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Une grande faveur s'attacha à la danse de corde sous l'empire. C'est de cette époque que datent la célébrité et la fortune perdue de madame Saqui. La rivalité de talent de deux danseurs de corde, Forioso et Ravel, faisait alors grand bruit. Ils attiraient la foule au jardin de Tivoli. Les admirateurs de ces deux illustres acrobates étaient divisés en deux camps. Les uns admiraient la grâce de Ravel, les autres vantaient la force de Forioso. C'étaient des discussions et des querelles à rappeler la guerre des gluckistes et des piccinistes.

Etudiez les Vénus de l'antiquité; elles ont toutes les seins placés assez bas sur la poitrine. Pendant tout l'empire, les femmes avaient imaginé de se faire une taille qui coupait la poitrine en deux.

D'ailleurs, les modes françaises, effrontées, plus bizarres que de bon goût, et surtout changeantes, malgré les grandes guerres, régnaient dans toute l'Europe.

Nous publions ici l'état sommaire de ce que devait Sa Majesté l'impératrice et reine, pour modes et robes fournies par L. H. Le Roy, dans les dix premiers mois de 1806.

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C'était aussi, sous l'empire, une supériorité fort honorée de se montrer capable de prouesses de digestion, Les héros d'Homère se vantaient de manger des bœufs rôtis tout entiers; on se rendait célèbre par des paris gastronomiques héroïquement gagnés, et tout gourmand patenté qui avait pu, en présence de témoins, engloutir pendant un déjeuner cent douzaines d'huîtres, obtenait d'emblée une place dans l'administration des droits réunis.

Le général Daumesnil, qui fut gouverneur de Vincennes, donna un déjeuner d'huîtres dans les caves des Frères-Provençaux à tous les officiers de son régiment, alors qu'il n'était encore que chef d'escadron aux chasseurs de la garde. Toutes les caves étaient illuminées, et, sur chaque tas de bouteilles, des écussons portaient le nom de l'année et du cru. On but de tous les crus et de toutes les années.

On n'avait rien trouvé de mieux pour réjouir et pour moraliser la multitude, les jours de fêtes officielles, que de lui jeter à la tête, du haut d'une tribune, des saucis

sons, des pains, des dindons rôtis; que de faire couler le vin à flots, de tonneaux placés sur des estrades, dans des brocs et dans des seaux, défendus par des fiers-àbras coalisés.

La restauration mit fin à ces scènes ignobles et barbares.

Ce fut surtout sous l'empire que les cafés et les établissements de restaurateurs se multiplièrent.

Les cafés étaient devenus une nécessité pendant les orages de la révolution de 89; on s'y rendait soir et matin pour savoir les nouvelles et pour lire les feuilles publiques; on y pérorait; on y faisait de la politique ou de la littérature. Il y avait alors, comme plus tard sous la restauration, des cafés politiques et des cafés littéraires. Encore enfant, j'ai souvent vu avec envie, dans les cafés du Palais-Royal surtout, militaires ou bourgeois attablés autour d'un bol de punch, dont on entretenait la flamme bleuâtre, comme les Vestales entretenaient le feu sacré! On ne s'incendie plus l'estomac ni l'appétit. Avec la restauration Broussais vint!

De nombreux restaurants furent surtout fondés, pendant le directoire, par des chefs de cuisine de grandes maisons ruinées et qui n'existaient plus. Beauvilliers avait été chef de cuisine du prince de Condé ; Beauvilliers était le restaurateur le plus fréquenté par les grands personnages.

Robert avait été chef de cuisine de M. de Chalandray, ancien fermier général.

Au retour de l'exil, M. de Chalandray entre chez Robert et reconnaît son cuisinier : Robert sert à son ancien maître le dîner le plus exquis, lui verse les plus grands

vins, et la carte détaillée ne s'élève qu'à six francs. Ce jour-là, c'était le cuisinier devenu riche qui avait traité le fermier général devenu pauvre.

On se souvient encore de Méot, de Legacque, des frères Véry, d'Henneveu et de Baleine pour leurs entrées, pour leur marée, pour leur broche et pour leurs premiers crus.

La table de Cambacérès donnait le ton à la cuisine d'alors. L'archichancelier était assisté à chacun de ses diners de deux gourmands de profession, de d'Aigrefeuille et du marquis de Ville - Vieille. Cambacérès, voyant un jour d'Aigrefeuille se ruer sur un plat des plus savants, lui dit : « D'Aigrefeuille, vous allez vous donner une indigestion!-Je le sais, monseigneur. >>

J'ai souvent vu Cambacérès, accompagné de d'Aigrefeuille et du marquis de Ville-Vieille, au sortir de ces festins, promener dans les galeries du Palais-Royal, en habits brodés, le second pouvoir de l'Etat, peut-être plus craint que respecté. Le pauvre d'Aigrefeuille, toujours trop repu, en passant devant le café de Foy, faisait un salut; on savait ce que ce salut voulait dire : on lui apportait un verre d'eau glacée, qu'il buvait dans la galerie, pour regagner au plus vite la compagnie de son hôte illustre.

La cour des Tuileries offrait un éclatant contraste avec ces habitudes de gloutonnerie. L'empereur y donnait . l'exemple de la tempérance et de la frugalité; le dîner y durait peu. Les invités, c'était l'usage, dinaient avant ou dinaient après ces repas officiels.

Je suis assez heureux pour pouvoir publier à ce sujet

trois lettres d'un brillant officier, de M. Dubois Crancé, chef de brigade du 1er régiment de chasseurs à cheval.

Ces trois lettres, datées de l'an vi de la république française, sont des récits précis et authentiques de ces temps-là.

Nous n'en retranchons pas un mot.

Paris, le 12 pluviose an vIII.
Rue Vivienne, hôtel des Etrangers.

« Je ne t'ai pas écrit dès mon arrivée, mon ami: on a tant de choses à faire dans ce grand pays; on est si fatigué à la fin de la journée !

» D'abord j'arrive en maudissant la détestable voiture de ton beau-père, qui nous retint douze heures à l'hôtel, et qui enfin nous conduisit, tant bien que mal, ballottés et rompus, le troisième jour à Paris; une bonne nuit, un bain et la toilette réparèrent tout cela le lendemain, et je me mis en courses. Je fus fort bien reçu chez les généraux, et Lefebvre me proposa de me mener chez le consul; Chabaud devait aussi m'y mener, je le priai de l'en prévenir. Enfin, hier, j'y fus à l'heure du rapport avec le général Lefebvre. J'avoue que j'étais intimidé, mais son air affable me mit bientôt à mon aise; il me dit: On m'a parlé de vous, je suis bien aise de vous voir; venez diner demain avec moi. J'irai donc aujourd'hui, et j'examinerai avec plus de suite cet homme extraordinaire. Il travaille dix-huit heures par jour. Le tour des ministres ne vient que le soir: «La nuit est longue,» dit-il. En effet, il n'est jamais couché avant quatre heures du matin; il tient six ou sept conseils d'Etat par décade, et y discute lui-même sur tous les objets

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