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Maison, le général russe se conformait aux intentions du généralissime ou tout au moins de son général en chef, et servait les intérêts cachés, les projets ambitieux du prince royal de Suède. Il avait de toute façon réussi à couvrir sa propre responsabilité, et il attendit, pour reprendre son mouvement vers l'intérieur de la France, un ordre formel de son souverain.

19-23 janvier. Entreprises du corps volant de Colomb du côté de Maëstricht. Si, après les affaires d'Hoogstraëten, de Merxhem et de Wyneghem, Bülow avait cru devoir se replier sur Bréda, il s'était en revanche bien gardé de rester inactif pendant ce temps. C'est ainsi que le corps volant de Colomb s'était, sur son ordre, porté le 15 janvier sur Zeeland, et avait de là sommé en vain, il est vrai, le commandant de Grave de lui ouvrir les portes de la place. Il s'était ensuite dirigé vers Maëstricht, où il arriva le 19, en passant par Venray et Baexem. Grâce aux renseignements fournis par les habitants, il s'empara le lendemain, à Stockem, d'un bateau chargé d'effets d'équipements militaires qui, arrêté par les glaces, n'avait pu atteindre Maëstricht. Malgré la proximité de cette place, située à environ 18 kilomètres. en amont, Colomb avait réussi à décharger le bateau et s'était replié, le 21, sur Neer-Oeteren, puis il était entré, le 23, à Maaseyck, d'où il se porta à petites journées sur Asch et Bilsen. Il trouva à son arrivée dans ce dernier endroit une dépêche de Bülow du 19, contenant l'ordre du général Kleist, au corps duquel il avait été attaché dans le principe, d'avoir à le rejoindre immédiatement et à établir, en se reliant avec l'un des détachements qu'il avait envoyés sur sa droite, une communication entre son corps d'armée et les corps opérant dans les PaysBas.

1 Colomb avait, en sa qualité de commandant de l'avant-garde du général von Oppen, sommé Grave de se rendre, et Clarke écrivait à Maison, le 16, en disant : « Il est certain que Colomb et Helwig sont très entreprenants et le second est homme à faire 20 lieues par jour pour surprendre un poste. » (Archives de la Guerre.)

* Colomb arrivé à Bilsen, le 27 janvier, y trouva l'ordre en question; il se dirigea alors par Tongres et Japrelle sur Huy, y passa la Meuse, se porta de la sur Marche et Saint-Hubert où il fit sa jonction avec les deux escadrons du major von Lützow et franchit la frontière française entre Chiny et Carignan. (COLOMB, Aus dem Tagebuche des Rittmeisters von Colomb.)

26 janvier. Prise de Bois-le-Duc. - Bülow avait, en outre, préparé et organisé une entreprise autrement importante par ses conséquences que les coups de main plus ou moins heureux de quelques petits partis de cavalerie, et que l'enlèvement de quelques convois. Profitant de l'effet produit par la nouvelle du passage du Rhin par Winzingerode et des intelligences qu'il avait su se éréer parmi les habitants de Bois-le-Duc, Bülow avait résolu de se rendre maitre par surprise de cette place, dans la nuit du 25 au 26. Le coup projeté réussit et la petite garnison française, qui s'était enfermée dans la citadelle, dut capituler, faute de vivres, dans l'après-midi du 26 janvier 2.

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La perte de Bois-le-Duc et les reconnaissances incessantes poussées par les Prussiens du côté de Louvain, la retraite de Macdonald et la nouvelle de l'arrivée prochaine du IIIe corps fédéral, enfin la présence du corps russe de Winzingerode en avant de Liège, exposaient désormais Maison, qui s'était pendant tout ce temps maintenu derrière la Dyle et la Nèthe sur une position défensive s'étendant de Louvain jusqu'à Lierre, par Malines, au danger d'être débordé sur ses flancs et attaqué à revers. Aussi, peu de jours plus tard, il prenait un parti définitif. Au lieu de se replier sur Anvers, où il n'aurait pas tardé à être enfermé, le général préféra encourir les reproches et les réprimandes de son souverain, dont il enfreignait les ordres. Après avoir assuré de

1 Clausewitz, dans sa Critique stratégique, s'exprime en ces termes quand il en vient à faire connaître son avis sur l'emploi fait de Bülow et Winzingerode pendant cette partie de la campagne :

« L'envoi des généraux Bülow et Winzingerode sur le Bas-Weser et de là en Hollande prouve qu'on n'avait pas une idée bien nette de la situation, d'autant plus qu'on leur fit faire ce mouvement à un moment où l'on ne savait pas encore si l'on n'entrerait pas immédiatement en France et si, par suite, on n'aurait pas, dès les premiers jours, besoin de leurs troupes. Les événements ultérieurs ont, il est vrai, justifié le détachement de Bülow, mais en revanche on peut se demander à quoi a servi celui de Winzingerode. Depuis Leipzig jusqu'aux combats livrés en février sur la Marne, ses troupes n'ont rien fait que des marches absolument inutiles. »>

2 Rapport journalier de Schwarzenberg à l'empereur, 7 février 1814. (K. K. Kriegs Archiv., II, 176.)

3 Clausewitz reproche à l'Empereur d'avoir laissé Macdonald sur le Rhin jusqu'après le passage de Winzingerode, parce qu'il lui était, de la sorte, impossible d'arriver à Châlons avant Blücher, et qu'en présence de la supériorité numérique des Alliés, il lui fallait, avant tout, réunir toutes les forces dont il disposait. (CLAUSEWITZ, Critique stratégique, chap. VIII.)

son mieux la défense d'Anvers, dont Carnot allait se charger, nous le verrons, sans hésiter, abandonner cette place à elle-même, pour continuer à tenir la campagne avec les quelques troupes qu'il emmena avec lui, et réussir à couvrir avec une poignée d'hommes les frontières dégarnies et les places mal armées de l'ancienne France'.

1 Nous récapitulons ici, pour mémoire, les positions des Alliés le 25 au soir Schwarzenberg est entre Langres et Chaumont. Blücher vers Joinville. York commence son mouvement vers la Marne. Bülow est à Breda; Winzingerode à Liège; Saint-Priest à Mouzon, en marche vers les places des Ardennes et de la Moselle, avec sa cavalerie près de Sedan; enfin, à l'extrême gauche, Bubna, en avant de Genève, avec des troupes en Savoie et en Bresse.

CHAPITRE V.

OPÉRATIONS DANS LE MIDI DE LA FRANCE DEPUIS LA PRISE DE GENÈVE JUSQU'AU 31 JANVIER.

Opinion de Clausewitz sur l'opération contre Genève. « L'envoi de Bubna à Genève avec 12,000 hommes avait une raison d'être du moment où la Suisse devait faire partie de la base d'opération, il convenait d'être maître de cette grande ville, de ce point important, et de plus il n'y avait aucun inconvénient à détacher 12,000 hommes d'une masse aussi considérable que celle présentée par les armées alliées. On ne saurait, par suite, critiquer l'idée de mettre ce corps à même de tirer le plus grand parti possible des événements, et de pénétrer dans la vallée du Rhône. Mais, dès qu'on se décidait à faire ce détachement, il fallait lui laisser une entière liberté d'action. On pouvait de la sorte empêcher les levées dans les provinces du sud-est de la France et y provoquer des mouvements royalistes. Ce n'était donc pas commettre une faute que de détacher un petit corps quand on avait pour soi des perspectives de succès aussi favorables. >>

Tel est le jugement que dans sa Critique stratégique Clausewitz porte sur l'envoi de Bubna à Genève. En conclure que Clausewitz approuvait complètement la violation de la neutralité Suisse, ce serait évidemment aller trop loin, et le grand écrivain militaire allemand a, d'ailleurs, eu le soin de condamner cette mesure. Il serait donc inutile et oiseux de revenir sur ce point, et si nous avons reproduit ici les lignes qui précèdent, c'est uniquement parce qu'elles contiennent en quelques mots la critique des opérations dont nous allons nous occuper, parce qu'elles condamnent ce qui a été fait, parce qu'elles indiquent en peu de mots ce qu'on aurait pu et dû faire. Après cette citation, il nous restera tout au plus à rechercher à qui incombe la responsabilité du mouvement excentrique vers Lons-le-Saunier, Poligny et Dôle, la responsabilité du temps perdu du 30 décembre au 5 janvier, la responsabilité de cette marche inexplicable à travers le Jura vers le Doubs et la Saône. Pour obtenir les résultats indiqués par Clausewitz, il aurait fallu se porter sans retard vers le Rhône et couronner l'œuvre, commencée par l'entrée à Genève, par une

opération plus facile encore et bien autrement importante, l'occupation immédiate de Lyon.

Situation militaire dans le midi de la France. - La prise de possession par les Alliés, dès l'ouverture des hostilités, de la deuxième ville de France, alors entièrement dégarnie de troupes et incapable de se défendre, n'aurait pas manqué de produire un effet moral dont l'impression aurait été ressentie dans tout l'empire. Cette opération les aurait rendus immédiatement maîtres incontestés d'un théâtre de guerre qui allait absorber, pendant toute la durée de la campagne, une armée dont la présence sur les bords de l'Aube ou de la Seine aurait épargné à Schwarzenberg plus d'un embarras, plus d'un mouvement rétrograde et même plus d'un échec.

Au moment où Genève ouvrait ses portes à Bubna, le sud-est de la France était entièrement à la merci des Alliés. C'est seulement le 3 janvier que l'Empereur signa l'ordre enjoignant au général Musnier de se rendre à Lyon, d'y ramasser tout ce qu'il y trouverait de troupes et d'en former une division de réserve avec laquelle il devait se porter sur Genève. Pour le cas où il lui serait impossible de pousser jusqu'à Genève, l'Empereur lui prescrivait de couvrir Lyon en prenant position entre ces deux villes, d'occuper le fort l'Écluse et de tenir les défilés du Jura et les passages du Rhône.

Mais ce fut à peine si le général Musnier réussit à rassembler 1,500 hommes à Lyon, 300 hommes à Nantua et 500 à Bourg.

En somme, il n'y avait donc dans toute cette partie de la France, le long de la frontière de la Suisse, que 4,000 hommes de troupes d'une solidité douteuse, y compris les 1,700 hommes que le général de La Roche réunissait à Chambéry.

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Bubna s'arrête sans raison à Genève. Bubna entra à Genève le 30 décembre, et, bien que ses troupes n'eussent eu ni combat à livrer, ni marches pénibles à exécuter, il crut néanmoins devoir leur accorder un jour de repos le 31. Peut-être espérait-il recevoir pendant ce temps des instructions précises; ce qu'il y a de certain, c'est qu'il employa cette journée à constituer l'administration civile de la ville et du canton, et à en organiser la défense, dont il chargea le général Zechmeister avec 4 bataillons

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