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Laharpe. 1814.

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Chateaubriand.

Un diner littéraire en 1815 avec MM. Abel Hugo, Eugène Hugo et Victor Hugo. Le Conservateur littéraire. La

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M. Lacretelle jeune.

M. Audibert. J. B. Soulié.

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Concours académiques. MM. Saint-Marc

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- Les

M. Malitourne. Girardin, Magnin, Patin, de Sacy, Mérimée, Loëve-Weimar Cuvillier Fleury, Sainte-Beuve, Jules Janin, Delatouche, Rabbe, Léon Gozlan, J. Sandeau, Alphonse Karr. LAMARTINE. femmes frêles. Un nouveau régime. Les salons littéraires. Madame Ancelot; son portrait par Malitourne. madame Ancelot.

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Un tableau de

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le comte Alfred de Vigny. montey. Madame Sophie Gay.

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M. Victor Hugo, dictateur litté

La Muse française. Les mœurs nouvelles de la restau

Les idées philosophiques ont souvent la même destinée que certaines découvertes industrielles; on sait ce qui advint à Fulton pour sa découverte de l'emploi de la vapeur.

Dans les dernières années du dix-huitième siècle et au commencement du dix-neuvième, trois hommes éminents, Joseph de Maistre, de Bonald et Chateaubriand, développèrent dans des livres, où le talent du style le dispute à l'elévation des idées, une philosophie toute nouvelle. Cette philosophie religieuse, littéraire et politique, qui ne se révéla point sans exciter la curio

sité et la controverse, sommeilla cependant tant que dura l'empire; il fallut que la guerre européenne cessât, que la restauration vînt, l'olivier à la main, nous faire acheter la paix par de rudes épreuves et par de douloureux sacrifices, pour que cette philosophie nouvelle se popularisât, pour qu'elle inspirât les poëtes, les législateurs, les historiens, pour qu'elle pénétrât jusque dans nos mœurs.

Dès 1796, Joseph de Maistre publia des Considérations sur la France.

De Bonald livra à la publicité plusieurs Traités de 1795 à 1802, et la Législation primitive.

Chateaubriand fit paraître aussi, dès 1802, le Génie du christianisme.

Le livre du comte Joseph de Maistre fut écrit pour tout rapporter à Dieu, pour battre en brèche, à force d'idées pleines d'audace et de nouveauté, l'Encyclopédie, toute la philosophie du dix-huitième siècle, et pour accabler du plus haut mépris la révolution et les révolutionnaires.

Dans un ouvrage que j'ai déjà cité, M. Nettement définit d'un mot la Législation primitive de M. de Bonald: C'était, dit M. Nettement, une tentative de restauration universelle.

De Bonald reconstruisait dans son livre toute la société avec le seul levier de la logique : « La révolution, disait-il, qui a commencé par la déclaration des droits de l'homme, ne finira que par la déclaration des droits de Dieu. >>

Le Génie du christianisme fut une réponse pleine de poésie et de sentiment à toutes les impiétés du dix-huitième siècle; le Génie du christianisme avait eu pour préface toutes les scènes ensanglantées de la Terreur. Le poëte religieux et l'écrivain novateur semblaient s'être entendus pour le succès du livre. Fontanes protégea de son amitié, Laharpe de son âpre critique contre les philosophes, les premiers fragments du Génie du christianisme qui furent publiés dans le Mercure. Laharpe dut dire à M. de Chateaubriand: Laissez-moi faire! je les ferai crier; je serre dur.

Les philosophes livrèrent en effet une bataille rangée au livre et à l'écrivain, et après beaucoup de bruit et beaucoup de phrases, malgré les Philippiques de M. Joseph de Maistre et de M. de Bonald, malgré toute cette poésie humaine du Génie du christianisme, la littérature de l'empire n'en continua pas moins à rester l'écho affaibli des témérités sociales de Rousseau et des spirituelles impiétés de Voltaire.

Toutes ces idées nouvelles en religion et en politique ne sortirent pas du cercle étroit des philosophes, des lettrés et des libres penseurs; elles furent plutôt combattues qu'oubliées; mais elles ne firent explosion qu'en 1814, lorsque des guerres inouïcs dans l'histoire, suivies d'une épouvantable catastrophe, eurent ému cette société impie, bravant le ciel comme don Juan, et lorsque les Bourbons, reprenant la couronne de leurs ancêtres, eurent par des faits donné crédit à ces théories prophétiques d'une restauration universelle.

Toute l'Europe avait mis bas les armes : aussitôt une

fièvre religieuse et littéraire s'empara des esprits et des

cœurs.

Ce ne furent alors que cénacles et agapes.

Je retrouve dans mes souvenirs les plus lointains, vers 1815 ou 1816, un premier dîner littéraire auquel j'assistai, chez Edon, restaurateur, rue de l'AncienneComédie, faubourg Saint-Germain. M. Amédée de Bast, auteur de plusieurs romans très-lus, M. A. Malitourne, dont nous aurons bientôt à parler plus longuement, M. Ader, que je retrouvai rédacteur au Constitutionnel en 1838, et qui ce jour-là me proposa d'écrire avec lui une comédie (cette comédie commençait par le monologue d'un personnage caché dans une malle); les trois fils Hugo MM. Victor Hugo, Eugène Hugo, Abel Hugo; tels étaient les convives. M. Ader et moi, nous chantâmes chacun une chanson, taillée sur le patron de toutes les chansons du temps. M. Malitourne lut de la prose, et M. Victor Hugo, alors dans sa première jeunesse, nous récita la traduction en vers d'un des chants de l'Enéide.

M. Abel Hugo, aimable homme, spirituel et obligeant, entraîné par le courant, fonda bientôt le Conservateur littéraire, où M. A. Malitourne écrivit ses premières phrases, MM. Victor et Eugène Hugo leurs premiers vers. Je fus chargé d'y rendre compte de quelques séances publiques de l'Académie des beaux-arts et de l'Académie française.

Sous l'influence de la réaction religieuse et politique, commencée avec le siècle par Joseph de Maistre, de Bonald et Chateaubriand, se fonda, dans les premières années de la restauration, la Société des Bonnes-Lettres.

Chateaubriand en fut même président honoraire. La direction de cette société littéraire et scientifique fut confiée au baron Trouvé, ancien préfet de l'Aude sous l'empire, et qui, en 1814, s'était pris de passion pour la famille des Bourbons. Cette Société des Bonnes-Lettres, d'abord logée à l'étroit dans un premier de la rue de Grammont, puis bientôt installée rue de Choiseul dans les vastes appartements occupés aujourd'hui par les magasins de la maison Delisle, était le rendez-vous de tous ceux qui, selon le langage du temps, pensaient bien et défendaient le trône et l'autel.

Trois fois par semaine, on y faisait des cours et des lectures. M. Nicollet, de l'Observatoire, plus tard réfugié en Amérique, faisait un cours d'astronomie; M. Pariset, un cours de psychologie. M. Auger, de l'Académie française, lisait des notices littéraires; M. Malitourne, des esquisses de mœurs; M. Mennechet, des contes en vers; MM. Soumet et Alexandre Guiraud, de petits poëmes et des élégies; M. Duviquet, alors rédacteur du feuilleton du Journal des Débats, des morceaux de critique littéraire; M. Patin, aujourd'hui de l'Académie française, des études sur le théâtre grec.

M. Lacretelle le jeune, né le 27 août 1763, âgé conséquemment aujourd'hui de plus de quatre-vingt-dix ans, et qui écrivait récemment un des plus jolis vers de ce temps-ci dans une épître à la jeunesse :

Donnez-moi vos vingt ans, si vous n'en faites rien 1,

M. Lacretelle le jeune montait souvent à la tribune; il

1. M. Ancelot fit à ce vers cette familière réponse :

Mais quand vous les aviez, yous en serviez-vous bien?

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