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ports d'allégresse dans toutes les villes qu'il traverså dans sa route, pour se rendre à Paris, telles que Boulogne, Abbeville, Amiens, etc., alla se reposer quelques jours à Compiègne. Dans ce voyage il portait un habit bleu, distingué seulement par une plaque de l'ordre du Saint-Esprit, et deux épaulettes.

Madame la duchesse d'Angoulême, fille de l'infortuné Louis XVI, était vêtue d'une simple robe blanche; sa tête était couverte d'un petit chapeau à l'anglaise. Une expression de douceur et de tristesse, annonçait dans ses regards', ce qu'elle avait souffert. Elle ne cessait de répéter : «Que je suis heureuse d'être au milieu des bons Français ! » Hélas! ses vives afflictions ne tardèrent pas à se renouveler.....; mais n'anticipons pas sur nos nouveaux jours de douleurs et de désastres: nous n'y arriverons que trop tôt.

La santé de Louis XVIII s'est toujours soutenue très-bonne, si l'on en excepte les attaques de goutte auxquelles il est sujet, qui le gênent un peu dans sa marche, et l'obligent à porter des guêtres d'étoffe; ses traits ont éprouvé peu d'altération; sa figure est belle et prévenante; on y retrouve cet air de bonté affable qui caractérisait son auguste frère Louis XVI.

Le château d'Hartwell et ses belles dépen

dances, dans le comté de Buckingham, à seize lieues de Londres, avaient été cédés à notre roi par le propriétaire : dès ce moment, S. M. en traita les habitans avec une extrême douceur; elle allégea toutes leurs charges, et ses bienfaits allaient chercher le malheureux sous le chaume, et sécher partout les larmes de l'infortuné : aussi, S. M. était-elle au milieu d'eux, comme un tendre père au milieu de ses enfans. Louis XVIII prenait souvent le plaisir de la promenade à pied, et quelquefois à cheval. Lorsque S. M. s'approchait d'une ville, traversait un village, on s'empressait de sonner toutes les cloches; les habitans se précipitaient à sa rencontre, suivaient ses pas, en faisant éclater mille témoignages d'amour et de vénération.

Ce bon Prince eut le bonheur, dans cette terre d'exil, mais hospitalière, de posséder plusieurs des membres de son auguste famille, MONSIEUR, comte d'Artois, le duc d'Angoulême, le duc de Berry, et MADAME, duchesse. d'Angoulême, qui prodiguait au Roi, tous les soins de la piété filiale.

Le soir de l'arrivée de S. M. Louis XVIII à Boulogne, il y eut un concert chez M. le comte de Casséja, Sous-Préfet, qui fut honoré de la présence de LL. AA. SS. le prince de Condé et le duc de Bourbon. M. Hédouin, jeune avocat,

chanta plusieurs couplets remplis d'expression, analogues à la circonstance, et dont il avait fait les paroles et la musique. Les Princes en parurent touchés, et M. le duc de Bourbon lui fit l'honneur de l'engager à déjeûner pour le jour suivant. Le lendemain, lorsqu'il prit congé de LL. AA. SS., ils lui tendirent la main qu'il voulut baiser, mais ils lui dirent avec cette bonté touchante qui caractérise les Bourbons: « M. Hédouin, pourquoi ne nous embrasseriezvous pas? les cœurs comme le vôtre ne sont jamais trop près de nous. »

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Ce fut le 3 mai ( 1814 ) que Louis XVIII fit son entrée solennelle dans Paris, par la porte Saint-Denis. S, M. y fut reçue par le Préfet du département de la Seine, accompagné des douze Maires de la capitale, qui eut l'honneur de lui présenter les clefs de la ville, et de noncer un discours où le sentiment était joint à l'éloquence. Pendant que le Monarque traversait les rues, on n'entendait que des acclamations, mêlées de sanglots et de larmes; 'que les cœurs vivement émus, ne pouvaient contenir. Une centaine de jeunes demoiselles qui étaient allées présenter leurs respectueux hommages et des fleurs au Roi et à madame la duchesse d'Angoulême, marchaient au milieu du nombreux cortège; elles étaient toutes vêtues de

blanc, et l'une d'elles portait une bannière sur laquelle on lisait ces mots en grosses lettres : La providence nous rend les Bourbons. Vive le Roi!

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Le Roi était dans une calèche attelée de huit superbes chevaux blancs. S. A. R. madame la duchesse d'Angoulême, sa fille adoptive, était assise à côté de S. M., et vis-à-vis, on voyait le prince de Condé, vieillard respectable à tant d'égards, et son illustre fils, le duc de Bourbon. S. A. R. MONSIEUR et son auguste fils M. le duc de Berry, étaient à cheval de chaque côté de la calèche.

Des orchestres, placés de distance en distance, jouaient continuellement les airs patriotiques : Vive Henri IV! Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ? etc.

Lorsque le Roi fut sous l'arc de triomphe de la porte Saint-Denis, une magnifique couronne de fleurs vint, pour ainsi dire, descendre sur sa tête. En passant au marché des Innocens, S. M. eut la bonté de faire arrêter sa voiture, pour recevoir le compliment des dames de la Halle; dans cet instant, un petit enfant présenta à madame la duchesse d'Angoulême, une corbeille de fleurs, et laissa échapper deux tourterelles, qui vinrent voltiger autour de S. A. R.

A deux heures et demie, Louis arriva dans l'église Métropolitaine. Après le Te Deum, S. M. fut conduite avec le même cortège, an palais des Tuileries. En passant sur le PontNeuf, le Roi s'arrêta quelques instans devant la statue de Henri IV. La dame Blanchard, aréonaute, s'éleva en sa présence, dans les airs, tenant un drapeau blanc, et lâcha des colombes; allégorie pour aller annoncer la nouvelle de l'entrée de Louis XVIII dans sa capitale, croyait devoir regarder avec raison comme le présage de la paix.

Un des premiers soins de ce bon roi fut de s'occuper du sort des soldats qu'un chef dominé par l'esprit frénétique des conquêtes avait fait tomber entre les mains des puissances alliées; en recouvrant leur liberté, ils obtinrent encore des secours d'un prince que depuis.

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Louis XVIII pouvait-il avoir oublié son ver tueux et infortuné frère, ce monarque bienfaisant, qu'une rage aveugle avait fait périr sur l'échafaud? Un citoyen estimable, ancien avocat, M. Descloseaux, acheta le cimetière de la Magdelaine, cù on avait enterré et couvert de cha x le corps de Louis XVI et celui de MarieAntoinette, autre victime de la fureur populaire. M. Descloseaux conserva religieusement l'enceinte où reposaient ces restes précieux, et

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