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se mit en tête d'introduire en Italie les opinions auxquelles la France avoit dû cent ans de disputes. On voyoit, par ses conseils, paroître de fréquentes et prolixes circulaires où le prince, entrant dans les plus petits détails, envoyoit aux évêques des catéchismes, leur indiquoit les livres qu'ils devoient mettre entre les mains des fidèles, abolissoit les confréries, diminuoit les processions, régloit le culte divin et les cérémonies, et n'omettoit rien de ce qui pouvoit en affoiblir la pompe et la majesté. Ricci, de son côté, après avoir provoqué ces réformes, en faisoit l'essai dans son diocèse. Il remplissoit les places d'hommes asservis à ses idées, qu'il appeloit de toutes parts. Il faisoit établir des académies ecclésiastiques, où l'on enseignoit la théologie nouvelle. Il donnoit des écrits contre la dévotion au sacré cœur de Jésus, contre les indulgences; et renversant la doctrine commune sur cette faveur de l'Eglise, il la réduisoit à n'être que la relaxation de la pénitence canonique imposée autrefois pour les péchés. Il changeoit les rits, réformoit la discipline, bouleversoit l'enseignement; et sans s'embarrasser des plaintes des peuples, dépouilloit le culte de son éclat, l'Eglise de ses droits, et la religion du respect des fidèles, le tout sous prétexte de rétablir les usages de l'antiquité. Fidèle imitateur de la conduite des appelans de France, il les proposoit pour modèles. Sous sa plume, Soanen n'étoit plus

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MÉMOIRES

POUR SERVIR

A L'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE

PENDANT LE DIX-HUITIÈME SIÈCLE.

1780.

LE 7 janvier, lettre circulaire du grand-duc de Toscane aux évêques de ce pays. L'archiduc Léopold, frère de Joseph II, et grand-duc de Toscane, commençoit à se mêler beaucoup du gouvernement ecclésiastique. On assure que par inclination ce prince eût été étranger à ces détails, mais que, dominé par un frère qui avoit à cœur de propager ses principes d'administration, il suivoit avec docilité ses erremens. Il obéissoit à l'influence de la cour de Vienne, et prenoit aveuglément les conseils de Scipion Ricci, qui fut fait cette année même évêque de Pistoie et Prato. La Toscane paisible ne s'étoit point ressentie des troubles religieux qui avoient agité divers Etats. Ricci, entreprenant, tracassier, et se sentant appuyé,

l'on plaidoit la cause des schismatiques de Hollande. En vain Pie VI écrivit à cet évèque pour essayer de le ramener. Ricci répondoit par d'autres innovations, et suscitoit des sujets de querelles entre les deux cours. Il fallut toute la modération du Pape pour éviter une brouillerie avec le grand-duc, dirigé par de si mauvais conseils.

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Le 18 mai, nouvelle déclaration de Buffon sur son ouvrage : on se rappelle qu'en 1751, cet auteur avoit remis à la Faculté de théologie des explications où il abandonnoit son systême, et modifioit quelques propositions qui avoient paru répréhensibles. Cette démarche de sa part avoit empêché la censure de son livre. Mais cette soumission fut-elle sincère? L'illustre naturaliste renonça-t-il réellement à son hypothèse? On est fondé à en douter. En 1775, il publia ses Epoques de la nature, dans le neuvième volume du Supplé– ment de son histoire naturelle. Ces Epoques sont, comme il l'explique lui-même, les points de l'histoire de la terre, conformément à sa théorie : il s'étonne qu'on n'ait pas saisi les rapports et l'ensemble de ce grand systéme (page 75). Néanmoins, ajoutet-il, y a-t-il un sujet plus élevé, plus digne d'exercer la force du génie. On m'a critiqué sans m'entendre. Que puis-je répondre? sinon que tout parle à des yeux attentifs, tout est indice pour ceux qui savent voir; mais

que rien n'est sensible, rien n'est clair pour le vulgaire, et méme pour ce vulgaire savant qu'aveugle le préjugé. Tout ce volume est donc consacré à défendre ce systême chéri, ou plutôt un second systême. Car il y a des différences, assez importantes entre la nouvelle théorie et l'ancienne. L'auteur, une fois prévenu de cette théorie, l'applique à tout, et plie les raisonnemens et les observations à cette hypothèse dont il étoit plein. Il cherche même à y faire accorder le récit de la Genèse, et par une explication telle quelle, il prétend concilier ce que Moïse dit de la création avec son systême. Il s'afflige de ce qu'on abuse du nom de Dieu. Il observe que l'écrivain sacré ne parloit que pour l'homme vulgaire. Il ne veut que concilier la nature avec la théologie, sans se rappeler ce qu'il avoit dit (tome I de l'Histoire naturelle, page 295) qu'il faut se borner à savoir du déluge (on peut dire la même chose de la création) ce que les livres sacrés nous en apprennent, avouer en méme temps qu'il ne nous est pas permis d'en savoir davantage, et surtout ne pas méler une mauvaise physique avec la pureté du livre saint. On peut voir sur le systême de Buffon, l'Analyse et réfutation des époques, par Royou, l'Examen impartial des époques de la nature, par Feller, les Lettres à un Américain sur l'histoire naturelle, par Le Large de Lignac, le journal de l'abbé Grosier, etc. Au surplus, cette théorie est absolument

abandonnée. L'auteur eut de son vivant le chagrin de la voir rejetée généralement. On ne lui a pas été plus favorable après sa mort. Les progrès de la physique, les découvertes de la chimie moderne, les travaux des plus célèbres géologues et minéralogistes, ont renversé toutes ces suppositions arbitraires, fruit d'une imagination féconde, qui, interprétant le passé d'après de vaines spéculations, y voit tout ce qu'il lui plaît de voir. Les savans de nos jours regardent le systême de Buffon comme une de ces idées, dont un homme habile d'ailleurs se préocccupe parce qu'il l'a enfantée, mais que personne n'eût mieux réfutée que lui, si un autre que lui en eût été l'auteur. Ce n'étoit pas la seule erreur où se fût laisser aller le naturaliste. Il supposoit les animaux produits par le concours ou la réunion d'une grande quantité de molécules organiques vivantes. Ces molécules sont, disoit-il, page 264, indestructibles et toujours actives... quand elles ne se trouvent absorbées par aucun moule animal déjà subsistant; elles se réunissent pour les formes particulières.... mais aujourd'hui qu'elles sont entièrement absorbées par les moules des étres existans, il ne peut se former d'espèces nouvelles. Il suppose même que ces molécules existoient dans le soleil, sans s'embarrasser si elles y pou 'voient vivre. Ces idées extraordinaires, pour ne rien dire de plus, donnèrent quelques avantages aux adver

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