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de conclure une paix dans laquelle toutes les parties trouveraient honneur, justice et égalité..

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Le soussigné a l'honneur, etc. Signé comte N. de ROMANZOFF. »

DECLARATION du roi d'Angleterre.

Du 16 décembre 1808.

« Les ouvertures faites à S. M. par les gouvernemens de Russie et de France n'ont abouti à aucune négociation, et les communications auxquelles ces ouvertures ont donné lieu étant terminées, S. M. croit devoir, sans délai et publiquement faire connaître qu'elles sont terminées.

La continuation d'une négociation apparente, quand la paix est reconnue absolument impossible, ne pouvait être avantageuse qu'à l'ennemi.

» Elle aurait donné à la France le moyen de semner la défiance et la jalousie dans les conseils de ceux qui se sont réunis pour résister à son oppression; et si, parmi les nations qui préservent contre la France une indépendance douteuse et précaire, il s'en trouve qui, même en ce moment, balancent entre la ruine certaine qui résultera d'une inaction prolongée et les dangers incertains d'un effort pour échapper à cette ruine, la perspective trompeuse d'une paix entre la Grande-Bretagne et la France ne manquerait pas d'être singulièrement funeste à ces nations : le vain espoir du retour de la tranquillité pourrait ralentir leurs préparatifs, ou la crainte d'être abandonnées à elles-mêmes pourrait ébranler leurs résolutions.

»S. M. était bien persuadée que tel était dans le fait le principal objet de la France dans les propositions transmises d'Erfurth à S. M.

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Mais au moment où des résultats si imposans par leur importance, ou si redoutables par leur incertitude, pouvaient dépendre de la détermination de continuer la guerre ou de faire la paix, le roi a cru se devoir à lui-même de s'assurer au-delà même de la possibilité d'un doute, des vues et des intentions de ses ennemis.

» S. M. se refusait à croire que l'empereur de Russie se fût si aveuglément et si fatalement dévoué à une puissance avec laquelle S. M. impériale s'était malheureusement allice, qu'elle était préparée à seconder ouvertement l'usurpation de la monarchie espagnole, et à reconnaître et à soutenir le droit que s'est arrogé la France de déposer et d'emprisonner des souverains amis, et d'usurper l'obéissance des nations indépendantes..

■ C'est pourquoi, lorsqu'il fut proposé à S. M. d'entrer en négociation pour une paix générale de concert avec les alliés de S. M., et de traiter ou sur la base d'uti possidetis, qui a déjà été le sujet de tant de discussions, ou sur toute autre base compatible avec la justice, l'honneur et l'égalité, S. M. se détermina à répondre à cette sincérité et à cette modération apparentes avec une sincérité et une modération réelles de la part de S. M.

» Le roi déclara qu'il était disposé à entrer dans une négociation de cette nature de concert avec ses alliés, et s'engagea de leur communiquer sur le champ les propositions qui avaient été faites à S. M. Mais comme S, M. n'était point liée avec l'Espagne par un traité d'alliance en forme (1), S. M. jugea nécessaire de déclarer que les engagemens qu'elle avait contractés à la face de l'univers avec cette nation étaient considé rés pår S. M. comme aussi sacrés et aussi obligatoires pour elle que les traités les plus solennels, et d'exprimer la juste persuasion de S. M. que le gouvernement d'Espagne agissant au nom de S. M. C. Ferdinand VII était considéré comme partie dans la négociation.

» Dans la réponse faite par la France à cette proposition de S. M., elle écarte l'artifice mal ourdi auquel elle avait eu recours pour remplir l'objet du moment, et montre même dans les ménagemens ordinaires l'arrogance et l'injustice de ce gouvernement. La nation espagnole tout entière y est désignée sous la dénomination dégradante d'insurgés espagnols, et la demande d'admettre le gouvernement d'Espagne comme partie dans une négociation rejetée comme inadmissible et insultante. » Avec autant d'étonnement que de douleur, S. M. a reçu de l'empereur de Russie une réponse semblable en substance, quoique moins inconvenante dans le ton et la manière. L'empereur de Russie flétrit du nom d'insurrection les glorieux efforts du peuple espagnol en faveur de son souverain légitime et de l'indépendance de sa patrie, donnant ainsi la sanction de l'autorité de S. M. impériale à une usurpation qui n'a pas d'exemple dans l'histoire du monde.

Le roi n'eût pas hésité à saisir l'occasion de consentir à une négociation qui eût pu offrir l'espoir ou la perspective d'une paix compatible avec la justice et l'honneur.

S. M. regrette profondément qu'elle se soit terminée d'une manière qui doit aggraver et prolonger les calamités de l'Eu

(1) Le traité d'alliance de l'Angleterre avec le peuple espagnol est du mois de janvier 1809.

rope; mais ni l'honneur de S. M. ni la générosité de la nation britannique ne permettaient à S. M. de consentir à entrer en négociation en abandonnant un peuple brave et fidèle, qui combat pour la conservation de tout ce qui est cher à l'homme, et dont S. M. s'est solennellement engagée à seconder les efforts dans une cause dont la justice est si évidemment manifeste. »>

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Tout espoir d'une paix générale s'était ainsi évanoui. Déjà, pour réaliser au moins en partie les projets combinés de Baïonne et d'Erfurth, Napoléon conquérait l'Espagne, tandis qu'Alexandre fortifiait sa domination dans le nord. L'Angleterre continuait avec acharnement de porter en tous lieux ses différens genres d'hostilités, tant ostensibles que secrets.

La victoire conduisit rapidement l'armée française à Madrid. (Voyez le précédent volume.)

NAPOLEON allait achever de soumettre et d'organiser la péninsule : > des insurgés cédaient à la force, et peut-être n'auraient-ils pas tardé à écouter la voix de la persuasion : les Anglais fuyaient de toutes parts, presque sans avoir combattu; leur arrière-garde avait seule 4- été atteinte et foudroyée : le roi Joseph était remonté sur son tróne, qu'entouraient un grand nombre d'Espagnols distingués. C'est alors que la vieille diplomatie, incitée par les intrigues de la GrandeBretagne, se réveilla effrayée de ce nouvel accroissement de la prépondérance française; pour attaquer encore le grand Empire, elle crut propice le moment où ses forces étaient dispersées, et son chef occupé à constituer le pays qu'il avait conquis: d'une puissance naguère débile, elle fait un ennemi formidable qui appelle et défic Napoléon dans une autre extrémité de l'Europe.

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Napoléon quitte l'Espagne, où l'anarchie se remontre aussitôt, alimentée par la guerre civile et par la guerre étrangère. De ce moment, et pendant cinq années, la péninsule ne sera plus qu'une proie que déchireront avec une égale fureur et ses propres enfans, égarés par l'ignorance et le fanatisme, et les Anglais, dont la politique fut toujours aussi fatale à leurs alliés qu'à leurs ennemis, et les Français, qui ne conserveront l'attitude de vainqueurs que par des efforts de courage et par des sacrifices dont le seul résultat, jusqu'à l'abandon de cette funeste conquête, sera le deuil de leur patrie.

L'ennemi qui s'annonce est encore cet Autrichien, tant de fois agresseur et toujours pardonné, plus facile à vaincre par les armes que par la clémence, et persévérant dans sa haine autant que dans les routines que lui impose l'incapacité de son gouvernement. C'est en affectant des relations amicales, c'est en protestant toujours dé

ses intentions pacifiques qué le cabinet de Vienne a préparé de loin et ses forces effectives et ses moyens secrets. Il a mis sur pied, à la solde de l'Angleterre, toute sa population disponible; six cent mille hommes seront opposés à la France, qui peut à peine dans les circonstances en distraire deux cent mille de ses armées. Si l'Autrichien est vainqueur, la défection, sourdement organisée, éclatera de toutes parts; l'Allemagne, le Tyrol, l'Italié, secoueront le joug français. La Prusse aussi est prête à se venger; des partisans armeront dans ses états, et, selon les événemens, scront ou protégés ou désavoués par elle. La Russie, occupée à démembrer la Suède, attendra également le sort des combats pour pousser une de ses colonnes sur le vaincu. L'Angleterre, indépendamment des subsides qu'elle fournit à ses alliés, fait encore des armemens considérables; aussitôt que le feu de la guerre aura embrasé le continent, ses flottes cingleront vers les ports de France pour les incendier. Enfin, il n'est pas jusqu'à la cour de Rome qui ne voulût donner la main à cette nouvelle coalition; mais déjà depuis plusieurs mois, pour déjouer et punir ses saintes menées, des troupes françaises ont pris possession des états du pape; et c'est de Vienne qu'un décret de Napoléon, plus puissant que les bulles d'excommunication de Pie VII, annoncera que le territoire de l'Eglise fait partie de l'Empire français.

Instruit des dispositions hostiles de l'Autriche, Napoléon avait quitté Madrid en toute hâte, il était de retour à Paris le 23 janvier 1809. Depuis lors il ordonnait des préparatifs de guerre; mais il suivait avec plus d'empressement et de confiance des négociations tendantes au maintien de la paix. Tout à coup il apprend que les généraux autrichiens ont tiré l'épée, et envahi le territoire de ses alliés. Le prince Charles, les archiducs Jean et Ferdinand, le premier se dirigeant sur la Bavière, le second sur l'Italie, et le troisième sur la Pologne, venaient de dénoncer officiellement aux autorités de ces pays l'ordre qu'ils avaient reçu de leur cour de se porter en avant avec les troupes sous leurs ordres, et de traiter en ennemies toutes celles qui leur feraient résistance. A cette déclaration, datée du 9 ayril, étaient jointes des proclamations qui appelaient à la liberté et à leur affranchissement tous les peuples de la Confédération du Rhin et des nouveaux royaumes créés par Napoléon, dont on représentait les alliés comme ses vassaux: Nous venons vous protéger ou vous combattre, leur disaient les généraux autrichiens; choisissez! L'empereur d'Autriche, s'adressant à ses peuples, leur montrait des griefs et des dangers dans la réunion à la France de plusieurs de ses conquêtes, entr'autres de la Toscane; dans les événemens de l'Espagne, dont le sort lui paraissait être réservé à tous les états du continent qui ne feraient pas respecter leur indépendance; dans les démêlés de Napoléon avec le chef de l'Eglise,

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et la violation des états romains; enfin dans les agrandissemens auccessifs « d'un Empire que son chef ambitieux proclamait grand avec tant d'emphase, mais auquel il n'était pas de la dignité de l'Autriche de rendre hommage, elc. »

Napoléon reçut ces pièces dans la nuit du 12 au 13 avril; il partit sur le champ pour se rendre d'abord à Strasbourg, laissant å ses .. ministres l'ordre de dénoncer au Sénat la conduite de l'Autriche.

SENAT:- Séance du 14 avril 1809, présidée par le prince archichancelier.

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Communications faites au Sénat par M. le comte de Champagny.

1°. BARPORT fait à l'empereur par le ministre des relations extérieures.

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Sire, vos armes victorieuses vous avaient rendu maître de Vienne; la plus grande partie des provinces autrichiennes était occupée par vos armées; le sort de cet empire était entre vos mains. L'empereur d'Autriche vint trouver Votre Majesté au milieu de son camp : il vous conjura de mettre fin à cette lutte, devenue si désastreuse pour ceux qui l'avaient provoquée; il offrit de vous laisser désormais, libre d'inquiétudes sur le continent, employer toutes vos forces à la guerre contre l'Angleterre, et reconnut que le sort des armes vous avait donné le droit d'exiger ce qui pouvait vous convenir; il vous jura une amitié et une reconnaissance éternelles. Votre Majeté fut touchée de ce triste exemple des vicissitudes humaines; elle ne put voir sans une profonde émotion ce monarque, naguère si puissant, dépouillé de sa force et de sa grandeur. Elle se montra généreuse envers la monarchie, envers le souverain, envers la capitale : elle pouvait garder ses immenses conquêtes; elle en rendit la plus grande partie. L'empire d'Autriche exista de nouveau; la couronne fut raffermie sur la tête de son monarque. L'Europe ne vit pas sans étonnement cet acte de grandeur et de générosité.

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» Votre Majesté n'a pas recueilli le tribut de reconnaissance qui lui était dû. L'empereur d'Autriche a bientôt oublié ce serment d'une amitié éternelle : à peine rétabli sur son trône, égaré sans doute par des conseils trompeurs, il n'a eu d'autres vues que de réorganiser ses moyens de force, et de se préparer à une nouvelle lutte pour le moment où elle pourrait être soutenue avec avantage. La guerre contre la Prusse fit promptement connaître ces dispositions malveillantes: l'Autriche se hâta de réunir des armées en Bohème ; mais la victoire d'léna

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