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l'administration communale et départementale qui devait être discutée en 1820, et qui fut reprise seulement en 1828, par le ministère Martignac.

Toutes ces lois furent en grande partie l'œuvre de M. Guizot; elles furent préparées au conseil d'Etat, et il en avait été presque constamment le rapporteur dans les comités, jusqu'au moment où il fut appelé à la direction générale de l'administration communale et départementale au ministère de l'intérieur.

Je rapporterai ici diverses circonstances qui n'ont jamais été publiées, et qui prouvent la participation active et persévérante de M. Guizot à cette législation si constitutionnelle et si libérale, qui fut pendant plus de trente ans l'honneur de la France dans le monde civilisé.

La loi sur le recrutement devait être présentée par le maréchal Gouvion Saint-Cyr; il s'agissait de rédiger l'exposé des motifs de cette loi. Le gouvernement attachait une grande importance à son adoption. La conscription impériale ayant été supprimée, il fallait pourvoir à l'entretien de l'armée, tout en respectant les principes de la charte constitutionnelle : c'est ce que devait expliquer avec sincérité et faire comprendre aux deux Chambres, à force de dextérité de langage, cet exposé des motifs.

Le maréchal Gouvion Saint-Cyr, grand homme de guerre, et qui a écrit de beaux mémoires sur ses campagnes, était peu propre à cette œuvre d'exposition et d'habile dialectique. Son esprit avait cependant, plus que celui de ses collègues MM. les maréchaux de France, l'intelligence du côté philosophique et libéral des cho

ses; néanmoins, le maréchal Gouvion Saint-Cyr aurait dit volontiers, comme le duc de Dantzik, le maréchal Lefèvre, qu'on pressait un jour de se rendre à la Chambre des pairs pour y prendre part au vote d'une des dispositions fondamentales des lois sur la presse, menacée par une majorité hostile: Qui m'aurait dit que ça me ferait un jour quelque chose, à moi, la liberté de la presse?

M. Guizot fut donc chargé de préparer cet exposé des motifs; le maréchal présenta ce projet de loi sur le recrutement à la Chambre des députés, dans le mois de novembre 1817; il lut d'un bout à l'autre le travail de M. Guizot, qui obtint le plus grand succès. Le maréchal reçut au pied de la tribune les compliments des hommes distingués de tous les partis, avec cette assurance imperturbable qu'il montra sur tant de champs de bataille, au milieu des boulets et des balles de l'ennemi.

Le maréchal ne faisait cependant point mystère de la collaboration de M. Guizot, et il se plaisait à lui reporter publiquement le mérite de son succès.

Le maréchal Gouvion Saint-Cyr conserva jusqu'à sa mort une estime profonde et une amitié vive pour M. Guizot. Toutes les fois qu'on parlait de M. Guizot devant lui : « J'aime cet enfant-là, disait-il, je l'aime comme s'il était à moi. » M. Guizot n'était âgé que de trente et un ans à l'époque dont nous parlons; le maréchal en avait cinquante-cinq.

M. Charles de Rémusat, dans son discours de réception à l'Académie française, résume avec éloquence l'œuvre politique de la restauration :

« J'aime à le dire devant votre tombeau, royautés dé

» chues, exilées, pour qui peut-être l'oubli commence, » dussé-je même vous déplaire par cette louange, vous >> n'avez pas éteint la France! Vos lois lui ont permis » de réagir contre vos principes; vous avez souffert » qu'elle grandît contre vous-même, et l'ayant reçue >> insultée par la victoire, humiliée par la fortune, vous » l'avez laissée, en la perdant, toute pleine d'orgueil et » d'espérance. >>

Je reprendrai, dans le second volume de ces Mémoires, le récit des événements et l'appréciation impartiale des hommes politiques de la restauration.

FIN DU PREMIER VOLUME.

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