Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

qu'ailleurs forment une sorte de collerette. Les pieds sont très-larges et leurs dimensions indique une grande force dans le lynx, qui attaque jusqu'aux cerfs et qu'on peut appeler le tigre européen. Sa queue est fort courte, relevée, avec l'extrémité noire. Ses oreilles sont terminées par des pinceaux formés de longs poils comme chez l'écureuil. L'excellence et la vivacité des yeux du lynx ont été fort exagérées on a été jusqu'à dire que le regard de ces animaux, perçait à travers les corps opaques.

Le CARACAL, d'un roux-vineux, haut sur jambes, d'une forme très-svelte, avec les oreilles noires, dont le pinceau terminal s'allonge plus que chez tout autre, est assez commun en Barbarie; on le retrouve jusque dans l'Inde nous avons eu l'occasion d'en observer plusieurs jusque dans les environs d'Alger, où quelques chasseurs le prenaient pour le lynx. Sa chair est exquise, et, cuite à point, c'est l'un des meilleurs mangers qui se puissent imaginer.

Le CHAUS, habitant des marais, se rencontre aux mêmes lieux que le précédent; la couleur plus foncée de ses pattes le fit nommer lynx botté par le voyageur Bruce.

Le LYNX DU CANADA et le CHAT-CERVIER des fourreurs, tous deux habitants de l'Amérique septentrionale, sont les autres espèces du genre dont il vient d'être question, et qui complètent la division des lynx, c'est-à-dire des chats dont les oreilles sont terminées par des pinceaux.

M. Temminck, zoologiste hollandais, a publié une excellente monographie du genre chat; nous y renverrons le lecteur.

BORY DE SAINT-VINCENT.

CHAT-HUANT. (Histoire naturelle.) Division formée dans le genre naturel des CHOUETTES. Voyez ce mot.

E. D.

CHATAIGNIER. (Économie forestière et agricole.) Genre de plantes de la famille des cupulifères, dont on connaît trois espèces : le châtaignier commun, castanea vulgaris Lamarck; le châtaignier d'Amérique, castanea vesca Linné; le châtaignier chincapin, castanea pumila Linné.

Le châtaignier commun, le seul qu'on trouve dans les forêts en France et même en Europe, est un arbre de première grandeur, remarquable par son port majestueux, son beau feuillage, les qualités de son bois, l'abondance et la bonté de son fruit. Ses racines, fortes et nombreuses, ont toutes une tendance à pivoter, et s'enfoncent souvent dans le sol jusqu'à un mètre de profondeur et au delà. Ses feuilles, larges, dentées, lancéolées et d'un vert clair, fournissent un épais couvert. Ses

fleurs sont monoïques et quelquefois incomplétement polygames : les fleurs måles sont disposées en glomérules, entourés d'écailles, et forment des chatons filiformes interrompus; elles exhalent, à l'époque de leur maturité, une forte odeur spermatique; les fleurs femelles sont renfermées au nombre de une à cinq dans un involucre, qui, après la fécondation, se développe avec le fruit, et forme cette enveloppe fructifère, épaisse, coriace, épineuse à l'extérieur, soyeuse à l'intérieur, qui renferme de une à trois châtaignes et que l'on nomme vulgairement le hérisson. Les feuilles paraissent de bonne heure au printemps; mais ce n'est que dans les mois de juin ou juillet que naissent les fleurs : la maturité du fruit n'a lieu que vers la fin d'oc tobre ou le milieu de novembre.

Le bois du châtaignier a une grande analogie avec celui du chêne pédonculé; la disposition des fibres longitudinales, la qualité du grain, la couleur sont à peu près les mêmes; mais les irradiations transversales, trèsapparentes dans le chêne, sont fort difficiles à apercevoir dans le châtaignier, ce qui suffit toujours pour les distinguer. Comme le chêne, le châtaignier est propre à la charpente, à la menuiserie, aux ouvrages de fente; exposé à l'air il devient cassant en vieillissant; il est également sujet à la vermoulure intérieure tout en conservant une apparence extérieure de solidité qui trompe l'oeil le plus exercé; mais, sous l'eau, ou en terre, il dure des siècles, et il pourrait être avantageusement employé pour les constructions sur pilotis, sur tout pour les conduites souterraines. Peu exposé à se resserrer ou à se gonfler, il est également très-propre à la fabrication des douves en Italie, on lui donne, pour cet usage, la préférence sur le chêne.

Dans sa jeunesse le bois de châtaignier est très-liant; il n'en est pas de meilleur pour faire des cercles. Plus tard il fournit du treillage, des pieux et des échalas qui durent beaucoup plus longtemps que ceux de chêne et de tout autre bois. Aussi dans les localités où ces produits ont des débouchés, cette essence, exploitée en taillis à courtes révolutions, estelle la première et la plus lucrative des essences forestières. Pour le chauffage, le châtaignier est pen estimable: il pétille beaucoup, lance an loin des tisons, se couvre de cendres et donne peu de flamme. Son charbon s'éteint presque instantanément lorsqu'on l'isole à l'air, ce qui le rend peu propre aux usages économiques; mais, en revanche, il parait fort estimé dans certaines forges, comme en Biscaye.

Comme arbre fruitier, le châtaignier offre encore un puissant intérêt : il est véritablement l'arbre à pain des montagnes du centre

de la France, dont il nourrit les misérables habitants pendant six à sept mois de l'année. Fraîche ou séchée, grillée ou bouillie, la châtaigne forme un aliment sain, nourrissant et agréable, qui, pour beaucoup de familles, tient lieu de pain et de viande. Elle est aussi trèsutile pour l'alimentation des animaux : crue, cuite ou macérée, elle est mangée avec plaisir par le cheval, lui donne de la force et de la vigueur, et peut le refaire en peu de temps; le porc, les ruminants, les oiseaux de basse-cour, en sont également friands; elle les nourrit parfaitement, les engraisse même, et produit toujours une excellente viande. Enfin, concassée et torréfiée, elle est employée seule ou mélangée avec de la betterave, comme succé. danée du café. L'involucre épineux ou hérisson est lui-même mangé par le bœuf, et il est fort utilement employé, comme combustible, pour enfumer et sécher la châtaigne. La feuille, enfin, par sa décomposition, forme un excellent terreau, et fournit une bonne litière pour recueillir les excréments des animaux.

Le châtaignier se trouve partout en France, excepté dans les départements du Nord. Les régions qui en possèdent le plus sont les anciennes provinces de l'Alsace, de la FrancheComté, du Dauphiné, de la Corse, de la Provence, du Languedoc, du Lyonnais, de l'Auvergne, du Périgord, du Limousin, de la Marche et de la Bretagne. Il semble se plaire particulièrement sur les coteaux, à la base et jusqu'à la hauteur moyenne des montagnes aux expositions du nord-est et de l'est; celles du sud et du nord lui sont souvent funestes à la première, sa végétation hâtive l'expose aux gelées printanières; à la seconde, il souffre des froids rigoureux de l'hiver. Un climat chaud donne de la solidité à son bois et de la qualité à son fruit. Les plus belles châtaigneraies de France se rencontrent sur les terrains granitiques, les détritus de gneiss et de micaschistes, les grès vosgiens, les terrains ardoisiers et les diverses formations de grès du terrain supercrétacé. Il affectionne les terres sablonneuses, profondes et substantielles; les sols compactes, humides et marécageux lui sont contraires.

La croissance du châtaignier est très-rapide et se soutient longtemps; ses dimensions à l'age de 80 à 90 ans sont déjà celles d'un chêne de 130 à 140 ans. Il peut vivre plusieurs siècles et acquérir des dimensions colossales; mais arrivé à un certain age, il tend toujours à se creuser, sans que toutefois ses fruits diminuent ou perdent de leur qualité. Le plus gros châtaignier que l'on connaisse est celui des cent chevaux près du mont Etna: moins de cinquante mètres de circonférence, et la tradition du pays rapporte qu'une reine de Sicile et sa suite, composée de cent cavaliers,

n'a pas

purent se mettre à l'abri sous son feuillage. Le châtaignier se reproduit facilement de semence; son jeune plant est robuste dès sa naissance et ne prospère pas à l'ombre. Pour obtenir du bois de charpente ou de menuiserie, etc., on l'aménage en futaies exploitées à 80 ou 90 ans; les taillis de 7 à 10 ans donnent du cercle et du treillage; ceux de 10 à 15 ans fournissent des échalas et des pieux, etc. Dès 15 et 20 ans les brins de souche donnent du fruit, et leur végétation commence à se ralentir; de sorte qu'il y a rarement avan. tage à prolonger au delà la durée des taillis.

Cultivé pour son fruit, le châtaignier doit être borné dans son accroissement en hauteur, et présenter une belle tête arrondie et bien équilibrée. Les châtaignes se développant toujours vers l'extrémité des ramifications, il importe de laisser entre les arbres une distance assez grande pour que les branches ne se touchent point. Cette distance est variable; mais en moyenne, elle ne doit pas être inférieure à 8 ou 10 mètres. Lorsque les châtaigniers commencent à se couronner, on les rajeunit en recepant les branches à quelques centimètres du tronc pour provoquer la sortie de nouvelles ramifications.

Considéré comme arbre fruitier, le châtaignier présente un grand nombre de variétés, ne se reproduisant que par la greffe et différant entre elles par le port, la forme et la couleur du feuillage, la qualité, l'abondance, la grosseur, la précocité plus ou moins grande du fruit; on peut les grouper toutes en deux races principales: le chataignier proprement dit, castanea vesca vulgaris, et le marronnier, castanea vesca macro-carpa. Le marron diffère de la châtaigne par sa forme plus arrondie, sa saveur ordinairement plus agréa ble, et par une moindre largeur de l'ombilic. Il serait bien difficile de donner une nomenclature complète et exacte des variétés appartenant à l'une ou à l'autre de ces deux races: elles n'ont point reçu de noms scientifiques, et la même variété porte un nom différent dans chaque contrée où elle est cultivée. Nous citerons seulement, comme estimées à Paris, les variétés suivantes, parmi les châtaignes : la Printanière, la Verte du Limousin, l'Exalade, la Portalonne, etc.; parmi les marrons le marron de Lyon, le marron du Luc, le marron d'Aubray, qui sont l'objet d'une exportation considérable, et le petit marron du Périgord, etc.

La récolte des châtaignes a lieu en octobre ou en novembre. On peut les conserver fraîches pendant six ou sept mois en les stratifiant avec du sable, ou bien on les fait sécher et on les conserve ensuite dans un grenier en tas peu épais. Dans beaucoup de localités, après leur dessiccation, on les foule pour les débar

[merged small][merged small][ocr errors]

rasser de leur périsperme, et on obtient ainsi la châtaigne blanche, qui peut se conserver longtemps et que l'on consomme en la faisant cuire dans l'eau ou dans du lait; on peut aussi la convertir en une espèce de farine, qui, entassée dans des pots de grès, se conserve deux et trois ans et avec laquelle on fait des polentas, des galettes plus ou moins agréables.

Dictionnaire d'agriculture, édition Déterville. Maison rustique du dir-neuvième siècle. Lorentz et Parade, Traité élémentaire de la culture des bois; Nancy, 1837.

Salomon, Culture du châtaignier en Alsace, dans les Annales forestières, janvier 1843.

F. AUREILLE.

CHATEAUDUN. ( Géographie et Histoire.) Castellum Dunum, Castrum Dunense, Cas. trum Dunii (1). Ancienne capitale du comté de Dunois, aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement du département d'Eure-et-Loir, à quarante-huit kilomètres de Chartres.

Située sur une hauteur au pied de laquelle coule le Loir, Châteaudun porta aussi le nom de Rupes-Clara ou Urbs-Clara (2). Aimoin la mentionne dans la vie de Sigebert, et Grégoire de Tours dans celle de Gontran. Le premier des vicomtes particuliers de Châteaudun fut Geoffroy Ir, fils de Warin de Bellesme et petit-fils de Guillaume Ier, comte d'Alençon. Geoffroy Ier fut assassiné vers 1041. Son successeur fut son fils Rotrou Ier, mort vers 1066. Celui-ci fut le sixième ou septième aïeul de Geoffroy IV, mort vers 1248, dont la fille puinée Clémence porta cette vicomté dans la maison de Dreux, d'où elle passa successivement par mariage dans celles de Clermont, de Flandre et Craon.-Jean de Craon, grand échanson de France, dix-huitième vicomte de Châteaudun, fut tué en 1415, sans laisser de postérité. Alors la vicomté de Châteaudun revint à Charles, duc d'Orléans, qui, en 1439, la donna avec le comté de Dunois à son frère naturel Jean, bátard d'Orléans.

Au dix-huitième siècle, Châteaudun, capitale du Dunois et chef-lieu d'un bailliage, avait une abbaye royale de l'ordre de Saint-Augustin, dont on attribuait la fondation à Charlemagne. Le château, remarquable par la hardiesse de sa construction, est accompagné d'une grosse tour bâtie, suivant les traditions locales, par Thibaud le Vieux ou le Tricheur, en 935. Le reste des constructions est dû aux comtes de Dunois, ducs de Longueville (quinzième siècle). Châteaudun fut presque entièrement détruit par un incendie, en 1723. Les environs de cette ville furent, en 1183, le théâtre d'un massacre épouvantable des bandes dévastatrices des Brabançons, Cottereaux, etc. Les Capuciès y rencontrèrent une troupe (1) Dun, hauteur, en celtique.

[ocr errors]

(2) Ville-claire, que l'on aperçoit de loin.

[blocks in formation]

considérable de ces aventuriers; ils en tuèrent sept mille sur la place, et firent un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouvaient quinze cents filles de joie que ces brigands traînaient à leur suite. Ces malheureuses furent impitoyablement brûlées avec les aventuriers à la fortune desquels elles avaient lié la leur.

Châteaudun a donné le jour à plusieurs hommes célèbres, entre autres, à Lambert-li Cors, qui commença, avant Alexandre de Paris, le poëme de l'Alexandride; et à l'orfévre Jean Toutain, l'un de nos plus habiles peintres en émail.

La population de cette ville est aujourd'hui de 6,680 habitants.

G.

CHATEAU-THIERRY. (Géographie et Histoire.) Castrum Theodorici. Suivant une an cienne tradition, cette ville doit son origine à un château fort que Charles-Martel fit construire pour garder le roi Thierry IV. Ce château, ter. miné vers l'an 730, resta au domaine royal jusqu'à ce que Louis le Bègue l'eut donné à Hébert I, comte de Vermandois, dont les successeurs le conservèrent jusqu'en 945, époque où il passa à Richard, comte de Troyes.

En 1231, la ville de Château-Thierry obtint du comte de Champagne une charte de commune, et ses franchises furent confirmées en 1301 par Philippe le Bel. En 1303, eut lieu dans cette ville une assemblée des grands du royaume.

Château-Thierry dut à sa position importante comme place de guerre de nombreuses vicissitudes. Prise en 998 par Raoul, duc de Bourgogne, elle fut reprise la même année par le comte de Vermandois, et tomba l'année suivante au pouvoir de Raoul et de Hugues, ducs de France. Les Anglais l'assiégèrent inu. tilement en 1371; ils parvinrent à s'en emparer en 1421, et en furent chassés quatre ans après. Charles-Quint l'attaqua, et la prit en 1545. Durant les guerres de la Ligue, elle fut emportée d'assaut, en 1591, par les Espagnols, qui y commirent les plus grandes cruautés. Elle se soumit à Henri IV en 1595, et vingt ans après elle se rendit au prince de Condé et au duc de Bouillon. Rentrée sous l'obéissance du roi en 1616, elle fut prise et pillée en 1652, pendant les guerres de la Fronde. Lors de la guerre d'invasion, en 1814, Château-Thierry eut horriblement à souffrir du passage des ennemis, qui, dans les premiers jours de février, la livrèrent trois fois au pillage. Le 12 février, eut lieu sous ses murs, entre les troupes de la coalisation et l'armée française, commandée par Napoléon, un combat auquel elle a donné son nom.

Château-Thierry, qui, avant la révolution, faisait partie de la Brie champenoise, était le chef-lieu d'une élection et le siége d'un bailliage et d'un présidial. C'est aujourd'hui l'un des chefs-lieux d'arrondissement du départe

585

CHATEAU-THIERRY - CHATELLERAULT

ment de l'Aisne. Il possède un tribunal de première instance, un collége communal et une bibliothèque publique.

La ville est dans une situation agréable, bâtie en amphithéâtre sur le penchant d'un coteau. Elle possède deux sources d'eaux minérales ferrugineuses, qui attirent beaucoup de malades pendant la belle saison.

Sa population est de 4,995 habitants.

Il y a des fabriques de toiles, des tanneries, des faïenceries. Il s'y tient des foires considérables, dont une surtout est très-importante pour la vente des bêtes à laine.

Château-Thierry est la patrie de Gauthier, évêque de Paris, mort en 1240; de saint Thierry, évêque d'Orléans, du peintre Revel, du médecin Mentel, enfin de Jean la Fontaine.

A. E. Poquet, Histoire de Château-Thierry; 183940, 2 vol. in-8°.

G.

CHATELET. C'est le nom que l'on donnait autrefois à la justice royale ordinaire de la ville de Paris. L'auditoire de cette juridiction se tenait dans une vieille forteresse, dont les restes n'ont définitivement disparu qu'au commencement de notre siècle. Elle s'élevait sur l'emplacement qu'occupent aujourd'hui la place du Châtelet et le Pont au Change. Ce fut Jules César qui, dit-on, la construisit pour y établir le conseil souverain des Gaules. En effet, la tradition avait laissé le nom de Chambre de César à l'une des chambres de la grosse tour du Châtelet; et en 1736, on voyait encore au-dessus de l'ouverture d'un bureau, sous l'arcade de cette forteresse, une table de marbre contenant ces mots : Tributum Cæsaris. C'était là sans doute que se centralisaient tous les impôts des Gaules, usage qui semble s'être perpétué, puisqu'un arrêt du conseil de 1586 fait mention des droits domaniaux accoutumés être payés aux treillis du Châtelet.

Les comtes de Paris habitèrent primitivement le Châtelet; mais dès le douzième siècle, leurs prévôts les avaient remplacés dans cette demeure. Vers cette même époque, tous les offices du Châtelet se donnaient à ferme, ainsi que cela se pratiquait dans les provinces. Mais les exactions et les désordres s'y multiplièrent bientôt à un tel point, que saint Louis, en 1254, fut obligé de changer complétement l'état de cette juridiction. Il vint siéger plusieurs fois lui-même, comme simple juge, au Châtelet, ainsi que le prouve le dais surmontant un siége royal, qui subsista longtemps dans le lieu des séances de ce tribunal, le seul qui eût une semblable prérogative.

Le même roi institua un prévôt de Paris en titre; ce magistrat s'adjoignit des conseillers, des enquêteurs-examinateurs, des lieutenants,

586

et divers autres officiers. Le bailliage de Paris, créé en 1522 pour la conservation des priviléges royaux de l'université, fut réuni, en 1526, à la prévôté de Paris. Enfin, en 1551, le Châtelet fut érigé en présidial, c'està-dire, en tribunal connaissant en première instance de certaines affaires considérables, et en appel, des contestations soumises aux justices seigneuriales. Mais en 1674, le roi supprima, à Paris, toutes ces justices, ainsi que les bailliages, et les réunit au Châtelet, qu'il divisa en deux siéges, appelés l'ancien et le nouveau Châtelet, distinction qui disparut par ordonnance de 1684. Il serait fort difficile de préciser toutes les espèces de juridictions établies au Châtelet elles étaient nombreuses et variées comme les usurpations du régime féodal, dont elles procédaient. Elles furent toutes supprimées par la loi du 7 septembre 1790, qui créa les tribunaux de première instance.

Il y avait aussi des Châtelets à Orléans et à Montpellier, et leur juridiction était analogue à celle du Châtelet de Paris.

D. CHATELLERAULT. (Géographie et Histoire.) Castrum Heraldi. Ville de l'ancien Poitou, aujourd'hui chef-lieu de sous-préfecture du département de la Vienne.

Cette ville tire son nom d'un de ses anciens seigneurs nommé Héraud, qui y fit bâtir un château dont il ne reste plus aucun vestige aujourd'hui. Ses premiers possesseurs portaient le titre de vicomtes. En 1514, elle fut érigée en duché-pairie en faveur de Gilbert de Bour. bon, comte de Montpensier, auquel elle était venue par héritage de la maison d'Armagnac. Mais quelques années après, elle fut réunie à la couronne par l'arrêt de confiscation prononcé contre le frère de Gilbert, le célèbre connétable de Bourbon. En 1584, Henri III l'engagea, avec le même titre de duché, à François de Bourbon, duc de Montpensier. Lors de la révolution, elle était possédée par le duc de la Trémouille, à titre d'engagement. La ville de Châtellerault, qui était jadis une place forte, fut plus d'une fois, pendant les guerres de religion, prise et reprise par les protestants et les catholiques. C'était, au moment de la révolution, le chef-lieu d'une sénéchaussée. Cette ville possède aujourd'hui des tribunaux de première instance et de commerce et une société d'agriculture. Sa population est de 9,904 hab. On y remarque un beau pont sur la Vienne, dont la construction est attribuée à Sully, et une célèbre manufacture d'armes blanches. Citons encore l'église catholique de Saint-Jean et la tour de l'église Notre-Dame, la promenade publique, la salle de spectacle.

On fabrique à Châtellerault une quantité considérable de coutellerie renommée, de

l'orfévrerie, de la quincaillerie, des dentelles. Le commerce y est actif et florissant.

Creuzé Latouche, Description topographique du district de Chdtellerault; 1790, in-8°.

CHATILLON-SUR-SEINE. ( Géographie et Histoire.) Petite ville de l'ancienne Bourgogne, aujourd'hui chef-lieu de l'un des arrondissements du département de la Côte-d'Or. L'existence de cette ville remonte à une époque très-reculée, et l'on pense qu'elle prit naissance au quatrième ou au cinquième siècle. Elle formait autrefois deux villes distinctes, séparées par deux bras de la Seine, par des murs, des fossés et des portes. L'une portait le nom de Bourg, et l'autre était nommée Chau. mont. Elles avaient chacune leur château. Mais elles sont réunies depuis longtemps. Le comté de Châtillon-sur-Seine fut réuni de bonne heure au duché de Bourgogne, dont il ne fut jamais démembré, et avec lequel il fut réuni à la couronne.

Les ducs de Bourgogne de la première race avaient choisi pour séjour habituel la ville de Châtillon, où l'on voit encore des restes du château qu'ils avaient fait construire. Cette ville était regardée avant la révolution comme la capitale de la contrée connue sous le nom de Pays de la montagne; c'était le siége d'un bailliage considérable. Elle possède aujourd'hui des tribunaux de première instance et de commerce, et une bibliothèque publique de 7,000 volumes. Elle est dans une situation pittoresque et jouit d'un climat trèssain. Les édifices les plus remarquables sont l'hôtel de ville, le nouveau palais de justice, les églises Saint-Nicolas et Saint-Vorle, le château du quartier de Chaumont.

L'industrie est riche, variée, le commerce florissant.

La population est de 4,779 habitants. Cette ville est la patrie de Philandrier, de Petiet, ancien ministre de la guerre, et du maréchal Marmont, duc de Raguse.

Châtillon-sur-Seine est célèbre par le congrès qui porte son nom, ouvert le 4 février 1814, deux jours après la bataille de Brienne. Ce congrès n'était, pour les rois étrangers, qu'un moyen de gagner du temps. Ils prétendaient imposer à Napoléor les conditions les plus humiliantes, lorsque les victoires de Champ-Aubert, de Montmirail et de Nangis vinrent les en faire repentir. Le but de l'empereur, dans ces négociations, était de séparer l'Autriche de la coalition. Le funeste traité de la Quadruple-Alliance, conclu à Chaumont le 1er mars ( Voyez CHAUMONT), it évanouir cette espérance. Les négociations de Châtillon continuèrent néanmoins, jusqu'au moment où les alliés jugèrent que leurs ma noeuvres avaient employé assez de temps, et

que le parti des Bourbons avait eu suffisam. ment le loisir de grandir à Paris. Alors (le 18 mars), ils déclarèrent que les négociations étaient terminées par le fait de la France.

CHAUDIÈRE. (Technologie.) L'emploi des chaudières est extrêmement fréquent dans les arts utiles. Elles servent pour la cuisson des drogues, de la bierre, etc., et pour l'évaporation, comme dans les machines à vapeur, les calorifères, la distillation, etc. Leurs formes, qui varient selon l'usage auquel elles sont affectées, doivent toujours être telles, qu'elles donnent le meilleur emploi du combustible avec la plus grande commodité du service. C'est en leur donnant une grande étendue de surface de chauffe, c'est-à-dire de surface exposée au feu, qu'on approche le plus du meilleur emploi du combustible; mais, comme toute la surface de chauffe n'est pas également efficace, et que c'est celle qu'on appelle directe, c'est-à-dire qui est frappée dans une direction normale par la flamme du foyer, qui l'est le plus, c'est surtout de celle-là qu'il est essentiel d'augmenter l'éten due.

Les chaudières sont des cylindres ouverts par le haut pour la cuisson des aliments, et des calottes sphériques pour la fabrication de la bierre. Pour les machines à vapeur, c'est tantôt un seul cylindre; tantôt un cylindre plus gros communiquant avec un ou plusieurs autres beaucoup plus petits; tantôt un seul cylindre qui en contient intérieurement un ou plusieurs qui servent de foyer; tantôt enfin c'est un cube, comme dans les grands appareils de bateau.

Les chaudières des premières machines à vapeur étaient sphériques. Cette forme était la plus avantageuse sous le rapport de la solidité; mais, comme c'est celle qui a la plus petite étendue de parois, c'est celle qui offre le moins de surface de chauffe; et, cet inconvénient étant loin d'être compensé par l'avantage de la plus grande solidité, on y a renoncé aussitôt qu'on a su combien il importe d'avoir la plus grande étendue possible de surface de chauffe. Alors, on leur a donné la forme d'un prisme dont la section perpendiculaire à l'axe est une surface, limitée inférieurement et latéralement par des courbes concaves, et à la partie supérieure par un arc de cercle convexe. Watt a donné le nom de chaudière à tombeau à ce prisme. Le foyer est en dessous. La flamme se promène sur toute la longueur de la surface inférieure; ensuite elle revient, en suivant un carneau (conduit), échauffer les surfaces latérales de gauche et de droite avant de passer dans la cheminée. La chaudière présente ainsi une trèsgrande surface de chauffe, puisqu'elle est ex posée à la flamme sur trois de ses côtés, les

« ZurückWeiter »