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tion de l'acte de 1778. D'autres furent insultés, et plusieurs pairs particulièrement furent traités avec brutalité. Il y en cut qui eurent peine à se soustraire au ressentiment de cette troupe emportée. Lord Gordon présenta la pétition. On vouloit que le parlement délibérât séance tenante. Mais pendant les débats la foule entreprit de se faire justice contre les catholiques. Deux chapelles furent pillées et détruites. L'une étoit celle de l'ambassadeur de Sardaigne. Le 4 juin, les attroupemens et les violences recommencèrent. On se porta sur les chapelles et les maisons des catholiques à Moorfields. Elles furent pillées, et tout ce qui s'y trouvoit jeté au feu. Trois maisons de catholiques furent traitées de même. La populace ne parloit que d'exterminer entièrement le papisme. Le 5, les attroupemens devinrent plus inquiétans encore. Les mécontens détruisirent d'autres chapelles et pillèrent d'autres maisons, entr'autres celle de sir Georges Saville, qui avoit fait la motion au parlement pour l'abrogation de l'acte de 1689. Le 6, après avoir conduit en triomphe leur digne chef, ils se séparèrent pour poursuivre leurs expéditions. Ils mirent le feu à la prison de Newgate, parce qu'on y avoit renfermé quelques-uns des leurs. Un parti se détacha contre les catholiques de la rue de Devonshire. La nuit du 6 au 7 fut affreuse. Il n'étoit question que de destruction et de

pillage. On mit le feu à plusieurs endroits à la fois. La maison d'un catholique, ailleurs une chapelle et trois maisons attenantes, d'autres maisons de particuliers de la même communion, devinrent la proie des flammes. Les catholiques, objet de la fureur de la multitude, n'osoient se montrer dans les rues. Mais, au milieu de la confusion générale, chacun commençoit à craindre; et les protestans eux-mêmes pouvoient être victimes du désordre. On sentit enfin la nécessité de le réprimer. On fit venir quelques troupes. Georges Gordon fut mis à la tour. On arrêta plusieurs des séditieux, parmi lesquels il s'en trouva qui étoient animés d'un esprit de vertige. Ils se regardoient comme des martyrs. On exécuta dix-neuf des plus coupables. Le reste fut condamné, mais obtint sa grâce. Soixante-douze maisons furent brûlées pendant ces jours de terreur. On découvrit, par l'interrogatoire de lord Gordon, et par ses papiers, quels étoient ses projets. Il se disposoit à partir pour l'Eafin de travailler, conjointement avec la société d'Edimbourg, à y produire les mêmes résultats qu'il venoit d'obtenir à Londres. Il entretenoit des correspondans chargés de seconder ses projets. Ce fut par leurs soins qu'il y eut des émeutes à Bristol et à Hull; on en arrêta les suites. Les factieux furent plus heureux à Bath. La populace y détruisit une chapelle et plusieurs maisons de catholi

cosse,

ques. C'est ainsi que, dans un siècle qui vante si fórt sa tolérance, on donna un exemple si frappant d'intolérance et de fanatisme. C'est ainsi que, chez une nation éclairée, on vit ces fureurs de secte. Au surplus, il ne paroît pas que le clergé anglican ait beaucoup contribué à ces scènes terribles. Très-peu d'ecclésiastiques entrèrent dans l'association. On ne cite qu'un prédicateur, le docteur Fordyce, dont les sermons étoient un véritable manifeste contre le papisme. Quand les tumultes furent appaisés, la chambre des communes crut qu'il falloit accorder quelque chose aux préventions de la multitude. Elle adopta un bill pour assurer l'église établie, contre les accroissemens du papisme; mais la chambre des pairs rejeta cette loi. Elle s'assura que ces plaintes continuelles sur des accroissemens imaginaires, n'étoient que des déclamations dictées par la passion et destituées de fondement. Rien ne prouve mieux l'aveuglement de l'esprit de parti qu'une assertion que nous avons lue dans un pamphlet au sujet des mouvemens séditieux que nous venons de rapporter. L'auteur de ce pamphlet dit, et a l'air de dire très-sérieusement, que ce furent les catholiques qui excitèrent les tumultes et les incendies. On ne sauroit réfuter une telle accusation. C'étoit sans doute une ruse bien perfide à ces catholiques de brûler leurs chapelles et leurs maisons, pour avoir le plaisir de crier contre les protestans. Des gens

qui se cachoient n'étoient guère disposés à diriger les mouvemens de la populace. Dès avant la révolte, les catholiques avoient hautement annoncé leur détermination de ne faire, pour le moment, aucune demande, et de s'en tenir aux dernières concessions. Cette résolution avoit même été publiée dans les journaux, mais n'avoit pu calmer l'effervescence des esprits, qu'on s'étoit plu à aigrir et à exalter par tous les moyens possibles.

Le 20 juillet, mémoires de l'assemblée du clergé de France au Roi sur les intérêts de la religion et de l'Eglise. Le retour des assemblées du clergé ramenoit toujours les mêmes observations et les mêmes plaintes, et l'assemblée de 1780 suivit fidèlement, à cet égard, les traces des assemblées précédentes. On commença par écarter du bureau chargé des affaires de la religion, un prélat qui y avoit siégé jusqu'ici, mais dont on avoit lieu de suspecter le zèle; et on mit à sa place M. Dulau, archevêque d'Arles, prélat également pieux, instruit et vigilant, qui s'acquitta de ses fonctions d'une manière à mériter les éloges de tous les amis de la religion. Le 21 juin, il fit un rapport sur les mauvais livres. Il se plaignit de l'inutilité des réclamations des assemblées précédentes, de l'éclat affecté des hommages rendus à Voltaire, et des souscriptions ouvertes publiquement pour des ouvrages qui res

piroient la haine de l'autorité. Il s'éleva surtout contre le scandale qu'avoit donné récemment un prêtre, un ancien religieux (Raynal), en mettant son nom à la tête d'un écrit semé des blasphêmes les plus révoltans. Il dit que la sévérité même de quelques réglemens sur la librairie étoit peut-être une des raisons qui faisoient fermer les yeux sur les délits des auteurs; que la déclaration du 16 avril 1757, en portant la peine de mort contre les auteurs et distributeurs de mauvais livres, avoit manqué le but qu'elle sembloit vouloir atteindre; que cette excessive rigueur arrêtoit les juges les mieux disposés, et qu'il étoit digne du clergé de France de solliciter contre ses ennemis, non des supplices, mais des mesures répressives qui conciliassent les intérêts de la religion avec les égards dus même aux coupables. Il fut chargé de conférer à ce sujet avec le garde des sceaux. Quelques jours après, il fit des rapports sur les entreprises des protestans, et sur la tenue des conciles provinciaux. Il demandoit pourquoi on refusoit au clergé ces réunions anciennes et canoniques, tandis qu'on favorisoit de toutes parts l'établissement de sociétés dans tous les genres. L'Eglise devoit-elle donc s'attendre à être moins protégée que les sciences, que la littérature, que la francmaçonnerie même qui avoient leurs académies, leurs loges, leurs lieux et leurs jours de réunion bien

connus ?

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