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laquelle l'eau est convertie en vapeur. Cet appareil ne diffère point, dans la forme, de ceux qu'on emploie pour le service des machines à vapeur il est fabriqué en tôle ou en cuivre.

2o Des tuyaux de distribution. Ils doivent avoir un diamètre suffisant pour que la vapeur y circule aisément sans qu'on soit obligé d'augmenter la pression d'une manière notable. Toutes les notions sur le mouvement des fluides dans les canaux doivent être appliquées dans ce cas pour obtenir une vitesse convenable. Il est d'ailleurs évident qu'il y a une limite à l'augmentation du diamètre des conduites, limite fixée non-seulement par la considération du prix, mais encore par celle des pertes de chaleur, qui augmentent avec la section. Les tuyaux, en effet, ne sont pas généralement des surfaces de chauffe, et la chaleur qu'ils rayonnent n'est point utilisée : aussi a-t-on soin de les envelopper de substances peu conductrices pour empêcher, autant que possible, leur refroidissement. Ces enveloppes sont des lisières de drap ou des tresses de foin qu'on recouvre d'un enduit de plâtre. Quand ces tuyaux doivent avoir un grand diamètre, on les construit en fonte: pour les conduites de petite section, on emploie le cuivre ou le fer étiré. Dans tous les cas, les tuyaux doivent être as semblés avec beaucoup de soin, surtout aux branchements, afin d'éviter les fuites qui résulteraient des dilatations et contractions du métal. L'eau produite par la condensation partielle de la vapeur dans les tuyaux n'y doit point séjourner: il faut qu'elle puisse s'écou ler librement, et, pour cela, il faut donner une certaine pente à toutes les conduites.

3o Des récipients ou appareils de condensation. Les dimensions de ces pièces dépendent de l'étendue des enceintes à échauffer, de la température qu'on y veut maintenir, du rayonnement extérieur de l'enceinte, etc. Il y a, sur ce point, des règles pratiques qu'on trouvera dans les traités spéciaux. On doit prendre en considération, dans l'application de ces rè gles, la nature du métal dont le récipient est formé et, aussi l'état de sa surface. Ces deux éléments sont essentiels dans la question; pour les surfaces, par exemple, celles qui sont noircies et dépolies transmettent plus de chaleur que celles qui sont brillantes. Quant à l'épaisseur des parois du récipient, elle pa rait n'avoir aucune influence sur le rayonnement, au moins quand on ne dépasse point certaines limites.

On donne aux récipients des dispositions et des formes très-diverses, suivant l'usage spécial auquel on les destine, et suivant le lieu où ils sont placés. Dans les ateliers, dans les bibliothèques, ce sont des tuyaux apparents ou cachés sous les tables, les banquettes, etc.; dans une salle d'assemblée, où il importe de

ENCYCL. MOD. T. VIII.

ne point nuire à la décoration, les recipients ont la forme de piédestaux ou de consoles, et supportent des statues ou des bustes. Telle est la disposition adoptée par M. Gronvelle dans la salle des séances de l'Institut. Quelle que soit la forme qu'on donne à ces appareils, ils sont toujours construits en fonte, en tôle ou en cuivre. Leur disposition intérieure est invariable; ils présentent une capacité dans laquelle s'ouvrent trois tuyaux l'un, dont l'orifice est placé près du fond supérieur, sert à évacuer l'air qui remplit l'appareil, quand la vapeur arrive; le second, qui débouche à une hauteur moyenne, est le conduit d'amenée de la vapeur; le dernier, s'ouvrant sur le fond inférieur du récipient, est destiné à écouler l'eau provenant de la condensation de la vapeur. Ces tuyaux sont munis de robinets.

4o Des tuyaux de retour d'eau. Ils servent à ramener dans le générateur l'eau condensée dans les récipients. Quelquefois ils conduisent cette eau dans une bâche d'où on l'extrait, au moyen de pompes, pour l'envoyer dans la chaudière. Cette disposition, qui évidemment est défavorable, est nécessaire dans tous les cas où la pression qui s'établit dans l'appareil par suite des condensations, s'oppose au retour direct de l'eau dans le géné. rateur.

Dans le mode de chauffage que nous venons de décrire, la vapeur est employée à basse pression: le manomètre du générateur indique constamment une pression de 12 à 25 centimètres de mercure au-dessus de la pres. sion atmosphérique. On est obligé de dépasser un peu cette limite, lorsqu'on commence le chauffage, afin de pouvoir chasser l'air de l'appareil et porter rapidement la vapeur aux points les plus éloignés du système. Mais dès que le chauffage est en activité, on ramène la pression au degré que nous avons indiqué. Ajoutons que, lorsque l'appareil a cessé de fonctionner, l'air rentre immédiatement dans les tuyaux et le générateur, et s'op. pose ainsi à la déformation ou aux ruptures que la pression extérieure produirait si elle n'était pas contre-balancée par une pression intérieure égale à la première. La rentrée de l'air s'effectue par un orifice placé sur le générateur ou sur un des tuyaux, et muni d'une soupape qui s'ouvre de dehors en dedans : ce petit appareil a reçu des ouvriers le nom de reniflard.

La description que nous venons de donner suffira pour faire apprécier le système du chauffage par la vapeur. Il a sur tous les autres d'incontestables avantages par la rapidité de l'action, par la facilité de la transmission qui peut s'étendre sur des points très-éloignés, etc.; mais il exige des frais d'installation très-élevés; les appareils se refroidissent 20

trop vite, et on peut difficilement régler la dépense du combustible sur l'effet utile qu'on veut obtenir.

Le système du chauffage par la vapeur est appliqué à Paris dans plusieurs grands éta blissements, parmi lesquels nous citerons la Bourse, l'Institut et les Néothermes.

CHAUFFAGE PAR L'EAU.

Imaginons une ligne de tuyaux, s'élevant à partir d'un point déterminé jusqu'à une certaine hauteur et descendant ensuite pour venir se terminer au point de départ, de manière à former un circuit continu et complet : si l'on suppose ce système entièrement rempli d'eau et partout à la même température, il est évident, d'après les lois de l'hydrostatique, que l'équilibre existera dans toute la masse liquide. Mais si, en un point du circuit et par une action continue, l'eau est échauffée, l'équilibre sera rompu : la couche échauffée s'élèvera en vertu de sa moindre pesanteur spécifique, et sera remplacée par une autre couche qui, s'échauffant à son tour, s'élèvera comme la première, et ainsi de suite, de telle sorte qu'il s'établira dans toute la masse un courant continu en vertu duquel les parties échauffées gagneront le haut de l'appareil, descendront en se refroidissant et seront enfin ramenées vers le foyer. La vitesse de ce mouvement dépend à la fois du développement et de la section du circuit, de la hauteur verticale à laquelle l'eau s'élève, etc.; l'expérience et la théorie prouvent qu'on peut la rendre assez considérable, en déterminant convenablement toutes ces conditions.

Le système que nous venons de décrire figure exactement les appareils employés pour le chauffage par eau. Ils se composent essentiellement d'un foyer sur lequel est placée une chandière. La partie supérieure de cette chaudière donne naissance à la branche ascendante du circuit qui, après un parcours plus ou moins prolongé, vient déboucher dans sa partie inférieure. Le foyer est situé au point le plus bas du circuit dont la branche ascendante sert uniquement à transporter la chaleur, tandis que la branche descendante, parcourant toutes les salles dont on veut élever la température, constitue le véritable appareil de chauffage. Quelquefois pourtant, on utilise la chaleur de la première branche comme celle de la seconde : mais il faut toujours que la distribution soit telle que la température moyenne soit moindre dans celle-ci que dans l'autre. Cette disposition, comme il est facile de le voir, diminue d'ailleurs la vitesse de circulation de l'eau.

Ces notions générales posées, passons à la description des apparcils. Nous parlerons

d'abord de ceux qui fonctionnent à basse pression.

A. L'usage de ces appareils suppose que le circuit ne s'élève pas à une grande hauteur et que la pression exercée, sur l'eau de la chaudière, par la colonne, ne dépasse point I atmosphère. Alors le liquide communique librement avec l'air extérieur, soit par la chaudière, quand elle est ouverte, soit, quand elle ne l'est pas, par le vase d'expansion qui sert, comme on le verra plus bas, à permettre la dilatation de la colonne et la sortie de l'air. On emploie une chaudière ouverte lorsque les tuyaux montent et reviennent sous une inclinaison très-faible, de manière que la distance verticale entre le point le plus haut et le point le plus bas du circuit ne dépasse pas ↑ mëtre tel est le cas qui se présente dans les serres où il n'y a qu'un étage et où les tuyaux courent à peu près horizontalement à une petite distance du sol. L'orifice de la branche ascendante s'ouvre au-dessous du niveau de l'eau dans la chaudière, et celui de la branche descendante au-dessous du premier. De cette manière, le circuit est encore fermé et la circulation s'opère comme nous l'avons dit. Mais il est clair que si l'on veut appliquer ce mode de chauffage à plusieurs étages à la fois, on doit alors se servir d'une chaudière entièrement close, comme l'est un générateur. Avec cette disposition, c'est par le vase d'expansion que l'eau communique avec l'atmosphère.

La capacité de la chaudière dépend de la masse d'eau en circulation: elle doit être, suivant M. Grouvelle, de 15 à 30 p. 100 du cube total des appareils de distribution. Quant à sa forme, elle varie suivant les localités et le système de circulation. Les chaudières ouver tes sont ordinairement circulaires et portent un couvercle mobile en cuivre; les chaudiè res closes sont construites comme les généra teurs et en ont la forme. Tous ces genres d'appareils sont, comme les suivants, en fonte, ou en cuivre et quelquefois en tôle.

Parmi les tuyaux qui forment le circuit, il faut distinguer ceux qui servent au chauffage et ceux qui servent simplement au transport. Les derniers ont généralement un diamètre moindre que les autres en tout cas ils doivent être assemblés avec soin et disposés de telle sorte qu'ils puissent supporter, sans se briser, les dilatations et les contractions auxquelles ils sont exposés successivement.

Venons enfin à la distribution de la chaleur, ou au chauffage proprement dit. Comment s'opère-t-il à l'aide de ces appareils? Comment échauffe-t-on une salle avec le courant d'eau chaude que le circuit y porte? A cet égard, les dispositions varient. Le plus souvent, on fait passer ce courant dans un vase métallique, qu'on place dans la salle même et qui échauffe

à la manière d'un poêle. L'eau arrive dans ces appareils, dits poéles d'eau, par la partie supérieure et en sort par le bas, disposition qui est prise afin que la circulation ne soit pas interrompue et qui permet de considérer ces récipients comme faisant partie du circuit. Quelquefois, on remplace les poêles d'eau par de simples tuyaux qui ont, comme nous l'avons dit, un diamètre supérieur à celui des tuyaux de transport. Ce mode de distribution économique doit être adopté toutes les fois qu'il est applicable, par exemple quand il s'agit de chauffer soit une serre, soit un atelier, soit des salles où l'on peut cacher les conduites d'eau. Enfin, et c'est l'usage le plus répandu en Angleterre, on peut employer la chaleur des tuyaux de distribution pour échauf fer l'air qui sert à la ventilation de la salle.

Il nous reste, pour achever notre description, à parler d'un appendice essentiel de ces appareils, qu'on désigne sous le nom de vase d'expansion. On conçoit facilement la destination de ce vase: il sert à recevoir le trop-plein des tuyaux quand l'eau qui les remplit se dilate par suite de l'élévation de température due au foyer en même temps, il offre une issue à l'air qui est toujours contenu dans l'eau, surtout quand on la met pour la première fois dans l'appareil. Le vase d'expansion, placé au point le plus élevé du circuit, est un simple tube branché sur le tuyau et ouvert à l'air libre: la colonne liquide s'élève dans ce tube quand elle se dilate, mais elle ne se déverse pas au dehors.

Quand on se sert des chaudières ouvertes, le vase d'expansion devient inutile comme vase d'expansion: mais il faut toujours pouvoir épuiser l'air qui se dégage de l'eau et s'accumule dans la partie culminante du circuit. On y place alors une petite pompe à air, que le chauffeur manœuvre quand cela est nécessaire.

B. Venons maintenant au chauffage par l'eau à haute pression. Il est employé dans tous les cas où le circuit a une grande hauteur, où, par suite, la charge supportée par la chaudière est considérable et la température supé rieure de beaucoup à 100 degrés. Le principe du système est, du reste, le même que précé demment, et, par conséquent, nous sommes dispensé d'entrer à ce sujet dans de grands détails.

M. Grouvelle, que nous continuons à suivre dans notre article, cite comme exemples de ce système les appareils de Perkins en Angleterre, et ceux établis à Paris par M. L. Duvoir pour le chauffage de la Chambre des Pairs. Décrivons rapidement les parties essentielles de ces appareils.

Il résulte d'abord de l'emploi des hautes pressions quelques modifications générales

dans la construction du circuit. Les tuyaux de transport et de distribution ont un diamètre moindre que ceux dont on se servait dans le cas précédent; ce qui tient à la plus grande vitesse de la circulation et à la température plus élevée du liquide. De là aussi la possibilité de tirer meilleur parti de la chaleur pour le chauffage de l'air des salles.

Dans le système de M. Duvoir, la chaudière est une cloche en fonte à double enveloppe, ayant à l'intérieur un foyer surmonté d'un cylindre creux qui contient aussi de l'eau. La flamme et la fumée de ce foyer servent en outre à chauffer de l'air qui est envoyé dans les salles. Les poêles d'eau sont formés d'une double capacité concentrique, dans laquelle vient passer l'air extérieur, en sorte que ces appareils remplissent le double objet des poêles à système que nous avons décrits plus haut. L'eau pénètre dans les poêles par un tuyau qui descend du vase d'expansion placé à la partie supérieure du circuit, et qui est muni ici d'une soupape de sûreté s'ouvrant sous une pression déterminée.

Dans les appareils de Perkins, les tuyaux sont en fer étiré et d'un petit diamètre. Tout le système, chaudière, circuit ascendant et descendant, poêles d'eau, est formé par ces tuyaux. La chaudière, par exemple, est composée par les spires de ces tuyaux contournés en hélice et placés au milieu d'un fourneau de briques. La même disposition fournit les poêles d'eau : ce sont des spirales très-serrées, formées par le circuit descendant dans une enceinte de métal, de pierre ou de bois : l'air extérieur ou l'air de la salle vient s'échauffer dans cette enceinte et en sort ensuite par de larges bouches grillagées.

Voici, d'après M. Grouvelle, les avantages du chauffage par circulation d'eau :

« Une simplicité remarquable de construction et de conduite; car il faut seulement un feu plus ou moins égal, tel que celui qu'on entretient dans un calorifère à air chaud ou dans un poêle, sans avoir besoin de s'occuper des appareils supérieurs. Pas d'alimentation, de surveillance, ni de nettoyage; une régularité extrême dans le chauffage, sans que la négligence, l'oubli du chauffeur même pendant plusieurs heures, puissent arrêter tout le service, puisqu'il s'opère simplement alors un abaissement proportionnel général et très-peu sensible dans la température de la circulation; enfin, une répartition très-égale de la chaleur sur de grandes longueurs.

«L'extrême facilité avec laquelle on peut modérer le chauffage (propriété qu'aucun au tre système n'offre au même degré), et le régler suivant les besoins du moment par la seule conduite du feu.

« L'abaissement de la température moyenne

de la circulation est presque sans limites, jusqu'au degré de la température ambiante : car, si léger que soit l'excès de température dans une partie de la colonne, il y produit une rupture d'équilibre et un mouvement. C'est une qualité précieuse et que ne possède aucun au⚫ tre système de chauffage.

K

Entin, le refroidissement des appareils avec la vapeur est presque instantané; il est trèsrapide avec l'air chaud. Avec la circulation qui fait mouvoir dans un seul circuit des masses d'eau considérables et chauffées à un haut degré, renfermant par conséquent de grandes quantités de chaleur, ce refroidissement est très-lent. . . . . . On emploie donc avec grand succès ce mode de chauffage dans les serres, où il faut une chaleur réglée et parfaitement égale, dans les prisons, dans les édifices publics destinés à de grandes réunions, surtout quand on peut faire circuler des tuyaux sous le sol ou sous un amphithéâtre : partout il donne des résultats également avantageux, même en employant la disposition généralement adoptée en Angleterre, de chauffer de l'air par une circulation d'eau, pour le distri buer ensuite dans les salles à chauffer, sans qu'il puisse se trouver jamais altéré, ni porté à une température supérieure à 50 ou 60 degrés. >>

Chauffage par la vapeur et l'eau.

Nous n'avons que très-peu de détails à donner sur ce nouveau système, qui a été proposé par M. Grouvelle pour le chauffage de la Nouvelle Force à Paris, et qui n'est point encore exécuté. Comme le nom l'indique, il consiste dans l'emploi de la circulation d'eau, mais de l'eau chauffée par la vapeur. Cette combinaison paraît avantageuse, en ce qu'elle réalise à la fois les avantages que nous avons reconnus aux deux modes de chauffage par la vapeur et par la circulation d'eau. Elle n'exige d'ailleurs qu'un seul foyer, tout en desservant un espace considérable, et permet de rendre le chauffage de chaque partie indépendant du chauffage des autres.

Ph. Grouvelle, Dictionnaire des arts et manufac tures, art. CHAUFFAGE.

Péclet, Traité de la chaleur appliquée aux arts.
Darcet, Mémoires, publiés par M. Grouvelle.
H. DÉZÉ.

CHAULAGE. Voyez BLÉ et CARIE. CHAUMONT EN BASSIGNY. (Géographie et Histoire.) Jolie ville de l'ancien Bassigny, aujourd'hui chef-lieu du département de la Haute-Marne.

Le nom de cette ville figure dans l'histoire dès l'année 961, époque où le roi Lothaire y passa à son retour de Bourgogne; ce n'était

alors qu'un bourg fortifié par un château. Elle faisait depuis longtemps partie des domaines des comtes de Champagne, lorsque l'un d'eux, Henri, deuxième du nom, lui accorda, par une charte de 1190, la coutume de Lorris. Une prévôté y fut établie en 1202, et Chaumont commença dès lors à prendre quelque impor. tance. Chaumont était alors protégée par un château fort, séparé de la ville, et dont il ne reste plus aujourd'hui que les débris d'une grosse tour carrée. Les remparts dont la ville était environnée furent construits en 1500, par ordre de Louis XII. François 1er et Henri II y ajoutèrent quelques bastions; mais tout cela est maintenant à peu près détruit. Chaumont était, avant la révolution, le chef-lieu d'une élection et d'un bailliage et présidial. Elle possède aujourd'hui des tribunaux de première instance et de commerce, une société d'agriculture et un collége communal. Sa population est de 6,347 habitants.

C'est une assez jolie ville, où l'on remarque l'église Saint-Jean, l'hôpital, l'hôtel de ville, un arc de triomphe, un cabinet de physique et une bibliothèque de 35,000 volumes.

On y fabrique des bas de laine, des gants de peau, des étoffes communes, des bougies. Il y a des filatures de coton et de laine, une blanchisserie de cire, une raffinerie de sucre de betteraves. Aux produits de ces manufactures, qui alimentent le commerce, il faut joindre le fer et la coutellerie.

Chaumont est la patrie du célèbre sculpteur Bouchardon, et de Decrès, qui fut ministre de la marine.

Le 1er mars 1814, dix-neuf jours avant la rupture du congrès de Châtillon, un traité fut signé à Chaumont entre l'Angleterre, l'Autriche, la Prusse et la Russie. Ce traité, bien qu'il parût dirigé seulement contre Napoléon, dont il ruinait les espérances renaissantes, devait devenir funeste à la France, et même à tous les peuples de l'Europe ameutés alors contre nous. Ce fut une ébauche de la Sainte-Alliance. Les plénipotentiaires étaient lord Castlereagh pour l'Angleterre, le prince de Metternich pour l'Autriche, le baron, depuis le prince de Hardenberg, pour la Prusse, le comte de Nesselrode pour la Russie. Chacune des grandes puissances s'engageait à fournir le quart d'une armée de six cent mille hommes, et à ne pas traiter séparément avec l'ennemi commun. L'Angleterre payait aux autres nations un subside de cinq millions de livres sterling. Cette quadruple alliance était conclue pour vingt années. Une des particularités qui prouvent que les contractants n'étaient de bonne foi ni envers la France, ni envers leurs peuples, ni les uns envers les autres, c'est que chacune des quatre puissances traita séparément avec les trois autres, bien que

l'alliance fût commune et les conventions identiques.

G.

CHAUVE-SOURIS. (Histoire naturelle.) Nom vulgaire appliqué à la famille des CHEIROPTÈRES. Voyez ce mot.

E. D.

CHEF-D'OEUVRE. A ce mot, qui ne souhaiterait évoquer l'ombre des grands citoyens, par le bienfait desquels les nations ont été illustrées et conduites des ténèbres de l'ignorance aux jouissances de l'esprit et de la raison? Qui ne voudrait faire comparaître devant soi le génie des âges anciens, et le sommer de nous révéler le secret de ces hautes conceptions qui ont charmé les races contemporaines! Est-il des terres chéries des cieux, sur lesquelles, par privilége, agisse une force de création? Est-il, au contraire, des climats et des zones qui lui soient moins propices? Les temps et les conjectures, le calme et l'agitation civile, les mœurs et les usages, les cultes et les formes des gouvernements, auraient-ils le droit de hâter ou de retarder l'apparition de ces brillants travaux, par lesquels les peuples aiment à se survivre? Quelles sont les parties des arts et des sciences dans lesquelles la main et l'esprit puissent se flatter d'atteindre aux conditions du BEAU? Enfin, quelles sont les qualités propres à constituer les chefs-d'œuvre? Telles sont les questions que remue dans la pensée le mot qui nous occupe; et, il faut l'avouer, pour y répondre, il faudrait des volumes: car l'histoire des grandes choses qui ont paru sur la terre, soit que nous en soyons encore en possession, soit qu'il ne nous en reste que le souvenir, serait, à parler exactement, celle des peuples auxquels appartient le droit d'en revendiquer l'honneur. Aussi nous contenterons-nous d'examiner, dans un petit nombre de pages, une seule des faces de ce sujet, trop brillant et trop vaste pour être la matière d'une discussion limitée. Ce qu'il renferme de relatif et d'absolu fixera principalement notre attention.

Il a été remarqué, par les plus habiles naturalistes, qu'en dehors de certaines latitudes de froidure et de chaleur, la vie végétale et animale expire; nous serions tenté de resserrer encore plus le cercle dans lequel s'exerce l'énergie créatrice de l'homme. Son existence n'est qu'une végétation languissante dans les climats âpres des deux pôles, et sur les sables desséchés de l'Afrique. Pour produire, en quelque genre que ce soit, il faut avoir en soi une exubérance de moyens physiques ou moraux; rien ne surabonde chez le Samoyède, chez le Lapon, le Groenlandais, l'habitant du Malabar et celui de la côte de Guinée. Les concrétions glaciales, dont les uns sont entourés, arrêtent en eux toute ex

pansion organique et intellectuelle; un soleil enflammé, en pompant chez les autres toute humidité radicale, jette leur être dans la prostration. Ainsi les deux températures extrêmes ne produiront rien de grand sous le rapport des arts et des sciences; le Ciel ne l'a pas voulu. Si néanmoins le voyageur étonné ren. contrait quelques monuments dignes d'arrêter ses pas, dans ces contrées que l'astre du jour éclaire avec épargne ou dévore de ses feux, à défaut du passage momentané d'une tribu voyageuse, il pourrait se dire que des révolutions physiques y ont changé les cli

matures.

Ce que les excès de la chaleur et principalement du froid sont à la race humaine et aux autres productions végétales et animées, les gouvernements le sont aux productions du génie de l'homme.

Toutefois les peuples sans gouvernement ne sauraient laisser de traces sur la terre; gardez-vous de leur demander des livres, des tableaux et des statues; n'en exigez ni voûtes suspendues sur les fleuves, ni fleuves suspendus dans les airs par des aqueducs, ni temples où la pensée, en s'isolant de la nature, s'agrandisse par son élan vers l'auteur de tout ce qui existe; n'en attendez pas davantage ces puissants effets de représentations théâtrales qui ont lieu alors que toute une cité a mis en commun ses terreurs et son amour, pour s'affliger ou se réjouir par le spectacle des anciens âges! Pour que ces magiques résultats aient lieu, il faut des sociétés formées; il faut des fusions d'intérêts; il faut des réunions fréquentes, dans lesquelles le sentiment des belles choses se propage et frappe ins tantanément, comme le fluide électrique qui circule dans une chaîne de spectateurs; il faut même des jouissances domestiques, lesquelles, quoique douces dans leur caractère privé, ne sont en dernière analyse que le produit d'efforts communs vers une perfection sociale; car l'individualité sera toujours stérile de sa nature.

Le gouvernement d'un despote centralise les forces physiques et purement matérielles des peuples, mais il abat leurs forces morales; ainsi, sous la verge du pouvoir absolu, vous verrez s'étendre en blocs énormes et dans un long espace les rochers superposés de la muraille qui protége la Chine contre les irruptions des Tartares; Thèbes ouvrira ses cent portes à des chariots menaçants; les pyramides d'Égypte pèseront sur la terre comme l'autorité qui entassa leurs larges assises, et la lourde architecture de quelques temples du moyen âge attristera plus l'âme qu'elle ne l'élèvera vers l'Éternel. Des carrières auront été transportées, déplacées; vous aurez des masses où elles n'étaient pas; mais

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