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droits. Ils sont sûrs que vous n'oublierez pas vos devoirs. Dès ce moment, vos souffrances et vos fatigues cessent Votre gloire demeure toute entière. La paix vous garantira le prix de vos longs travaux.

Quelle était votre destinée sous le Gouvernement qui n'est plus? Traînés des bords du Tage à ceux du Danube, des bords du Nil à ceux du Nieper; tour-à-tour brûlés par les chaleurs du désert ou glacés par les frimas du Nord, vous éleviez, sans intérêt pour la France, une grandeur monstrueuse, dont tout le poids retombait sur vous comme sur le reste du monde. Tant de milliers de braves n'ont été que les instrumens et les victimes d'une force sans prudence, qui voulait fonder un empire sans proportion. Combien sont morts inconnus, pour augmenter la renommée d'un seul homme? Ils ne jouissent pas même de celle qui leur était due. Leurs familles, à la fin de chaque campagne, ne pouvaient constater leur fin glorieuse et s'honorer de leurs faits d'armes.

« Tout est changé; vous ne périrez plus à cinq cents lieues de la patrie, pour une cause qui n'est pas la sienne. Des princes nés Fran-、 çais, ménageront votre sang, car leur sang est le vôtre. Leurs ancêtres ont gouverné vos ancêtres. Le temps perpétuait entre eux et nous un

long héritage de souvenirs, d'intérêts et de services réciproques. Cette race antique a produit des rois qu'on surnommait les Pères du Peuple. Elle nous donna Henri IV, que les guerriers nomment encore le Roi vaillant, et que les laboureurs nomment toujours le bon Roi.

« C'est à ses enfans que votre sort est confiée. Pourriez-vous concevoir quelques alarmes? Ils admiraient, dans une terre étrangère, les prodiges de la valeur française. Ils admiraient, en gémissant, que leur retour fût suspendu par tant d'exploits inutiles.

« Ces princes sont enfin au milieu de vous; ils furent malheureux comme Henri IV, ils règneront comme lui.

«

Ils n'ignorent pas que la portion la plus distinguée de leur grande famille est celle qui compose l'armée; ils veilleront sur vous comme sur leurs premiers enfans.

«< Restez donc fidèles à votre drapeau. De bons cantonnemens vous seront donnés. Il est

parmi vous des guerriers qui, jeunes encore, sont déjà des vétérans de la gloire. Leurs blessures ont doublé leurs années. Ceux-là, s'ils le veulent, iront vieillir auprès de leur berceau avec des récompenses honorables; les autres continueront à suivre la carrière des armes,

avec toutes les espérances d'avancement et de. stabilité qu'elle pcut offrir.

«

Soldats de la France, que tous les sentimens français vous animent! ouvrez vos cœurs à toutes les affections de famille. Revenez vivre avec vos pères, vos frères, vos compatriotes. Gardez votre héroïsme, mais que l'ambition ne. le rende point funeste à la France, funeste à vous-mêmes; et qu'elle n'en fasse plus un sujet d'inquiétude pour l'Europe entière. (1) »

Dans le même temps, quinze cents Français, faits prisonniers par par les troupes de l'empereur Alexandre, dans différentes actions qui avaient eu lieu dans l'intérieur, entrèrent à Paris et furent réunis sur le boulevard de la Magdeleine, vis-à-vis la rue Royale, et au milieu d'une foule considérable de spectateurs qui leur prodiguaient les marques du plus touchant intérêt ; ils attendaient le sort qui leur était réservé, lorsque des officiers russes, précédés par un Français, se mélèrent parmi eux, et leur adressèrent ces paroles consolantes, suivies d'applaudissemens universels: << Français, vous n'êtes plus prisonniers. L'empereur Alexandre vous rend votre liberté. Au nom de votre roi

(1) Ce sage avis est devenu une prédiction pour l'ave nir, ainsi que nous le dirons dans la suite.

Louis XVIII, vous pouvez retourner dans le sein de vos familles. Vive le Roi! » Aussitôt les cris de vive le Roi retentissent de toutes parts; les soldats demandent d'une voix unanime le drapeau blanc et la cocarde. L'un et l'autre leur sont offerts par des dames; et à l'aspect de l'antique bannière française, ces braves prêtent serment de fidélité à Louis XVIII. Les mêmes officiers crièrent de nouveau: «Soldats, retournez dans vos foyers, à moins que vous n'aimiez mieux entrer au service de votre roi; alors, comme les premiers enrôlés, vous serez dans sa garde. Tous ces braves répondirent unanimement : « Nous voulons servir le roi, nous le jurons. » M. le comte Albert de Brancas fut chargé de les enrégimenter et de les caserner.

Le cœur paternel de Louis XVIII lui inspira la lettre suivante, adressée à l'empereur de Russie, dès le mois de février 1814: « Le sort des armes a fait tomber dans les mains de Votre Majesté impériale, plus de cent cinquante mille prisonniers; ils sont la plus grande partie Français peu importe sous quels drapeaux ils ont servi; ils sont malheureux; je ne vois parmi eux que mes enfans; je les recommande à la bonté de Votre Majesté Impériale; qu'elle daigne considérer combien un grand nombre d'entre eux a déjà souffert, et adoucir la rigueur de leur sort. Puissent-ils apprendre que leur vainqueur

est l'ami de leur père! Votre Majesté ne peut pas me donner une preuve plus touchante de son amitié pour moi. »

Voilà des paroles que les Français n'ont pas entendu depuis vingt-quatre ans, remarque judicieusement un des rédacteurs du Journal des Débats; voilà des sentimens qui ne peuvent sortir que du cœur d'un monarque légitime. Le sort de nos prisonniers a-t-il jamais excité l'intérêt de l'usurpateur? S'en est il occupé jamais, si ce n'est pour reculer l'époque de leur délivrance par mille chicanes diplomatiques? Combien de milliers de Français, depuis quinze ans, ont péri dans une terre étrangère, implorant en vain sa protection? Ah! c'est qu'il n'était pas le père du peuple, parce qu'il n'en était que le conquérant (1), et non le souverain.

Avant de quitter la Grande-Bretagne, Louis XVIII demanda et obtint de S. A. R. le princerégent la liberté de tous les prisonniers de guerre français détenus en Angleterre, sans distinction.

Tous les Bourbons partagent l'estime que le roi ne cesse de manifester pour les guerriers français.

(1) Il n'avait point conquis la France; mais il l'avait trompée, séduite et enchaînée.

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