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officiers, légionnaires, a prononcé, d'une voix forte et animée, ces mots :

Commandans, officiers, légionnaires, citoyens et soldats, vous jurez sur votre honneur de vous dévouer au service de l'Empire, et à la conservation de son territoire, dans son intégrité, à la défense de l'Empereur, des loix de la République et des propriétés qu'elles ont consacrées; de combattre par tous les moyens que la justice, la raison et les loix autorisent, toute entreprise qui tendrait à rétablir le régime féodal; enfin vous jurez de concourir de tout votre pouvoir au maintien de la liberté et de l'égalité, bases premières de nos constitutions. Vous le jurez.

Tous les membres de la Légion, debout, la main élevée, ont répété à la fois : Je le jure. Les cris de vive l'Empereur! se sont renouvelés de toutes parts. Ces derniers mots, prononcés avec l'accent d'une énergie profonde, ont porté dans toutes les ames une vive émotion dont elles ont long-tems été pénétrées. Il est difficile de décrire la sensation que ce moment a produite. Les monumens de la gloire française suspendus aux voûtes de la nef dans laquellé étaient réunis les plus braves guerriers, ces rangs nombreux de vieux soldats blessés, et ces jeunes gens, offrant par leur réunion la gloire et l'espérance de la patrie;

enfin, l'appareil religieux des autels concouraient à exalter puissamment l'imagination, et à faire présager la durée la plus glorieuse à une institution formée sous de tels auspices.

La messe finie, les décorations de la Légion ont été déposées aux pieds du trône, dans des bassins d'or. M. de Ségur, grand-maître des cérémonies, a pris les deux décorations de l'ordre, et les a remises à M. de Talleyrand, grand-chambellan. Celui-ci les a présentées à S. A. I. monseigneur le prince Louis, qui les a attachées à l'habit de Sa Majesté. De nouveaux cris de vive l'Empereur! se sont fait entendre à plusieurs reprises. Ensuite les membres de la Légion d'honneur sont tous venus au pied du trône recevoir individuellement, des mains de Sa Majesté l'Empereur, la décoration que lui présentait, sur un plat d'or, le grand-maître des cérémonies.

Sa Majesté a fixé particulièrement son attention sur les braves vétérans dont les glorieux services étaient attestés par leurs mutilations; Elle a interrogé plusieurs d'entr'eux, sur les lieux et les actions dans lesquels ils avaient reçus ces nobles blessures. Ce mélange des citoyens les plus distingués de toutes les classes et de tous les âges offrait un spectacle noble, doux et attendrissant. Le soldat, le général, le pontife, le magistrat, l'administra

teur,

teur, l'homme de lettres, l'artiste célèbre recevant chacun la récompense de leurs talens et de leurs travaux, ne semblaient composer qu'une seule famille qui se pressait autour du trône d'un héros pour le décorer et l'affermir. Une vive et profonde émotion était peinte sur tous les visages, et cette cérémonie auguste et brillante frappait les esprits d'un respect à-lafois religieux et guerrier.

La fête a été terminée par un Te Deum qui était, ainsi que la messe, de la composition de M. Lesueur, directeur de la musique de la chapelle impériale. A trois heures, Sa Majesté, au bruit d'une salve d'artillerie, est sortie de l'église avec le même cortège et dans le même ordre qu'Elle y était venue. LL. MM. Impériales ont, dans tous les lieux de leur passage, entendu retentir autour d'elles les acclamations d'une foule de spectateurs.

CHAPITRE VIII.

Protestation de comte de Lille, contre l'élévation de Bonaparte à l'Empire. - Départ de Bonaparte pour Boulogne.

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Fête et

distribution d'aigles aux Légionnaires. Description des camps qui environnaient cette ville.

L'ELEVATION de Bonaparte à l'Empire français, aux acclamations universelles, réveilla dans sa retraite le comte de Lille ( ci-devant Monsieur). Après avoir assemblé son conseil et consulté ses confidens et ses favoris, il fit la protestation suivante, datée de Varsovie, le 5 juin 1804:

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« En prenant le titre d'EMPEREUR, en vou» lant le rendre héréditaire dans sa famille » Bonaparte vient de mettre le sceau à son » usurpation. Ce nouvel acte d'une révolution » où tout, dès l'origine, a été nul, ne peut » sans doute infirmer mes droits; mais comp» table de ma conduite à tous les souverains, » dont les droits ne sont pas moins lésés que » les miens, et dont les trônes sont tous ébran»lés par les principes dangereux que le Sénat » de Paris a osé mettre en avant; comptable à » la France, à ma famille, à mon propre hon

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»neur, je croirais trahir la cause commune » en gardant le silence en cette occasion. Je » déclare donc (après avoir, au besoin, re» nouvellé mes protestations contre tous les » actes illégaux qui, depuis l'ouverture des états - généraux de France, ont amené la » crise effrayante dans laquelle se trouvent et » la France et l'Europe), je déclare en pré» sence de tous les souverains, que loin de >> reconnaître le titre Impérial que Bonaparte » vient de se faire déférer par un Corps qui » n'a pas même d'existence légitime, je pro» teste contre ce titre, et contre tous les actes subséquens auxquels il pourrait donner lieu». La protestation du comte de Lille, contre tout ce qui s'est fait depuis l'ouverture des états-généraux fut annoncée par les journaux anglais, mais n'y fut point insérée. On ignore si elle a été adressée aux différentes puissances de l'Europe. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y fut fait aucune réponse officielle. Ce silence de tous les souverains est lui seul une réponse péremptoire à l'écrit et aux prétentions qui y sont mises en avant.

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Sans entrer dans la discussion des droits que le comte de Lille s'arroge, la question a été décidée par les publicistes les plus habiles, par les nations elles-mêmes, par l'histoire de toutes les dynasties, long-tems avant la révolu

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