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déjà dépassé les portes de la ville, lorsqu'elle vint tout à coup donner dans une troupe de cavalerie de la garde (avant-garde du maréchal Mortier) qui arrivait à Langres. Attaqué vivement de front par cette cavalerie soutenue par la gendarmerie et les hommes de la levée, fusillé par les habitants qui avaient pris les armes, le détachement du capitaine Burckhardt1 parvint à grand'peine à sortir de la ville et du faubourg et à se replier sur FaylBillot.

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Affaire contre les paysans armés de Chaudenay. dant cette retraite, les hussards autrichiens se virent encore une fois sur le point d'être entièrement coupés. Les paysans de Chaudenay, village qu'ils étaient forcés de traverser, avaient pris spontanément les armes, et leur tuèrent 1 officier et 12 hommes.

Voici, d'ailleurs, en quels termes Thurn lui-même rend compte à Schwarzenberg de son coup de main manqué sur Langres, coup de main qui eut, comme nous allons le montrer, une portée et des conséquences que les Alliés n'avaient pu prévoir.

« Le lieutenant-colonel comte Thurn au prince de Schwarzenberg. Fayl-Billot, le 9 janvier 1814, 9 heures du soir.

« J'ai l'honneur d'informer Votre Altesse que le maréchal Mortier est arrivé avec son avant-garde à Langres et que je suis entré avec mon avant-garde dans le faubourg,

« Les habitants nous invitèrent à y pénétrer, nous affirmant qu'ils nous attendaient avec impatience et depuis longtemps. La patrouille de tète avait déjà dépassé un certain nombre de maisons, lorsqu'elle fut saluée par une décharge générale, par des coups de feu partant des toits et tirés par des hommes de la levée et de la garde départementale soutenus par quelques fantassins de la ligne.

«La patrouille se retira sur mon avant-garde.

« Le village de Chaudenay, par lequel je devais forcément passer en me retirant, s'était armé pendant ce temps et nous cùmes à nous frayer un passage le sabre à la main. Nous avons

1 Szenen aus der Geschichte des K. K. Husaren Regiments no 3, Erzherzog Ferdinand, et Tagesbegebenheiten der Haupt Armee. (K, k. Kriegs Archiv., I, 30.)

2 K. K. Kriegs Archiv., I, 170).

fait subir des pertes sensibles à ces paysans. J'ai fait quelques prisonniers appartenant à des régiments italiens, qui m'affirment que le maréchal Mortier aura demain, 10 janvier, 30,000 hommes à Langres et que d'autres troupes ont dû arriver aujourd'hui à Gray.

« J'ai perdu dans ces affaires le lieutenant Schlachta. Le capitaine Burckhardt, après avoir eu un cheval tué sous lui, a été blessé à la jambe droite quatre de mes hussards sont blessés.

« On m'assure que l'ennemi se porte en force contre FaylBillot. Je vais l'observer et me retirerai lentement, si j'y suis contraint, sur Combeau-Fontaine, où se trouve l'avant-garde du comte Gyulay. »

Les populations commencent à s'armer. Dans le rapport qu'il adressait deux jours après à l'empereur d'Autriche, Schwarzenberg'annonçait à son souverain qu' « en présence de la levée générale que l'ennemi cherche à organiser », il avait aussitôt prescrit au feldzeugmeister comte Gyulay de « se porter à marches forcées sur Langres. >>

Mais Gyulay n'était encore qu'à Vesoul, où il avait donné le 9 un peu de repos à ses troupes. Ce fut le 11 seulement que son avant-garde atteignit Combeau-Fontaine, que ses extrêmes avantpostes occupèrent Fayl-Billot, et le 14 que le gros du IIIe corps arriva vers Langres que la division de cavalerie du général Laferrière (2,567 hommes, 2,695 chevaux) occupait depuis le 10, et la division Friant (5,885 hommes et 148 chevaux), depuis le 11. Pour la première fois depuis son entrée en France, le centre de la grande armée alliée allait rencontrer un semblant de résistance.

Il semble, du reste, que Schwarzenberg reconnut immédiatement. l'importance que devait avoir l'affaire de Langres, la gravité que prenaient des faits en eux-mêmes peu considérables, un échec assurément insignifiant, mais qui pouvait être gros de conséquences.

↑ Schwarzenberg à l'empereur d'Autriche, de Villersexel, 14 janvier (K. K. Kriegs Archiv., 1, 238 et ad. I, 238). Schwarzenberg ajoute dans ces rapports que Mortier n'a pas 30,000 hommes à Langres, que les nouvelles recueillies par Gyulay et par Thurn contredisent ces premiers renseignements, que c'est seulement à Troyes qu'on réunit les conscrits et qu'on les encadre dans les troupes de ligne.

par suite de la part que, pour la première fois depuis l'entrée des Alliés en France, les habitants avaient prise à la lutte. L'organisation de la levée en masse n'avait jusque-là produit aucun résultat et il allait encore s'écouler quelque temps avant que l'application de cette mesure ait pu se généraliser et revêtir un caractère véritablement inquiétant. Les causes de l'apathie qui s'était manifestée pendant les premières semaines de janvier 1814, si elles sont multiples et variées, sont intéressantes à rechercher et à constater. On aurait tort, en effet, de croire que l'hésitation, mise par les populations à courir aux armes, provenait, comme on a essayé de le démontrer, de l'impopularité de l'Empereur. Pour le peuple, mais plus encore pour les paysans, Napoléon était alors, comme il l'est toujours resté depuis, le plus grand homme de guerre de tous les temps, le César triomphant qui avait vaincu et conquis l'Europe, qui, à lui seul, paraissait de taille à tenir tête au monde entier coalisé contre lui. De son vivant même, il était déjà devenu un personnage légendaire, auquel ni la retraite. de Russie, ni le désastre de Leipzig, ni l'invasion n'avaient pu parvenir à faire perdre la moindre parcelle du prestige inouï que son nom exerçait et exercera toujours sur les masses. Il était toujours encore et surtout aux yeux du peuple l'homme merveilleux, dont la présence rendait la confiance aux découragés, dont la voix électrisait les conscrits et en faisait des soldats aussi solides au feu que les plus vieux grognards de la garde. La cause réelle de cette indifférence, que le vandalisme et les brutalités des Cosaques et des Prussiens n'allaient pas tarder à faire disparaître, provenait bien plutôt de ce que les populations, lassées des guerres que le pays soutenait depuis plus de vingt ans, épuisées par les sacrifices qui leur avaient été demandés depuis 1792, et surtout depuis l'Empire, abusées peut-être aussi dans le principe par les promesses fallacieuses contenues dans la proclamation des souverains alliés, encore éblouies par le souvenir des victoires passées, ne pouvant croire à l'invasion et ignorantes des horreurs qu'elle traine à sa suite, étaient disposées à voir dans les Alliés, non pas des libérateurs, mais les instruments destinés à ramener dans le monde une paix à laquelle la France n'aspirait pas moins vivement que le reste de l'Europe.

Enfin, ce qui avait manqué jusque-là pour que le peuple pût envisager sainement la situation telle qu'elle était déjà, depuis

le commencement de l'invasion, c'était l'exemple. On hésitait, on doutait parce qu'on croyait que la résistance locale, la résistance improvisée dans chaque ville, dans chaque village, ne servirait à rien qu'à attirer sur ces villes, sur ces villages de terribles représailles. L'impulsion était désormais donnée; les coups de fusil des habitants de Langres et des paysans de Chaudenay allaient se répercuter dans toute la Champagne, en Bourgogne, en Lorraine, en Alsace. Le peuple a désormais retrouvé sa voie, il s'est ressaisi; sachant maintenant ce qu'on attend de lui, se rendant désormais un compte exact des résultats que peut produire son intervention armée, il n'hésitera plus à faire héroïquement son devoir. On a par trop négligé jusqu'à ce jour de rendre aux paysans armés la justice qui leur est due, et de faire ressortir la grandeur du rôle qu'ils ont joué pendant les tristes jours de l'invasion. On ne s'étonnera donc pas si nous insistons dans ce travail sur les services qu'ils ont rendus, sur le mal qu'ils ont fait aux Alliés, et si nous livrons à la publicité parmi les pièces qui se rapportent à leurs hardis coups de main, surtout celles qu'il nous a été possible de consulter et de retrouver aux Archives impériales et royales du ministère de la guerre à Vienne. Enfin, avant de revenir aux mouvements des Alliés pendant la journée du 9 janvier, il convient d'ajouter que si les bourgeois de Langres et les paysans de Chaudenay ont été les premiers à courir aux armes, ils ont été aussi presque les derniers à les déposer avec les gens de Fayl-Billot et des environs.

Positions des autres corps de la grande armée pendant la journée du 9. - Les autres corps de la grande armée avaient continué à marcher le 9 avec leur lenteur habituelle. Gyulay avait, nous l'avons dit, fait halte à Vesoul; derrière lui, le Ier corps en faisait autant à Villersexel. Deux des brigades du général Bianchi, relevées sous Belfort par les grenadiers russes de Raïeffsky, s'étaient mises en marche sur Lure et Vesoul. Les réserves autrichiennes étaient toujours immobiles à Ornans, et le II corps restait affecté au blocus de Besançon. Le quartier général de Barclay de Tolly avait été transféré d'Altkirch à Chavannes-sur-l'Étang.

10 janvier. La droite du VIe corps se relie du côté de

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Phalsbourg avec un parti de l'armée de Silésie.

Wittgen

stein continua à rester en place, n'osant pas continuer sa marche avant d'avoir pu appeler à lui toute son infanterie, et craignant peut-être aussi d'être inquiété sur ses derrières tant qu'il ne se serait pas au préalable rendu maître de Phalsbourg et de bicoques telles que la Petite-Pierre et Lichtenberg. Il se contenta, le 10, de profiter de l'arrivée de 5 bataillons badois avec 10 canons, pour opérer contre Phalsbourg et la Petite-Pierre et faire couper près de Lützelbourg la conduite qui seule alimentait d'eau potable la première de ces places.

Il chargea également le général Schakoffskoï du blocus de Landau en lui donnant une partie des troupes du colonel Selifontieff et du lieutenant-colonel Nabel.

Un escadron de hussards d'Olviopol fut envoyé des environs de Phalsbourg à Lützelbourg pour vérifier si les bruits qu'on avait répandus sur la présence de la cavalerie française à Mittelbronn étaient fondés. Les hussards ne trouvèrent personne à Mittelbronn; mais ils apprirent cependant que quelques escadrons français venant de Phalsbourg avaient traversé ce village, se rendant à Sarrebourg, ville que cette cavalerie n'avait, d'ailleurs, pas tardé à évacuer.

Le VIe corps se relia encore ce jour-là par sa droite avec la cavalerie de l'avant-garde du général Lanskoï qui était, depuis le 8, à Bliescastel. Le parti qui communiqua de ce côté avec le VIe corps avait quitté Neunkirchen le 9 au matin par ordre du général Karpoff, qui y commandait les avant-postes du corps Sacken (armée de Silésie), et. passant par Rimling et Drulingen, avait poussé jusque vers Phalsbourg.

Devant Strasbourg, deux des escadrons du 2e régiment badois étaient à Stützheim, surveillant la porte de Saverne, les deux autres à Oberschaffolsheim et Wolfisheim. Observant la porte Blanche, ils avaient en outre, à Holtzheim et à Lingolsheim, un parti chargé de couvrir les routes de Colmar et de NeufBrisach.

Enfin, Pahlen avait reçu l'ordre de marcher sur Lunéville, et, afin d'être à même de le soutenir, on avait prescrit au prince Eugène de Wurtemberg de porter la 4e division d'infanterie à Hochfelden, et la 3e à Haguenau.

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