Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

En allant au sud, le pays présente un aspect enchanteur; ce sont partout des champs fertiles et des bocages frais; les villages et les villes sont sur des rivières, dans de jolies vallées. Punta de Galle, ville considérable et la troisième de l'île, a un très-beau port, dont l'entrée est difficile. Matouré, plus à l'est, est dans un canton agreste où l'on prend beaucoup d'éléphants. Un peu à l'est de Matouré, cessent les bosquets de cannelliers; la côte présente ensuite beaucoup de marais salants, au delà desquels s'élèvent des forêts remplies de bêtes féroces; le pays n'est pas très-peuplé; des Vadasses habitent aussi ces bois im

menses.

Baticala n'a qu'un petit port; le rivage, dans cette partie de l'île, est très-escarpé; le fort est sur un rocher isolé. Le dernier roi de Candy fut pris sur une montagne des envi

rons.

Le royaume de Candy était, comme on l'a déjà dit, séparé du territoire européen par des déserts, des forêts et des montagnes. Candy, sa capitale, est à 25 lieues à l'est-nord-est de Colombo, et à 32 lieues au sud-ouest de Trinquemalé, située au centre de plusieurs collines escarpées et couvertes de forêts épaisses, sur un rocher que le Mahavelli-Ganga entoure presque entièrement. Elle ne consistait qu'en une rue bordée de cabanes chétives, et terminée par le palais, qui n'avait rien de remarquable. Le climat y est assez frais; la hauteur moyenne du thermomètre est de 18 degrés.

Plusieurs fois les Européens s'étaient emparés de Candy; alors le roi se réfugiait dans les parties les plus inaccessibles de ses États. De fortes haies d'arbres épineux, dont les branches s'entrelaçaient, coupaient les défilés par lesquels on pouvait arriver à la ville, et en formaient la principale défense; car elle n'avait qu'un mur en terre.

Le roi ne donnait audience aux ambassadeurs étrangers qu'à la lueur des flambeaux, à l'extrémité d'un long portique voûté. La salle était ornée de feuilles de bananier et de festons de mousseline. Ce prince, dans les grandes cérémonies, portait un turban de mousseline, surmonté d'une couronne d'or; cet ornement le distinguait des autres monar. ques de l'Asie, qui se contentent d'une aigrette en pierres précieuses. Aucun potentat de cette partie du monde ne prenait autant de titres plus pompeux les uns que les autres. Il en devait une partie aux Portugais et aux Hollandais, qui payaient ainsi les portions de son territoire qu'ils s'appropriaient.

Les deux adigars, ou premiers ministres, avaient seuls le privilége d'approcher du monarque; ils étaient chargés de l'administration, et rendaient la justice; on ne pouvait

appeler de leur sentence qu'au prince. Leur cortége égalait presque en magnificence celui du roi. Ils avaient sous eux les dissaouvas, ou chefs des corlas (provinces): ces emplois s'achetaient; on se remboursait de ses avances en pressurant le peuple.

Souvent le dissaouva-bouda, ou général des armées, causait, par l'étendue de son pouvoir, de la jalousie au roi. Les troupes régulières se montaient à peu près à 20,000 hommes. Selon la coutume de tous les despotes, le roi de Candy avait toujours près de sa personne un corps de Malabares, de Malais et d'autres soldats étrangers, dont une partie avait déserté le service hollandais.

Les classes inférieures du peuple n'étaient pas seules foulées pour remplir le trésor du souverain; à certaines solennités, les mahondreous, ou grands de l'État, ne paraissaient devant le prince que les mains pleines. L'accueil que chacun recevait dépendait de la valeur du présent qu'il offrait.

J. Haafner, Voyage dans la péninsule occidentale de l'Inde et dans l'ile de Ceylan, trad. du hollandais par M. J., 1811, 2 vol. in-8°.

Rob. Knox, Relation of the Island of Ceylon; Londres, 1681, in-fol.

Rob. Perceval, An account of Ceylon; Londres, 1803, in-4°.

J. Cordiner, Description of Ceylon; Londres, 1817, 2 vol. in-4°.

J. Davy, An account of the interior of Ceylon; Londres, 1821, in-4°.

Ribeyro, Histoire de l'ile de Ceylan, trad. du portugais par Legrand; 1701, in-12.

The History of Ceylon... by Philalethes... to which is subjoined Rob. Knox's historical account of the is land...; Londres, 1817, in-4°.

An epitome of the History of Ceylan, compiled from native annuls, and the first twenty chapters of the Mahawanso, translated by George Turnour; Ceylan, 1836, in-8°.

S. Daniell, A pictoresque illustration of scencry, etc... of the Island of Ceylon; Londres, 1808, in-fol. EYRIÈS.

[blocks in formation]

CHACAL. (Histoire naturelle.) Canis aureus Lin.; Chacal ou Loup doré Cuv. Le chacal, connu d'Aristote qui le désigna sous le nom de 065, est intermédiaire entre le loup et le renard commun; semblable au premier par sa couleur, il en diffère par sa queue courte et touffue qui se rapproche de celle du renard. Son pelage est d'un gris jaunâtre eu dessus, blanchâtre en dessous; sa tête est variée de fauve et de noir; la gorge est fauve, et, comme chez les loups, une ligne noire descend de la partie supérieure du cou à l'inférieure, en avant des épaules. Il exhale une odeur forte et désagréable. Sa taille est à peu

près celle du renard, il est cependant un peu plus haut sur jambes.

Répandus dans toutes les parties chaudes de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique, les chacals vivent en troupes, et se prêtent une mutuelle assistance pour l'attaque et pour la défense. Bien qu'ils se nourrissent le plus ordinairement de charogues, ils poursuivent cependant et attaquent tous les animaux dont ils croient pouvoir se saisir; ils s'approchent même des habitations et portent la dévastation dans les basses-cours et les poulaillers.

Les chacals se creusent des terriers dans lesquels ils passent une partie du jour, et dont ils ne sortent guère que la nuit pour chercher leur nourriture; ils font alors entendre un cri lugubre et des plus effrayants pour celui qui l'entend pour la première fois.

Le voyageur Delon rapporte que dans le Levant on élève des chacals dans les maisons; mais il ne dit rien de leurs habitudes domestiques. Cependant, si l'on peut en juger par ceux qui vivent à la ménagerie du Jardin des Plantes, ils seraient doux, aimants, très-caressants, mais capricieux, et passant, sans motif apparent, du calme à la colère. Le chacal s'accouple, du reste, sans répugnance avec le chien domestique, et il en résulte des métis féconds.

On a remarqué que le chacal se trouve toujours dans les mêmes régions que le lion; aussi la découverte de cet animal en Morée peut faire admettre que, dans des temps reculés, la Grèce fut peuplée de lions qu'auraient détruits les progrès de la civilisation (1).

« Tel a été le sort du lion, tel sera celui du chacal. Partout où les hommes sont devenus ou deviendront puissants par l'association et les arts, le lion doit périr; mais le chacal, lâche et craintif, a pu et peut trouver, dans l'obscurité de ses attaques ou plutôt de ses brigandages, un asile longtemps assuré, et il survivra à la destruction du plus terrible ennemi de l'homme (2). »

Quelques auteurs pensent que les chacals présentent plusieurs espèces différentes; M. Isid. Geoffroy n'admet que des variétés, auxquelles il donne des noms tirés des localités où elles se trouvent; tels sont le chacal de l'Inde, celui du Caucase, de Nubie, d'Alger, du Sénégal, de Morée....

DUPONCHEL père. CHACONNE. (Musique.) Air de danse fort

(1) Voyez cependant, dans la Revue archéologique, 1845, p. 821 et suiv., un article de M. Alfred Maury, sur le mythe du Lion de Nemée. Notre savant collaborateur y démontre par des preuves qui nous semblent sans réplique, qu'il n'y a jamais eu de lions dans la Grèc

(a) Isid. Geoffroy Saint-Hilaire. Histoire naturelle des mammiferes de Morée.

étendu qui servait de finale à un ballet ou à un opéra.

La chaconne est née en Italie, et y était autrefois fort en usage; dans l'origine, on en faisait à deux et à trois temps; mais ensuite on n'en fit plus qu'à trois temps. Les Espagnols l'adoptèrent, et elle fut fort en vogue en France, sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV; maintenant elle n'est plus en usage sur aucun théâtre.

La chaconne de l'Union de l'amour et des arts, par Floquet, et celle de mon père, connue sous le nom de Chaconne de Berton, ont eu pendant longtemps la vogue.

H. BERTON.

CHAGRIN. (Technologie.) C'est un cuir, auquel une préparation particulière donne un aspect grénu et une solidité remarquable. Le meilleur chagrin sort des fabriques de Constantinople: celui-là est gris. Viennent ensuite Tunis, Alger et Tripoli, d'où l'on tire le chagrin noir, le vert, le blanc et le rouge.

Les Orientaux font grand mystère des procédés qu'ils mettent en œuvre pour cette fabrication. On sait néanmoins qu'ils emploient de préférence les peaux d'ânes, de mulets, de chevaux, et surtout la partie de ces peaux qui recouvre la croupe de l'animal. Ils tannent le cuir et le rendent aussi mince que possible. Après quoi, ils le mouillent légèrement, et sèment dessus de la graine de moutarde, qu'ils étalent régulièrement; puis ils mettent sous presse et laissent sécher. Si l'opération a bien réussi, si la graine s'est bien incrustée partout, le chagrin se trouve couvert de petites papilles arrondies, solides, très-rapprochées entre elles. Il s'agit surtout d'éviter ce qu'on appelle les miroirs, c'est-à-dire des espaces où la graine n'a pas pris, et qui présentent une surface plane.

On a tâché en France d'imiter le chagrin avec les peaux de mouton et de chèvre, imprimées à l'aide d'une planche de cuivre. Mais ces essais n'ont jamais réussi, non plus que ceux dans lesquels ont a employé le maroquin. Au véritable chagrin seul sont restées les qualités qui le rendent précieux, sa longue durée et la propriété de ne jamais s'écorcher.

Le chagrin est principalement employé par les galuiers, qui en font des écrins et des étuis pour renfermer les objets précieux ou fragiles, tels que bijoux, lunettes, lorgnettes, etc.

CHAINE D'ARPENTAGE. (Application de la géométrie.) La chaîne des arpenteurs, qui est l'arvipendium des anciens, a ordinairement une longueur déterminée, en rapport avec les mesures en usage dans chaque pays; ainsi, autrefois, elle avait une perche de longueur, ou deux perches quand il s'agissait de mesurer de longues stations, et elle était divisée en toises et en pieds. Aujourd'hui que

le système métrique est généralement adopté, on ne fait plus guère que des chaînes métriques longues de 10 mètres. Elles se composent de petites tiges en fort fil de fer, recourbées aux extrémités en forme d'anneaux et réunies entre elles par des anneaux de même métal. Chacune de ces tiges avec son anneau représente ordinairement un double décimètre, et chaque mètre est marqué par un anneau de cuivre. Un anneau plus grand, ou qui porte un repère particulier, indique encore la demichaine ou cinq mètres, et ses extrémités sont terminées par des anneaux en forme de poignées pour y passer les mains et pouvoir la porter et la tendre commodément; ces poignées font partie de sa longueur. Quelquefois les tiges qui forment maillon sont divisées en décimètres; mais outre que les chaînes ainsi divisées sont beaucoup plus incommodes, elles exigent plus d'attention pour s'assurer qu'elles sont toujours bien développées et présentent leur véritable longueur.

Pour lever les plans de mines, on se sert ordinairement de chaînes toutes en cuivre, afin d'éviter l'action du fer sur la boussole; enfin, au lieu de chaînes en fer ou en cuivre, on a aussi employé quelquefois des chaînes en corde; mais elles sont sujettes à beaucoup d'inconvénients, soit par rapport à la manière dont elles peuvent être tendues, soit à cause de la propriété qu'elles ont de se distendre ou de se retirer suivant les influences atmosphériques. Ainsi Schwenturus dit, dans sa Géométrie, qu'il a vu une corde de seize pieds réduite à quinze en moins d'une heure de temps par suite d'une gelée blanche survenue pendant les opérations. Pour éviter cet inconvénient, Wolf conseille de tortiller les petits cordons qui servent à composer la corde, en sens contraires, puis de les tremper dans de l'huile bouillante, et, quand elle est sèche, de la faire passer dans de la cire fondue, afin qu'elle s'en imbibe. Une corde ainsi préparée est nécessairement beaucoup moins susceptible de s'allonger ou de se raccourcir, lors même qu'on la tiendrait sous l'eau.

La chaîne sert principalement à mesurer les longueurs; mais à défaut d'autres instruments d'arpentage, elle peut servir seule à résoudre quelques problèmes, comme pour mesurer l'angle que forment deux lignes entre elles; pour lever le plan de certaines surfaces polygonales; pour déterminer la distance entre deux points inaccessibles, etc.; mais comme il serait assez difficile de faire comprendre la manière d'opérer sans le concours de figures, nous renvoyons aux différents traités de géométrie on d'arpentage qui traitent de ces opérations. V. d'A. CHAINETIER. (Technologie.) On distingue deux espèces de chaînes: 1o les chaînes plates

à mailles régulières et non soudées, flexibles seulement dans deux sens opposés, qu'on emploie pour la communication du mouvement dans les machines, au lieu de courroies ou de cordes; 2° les chaînes ordinaires à mailles soudées, de forme allongée ou ovale, droite ou torse, dont on fait usage dans une infinité de circonstances à la place de cordes ou de câbles.

Vaucanson a imaginé une machine extrêmement ingénieuse (1) pour fabriquer des chaînes de la première espèce des fils de fer d'une grosseur convenable, étant livrés à la machine, se trouvent, en trois mouvements différents, pliés, coupés rigoureusement de longueur, et entrelacés les uns à la suite des autres, de manière à former une chaîne parfaitement régulière.

On fait d'autres chaînes à mailles non soudées, mais qui s'assemblent avec des goupilles rivées ou des boulons. Telles sont les chaînes de montre, de pendule, les chaînes sans fin des machines à draguer, des noria, des pompes à chapelet, des bancs à tirer, etc.

Les chaînes ordinaires à mailles soudées se font en deux séries d'opérations, le pliement et la soudure des mailles.

On entortille la tringle de fer sur un mandrin ou une barre ronde de la grosseur du trou des mailles. On coupe ensuite chacune de ces circonvolutions obliquement; ce qui donne autant d'anneaux ronds prêts à être soudés, et d'une forme semblable.

La soudure se fait à un petit feu de forge, et sur la pointe arrondie d'une bigorne. Le forgeur, après avoir passé l'anneau à souder dans l'anneau précédent, en rapproche les deux bouts, et les soude en une seule chaude; il leur donne en même temps la forme ovale.

Les habitants de la Vénétie, lors de la conquête des Gaules par les Romains, se servaient de chaînes de fer, au lieu de câbles de chanvre, pour amarrer leurs vaisseaux (2). Strabon ajoute que ces mêmes chaînes servaient aussi pour les voiles. C'est donc faussement qu'on attribue la première idée de substituer des câbles de fer aux câbles de chanvre, dans le service de la marine, au chirurgien anglais Slater, quoiqu'il ait pris pour cet objet une patente en 1808. Le capitaine Brown s'en servit en 1811 sur un navire de quatre cents tonneaux avec lequel il fit, en quatre mois et sans le moindre accident, le voyage de la Martinique et de la Guadeloupe. Depuis lors, la marine anglaise adopté les câbles de fer et en fait usage avec le plus grand succès.

Th. Brunton a perfectionné ces chaînes et a

(1) On la voit au Conservatoire des arts et métiers. (2) Anchoræ pro funibus ferreis catenis revineta. César, Commentar., lib. III.

considérablement augmenté leur force, en les formant avec des chainons ovales étançonnés dans leur milieu; ce qui empêche les anneaux de se déformer par une forte traction et de se rompre comme les chaînes d'ancienne fabrication. Ce mécanicien a formé près de Londres, commercial Road, un bel établissement où l'on confectionne les câbles de fer, suivant la nouvelle construction. Le découpage du fer, le pliage, le placement de l'étai et le soudage s'y font à l'aide de machines, de mandrins et d'étampes qui rendent le travail très- facile, trèsprompt et très-régulier.

Avant de livrer les chaînes au commerce, on les essaie à une presse hydraulique qui peut exercer une traction égale à cinq cent mille kilogrammes. Voici une table de la force des câbles de fer comparativement avec celle des cordages de chanvre, dressée d'après des expériences faites par Brunton.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Indépendamment de l'excès de force dont jouissent les chaînes, elles ont sur les câbles de chanvre les avantages d'une durée plus longue et d'un service plus facile : chaque maille articulant librement, les chaînes sont infiniment plus flexibles que ces derniers, et dans les manœuvres, on n'a pas à vaincre la résistance qu'oppose la roideur des cordes. Lorsqu'on les amène à bord, il n'est pas nécessaire de les lover, c'est-à-dire de les ployer régulièrement. Tant de qualités réunies finiront par faire adopter généralement l'usage des chaînes. Les marins qui s'en servent sur leurs bâtiments voyagent avec sécurité; ils voient sans inquiétude venir la saison des orages; ils savent d'avance qu'ils peuvent les braver. On a vu des vaisseaux briser leur ancre, mais être retenus et sauvés par la partie du câble qui pose et traîne dans le fond de la mer. On en a vu d'autres résister pendant trois jours à la plus violente tempête, quoique mouillés sur des fonds rocailleux où tous les câbles de chanvre se seraient infailliblement brisés.

LENORMAND et MELLET.

CHAINETTE. (Mathématiques.) C'est le nom qu'on donne à la courbe formée par une corde, parfaitement flexible et inextensible, suspendue à deux points placés à une distance moindre que la longueur de la corde, et abandonnée à l'action de la gravité. Cette courbe est une de celles qui ont le plus occupé les géomètres modernes. Galilée paraît être le premier qui ait essayé de la résoudre; il crut découvrir que c'était une parabole.

Plus tard, Jacques Bernouilli, découvrant

l'erreur où était tombé son illustre devancier, proposa la solution de ce problème aux géomètres de son temps. L'invention toute récente du calcul infinitésimal la rendait plus facile; aussi fut-elle donnée presque simultanément par les deux Bernouilli, par Leibnitz, et par Huygens.

Les câbles et les chaînes qui servent à maintenir les navires en équilibre contre l'impétuosité du vent et des courants, décrivent des chaînettes. Il en est de même des cordes auxquelles sont attelés les chevaux qui halent les bateaux. L'application la plus importante de la chaînette est celle qui se rapporte aux ponts suspendus. Il est d'ailleurs très-important de connaître, dans tous les cas, les conditions d'équilibre des diverses parties de cette courbe; nous allons les exposer.

Admettons que AECFB (voy. l'Atlas, GÉOMÉTRIE, pl. IX, fig. 1) soit une corde homogène, c'est-à-dire également pesante dans toutes ses parties, suspendue aux points A et B, et abandonnée librement à son poids. La courbe qu'elle décrit sera, d'après ce que nous avons dit précédemment, une chaînette.

Les points A et B étant placés sur une ligne horizontale, les parties AEC et BFC sont symétriques par rapport à la verticale DO qui passe par le point C, et le centre de gravité de la courbe doit se trouver sur cette verticale. Si on suppose que les points E et F deviennent fixes, ce qui restera de la courbe sera encore une chaînette dont les deux moitiés seront symétriques et dont le centre de gravité se trouvera encore sur la verticale DO. Si on lui rend une des deux parties AE ou BF, elle restera encore en équilibre et le centre de gravité se trouvera toujours sur DO.

Une des propriétés de la chaînette est d'avoir son centre de gravité le plus bas possible parmi toutes les courbes, qui, partant des mêmes points de suspension, ont la même longueur. Il se trouve toujours sur la ligne qui passe, comme DO (fig. 1), par l'intersection des deux tangentes menées à la courbe aux deux points d'attache de la corde. Si la courbe ACB (fig. 2) est une chaînette, et qu'en rendant fixe le point C, on retranche la partie AC, le centre de gravité doit se trouver sur la verticale XP, qui passe par l'intersection des lignes CS, QB, menées par les points de su pension C et B.

Revenons à la courbe AECFB (fig. 1), et supposons qu'on veuille connaître la tension qui est exercée aux points B et A par le poids de la corde. Après avoir prolongé la verticale DC et mené aux points E et F les tangentes EO et FO, on prendra, à partir de O, leur point d'intersection, une distance OR qui contiendra autant d'unités de longueur que le poids de la corde contient lui-même d'unités, et par le point R on mènera les droites Rr, Rr', pa.

287

CHAINETTE

rallèles aux tangentes, et qui formeront avec elles le parallelogramme Or Rr', dont les côtés Or et Or représenteront respectivement les valeurs des tensions éprouvées par la corde aux points B et A.

Si on veut connaître les tensions éprouvées aux points Bet C de la fig. 2, on mènera encore les tangentes CS et BQ aux points dont on cherche la tension; on tracera la verticale XP par leur point de rencontre O, et, à partir de ce point, on prendra la distance OP qui représentera le poids de la corde, et sur laquelle on construira le parallelogramme OQPS, dont les côtés OQ et OS représenteront respectivement les tensions éprouvées aux points Bet C. Si la chaînette avait très-peu de courbure, comme dans la figure 3, on pourrait, sans erreur sensible, regarder le centre de gravité de chaque moitié CB de la courbe, comme étant placé sur une verticale FE, passant par le milieu de chacune de ces moitiés. La verticale EF coupe DB en deux parties DF et FB que l'on pourra regarder comme égales entre elles; il en est de même de la ligne CI pour les parties CE et CI, CI étant mené parallèlelement jusqu'à la verticale BI, égale à la flèche CD.

Maintenant, si, prenant C et B pour les points fixes de la chaînette, on mène les deux tangentes CE et BE, elles seront les deux côtés d'un parallelogramme CEBF dont FE est la diagonale. Si on prend FE pour le poids de la partie CB, CE et BE représenteront respectivement les tensions éprouvées par la corde aux points C et B.

Si la flèche CD était très-petite par rapport
à la longueur AB, il n'y aurait presque pas de
différence entre les longueurs CF, EB, FB
et CE. Dans ce cas, la tension de la corde se-
rait à peu près la même dans toute sa lon-
gueur; mais, pour qu'elle fût rigoureusement
la même partout, il faudrait que la flèche fût
nulle.

Si on représente le poids de la corde par OR,
la tension éprouvée en B sera représentée par
la longueur OQ, qu'on obtiendra en prolongeant
BE et en menant RQ parallèle à CE. On ob-
tient par cette construction deux triangles
semblables BEI, OQR dans lesquels on a
BE: BI :: OQ: OR;

[blocks in formation]

DC,

mais BI étant égal à CD et BE très-peu diffé-
rent de 1⁄2 BD, lorsque BI, qui est égal
est très-petit, on a approximativement
BD
CD

OQ = OR X

Par conséquent, si la distance des points d'ap-
pui est invariable, ainsi que le poids de la

corde ou de la chaîne, la tension sera en rai-
son inverse de la flèche; et il faudrait qu'elle
fût infiniment graude, pour que la flèche fût
infiniment petite. Il est donc tout à fait im-
possible de tendre parfaitement une corde,
quelque légère qu'elle soit, dans une autre
direction que la verticale.

Cela prouve que lorsqu'on veut mesurer exactement une longueur sur le terrain, il faut marcher horizontalement et dans une direction employer une règle bien droite, qu'on fera rectiligne, de préférence à la chaîne des arpenteurs. En employant une telle chaîne, du poids de 1, 5, et de 10 mètres de longueur, tendue par deux chaîneurs qui exercent chacun un effort de 5 kilog., le calcul montre que ses extrémités ne sont qu'à une distance de 9,962 l'une de l'autre sur une même horizontale. C'est une erreur trop grande pour être négligée dans la plupart des cas.

Les ponts suspendus se composent d'un tablier en charpente, soutenu par des tringles de fer, appelées suspensoires, suspendues à quatre ou huit chaînes de fer qui traversent la rivière, en s'appuyant des deux côtés sur des piliers en maçonnerie. Ces chaînes décrivent des courbes qui ne sont autre chose que des chaînettes. La tension qu'elles supporteront

leurs points d'appui, et sur toute leur longueur, est ce qu'il faut déterminer avant tout. On l'obtient par la méthode qui vient d'être exposée. Quand on l'a obtenue, on détermine leurs dimensions par les règles qu'on trouvera à l'article RÉSISTANCE DES MATÉRIAUX.

ses,

"

CH. RENIER.

[ocr errors]

CHAISE A PORTEURS. Un chevalier d'industrie, qui se prétendait fils naturel du duc de Bellegarde, et prenait le titre de seigneur de Souscarrière, étant allé en Angleterre « pour se remplumer de quelque perte au jeu, comme dit Tallemand des Réaux (1), et pour y attraper aussi les gens (car c'était un maitre pipeur), en rapporta l'invention des chaidont il eut le don en commun avec madame de Cavoie, et cela leur valut beaucoup, ajoute le malin auteur des Historiettes (2). Pour leur donner la vogue, Souscarrière << n'allait plus autrement; et durant un an, on ne rencontrait plus que lui par les rues, afin qu'on vit que cette voiture était commode. » L'exploitation des chaises fut longtemps, à ce qu'il paraît, l'objet d'un privilége fort recher: ché; car nous en trouvons une concession ex. clusive, faite par lettres patentes, le 23 mai 1767, à une demoiselle d'Estampes, plus tard vicomtesse de Bourdeilles. Cette concession porte défense à tous selliers et carrossiers d'en louer, et permission de faire arrêter les contrevenants les jours de dimanches et de fê (1) Historiettes, vol. IV, p. 187. (2) Ibid., 101.

« ZurückWeiter »