROIS hommes sont encore aujourd'hui, que l'on peut appeler symboliques, et qui, depuis le commencement de la révolution, représentent les trois opinions qui ont sans cesse lutté les unes contre les autres. Ces trois hommes sont Charles X, M. de Lafayette et M. de Talleyrand. En effet, depuis la première réunion des États-Généraux, nous voyons Charles X, alors comte d'Artois, marcher sans déviation à l'extrême droite, tenant en main la bannière blanche, la seule qu'il ait arborée; à l'opposite s'avance M. de Lafayette, toujours fidèle à la cause nationale, et appelant la France 427529 autour du drapeau tricolore. Saluant tour à tour les deux emblèmes, M. de Talleyrand s'est placé dans la voie intermédiaire; tantôt il s'est heurté contre l'une des lignes extrêmes, tantôt contre l'autre, mais sans jamais les franchir; et, mettant constamment en application le conseil d'Apollon à Phaëton, quand il lui confia les rênes pour guider le char du soleil, il s'est le plus possible tenu dans ce que l'on appelle maintenant le juste-milieu. Peut-être serait-il curieux de suivre pas à pas et simultanément ces trois hommes, d'examiner les résultats de l'obstination des uns pour les opposer à ce qu'a produit la souplesse de l'autre ; il en ressortirait sans doute de piquans contrastes. Mais tel n'est pas le but que nous nous proposons; nous voulons seulement écrire la vie politique et privée de M. de Talleyrand, parce que M. de Talleyrand est peut-être le personnage le plus extraordinaire qu'ait produit la révolution, parce que tous les événemens importans se groupent merveilleusement autour de son nom, parce qu'il est à lui seul un type, enfin parce que son influence, avouée ou secrète, s'est étendue sur tous les change |