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leurs chefs réussirent cependant à arrêter et à rallier à 500 ou 600 pas des dernières maisons.

Deuxième attaque du IIIe corps contre Dienville. - A l'extrême gauche des Alliés, les jeunes troupes du général Gérard avaient continué à défendre Dienville et ses abords avec une vigueur qui, jusque fort avant dans la nuit, allait paralyser tous les efforts des Autrichiens de Gyulay.

Il était un peu plus de 5 heures lorsque Gyulay reçut à la fois, et de Blücher et de Schwarzenberg, l'ordre d'enlever Dienville. Il lança aussitôt contre le pont, dont il parvint momentanément à se rendre maître, les deux brigades de la division Fresnel. Mais bien qu'en raison de la configuration des lieux, Gérard n'ait pu se servir de son artillerie pour défendre le pont, le feu de son infanterie placée dans les maisons voisines et surtout dans le cimetière, ainsi que les retours offensifs des troupes de la division Dufour, obligèrent les Autrichiens à se retirer sur la rive gauche de l'Aube. Gyulay, en attendant l'arrivée en ligne de la division Hohenlohe-Bartenstein, dont il ne put disposer qu'après la prise de La Rothière, dut se borner à confier à son artillerie, en batterie sur les hauteurs de la rive gauche, le soin de rendre Dienville intenable et d'en chasser les conscrits de Gérard'. Une deuxième et une troisième attaques, tentées simultanément sur les deux rives de l'Aube, n'eurent pas plus de succès.

Mesures prises par l'Empereur pour couvrir la retraite. L'Empereur avait achevé de prendre les mesures nécessaires pour contenir les Alliés pendant la retraite de ses différents corps. Complétant les dispositions auxquelles nous l'avons vu se résoudre au moment où il tentait, avec la division Rottembourg, d'arracher La Rothière à Sacken et où il dirigeait la cavalerie de Milhaud vers sa gauche, il donnait, vers 8 heures, à Drouot l'ordre de brûler La Rothière, afin de permettre à son infanterie, qui venait d'être débusquée définitivement du village, de se replier

1 STÄRKE, Eintheilung und Tagesbegebenheiten der Haupt-Armee im Monate Februar (K. K. Kriegs Archiv., II, 1), et rapport du feldzeugmeister comte Gyulay au prince de Schwarzenberg (Ibid., II, 28), Lesmont, 2 février.

Gyulay commet, dans ce rapport, une erreur en disant que Napoléon avait confié la défense de Dienville à sa garde.

vers Brienne sous la protection de la cavalerie de la garde, et d'arrêter par le tir de son artillerie les progrès des Alliés sur sa gauche et sur son centre. Pendant que Drouot amenait ses pièces en position, que les divisions de Ney reprenaient la route de Lesmont et que les corps qui avaient soutenu pendant plus de huit heures une lutte inégale se repliaient en échelons dans un ordre d'autant plus remarquable qu'il s'agissait de faire exécuter à de jeunes troupes harassées de fatigue une marche rétrograde au milieu des ténèbres, à travers un terrain rendu plus difficile. encore par les rigueurs de la température et par les tourbillons de neige, la cavalerie des Alliés cherchait à tirer parti de la victoire et à contrarier la retraite des Français.

La cavalerie wurtembergeoise débouche en avant de La Rothière et de Chaumesnil. — La cavalerie wurtembergeoise (régiments de chasseurs nos 2 et 4 et régiment de dragons no 3) venait d'opérer sa jonction à droite avec la cavalerie du Ve corps, à gauche avec la cavalerie prussienne du général prince Biron de Courlande et les cosaques de Karpoff, et cette masse, débordant les escadrons de Milhaud, les contraignit à se retirer.

« Je poussai rapidement ma cavalerie en avant, dit à ce propos le prince royal de Wurtemberg dans son rapport à Schwarzenberg1. Le régiment de cavalerie prince Adam, sous les ordres du major von Reinhardt, se jeta sur l'aile gauche de l'ennemi et lui prit cinq canons. Le régiment de dragons no 3 (régiment du Prince royal), que j'avais, sous les ordres du colonel von Wagner, envoyé sur ma droite pour me relier au général comte Wrède, fit, avec un régiment de chevau-légers bavarois, une charge brillante contre une batterie française postée au saillant sud-ouest du bois d'Ajou, vis-à-vis de Chaumesnil, et enleva six bouches à feu. »>

Cette cavalerie, rejointe encore par le général-major von Jett avec le régiment de chasseurs à cheval wurtembergeois no 5 et le régiment de hussards autrichiens Archiduc-Ferdinand, continua à suivre l'ennemi aussi loin que l'obscurité, l'état du terrain et l'épuisement de ses chevaux le lui permirent.

1 Prince royal de Wurtemberg au prince de Schwarzenberg, Petit-Mesnil, 1er février. (K. K. Kriegs Archiv., II, 3.)

2 Journal des opérations du prince royal de Wurtemberg, par le généra

Au centre, la cavalerie russe du général Wassiltchikoff avait débouché de La Rothière malgré le tir de l'artillerie de Drouot et les efforts de la cavalerie de la garde qui dut, elle aussi, se replier sur Brienne, suivie jusqu'à hauteur de la ferme de Beugné par les cavaliers de Sacken.

Il était alors près de 9 heures: la neige continuait à tomber plus drue et plus serrée que jamais, et, comme le dit Taxis' dans son Journal, la poursuite était d'autant plus impossible qu'on entendait toujours le canon du côté de Dienville où Gyulay ne réussit à s'établir que vers minuit, lorsque Gérard eut reçu l'ordre d'abandonner la position que ses jeunes troupes avaient héroïquement défendue pendant plus de douze heures.

Dans la situation où se trouvait l'armée française pendant les dernières heures de la soirée du 1er février, il aurait suffi du moindre effort tenté par les Alliés pour changer du tout au tout les conditions dans lesquelles allait s'effectuer la retraite de la petite armée de l'Empereur. Si, vers 9 heures 1/2 du soir, au moment où Gérard se maintenait encore à Dienville, mais où Sacken, le prince royal de Wurtemberg et Wrède avaient enlevé les positions occupées par leurs adversaires, Blücher avait pu disposer de quelques troupes fraiches, leur apparition sur le champ de bataille, leur marche en bon ordre contre les points où les généraux français ralliaient leurs troupes ébranlées par une lutte sanglante et inégale, auraient, on ne saurait en douter, amené des résultats considérables.

On comprend cependant que le feld-maréchal ait renoncé, en présence de l'état du terrain, de l'obscurité profonde et de l'épuisement des chevaux, à se servir de sa cavalerie qui n'aurait d'ailleurs pu marcher qu'au pas et qui, contrainte d'autre part à suivre la grande route, serait tout au plus parvenue à causer une alerte. Mais il est incontestable, d'autre part, que si Blücher

comte Baillet de Latour, chef d'état-major du IVe corps. (K. K. Kriegs Archiv., XIII, 56.)

Ce fut également vers cette heure qu'un des aides de camp de Berthier, le colonel Maussion, qui s'était égaré au milieu de l'ouragan de neige et des ténèbres, fut pris par les dragons de Knesevich (K. K. Kriegs Archiv., II, 1, et Journal du major prince Taxis, Ibid., XIII, 32.)

1 Journal du major prince Taxis.

2 Gyulay à Schwarzenberg, Lesmont, 2 février. (Ibid., II, 28.)

avait pu, pendant les dernières heures de la lutte, se faire rejoindre par les réserves russes qu'on avait inutilement fait pivoter sur le champ de bataille, il aurait vraisemblablement réussi, par une attaque de nuit dirigée sur Brienne-la-Vieille et à l'est de cet endroit jusqu'à hauteur de la route de Brienne-leChâteau à Doulevant, à rompre le dernier lien qui retenait encore des hommes harassés de fatigue et épuisés par des marches forcées suivies d'un combat de douze heures. Il aurait achevé de démoraliser de jeunes troupes qui venaient de recevoir seulement dans ces derniers jours le baptême du feu et changé une retraite en bon ordre en une véritable déroute.

N'ayant pas de troupes fraîches à sa disposition, le feld-maréchal se trouva dans l'impossibilité absolue de tenter le moindre effort, et les corps alliés, qui avaient été engagés pendant l'aprèsmidi du 1er février, s'établirent au bivouac sur les positions mêmes qu'ils venaient de conquérir.

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Positions de Sacken, des IVo, Vo et III® corps, à 10 heures du soir. Les avant-gardes de Sacken, des IVe et Ve corps, bivouaquèrent sur les points mêmes où elles s'étaient arrêtées en avant de La Rothière, de Petit-Mesnil et de Chaumesnil.

Le IIIe corps, de Gyulay, resta à Dienville, les Russes de Sacken aux environs de La Rothière, le IVe corps entre La Giberie et Petit-Mesnil, et le Ve à Chaumesnil et au nord de ce village.

Quant aux grenadiers russes, ils avaient, à l'exception de la 2e division qui avait donné à La Rothière, passé leur journée à exécuter des marches et des contre-marches entre La Giberie et La Rothière, et bien qu'elles fussent en somme parfaitement fraîches, on ne songea même pas à leur donner l'ordre de se jeter au milieu des ténèbres sur les restes de l'armée française. Ces réserves campèrent la 2e division de grenadiers auprès de La Rothière, la 1re division de grenadiers et les deux divisions de cuirassiers (2e et 3e) en arrière des bivouacs du IVe corps.

Les gardes et les réserves russes et prussiennes étaient venues dans l'après-midi jusqu'à Trannes.

La journée de La Rothière avait coûté aux Alliés environ 6,000 hommes, dont près de 4,000 au corps russe de Sacken'.

↑ D'après Schels, les Alliés n'auraient perdu à 4,655 hommes.

La Rothiere que

La nuit et le mauvais temps, en empêchant les Alliés de poursuivre leurs avantages, avaient donné à l'Empereur la possibilité de faire mettre à exécution les ordres qu'à partir de 9 heures du soir, il avait envoyés à ses lieutenants.

Position de l'armée française. Dès 9 heures en effet, il faisait prévenir le général Sorbier que tous les corps d'armée recevaient l'ordre de renvoyer en arrière de Brienne les caissons vides, l'artillerie et les bagages inutiles, de faire passer le pont de Lesmont aux parcs et aux batteries démontées.

Grouchy, ne gardant que l'artillerie strictement nécessaire, devait s'alléger le plus possible et renvoyer les chevaux de main et les hommes à pied. Une heure plus tard, le général de France recevait l'ordre de partir à 2 heures du matin avec les gardes d'honneur, de passer le pont de Lesmont et de jeter des partis sur la route de Piney et la rive gauche de l'Aube. Le général Sorbier devait faire filer le parc sur Lesmont, et le général Léry se préparer à brûler et à faire sauter les ponts lorsque l'Empereur en donnerait le signal'.

Les commandants des corps français, qui avaient soutenu tout l'effort de la lutte, avaient gagné les points que l'Empereur leur avait désignés et sur lesquels ils devaient rallier leurs troupes. Marmont, couvert par la cavalerie de Doumerc, s'arrêtait au sortir du bois d'Ajou. Victor dépassait la ferme de Beugné et laissait devant les avant-postes russes un rideau formé par quelques escadrons de Milhaud. Oudinot et Ney massaient la cavalerie et l'infanterie de la garde sur la route de Lesmont, pendant que Gérard, qui avait reçu l'ordre d'abandonner Dienville, se repliait après minuit sur Brienne-la-Vieille.

L'armée française avait perdu dans cette sanglante journée près de 6,000 hommes tués, blessés ou prisonniers, et une soixantaine de bouches à feu".

Les troupes françaises ne devaient, d'ailleurs, prendre que quelques heures d'un semblant de repos en avant de Brienne-la

Belliard à Grouchy et major-général à Sorbier, de France et Léry. (Archives de la guerre.)

2 63 d'après Bogdanovith, 73 d'après Plotho et Beitzke, 83 d'après Schels, 73 aussi d'après le rapport de Schwarzenberg (K. K. Kriegs Archiv., II, 34, b) et 54 seulement d'après Koch.

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