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conquérir une paix glorieuse, la seule digne des Français et de Votre Majesté.

» Le Corps législatif est heureux et fier d'être l'interprète d'une nation généreuse qui vous prêtera toujours une assistance sans bornes, parce qu'il n'en est point à la reconnaissance que lui inspire tout ce que Votre Majesté conçoit et exécute pour sa prospérité.

» En effet, ces grands progrès de l'agriculture et des arts, ces immenses travaux qui ouvrent de nouvelles routes au commerce et embellissent nos villes de magnifiques monumens, la création d'une marine instruite et nombreuse, le maintien de ce système de finances sans exemple jusqu'à nos jours, et digne de servir de modèle aux siècles à venir, sont autant de bienfaits de Votre Majesté envers ses peuples. Nous retracerons à nos provinces toutes ces merveilles, opérées au milieu des plus grandes occupations de la guerre ; nous leur dirons que les besoins du trésor et de l'armée sont assurés sans qu'aucune charge nouvelle leur soit imposée. Tranquilles sur le présent, nous ne redouterons plus pour l'avenir ces minorités turbulentes où le partage de l'autorité et l'incertitude de ses droits ramenaient, comme à des époques déterminées, la crainte des troubles civils: l'ordre de la régence est fixé comme celui de la succession, et le cœur d'une mère sera la garde fidèle de son enfant et de cette grande famille dont la monarchie est toujours l'emblème.

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» Ainsi se rétablit et s'améliore ce gouvernement tutélaire si cher à nos aïeux, et avec lui les sentimens généreux qui en ont fait la splendeur. Ainsi se préparent les jours de la paix dans les travaux qui peuvent le mieux en assurer les jouissances, dans les efforts qui doivent la commander. Puissent cet heureux accord du prince et des sujets se perpétuer à jamais, devenir la force la plus imposante de cet Empire, le lien le plus heureux de l'autorité et de l'obéissance, et le Corps législatif obtenir la gloire d'en donner le plus mémorable exemple! »

RÉPONSE de l'empereur.

« Monsieur le président et messieurs les députés,

» Le Corps législatif m'a donné pendant cette courte, mais importante session, des preuves de sa fidélité et de son amour. J'y suis sensible.

» Les Français ont justifié entièrement l'opinion que j'ai toujours eue d'eux..

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Appelé par la Providence et la volonté de la nation à constituer cet Empire, ma marche a été graduelle,

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forme, analogue à l'esprit des événemens et à l'intérêt de mes peuples. Dans peu d'années ce grand œuvre sera terminé, et tout ce qui existe complétement consolidé.

» Tous mes desseins, toutes mes entreprises n'ont qu'un but, la prospérité de l'Empire, que je veux soustraire à jamais aux lois de l'Angleterre.

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L'histoire, qui juge les nations comme elle juge les hommes, remarquera avec quel calme, quelle simplicité et quelle promptitude de grandes pertes ont été réparées: on peut juger de quels efforts les Français seraient capables s'il était question de défendre leur territoire ou l'indépendance de ma cou

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» Nos ennemis ont offert au roi de Danemarck, en compensation de la Norwège, nos départemens de l'Elbe et du Weser. Par suite de ce projet ils ont oùrdi des trames dans ces contrées. Le Danemarck a rejeté ces propositions insidieuses, dont le résultat était de le priver de ses provinces, pour lui léguer en échange une guerre éternelle avec nous.

» J'irai bientôt me mettre à la tête de mes troupes, et confondre les promesses fallacieuses de nos ennemis. Dans aucune négociation l'intégrité de l'Empire n'est ni ne sera mise en question.

» Aussitôt que les soins de la guerre nous laisseront un moment de loisir, nous. vous rappellerons dans cette capitale, ainsi que les notables de notre Empire, pour assister au couronnement de l'impératrice notre bien-aimée épouse, et du prince héréditaire, roi de Rome, notre très cher fils.

» La pensée de cette grande solennité, à la fois religieuse et politique, émeut mon cœur. J'en presserai l'époque pour satisfaire aux désirs de la France. »

Clôture de la session.-DISCOURS prononcé par M. le comte Regnault (de Saint-Jean-d'Angely), conseiller d'état. - Séance du 25 mars 1813.

« Messieurs, à peine aviez-vous appris le retour de l'empereur dans ses Etats, lorsque S. M. vous a appelés pour la tenue de cette importante session. Avec le sentiment de dévouement et d'énergie qui n'abandonne jamais un Français, vous avez pu cependant apporter aussi ce sentiment vague d'inquiétude dont l'âme la plus ferme ne sait pas toujours se défendre quand elle est occupée des intérêts les plus chers au cœur de l'homme, des intérêts confondus du souverain, de la patrie et de ses nombreux enfans.

Arrivés dans la capitale, vous avez été promptement instruits des effets d'une prévoyance réparatrice; vous avez su quelles rapides et efficaces mesures, conçues avec sagesse, commandées avec calme, exécutées avec zèle, devaient éloigner toutes les craintes, faire cesser toutes les hésitations, et, s'il en était besoin, ranimer tous les courages.

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Enfin, messieurs, votre session s'est ouverte, et les augustes paroles du souverain, rappelant avec une noble fidélité toutes nos pertes, ont cependant ramené la sécurité, versé l'espérance au milieu de vous, par des promesses qui n'ont jamais été vaines, dont les destins ont pu retarder, mais dont les efforts humains n'empêcheront pas l'accomplissement.

» Ces promesses embrassent, messieurs, deux objets principaux auxquels se rattachent, dans les infatigables travaux de Sa Majesté, et les profondes conceptions politiques, et les hautes pensées du gouvernement, et les nombreux détails d'administration; je veux dire la consolidation de la monarchie impériale el la durée de la dynastie, la gloire de la couronne et l'indépendance de la nation.

» La puissance du génie et la force du caractère fondent les empires; les institutions en assurent la durée, mais les institutions ne peuvent s'élever qu'avec le temps.

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Quand il a permis de les établir et de les perfectionner, semblables, selon leur nature, ou à des ressorts moteurs ou à des rouages dociles, elles donnent la vie, impriment le mouvement, commandent l'ordre à tout le corps social.

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Jusqu'au complément de l'immense et difficile travail, l'esprit qui conçoit, la main qui exécute doivent être là toujours présens, pour animer et diriger toutes les parties encore imparfaites ou incomplètes, tous les mouvemens encore incertains ou inégaux de ce vaste ensemble.

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» A ce tableau, messieurs, he reconnaissez-vous pas marche suivie par le souverain appelé à constituer l'Empire français ?

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Conduit par la Providence, placé par la nation sur un trône désert, il s'est occupé constamment de tout ce qui pouvait en garantir la solidité et en assurer la gloire.

» Les Actes de nos Constitutions sont des monumens de cette invariable intention du monarque; tous se rattachent, et ceux que la sagesse peut mûrir pour l'avenir se rattacheront de même aux principes sur lesquels repose le système de nos lois politiques et civiles.

>> Je ne dois pas omettre de vous arrêter, messieurs, sur cet Acte des Constitutions qui pourvoit avec une si sage prévoyance à tous les cas de régence, d'absence, de minorité; première

loi complete sur cette grande matière, pour laquelle les archi ves de la monarchie n'offraient point de modele, gage de sécurité et de paix intérieure, et dont le Dieu protecteur de cet Empire ne permettra pas que la génération présente ait besoin d'invoquer les bienfaits.

» C'est dans ce même acte que se trouve la pensée de cette solennité à laquelle Sa Majesté vient de vous appeler d'avance, et où seront consacrés par un double couronnement et les saintes prérogatives de la maternité royale, et les droits comme les devoirs de cet auguste rejeton destiné à faire regner les lois sur nos enfans, à les conduire au champ d'honneur, et qui est déjà l'espoir de la nation et la joie de son père.

» Cette importante loi constitutionnelle est la seule dont notre Code se soit enrichi depuis votre dernière session; aucune loi civile n'a paru nécessaire en ce moment ni à l'action des tribunaux, ni à la marche de l'administration.

» Les Codes divers auxquels vous avez concouru sont soumis à l'épreuve de l'expérience et du temps, et produisent cependant déjà les plus heureux effets pour la distribution de la justice.

» Dans leurs applications nécessaires aux pays réunis à l'Empire, Sa Majesté a examiné toutefois, pour toutes les parties de législation, s'il n'était pas convenable et juste d'accorder à la différence de climat, de propriété, de culture, quelques modifications qui, sans porter atteinte aux grands principes de nos lois, les mettent mieux en harmonie avec les besoins des nouveaux Français appelés à les observer.:

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Enfin, je n'aurais pas besoin, messieurs, de vous rappeler la loi sur les finances de l'Etat, à laquelle vous venez de coopé➡. rer; mais,au moment où vous allez vous séparer, il ne vous sera pas pénible de revenir encore sur ce monument de la puissance et de la force de l'Empire, sur ce tableau des immenses ressources d'une nation dont la grandeur et la prospérité sont assises sur l'étendue et la fécondité de son territoire.

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Quand l'Europe est inondée de papier-monnaie, quand les billets de banque d'Angleterre ont un cours forcé, nos espèces, graduellement refondues et élevées au titre le plus juste, portent par leur circulation la fécondité dans toutes les parties de l'Empire, garantissent la bonne foi de toutes les transactions, suffisent à tous les contrats particuliers, fournissent abondamment aux besoins de toutes les administrations.

» Pour continuer des efforts qui excèdent à la fois la proportion de ses finances, celles de son territoire et de sa population, l'Angleterre accumule de monstrueux emprunts, dont une par

tie se dissipe en subsides qui seront pour elle aussi stériles que ceux qu'elle a payés pendant les guerres précédentes.

» Et cependant la France liquide le passé, pourvoit au pré sent, prépare des ressources pour l'avenir. Elle pourvoit à toutes les obligations, à toutes les charges avec de modiques impositions territoriales, des contributions indirectes sagement établies, et un supplément extraordinaire qui dispense de rien ajouter aux charges des peuples, et qui, sans rien faire perdre aux communes, rend la circulation des propriétés plus rapides, leur culture plus féconde, assure tous les besoins de la campagne qui se prépare.

» C'est sur ces préparatifs, messieurs, que reposent la gloire du trône et l'indépendance de la nation, liens heureux et fidèles entre le prince et les sujets. Vous allez rentrer dans vos provinces, et ce vous sera un devoir bien doux de leur faire connaître les effets de leur dévouement, les fruits de leurs sacrifices.

» Elles seront encore déçues les espérances du cabinet anglais! Ce sera encore en vain qu'il aura armé le continent et remis en feu be nord de l'Europe pour se rassurer sur les événemens du midi! Au midi comme au nord, il trouvera les Français disposés au combat, et préparés pour la victoire, Quand je parle de l'Angleterre, messieurs, c'est, vous le savez trop bien, qu'à elle seule toutes les calamités de la guerre doivent être imputées.

» La paix, objet des désirs du reste du monde, semble être l'objet de son effroi en vain, en toute occasion, des ouvertures lui en ont été faites; elle en repousse la pensée ; elle n'ose dire, elle craint de s'avouer à elle-même à quel prix elle voudrait la mettre,

» Mais sa conduite révèle assez ses vœux et ses desseins.

>> Dominer sur toutes les mers, rendre le commerce de l'univers son tributaire; voir les chantiers de ses voisins déserts, leurs ports inhabités; ne laisser construire ni voguer sur l'Océan aucune flotte qui porte ombrage à sa tyrannie maritime; continuer à faire du Portugal, même sous le vain titre de royaume, une province anglaise; exploiter à son profit les trésors du Pérou et du Mexique ; alimenter avec leurs richesses son monopole dans les Indes orientales, en faire l'instrument de son despotisme sur leurs habitans misérables et asservis; préparer par des traités de commerce la ruine de l'industrie de tous les peuples; assurer l'arrivée exclusive des produits de ses manufactures sur tous les marchés; voilà, messieurs, une partie des conditions auxquelles l'Angleterre daignerait accéder à la paix, » Et telle est pourtant la juste estime dans laquelle elle tient

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