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gées en ligne depuis le boulevard de l'arsenal jusqu'à celui de la Magdeleine. A une heure, LL. MM., suivies de nombreux et magnifiques états majors, et S. A. le prince de Schwarzenberg, également accompagné de son état-major autrichien, bavarois, wurtembergeois, arrivèrent sur l'immense place Louis XV, qui était aussi couverte de troupes de toutes armes et de la plus belle tenue. Les augustes souverains furent reçus aux acclamations de vivent les Allies! vive le Roi! répétées non-seulement par l'ar mée, mais par la foule qui remplissait les deux terrasses du jardin des Tuileries. LL. MM. montèrent à l'autel, qui était très-élevé; elles se tinrent debout, elles ne voulurent point qu'il y eût de fauteuils préparés pour elles. La céré monie fut faite par un évêque et six prêtres du rite grec, tous vêtus de chappes. La garde nationale de Paris, sous les ordres de M. le général Dessolles, entra au milieu des rangs, et vint se placer tout autour de l'autel. On chanta le Te Deum, pendant lequel les princes et l'armée montrèrent le plus profond recueillement. Le célébrant présenta la croix à baiser à LL. MM., au prince de Schwarzenberg, à S. A. I. le grandduc Constantin, à LL. AA. RR. les princes de Prusse, et à tous les officiers-généraux des armées alliées. Il éleva ensuite la croix : à ce signal,

princes et soldats, tous mirent un genou en terre, priant Dieu, et faisant de fréquens signes de croix, conformément au rite grec. La fin de la cérémonie fut annoncée par une salve de cent coups de canon. Au départ des souverains, les acclamations de la joie publique les accompagnèrent jusqu'à leur palais.

S. M. l'empereur d'Autriche n'arriva à Paris que le 15 avril. Les troupes alliées en grande tenue, et la garde nationale, occupaient, sur plusieurs lignes, tout le trajet depuis la place Louis XV jusqu'à la barrière de Charenton. A dix heures du matin, une salve d'artillerie annonça son arrivée aux barrières de Paris. S. M. était escortée par le beau corps de cuirassiers du prince Maurice de Lichtenstein, et accompagnée des grands-officiers de sa maison et de plusieurs de ses généraux. Un détachement de la garde noble allemande, un détachement de la garde noble hongroise, et un détachement de la garde noble bohême, faisaient aussi partie de ce brillant cortège. La foule des spectateurs, sur une si longue étendue de chemin, était immense; de toutes parts se faisaient entendre les cris de vive l'empereur d'Allemagne! vive le père et le sauveur des peuples!

LL. MM. l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, S. A. R. Monsieur, S. A. I. le grand-duc

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Constantin, et le prince royal de Suède avaient été au-devant de S. M. I. et R., et l'accompagnèrent, jusqu'à l'ancien hôtel Charost, faubourg Saint-Honoré, où elle avait bien voulu fixer sa résidence.

Quelque temps avant cette entrée solennelle, une députation des royalistes de Champagne s'étant présentée à Troyes, à l'audience de l'empereur d'Autriche, l'orateur hésitait de lui parler des Bourbons: « Ne savez-vous pas, lui dit l'empereur, avec une bonté touchante, que j'ai vingt quatre millions de sujets, c'est-à-dire vingt-quatre millions d'enfans, et que je dois faire à leur bonheur le sacrifice de mes sentimens particuliers? »

La présence d'un Bourbon vint mettre le comble à l'allégresse des Parisiens, en leur faisant espérer qu'ils auraient bientôt la satisfaction de voir le roi dans leurs murs. Dès qu'on fut informé dans la capitale que Monsieur, comte d'Artois, lieutenant-général du royaume, s'était arrêté à Livry, dans le château du Raincy, un grand nombre de personnes de tout rang accourut auprès du prince. On s'étonnait de ne point voir de gardes autour de sa voiture : « A travers la haie de cocardes blanches qui ne m'a point quitté depuis Vesoul, je n'avais pas besoin d'escorte, dit Monsieur. J'arrive à Paris avec

d'autant plus de satisfaction, que je viens y apporter la paix générale. La cocarde blanche que vous voyez à mon chapeau vient de m'être envoyée par l'empereur d'Autriche. >>

Les habitans, les villageois des lieux où passaient S. A. R. s'écriaient tous: « Nous sommes bien sûrs du bonheur, puisque nous revoyons le frère de notre bon roi. Oui, mes enfans, leur répondait le prince, votre bonheur est assuré; nous ne venons que pour cela. »

Un détachement de la garde nationale de Paris s'étant rendu auprès de Monsieur, le prince vint à eux, et leur dit : « J'aime l'habit que vous portez, il est celui d'un grand nombre de bons Français. J'en ai fait faire un pareil dans la bonne ville de Nanci; je n'en aurai point d'autre pour mon entrée à Paris. >>

Elle eut lieu avec une grande pompe, le 12 avril. S. A. R. montait un cheval blanc; ́elle était décorée du cordon bleu, avec la plaque de la croix de Saint-Louis et de l'ordre de la Toison d'Or, en sautoir; revêtue de l'uniforme de la garde nationale, elle tenait son chapeau, orné d'un panache blanc, qu'elle agitait en l'air, et saluait tout le monde, à sa droite et à sa gauche. Il est impossible, dit un journaliste, de décrire l'enthousiasme et la joie que l'immense population de Paris fit éclater partout

sur le passage de S. A. R. Nous n'avons jamais rien vu de semblable, et nous ne craignons pas de dire que nos pères n'ont jamais eu le même bonheur. Des pleurs d'attendrissement coulaient de tous les yeux; le prince même pleurait aussi de joie; on s'embrassait sans se connaître; on se promettait avec nos princes légitimes le retour de la félicité que nous avions perdue avec eux. Les dames, aux fenêtres, agitaient un drapeau blanc.

Le cortège accompagna le prince à la métropole, où le clergé en chappe, s'était réuni pour le recevoir et le conduisit dans le sanctuaire sous un dais porté par quatre chanoines, orné d'une broderie en soie blanche, présent des dames religieuses de Saint-Michel, offert pour la cérémonie. On chanta un Te Deum et un Domine salvum fac Regem. La sainteté du lieu ne put retenir l'élan des assistans, et les cris de vive le Roi! vive Monsieur! firent retentir les voûtes.

Monsieur remonta à cheval au bruit des acelamations universelles, et se rendit au château des Tuileries avec le même, cortège qui l'avait accompagné, et au milieu de la foule qui se précipitait sur ses pas. Le drapeau blanc fut aussitôt arboré sur le pavillon du centre.

Un très-grand nombre d'habitans de Paris

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