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Grèce comme une assemblée de Slaves, d'Albanais et même d'Arméniens, quoique dans la véritable Grèce il n'existe pas une seule famille de ces derniers; mais la politique éclairée du cabinet anglais, la justice et la sagesse qui caractérisent le roi de France, la piéte et la magnanimité de l'empereur Alexandre nous donnent le juste espoir qu'on ne commettra pas ce crime politique, qu'on n'aggravera pas les douleurs d'un peuple trop long-temps malheureux, et qu'en rétablissant l'empire grec, on fera une chose digne de notre siècle, conforme à la justice et aux intérêts bien entendus de toute l'Europe, sans en excepter même la Russie et l'Autriche. Je pourrais étayer cette assertion sur des raisons décisives, qui prouveraient la vérité de ce que j'avance; mais je crois cette démonstration superflue, et ce n'est peut-être pas à un Grec qu'il appartient pour le moment de traiter de pareilles questions.

Ma tâche est maintenant accomplie : je ne voulais, je ne devais qu'exposer les faits; je défie qui que ce soit d'en contester la véracité.

POST-SCRIPTUM.

Cette faible esquisse d'un tableau sur les Turcs et les Grecs a été finie vers le milieu du mois de juillet; mais des circonstances indépendantes de la volonté de l'auteur ont retardé jusqu'à présent sa publication, sans profit pour l'amélioration de l'ouvrage.

J'ai fait pressentir la catastrophe du prince Hypsilanti, et ma prédiction s'est vérifiée..

En effet, quand j'ai vu l'inaction des Serviens, j'ai conjecturé que le prince grec, avec les moyens de la Valachie et de la Moldavie, ne pouvait pas hasarder le passage du Danube: plus tard nous avons acquis la conviction que Théodore Wladimiresquo, le chef des Valaques, a eu la sotte prétention de devenir hospodar de son pays, et il a trahi la cause commune des Grecs et des Valaques. Cette indigne et criminelle conduite n'a pas profité à ce Valaque; mais elle a paralysé les faibles moyens du prince Hypsilanti, et elle a frayé le chemin à d'autres défections et trahisons.

Sur le champ de bataille les Arnautes ont abandonné lâchement les Grecs, et ceux-ci sont morts glorieusement, après avoir vendu chèrement leurs vies.

Dans cet état des choses le prince Hypsilanti, privé d'un de ses bras, qu'il avait perdu au champ de bataille en Allemagne, et ayant à conserver l'honneur de la nation, après un conseil de guerre, se sépara de ses troupes, en leur adressant l'ordre du jour qu'on faussement appelé une apologie, et dont nous insérons ici une traduction fidèle.

ORDRE DU JOUR.

"SOLDATS! Non, je ne souillerai pas ce nom si beau et si honorable, en vous l'appliquant. Lâches troupeaux de gens serviles, les trahisons et les trames que vous avez ourdies me forcent à vous abandonner. Désormais tout lien entre vous et moi est rompu. Je porterai seulement au fond de mon ame la honte de vous avoir commandé. Vous avez foulé aux pieds vos serments; vous avez trahi Dieu et la patrie; vous m'avez aussi trahi au moment où j'espérais vaincre ou mourir glorieusement avec vous.

"Je me sépare de vous. Allez, courez aux Turcs, seuls amis dignes de vos sentiments. Sortez des forêts, descendez des montagnes, allez rejoindre les Turcs, leur baiser les mains d'où coule encore le sang sacré des chefs suprêmes de notre religion, des patriarches, des archevêques et de mille autres de nos frères innocents qu'ils ont égorgés impitoyablement. Oui, courez acheter votre esclavage au prix de votre vie, au prix de l'honneur de vos femmes et de vos enfants.

"Quant à vous, ô mânes des véritables Hellènes du bataillon sacré, qui, trahis, vous êtes sacrifiés pour le bonheur de la patrie, recevez par ma voix les remerciements de la nation. Encore quelques jours, et le monument qui sera élevé à votre mémoire, transmettra vos noms jusqu'à la postérité la plus reculée.

"Les noms de ceux qui ont continué à m'être fidèles et amis sincères jusqu'à la fin, sont tracés au fond de mon cœur en traits de feu. Leur souvenir fera la consolation du reste de ma vie.

"Je livre au mépris des hommes, à la vengeance divine et à la malédiction de la nation, le parjure et traître Caminare Sawa, les déserteurs et auteurs de la désertion des autres, Ducas, fils de Constantin, Basilius Baras, les deux phànariotes George Manos et Grégoire Sutzo, et Nicolas Scuphos, homme de mœurs dissolues. "Je raye aussi du service Basilius Carabias pour sa désobéissance et sa conduite déréglée.

ALEXANDRE HYPSILANTI."

Rimnic, le 8 (20) juin 1821.

Je n'ai pas l'honneur de connaître le prince Hypsilanti, et nous manquons tous de données nécessaires pour porter un jugement motivé sur ses talents militaires, sur sa conduite, et sur l'ensemble de son entreprise. J'ai été un des premiers à blâmer cette levée de boucliers, parce que j'appréhendais une grande partie des désastres qui ont pesé sur ma malheureuse nation; mais le férocité mahométane ayant rendu la guerre nationale, en voulant exterminer tous les Grecs, j'ai dû prendre la défense de ma nation, non que j'eusse la folle prétention de convaincre des hommes passionés, ou d'espérer convertir la politique européenne en notre faveur, mais de montrer au moins aux véritables amis de la justice et de l'humanité que l' insurrection des Grecs est pure dans ses sources et conforme aux véritables intérêts de l'Europe.

J'espère que mes compatriotes, par leur bravoure, leur unanimité et leur intelligence, parviendront à consolider l'indépendance de la nation grecque, ou, si la politique coupable de quelques cabinets entravait leur élan, au moins ils vendront cher leur destruction; et la Turquie, privée des millions de chrétiens qui faisaient toute sa force, sera exposée à être plus facilement envahie par cette même puissance, dont on craint la grande prépondérance. Au lieu d'un commerce, déja bien diminué, le machiavélisme européen n'acquerra que la honte éternelle d'avoir souffert et provoqué la destruction d'une nation antique, qui n'a fait de mal à personne, et qui, au contraire, a été la cause de tout ce qui fait le bonheur et l'orgueil de l'Europe.

Quant au prince Hypsilanti, quel que soit le jugement que la postérité portera sur lui, et quelle que soit la destinée que l'Autriche lui réserve, on ne peut pas méconnaître en lui un homme généreux, qui a sacrifié tout ce que les hommes ont de plus cher pour délivrer sa nation; et les Grecs, vainqueurs ou vaincus, doivent au moins lui savoir gré de son dévouement.

En finissant cet écrit, je dois rendre des actions de grace, au nom de mes compatriotes, à ceux qui, parmi les Européens, ont osé élever leurs voix en faveur des Grecs.

D'autres, non contents d'élever leurs voix, ont fait un appel à la bravoure de leurs compatriotes en faveur d'une nation opprimée. Peut-être la politique des grandes puissances empêchera ces véritables chrétiens de voler au secours de leurs frères de l'Orient ; mais leur ferme volonté nous est connue, et nous leur tiendrons compte même de leur bienveillance.

J'ai des preuves qu'il y a de ces amis des Grecs parmi toutes les nations; mais c'est en Allemagne sur-tout où cette générosité s'est plus manifestée.

Le nom de M. le professeur Krug, déja connu en Grèce par la traduction de sa philosophie, comme celui de M. Thiersch, et de

tant d'autres Allemands recommandables par leurs talents, retentiront jusqu'à la postérité la plus reculée des Grecs.

C'est en Allemagne, et dans des circonstances plus favorables, que nous pourrons divulguer les noms des philellenes français. Qu'ils se contentent, pour le moment, de ces remerciements publics; et si la divine providence bénit nos efforts, c'est dans la Grèce que nous devons reconnaître notre gratitude envers ces dignes amis du christianisme et de la civilisation.

CHARACTER

OF

LORD BY R O N.

BY SIR WALTER SCOTT, BART.

LONDON:

1824.

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