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pereur, qui prend le titre d'Empereur des Français.

» NAPOLÉON BONAPARTE, premier Consul actuel de la République, est Empereur des Français ».

La première proclamation se fit devant le palais du sénat; la deuxième, à la place du corps-législatif; la troisième, à la place Vendôme; la quatrième, devant le palais du tribunat; la cinquième, à la place du Carrousel; la sixième, à la place de l'Hôtel-de-ville; la septième enfin, devant le Palais de justice.

De nombreuses acclamations, des cris répétés de vive Banaparte, vive l'Empereur des Français, ont par-tout accueilli cette procla

mation.

Dans l'impossibilité de faire connaître partiellement les divers témoignages de gratitude et de reconnaissance qui se sont manifestés de tous les points de l'Empire, en apprenant que Napoléon Bonaparte s'était rendu au vœu de tout le peuple, nous allons rapporter quelques passages des discours que le sénat et le tribunat adressèrent à l'Empereur, par l'organe de leurs présidens, qui étaient en ce moment les interprètes des sentimens de tous les Français.

Le 7 prairial, S. A. S. l'archi-chancelier de l'Empire, suppléant dans ses fonctions le grand électeur

électeur, présenta au serment les membres du sénat, du corps-législatif et du tribunat. Son excellence M. François (de Neuchâteau), président du sénat, après avoir prêté son serment, adressa à Sa Majesté Impériale le discours sui

vant :

« SIRE,

>> Le sénatus-consulte du 28 floréal, confère à Votre Majesté l'Empire le plus légitime qu'il y ait sur la terre. Ce n'est point une chartre arrachée par la force dans un siècle de barbarie, ce n'est point le droit de conquête qui vous fait Empereur; c'est le choix libre et réfléchi d'une nation éclairée. Il n'y a pas dans le monde aucune autorité qui puisse présenter un plus saint caractère, ni qui ait pu avoir pour base un titre plus légal.

>> Les membres du sénat viennent prêter entre vos mains le serment individuel que ce grand acte leur prescrit.

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Bonaparte, premier consul, était déjà l'honneur et l'orgueil de la France. Des siècles écoulés sous le gouvernement des rois, sont effacés par quatre années du gouvernement consulaire. Mais le chef des Français était trop au-dessus des consuls et des rois, pour que leur nom pût lui suffire. Les consuls ne furent à Rome que des magistrats temporaires; et

déjà vous avez été nommé premier consul à vie. En France, les rois n'ont été que des suzerains féodaux; et la France n'a plus de fiefs, et n'en n'en veut plus avoir. Tous les Français deman. dent un premier magistrat, dont le nom représente la majesté nationale, dont le pouvoir soit fixe, et s'accorde pourtant avec la liberté, c'est-à-dire, avec ce beau droit dont les Français sont si jaloux, ce droit de n'obéir qu'aux loix et de ne craindre qu'elles.

» Le seul nom d'Empereur remplit ces diverses conditions pour la France, pour vous, pour le peuple français.

Ah! pleignons les victimes de cette révolution! plaignons ceux qu'elle a moissonnés, et qui sont morts, hélas ! dans ces luttes terribles, sans espérer ou sans prévoir le jour que nous voyons éclore! Les manes généreux des martyrs de la liberté seraient sans doute consolés, s'ils pouvaient jouir du spectacle que présente aujourd'hui la France. Pour nous, qui avons, par miracle, traversé quinze années d'orages, nous nous félicitons d'être venus assez avant dans la carrière de la vie, pour voir notre patrie enfin indépendante, calme, tranquille, réfléchie, retournant d'elle même au seul gouvernement qui peut lui assurer l'égalité et le repos, et la préserver désormais des dissentions intestines, des invasions du de

hors, et de la rage parricide de ceux de ses enfans qui veulent déchirer le sein de leur

mère.

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Sire, trois mots mystérieux furent gravés jadis, en caractères d'or, au fronton du temple de Delphes: la liberté, les loix, la paix. Ces trois mots sont un abrégé des devoirs principaux des hommes qui gouvernent, et des premiers besoins, par conséquent des premiers droits des hommes qui sont gouvernés. La liberté, les loix, la paix, voilà l'esprit et la substance de tous les traités politiques. Voilà ce que demande particulièrement la nation française destinée à faire valoir les richesses d'un sol fertile et d'un climat heureux, mais qui ne peut les voir fleurir qu'autant qu'elle conserve ces trois premières bases du bonheur social.

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Sire, les Romains souhaitaient à chaque nouvel empereur, d'être plus fortuné qu'Auguste, et plus vertueux que Trajan. Nous n'avons pas besoin de chercher dans l'Histoire des rapprochemens dont aucun ne saurait vous flatter nulle autre époque ne ressemble à l'époque de Bonaparte. Nous ne connaissons aucun souhait qui soit digne de vous: Sire, soyez long-temps vous-même. Vous n'aurez point eu de modèle, et vous en servirez toujours. Oui, Sire, vous en servirez, et c'est ici

le grand objet que nous nous sommes proposé en décrétant l'hérédité.

» Dans un avenir reculé, quand les enfans de nos enfans viendront, dans le même appareil, reconnaître comme Empereur celui de vos petits-enfans ou de vos arrière-neveux qui devra recevoir leur serment de fidélité, pour lui peindre les sentimens, les vœux et les besoins du peuple, pour lui tracer tous ses devoirs, on n'aura qu'un mot à lui dire: Vous vous appelez Bonaparte ; vous êtes l'homme de la France. Prince, souvenez-vous du grand Napoléon

Après ce discours, les membres du corps-législatif qui étaient à Paris, et tous les membres du tribunat ont prêté le serment.

Quelques jours auparavant, le tribunat en corps, s'était présenté à l'audience de l'Empereur, M. Fabre (de l'Aude), son président, porta ainsi la parole:

«<< SIRE,

» Le Sénat vous a proclamé Empereur des Français. Ce nouveau titre n'ajoute rien, sans doute, à votre gloire. Elle est indépendante de la majesté du trône ; vous ne la devez ni à la force des circonstances, ni aux hasards de la naissance : elle vous appartient toute entière. Eh! quel autre que vous, Sire, pouvait être

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