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Louis XVIII quand il remonta sur le trône, ils ont violé le serment qu'ils avaient fait de mourir à son service; ils ont paru dédaigner. l'honneur, qui, dans tous les siècles, fut leur noble partage. Et pour qui ont-ils oublié l'estime générale dont ils jouissaient autrefois et qui ajoutait à l'éclat de leur bravoure? Pour un homme obscur, se jouant de tout ce qu'il y a de plus respectable dans le monde, envahissant le pouvoir souverain par la perfidie, y renonçant quand il a ravagé toute l'Europe, et que tous les peuples sont armés contre lui; et revenant ensuite par trahison, à l'aide du mensonge et des plus grossiers subterfuges, s'emparer de nouveau d'un pouvoir qu'il avait juré d'abandonner. Un grand nombre d'entre eux se déshonorèrent pour un homme qui ne leur a jamais donné de repos, qui les a fait combattre dans les régions brûlantes du midi, et au milieu des glaces du Nord; qui a couvert la terre des cadavres mutilés de leurs camarades, sans daigner souvent s'occuper du soin de secourir les blessés: il songeait moins à leur vie, à leur gloire, qu'à se livrer à la funeste passion des conquêtes, et à s'élever au-dessus des rois, sur lesquels il osait à peine fixer ses regards, dans la poussière où il était né.

Il est vrai que tous les militaires français ne partagent pas l'erreur et la séduction de leurs

compagnons d'armes, et que plusieurs d'entre eux montrent que l'honneur trouve toujours un refuge dans l'âme d'un vrai soldat. Mais quels sont donc les motifs qui ont fait déserter tant de braves gens de la cause la plus légitime? Avouons-le avec franchise, un des principaux est l'intérêt, passion bien étonnante dans les grands cœurs. Ils ont vu avec peine que la paix générale, ouvrage de Louis XVIII, obligeait de réduire l'armée à moins de moitié, et cependant elle restait encore à deux cent vingt mille hommes; ils ont frémi en se voyant réduits à la demisolde, et qu'on leur ôtait l'espoir, peut-être pendant plusieurs années, de parvenir aux grades militaires, objets de leur émulation. Mais l'Europe est-elle destinée à un état continuel de guerre? Ne faut-il pas qu'elle respire enfin dans un meilleur ordre de choses, et que la paix vienne combler les vœux des peuples? Alors les guerriers doivent poser les armes, retourner dans le sein de leur famille, y jouir de la consideration que leur attirent nécessairement leurs exploits, et s'y livrer aux travaux de l'agriculture, aux arts, aux sciences et aux lettres. D'ailleurs la France, dans les circonstances où elle se trouvait, pouvait-elle tenir sur pied une armée trop considérable? Son souverain arrivait dans un moment où l'Etat était obéré; les fonds du trésor

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royal avaient été dilapidés; il était dû six mois de solde aux militaires, et les revenus venaient d'être considérablement diminués la réducpar tion du territoire. Nous le demandons à toute personne que n'aveugle point la prévention, Louis XVIII pouvait il agir autrement qu'il a fait ? Ila conservé les pensions que les militaires avaient si justement acquises, il en a accordé d'autres; il les a maintenus dans leurs grades; il a adopté l'ordre de la légion d'honneur; il a composé sa maison militaire d'une partie de la vieille garde, sous le nom de grenadiers-royaux; s'il a rétabli les compagnies des gardes-du-corps, mousquetaires, etc., c'est parce qu'on avait pensé de tout temps qu'il était convenable que nos rois fussent entourés d'une grande pompe : une autre considération à ce sujet, c'est que les fils des bons bourgeois avaient droit d'être admis dans ces compagnies d'élite.

Les militaires rangés exclusivement sous les bannières de Buonaparte, prétendent que Louis XVIII ne leur a témoigné qu'une faible estime, et qu'à peine paraissait-il se rappeler des exploits qui les avaient couverts de gloire. Une infinité de faits s'élèvent contre cette accusation et la détruisent d'une manière victorieuse. Nous allons en rapporter les preuves, et en même temps des exemples de promesses authentiques dé

et de sermens sacrés faits par les soldats et leurs chefs et bientôt oubliés.

Le Gouvernement provisoire, avant l'arrivée de Louis XVIII, adressa aux armées françaises, le 2 avril 1814, la proclamation suivante : « Soldats, la France vient de briser le joug sous lequel elle gémit avec vous depuis tant d'années.

« Vous n'avez jamais combattu que pour la patrie; vous ne pouvez plus combattre que contre elle sous les drapeaux de l'homme qui vous conduit.

Voyez tout ce que vous avez souffert de sa tyrannie: vous étiez naguères un million de soldats; presque tous ont péri; on les a livrés au fer de l'ennemi, sans subsistances, sans hôpitaux; ils ont été condamnés à périr de misère et de faim.

« Soldats, il est temps de finir les maux de la patrie; la paix est dans vos mains; la refuserez-vous à la France désolée? Les ennemis mêmes vous la demandent. Ils regrettent de voir ravager ces belles contrées et ne veulent s'armer que contre votre oppresseur et le nôtre. Seriezvous sourds à la voix de la patrie qui vous rappelle et vous supplie? Elle vous parle par son Sénat et surtout par ses malheurs. Vous êtes ses plus nobles enfans et ne pouvez appartenir à celui qui l'a ravagée, qui l'a livrée sans armes,

sans défense, qui a voulu rendre votre nom odieux à toutes les nations, et qui aurait peutêtre compromis votre gloire, si un homme, qui n'est pas même Français, pouvait jamais affaiblir l'honneur de nos armes et la générosité de nos soldats.

« Vous n'êtes plus des soldats de Napoléon : le sénat et la France entière vous dégagent de

Vos sermens. >>>

Signé: le prince de BÉNÉVENT; François DE MONTESQUIOU; JAUCOURT; BEURNONVILLE; D'ALBERG.

LABORIE, Secrétaire-adjoint du Gouvernement provisoire.

A la même époque, le Gouvernement provisoire fit, le 14 avril, une autre adresse à l'armée française, que nous croyons devoir placer ici; elle est forte de raison, et il est impossible de n'en être pas frappé, ainsi de l'estime profonde qu'elle proclame pour nos guerriers.

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que

Soldats! vous n'êtes plus à Napoléon, mais vous êtes toujours à la patrie; votre premier serment de fidélité fut pour elle. Ce serment est irrévocable et sacré.

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La constitution nouvelle vous assure vos honneurs, vos grades, vos pensions. Le sénat et le gouvernement provisoire ont reconnu vos

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