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perfides d'un despotisme plus dangereux encore, qui, tendant dans les ténèbres ses redoutables rêts, saurait attendre avec une patience hypocrite le moment de jetter le masque et de lever la massue de fer.

» Elle dit à une nation brave et généreuse, Tu as perdu ton indépendance, ta liberté, ton nom, pour n'avoir pas voulu renoncer à élire un chef suprême.

» Elle dévoile cette longue suite de tumultes, de dissentions, de discordes civiles qui ont précédé ou suivi les époques où un peuple a élu un nouveau chef: heureux encore, lorsqu'il n'a pas été condamné à la honte, plus insupportable que la mort, de recevoir d'un pouvoir étranger, conquérant ou corrupteur, un chef avili, asservi lâchement ou bassement perfide.

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» Elle nous fait voir la ville des Césars, la capitale du monde, livrée en proie à tous les désordres, à tous les crimes, à toutes les ful'or , par le fer ou le poison des contendans à l'Empire, jusqu'au moment où une hérédité régulière remplaça un assemblage monstrueux d'élections contestées, de sanctions dérisoires, de successions incertaines, d'adoptions méconnues, et d'acclamations méprisées».

Le Sénat démontre ensuite qu'il n'y a que

le Gouvernement héréditaire d'un seul, réglé

par la loi pour le bonheur de tous, et confié à une famille dont la destinée est inséparable de la révolution, qui puisse protéger la fortune des acquéreurs des domaines nationaux rantir la tête de tous les Français qui n'ont jamais cessé d'être fidèles au peuple souverain anéantir tous les complots, et défendre l'existence même de ceux qui, égarés dans le commencement des tourmentes politiques réclamé et obtenu l'indulgence de la patrie.

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« Ce Gouvernement héréditaire, poursuit» il, ne peut être confié qu'à NAPOLÉON » BONAPARTE et à sa famille.

» La gloire, la reconnaissance, l'amour » la raison, tout proclame NAPOLÉON Empe» reur héréditaire ».

A cette réponse était jointe un mémoire dans lequel il développait les dispositions qui lui paraissaient les plus propres à donner à nos institutions, la force nécessaire pour garantir à la nation ses droits les plus chers, en assurant l'indépendance des grandes autorités, le vote libre et éclairé de l'impôt, la sûreté des propriétés, la liberté individuelle, celle de la presse, celle des élections, la responsabilité des ministres, et l'inviolabilité des loix constitutionnelles.

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« Ces dispositions tutélaires, citoyen Pre»mier Consul, dit en terminant le Sénat, met»tront le Peuple Français à l'abri des com

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plots de vos ennemis et des agitations qui » naîtraient d'ambitions rivales; elles main» tiendront le règne de la loi, de la liberté et » de l'égalité.

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» L'amour des Français pour votre person»ne, transmis à vos successeurs avec la » gloire immortelle de votre nom, liera à ja>> mais les droits de la nation à la puissance >> du Prince.

» Le pacte social bravera le tems.

» La République, immuable comme son » vaste territoire, verrait s'élever en vain au» tour d'elle les tempêtes politiques.

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» Pour l'ébranler, il faudrait ébranler le » monde ; et la postérité, en rappelant les prodiges enfantés par votre génie, verra tou>> jours debout cet immense monument de tout » ce que vous devra la patrie ».

Cependant le vœu du Tribunat avait été prévenu dans grand nombre de villes des départemens, par les citoyens qui s'étaient portés en foule dans leurs municipalités pour demander l'unité du pouvoir et l'hérédité de ce même pouvoir dans la famille de Bonaparte. Dans l'intervalle qui s'écoula entre le

vœu du Tribunat et le décret du Sénat conservateur, de nombreuses adresses des armées, des fonctionnaires publics, et de toutes les classes des citoyens, attestaient que le vœu du peuple n'était point le fruit de l'intrigue et de la collusion, mais bien l'expression de sa volonté suprême et de la conscience du bien qui devait résulter pour la France de l'unité du pouvoir et de l'hérédité dans une même famille. L'expérience cruelle du passé ne lui avait que trop confirmé le témoignage de l'Histoire sur les dissentions civiles, inséparables d'un Gouvernement qui n'est point assis sur des bases solides, et qui ouvre la porte aux complots des factieux, nourrit les espérances de l'ambition, et entretient le peuple dans une effervescence toujours contraire à son repos et à sa tranquillité.

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Dans l'expression d'un vœu si unanime, où la voix du peuple entier ne pouvait être méconnue, le Sénat ne pouvait tarder plus long

tems à se conformer à cette volonté générale, en déclarant NAPOLÉON BONAPARTE Empereur héréditaire.

CHAPITRE I V.

Décret du Sénat. Rapport de sa Commission. Sénatus-Consulte organique.

LE 28 floréal, le Sénat, présidé par le consul Cambacerès, décréta, dans la séance de ce jour, à laquelle assistait le consul Lebrun, et où les ministres étaient présens, le SénatusConsulte organique qui défère le titre d'Empereur au Premier Consul, et qui établit dans sa famille l'hérédité et la dignité impériale. Avant de le transcrire ici, mettons sous les yeux de nos lecteurs le rapport fait dans la la même séance par la commission spéciale du Sénat, et qui en motive les dispositions.

« Ce sera une grande époque dans l'histoire des nations, dit le sénateur Lacépède, au nom de la commission, que celle où le Peuple Français faisant entendre de nouveau sa volonté souveraine, met un frein à la fureur des discordes civiles, termine la plus mémorable des révolutions, fixe ses glorieuses destinées, et consacre un monument digne de lui, à la Liberté, à l'Égalité, à la Raison, à la Reconnaissance, en assurant dans la famille de son héros cette couronne impériale qui va briller sur un front décoré tant de fois des lauriers de la victoire.

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