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THE NEW YORK PUBLIC LIBRARY

448546

ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS.

1909

16017

CONSULAT,

EMPIRE, RESTAURATION.

.AUG 31 1909,

PRÉAMBULE.

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Caractère de l'histoire présente. Constitution de la République après la Convention. Luttes des partis. Le 13 vendémiaire. Bonaparte apparaît. —Assemblées nouvelles.- Le Directoire. -Travail des opinions.-Situation du Gouvernement. Échange de Madame, fille de Louis XVI, captive du Temple, contre des généraux prisonniers. Conspirations. Le 18 fructidor. Bonaparte en Italie; il hâte le coup d'État. Ses desseins d'avenir.—Il parle aux armées. —Paix de Campo-Formio. — Il rentre à Paris; le Directoire est à ses pieds. Expédition d'Égypte.-Tableau de la France.-Captivité du pape Pie VI. Martyre et mort du pontife.-Émotion en France et en Europe. Nouvelle coalition.-Assassinat des plénipotentiaires français au congrès de Rastadt. Cris de vengeance, et doutes de l'opinion.-Événements de la guerre ; victoires mêlées de revers.—Hontes du Directoire; tableau de la société. Etat de la Religion, de l'Éducation et des Lettres. Dégradation universelle. Renouvellement de tyrannies. - Travail des opinions.- Siéyes trame des projets de réforme.― Point de départ d'une époque nouvelle.

Mes derniers récits ont été rapides et devaient l'être. Ou bien la Révolution française doit être racontée dans toute l'ampleur et dans toute l'énormité de ses actes, ou bien elle doit être resserrée en un tableau qui suffise à la vérité des souvenirs et à l'intégrité des jugements.

D'autres ont raconté longuement ces dix années de ravage; plusieurs pour les glorifier, quelques-uns en les maudissant; mais le malheur des temps nouveaux a voulu

T. I.

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que l'apothéose fût populaire et que l'exécration fût sans autorité; de sorte qu'une tâche reste encore à l'histoire, c'est de reprendre cette époque fatale et de la dérouler derechef avec ses monuments authentiques, et de faire ainsi tomber les fausses images sous lesquelles elle se pourrait offrir au regard de la postérité. L'honneur de notre siècle est engagé dans cette liberté et cette justice. Sinon, lorsque les siècles à venir s'en viendraient fouiller les annales de la Révolution, ses journaux, son Moniteur, ses pièces judiciaires, ses registres de mort, d'exil, de confiscation, d'incendie, ils pourraient accuser à bon droit le génie contemporain, soit de n'avoir pas su imposer à l'opinion publique la flétrissure de si lamentables atrocités, soit de s'en être fait le complice, en apprenant aux hommes à les admirer ou à les absoudre.

Je n'ai point eu l'ambition de rétablir de la sorte l'honneur de l'histoire. Mais j'ai voulu que la conscience publique ne fût pas étouffée par la frénésie des passions; et, dans la rapidité accoutumée de mes récits, cette espèce de protestation n'aura pas au moins manqué à mon œuvre.

J'ai maintenant à reprendre ma narration à un moment où la révolution allait faire un effort de réaction contre elle-même.

L'anarchie était comme épuisée, le despotisme allait naître; c'est une alternative connue et qui devait se produire dans la révolution française, comme elle s'était produite dans toutes les révolutions consommées par la destruction de l'autorité.

Le passage du Directoire n'avait fait que révéler une tendance instinctive des idées à ce point de vue. La France se sentait mourir, faute d'être gouvernée; tout ce qui lui restait de force n'allait qu'à mépriser le régime auquel elle était arrivée ; et toutefois, même dans ce régime, quelle que fût sa dégradation, se faisait sentir un vague besoin de ramener la France à des idées meilleures de discipline.

Seulement la constitution de la France était telle que tout effort tenté dans ce but devait n'être qu'un ébranlement et risquait d'être un renouvellement de l'anarchie;

pour le mieux entendre, il va suffire de reprendre les principaux souvenirs du Directoire..

La Convention avait légué à la France avec ses forfaits gigantesques une constitution frêle.

D'après cette constitution, le pouvoir législatif se composait d'un conseil des anciens au nombre de 250, qui devaient avoir quarante ans au moins, et d'un conseil dit des Cinq-Cents, dont les membres devaient avoir trente ans. Le pouvoir exécutif était délégué à un directoire de cinq membres, âgés de quarante ans, et nommés par le corps législatif.

Le peuple devait sanctionner cette organisation, et il l'avait fait par une majorité de 914,853 voix sur 958,226 votants telle était la représentation de la souveraineté numérique d'une nation qui comptait près de trente millions de citoyens.

La Convention avait en même temps prescrit que, dans l'élection des assemblées nouvelles, les deux tiers au moins de l'assemblée qui se retirait seraient choisis par le peuple.

Etonnante liberté laissée au suffrage! Et ce décret avait donné lieu à des troubles violents, soit à Paris, soit dans les provinces; ce fut l'occasion d'une lutte entre cette puissance expirante et la population soulevée à la fois par les mouvements libres de sa colère et par l'impulsion systématique des partis.

Le 13 vendémiaire, Paris vit vingt-cinq ou trente mille insurgés marcher contre la Convention, et le général Barras, chargé de la défendre, trouva sous sa main un jeune général, Bonaparte, qui remplit son office avec la résolution d'un soldat, ardent à défendre le pouvoir, sans le juger; les rues furent un théâtre de bataille; la mitraille foudroya les Parisiens, et la Convention disparut, laissant derrière elle une longue traînée de sang, et dans l'histoire un nom sinistre. Elle avait rendu huit mille trois cent

soixante-dix décrets; la plupart, des lois de mort. Ses derniers actes présentèrent un contraste; par un de ses décrets, elle proclamait l'amnistie pour tous les délits révolutionnaires, n'exceptant de la grâce que les prêtres déportés ou à déporter, les émigrés rentrés ou non rentrés; par un autre, elle créait l'Institut.

Alors parurent les assemblées nouvelles. Elles commencèrent par élire le Directoire, et elles choisirent cinq régicides, souvenir horrible et présage infâme.

C'étaient Lareveillère-Lepeaux, Letourneur (de la Manche), Rewbel, Siéyes et Barras. Siéyes refusa cet honneur; Carnot fut mis à sa place; c'était un régicide encore.

Ainsi, tandis que des instincts d'ordre se faisaient jour, la révolution se renfermait en elle-même, comme enchaînée par une sorte de fatalité.

Ce fut ce Directoire qui eut à représenter la France politique devant l'Europe; la constitution lui remettait tous les droits et toutes les prérogatives d'un gouvernement réglé.

Cependant des pensées d'ordre étaient entrées dans les assemblées qui venaient de faire de tels choix, et la majorité même protestait contre les régimes de tyrannie brutale qui venaient d'oppresser la France. Dans cette majorité étaient apparus des noms auxquels se rattachaient d'autres souvenirs ou d'autres espérances, Barbier-Marbois, Portalis, Tronchet, Tronçon-Ducoudray, Lecoulteux-Canteleu, Lanjuinais, Boissy-d'Anglas, Porcher de Richebourg. Mais cela même devait servir à l'excitation des haines survivantes des minorités révolutionnaires, et leur être un prétexte de raviver leurs instincts de violence à peine assoupis.

D'ailleurs, le gouvernement était aux abois. Les finances étaient dans un état hideux. La Convention avait, par des décrets successifs, créé des masses d'assignats, dont la valeur n'était plus qu'une fiction et une sorte d'ironie; des documents en établissaient le montant à dix-neuf milliards; aussi l'ancien louis d'or de 24 livres, représentait deux mille six cents francs en assignats; et, enfin, une loi créa pour deux milliards quatre cent millions de mandats territoriaux, autre expédient qui acheva d'at

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