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postée devant Thionville, dont la garnison avait tenté le matin même une sortie, que Pirch n'avait réussi à rejeter dans la place qu'après un combat assez vif et en engageant plusieurs bataillons. Toutefois, comme la brigade Horn devait, dans son mouvement vers la Meuse, passer sous Thionville, il voulut essayer d'enlever la forteresse avec ces deux brigades. York, en agissant de la sorte, ne faisait que se conformer strictement aux ordres que Blücher lui avait fait parvenir avant de quitter Nancy le 21, et par lesquels, tout en insistant sur l'intérêt qu'il y aurait à s'emparer d'une des places, il invitait cependant York à håter ses opérations et à tout préparer pour le rejoindre au plus vite.

Il est important de faire remarquer en passant que l'empereur de Russie venait d'arriver le 22 janvier au quartier général de Langres. C'est, en effet, à sa présence seule qu'est due la reprise du mouvement en avant de l'armée de Bohême, immobilisée depuis quelques jours entre Chaumont et Langres. Hardenberg et Knesebeck, dont l'opinion avait prédominé jusqu'alors et avec eux tous les diplomates qui suivaient la grande armée, ne pouvaient se décider à dépasser le plateau de Langres que Knesebeck comparait, c'est là l'expression textuelle dont il se servait, au Rubicon.

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23 janvier. Combat de Ligny. Le 23 au matin, Wassiltchikoff et Biron, précédant l'infanterie du général-lieutenant Stscherbatoff, avaient repris leur mouvement en avant dans la direction de Ligny. Avant de se mettre en route, ils avaient appris par une reconnaissance d'officiers, envoyée de Rieval vers Commercy, que le général Lanskoï, venant de Rambucourt avec ses hussards, approchait de Commercy et ne tarderait pas à les rejoindre. Pendant ce temps, la cavalerie française se retirait lentement sur Ligny, qu'occupait une arrière-garde d'infanterie avec quelques bouches à feu. Afin d'éviter des pertes inutiles, Biron et Wassiltchikoff, après avoir repoussé de concert une charge de la cavalerie française, crurent d'autant plus prudent de se dérober aux vues de l'artillerie ennemie que l'infanterie du général-lieutenant Stscherbatoff entrait en ligne à ce moment. « Stscherbatoff, dit Blücher, se porta sur Ligny, où il devait se

1 Blücher à Schwarzenberg (K. K. Kriegs Archiv., I, 530) et Kurzgefasste

cantonner, et, l'ennemi n'évacuant pas ce point, il l'attaqua et le rejeta après un combat assez vif, qui coûta 200 hommes aux Russes et dont Stscherbatoff' rend compte en ces termes :

« L'arrière-garde du duc de Bellune est postée à Ligny. Elle tient le défilé et les hauteurs en avant de la ville. Le général Stscherbatoff qui devait, d'après les ordres, occuper ce jour-là Ligny, fait attaquer l'ennemi. La cavalerie ennemie, avec une partie de l'infanterie et quelques canons, avait pris position en avant de la ville et s'était portée en tête du défilé. Le prince Stscherbatoff, remarquant que des colonnes ennemies s'approchaient rapidement de la ville, en conclut que l'ennemi n'a pas encore rassemblé toutes ses forces et ordonne aux 11° et 36o régiments de chasseurs d'attaquer la ville par la droite, pendant que les régiments de Pskoff et de Sofia donnaient l'assaut du côté de la grande route. Notre artillerie, en batterie sur une excellente position, inflige des pertes sanglantes à l'ennemi, qui se replie en courant sur la ville.

« Le régiment de Pskoff, soutenu par celui de Sofia, pénètre dans Ligny, rencontre sur la place du marché une colonne ennemie, l'attaque à la baïonnette et la disperse. Le combat dans la vile dure quelque temps, mais l'ennemi finit par en être complètement chassé et concentre ses troupes sur les hauteurs situées en arrière, près de l'entrée d'un défilé, au débouché duquel il avait mis quelques pièces en batterie. Il réussit ainsi à se maintenir quelque temps sur les hauteurs et se replia pendant la nuit par la route de Saint-Dizier. »

Les Français, d'après le rapport de Blücher, profitèrent de la nuit pour se retirer, d'une part, sur Bar-le-Duc, de l'autre, par Stainville sur Saint-Dizier2.

Darstellung der Kriegsbegebenheiten der Schlesischen Armee (K. K. Kriegs Archiv., I, 31).

1 Journal d'opérations du général-lieutenant prince Stscherbatoff.

Il est certain que, sans l'ordre formel donné par Berthier, on n'aurait pas cherché à tenir sur la position de Saint-Aubin et moins encore sur celle de Ligny. Victor, en effet, reconnaissait que cette position ne pouvait guère être défendue que par l'infanterie et fort peu d'artillerie, que la cavalerie ne pouvait y servir que pour éclairer ou arrêter la cavalerie alliée venant de Saint-Aubin. «Le plateau au-dessus de Ligny, écrivait Victor au major général, ne peut être considéré ni comme une position défensive, ni comme une position de

« J'envoie ces nouvelles en toute hâte, disait Blücher en terminant, et je continue ma marche conformément aux ordres de Votre Altesse. »

Mouvements de Sacken et d'Olsufiew. - Rapport d'York à Blücher sur les places. - Ce même jour, la deuxième colonne de Sacken, celle de gauche, arrivait à Gondrecourt, et le corps d'Olsufiew, avec lequel marchait le quartier général de Blücher, à Vaucouleurs.

York, qui avait terminé son inspection des corps détachés devant les places de la Sarre et de la Moselle, était à peine de retour à Pange qu'il adressait à Blücher un rapport détaillé sur la situation de ces places. Concluant à l'impossibilité de la réussite d'un coup de main, il conseillait néanmoins de faire investir sérieusement Metz, afin d'empêcher la garnison de se porter sur les lignes de communication de l'armée de Silésie.

« J'attends maintenant de Votre Excellence, disait York, des ordres précis relatifs à la marche de mon corps depuis les places jusqu'à Saint-Mihiel, et des instructions relatives au rappel des 4 bataillons employés devant Sarrelouis. Je fais remarquer, en

combat, parce qu'il y a du côté de la ville un défilé extrêmement rapide et que c'est là la seule communication qu'il présente. J'ai choisi, pour défendre la position opposée, l'entrée du défilé de Saint-Dizier, dont je couronne les hauteurs par l'infanterie. Quelques canons sont en batterie sur la chaussée. » Voici maintenant comment Victor rend compte du combat même : « Mon avant-garde était établie sur les coteaux. Prévenu de l'approche de l'ennemi, j'ai été le reconnaître. Ses lignes étaient déjà formées. Il s'est mis en mouvement vers une heure de l'après-midi. Mon avant-garde se défendant par échelons, se replia en bon ordre sur Ligny. Plusieurs bataillons étaient placés dans les jardins pour protéger sa retraite, et, pendant ce mouvement, j'ordonnai à la cavalerie de passer le défilé de Saint-Dizier parce qu'elle ne pouvait me servir sur ce terrain étroit et coupé de ravins. L'infanterie se mit en bataille sur la hauteur de ce défilé. Nous avons attendu l'ennemi, qui s'est d'abord porté avec une colonne de 2,000 à 3,000 hommes sur Ligny. Les bataillons du général Duhesme, placés dans les jardins, l'arrêtèrent jusqu'à ce que la ville fût évacuée, défendant opiniâtrement l'entrée de la ville et se retirant ensuite en bon ordre. L'ennemi a tenté plus tard une attaque sur nos lignes; mais repoussé, il s'est borné à nous inquiéter par un feu de tirailleurs et une canonnade assez vive..... Vers 10 heures du soir, nos avant-postes ont remarqué que les feux de bivouac de l'ennemi s'éteignaient et ont rendu compte qu'on entendait un bruit de voitures sur la route de Gondrecourt. L'ennemi marchait par cette direction, laissant peu de monde à Ligny. Les choses étaient en cet état lorsqu'à 2 heures du matin je reçus l'ordre de me replier sur Saint-Dizier. » (Archives de la Guerre.)

outre, que c'est seulement le 27 ou le 28 que mon corps pourra être concentré à Saint-Mihiel. »

L'observation qu'York faisait là au feld-maréchal est intéressante à consigner. Il importe de remarquer que, la crue de la Moselle ayant retenu le Ier corps devant les places plus longtemps qu'on ne l'avait pensé, York se trouvait dans l'impossibilité d'être le 26 à Saint-Mihiel, comme il l'avait écrit à Blücher à la date du 17, et, par conséquent, d'arriver à Bar-le-Duc le 27 et à SaintDizier le 28, comme l'avait marqué le feld-maréchal dans sa dépêche à Schwarzenberg, en date du 19, dans sa disposition, ainsi que dans ses ordres de marche du 22.

Sauf une sortie exécutée par la garnison de Metz, dans la direction de Lorry et de Plappeville, la journée se passa sans incident devant les places. Horn et Pirch étaient restés devant Thionville en attendant l'arrivée du général von Röder, et la cavalerie du général von Jürgass était toujours en observation aux environs. de Verdun; Henckel seul avait fait un peu de chemin, et passant par Spincourt, il était arrivé à Étain, où il resta pendant toute la journée du 24.

Escarmouche du côté de Givet. Quant au major von Falkenhausen, i annonçait que l'escadron, qu'il avait détaché en avant pour se relier à Winzingerode, avait découvert l'arrièregarde française du côté de Givet, avait eu avec elle un engagement, à la suite duquel cette arrière-garde avait dû se replier sur cette ville. Il communiquait, en outre, la nouvelle reçue par lui le 23 au soir de l'arrivée des Russes à Liège, et il ajoutait en termi

nant:

Rapport de Falkenhausen. « J'envoie un officier à Liège pour faire savoir qu'il n'y a plus de troupes ennemies sur la Meuse.

Après m'être concerté avec le général Winzingerode, je compte me diriger sur Montmédy. Voici, d'ailleurs, en résumé le résultat de mes opérations:

« Évacuation par l'ennemi de tout le département de Sambreet-Meuse;

1 Rapport du major prussien v. Falkenhausen. (K. K. Kriegs Archiv.. I, ad. 699.)

<< Destruction d'un corps de partisans ennemis;

« Mise en liberté de 1800 conscrits ;

« Prise de magasins considérables;

«< Ouverture et établissement de communications entre l'armée de Silésie et l'armée du Nord;

« Découverte des mouvements de l'ennemi. »

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-

Le 24,

24 janvier. Mouvement de Stscherbatoff. l'armée de Silésie continua son mouvement. La disposition' prescrivait à Stscherbatoff de marcher ce jour-là sur Bar-le-Duc et d'être le 25 à Saint-Dizier. Ayant appris en route que le maréchal Ney était encore le 24 au matin près de Bar-le-Duc avec 8,000 hommes, le général russe crut devoir rester à Ligny avec le gros de ses troupes, tandis qu'il poussait le général Lanskoï avec l'avant-garde sur la route de Saint-Dizier, avec ordre de poursuivre le corps du maréchal Victor. Lanskoï s'avança jusqu'à Stainville et se fit couvrir en avant par le général Karpoff, dont les cosaques s'arrêtèrent à Ancerville, à moins de deux lieues de SaintDizier. Un régiment de cosaques, envoyé en observation du côté de Bar-le-Duc, annonça vers le soir que l'ennemi avait entièrement évacué la ville. Les trois maréchaux s'étaient, en effet, réunis le 24 au soir à Saint-Dizier.

Le prince Stscherbatoff, en restant à Ligny, avait jugé inutile d'y laisser la colonne volante du prince Biron, qu'il envoya se poster en deuxième ligne, en soutien des généraux Lanskoï et Karpoff, à Nant-le-Petit.

Horn.

-

Renseignements envoyés par Jürgass. Marche de Blücher était arrivé à Gondrecourt avec Olsufiew, et le général von Jürgass, toujours en observation du côté de Verdun, faisait savoir au feld-maréchal que l'ennemi avait abandonné Haudainville et Belrupt, s'était replié sur la place, et qu'il n'y avait plus dans ces parages sur la rive droite de la Meuse que quelques faibles détachements. Jürgass ajoutait qu'il avait fait partir un petit détachement de cavalerie pour Saint-Mihiel, dont le pont était détruit et que les cosaques avaient quitté 2. 2.

1 Journal d'opérations du général-lieutenant prince Stscherbatoff.

2 Le général Ricard avait, en effet, reçu l'ordre d'envoyer 200 chevaux et

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