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bonheur de l'Europe, il faut que grande et forte;

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la France soit

Qu'ils reconnaîtront et garantiront la cons titution que la nation française se donnera. Ils invitent, par conséquent, le Sénat à désigner sur-le-champ un Gouvernement provisoire qui puisse pourvoir aux besoins de l'administration, et préparer la constitution qui conviendra au peuple français.

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Les intentions que je viens d'exprimer me sont communes avec toutes les puissances alliées. >>

Signé, ALEXANdre.

On fit attention que l'officier prussien envoyé à l'Hôtel-de-ville comme parlementaire, se servit de ce mot remarquable: « Enfin, messieurs, NOS malheurs sont finis. >>

Dans la soirée de ce même jour, une foule immense de citoyens de tous les rangs et de tous les sexes répandus dans toutes les rues, sur toutes les places et toutes les promenades, se méla au milieu des officiers et des soldats russes, autrichiens, prussiens, bavarois, wurtembergeois, etc, pour converser avec eux. Des cris de vive le roi! vive Louis XVIII! se firent entendre dans la plupart des quartiers; nombre

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de personnes prirent la cocarde blanche, et se promenèrent précédées de drapeaux blancs. Une affluence considérable de Parisiens réunis autour de la colonne de la place Vendôme s'oc‐ cupa d'en renverser la statue de Napoléon.

« Quel caractère sauvage dans la prétendue grandeur de Buonaparte, s'écrie M. de Lacretelle! Quelle gaucherie dans sa magnificence! Quel contraste avec le noble et touchant tableau que nous offrent les deux souverains qui sont devenus en un jour les alliés du peuple français! Buonaparte voulait occuper tous les palais de l'Europe. Ces monarques n'entrent pas dans le palais du roi de France absent: un simple appartement leur suffit. Depuis que la maison de Lorraine a donné l'exemple de cette simplicité qui décore si bien le trône, l'alliance des peuples et des rois est deveuue plus intime..... « C'est aujourd'hui le jour de réunion de la grande famille européenne. »

La marche de l'armée des alliés, lit-on dans le Journal des Débats, présentait un ordre admirable; on ne se lassait point de contempler des troupes qui, transportées de contrées si éloignées, avaient l'air de sortir de leurs cantonnemens. Un voyageur qui aurait ignoré tout

ce qui venait de se passer, aurait cru que c'était une armée nationale qui rentrait au sein de sa famille. »

Parvenu dans le faubourg Saint-Martin, l'empereur de Russie dit à la foule immense qui se pressait autour de sa personne auguste : «< Je ne viens point en ennemi, je vous apporte la paix et le commerce ». Dans les annales de quel peuple un souverain entrant vainqueur dans une ville, s'exprime-t-il avec cette bonté touchante?

<< Il y y a long-temps, disait-on à l'empereur de Russie, que votre arrivée était attendue et désirée à Paris. Je serais venu plus tôt, répondit le monarque, n'accusez de mon retard que la valeur française. »>

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Lorsque ce prince alla visiter le palais des Tuileries, on lui montra le salon de la Paix : Sa Majesté demanda, en souriant, à quoi cette pièce servait à Buonaparte?

L'empereur de Russie, répondit à-peu-près en ces termes à une députation de l'Institut de France : « J'ai toujours estimé les progrès que les Français ont faits dans les sciences et dans les lettres; ils ont fortement contribué à répandre les lumières sur l'Europe; je ne leur impute point les malheurs de leur pays, et je mets un extrême intérêt au rétablissement de leur

liberté. Etre utile aux hommes est le seul but de ma conduite je n'ai été amené en France par aucun autre motif. »

On est saisi d'une vive admiration, autant que d'une profonde reconnaissance, en songeant à la noble générosité des puissances alliées envers la nation française. Le lord Castlereagh, ministre et secrétaire d'état, fit la réponse suivante à quelqu'un qui vantait avec raison la magnanimité de l'empereur Alexandre : « Sa Majesté, dit ce ministre, a pris pris sur nous l'initiative en générosité; mais les Anglais ne demeureront pas en reste. » Ce ministre dit aussi : « Les na-tions de l'Europe se sont assez prouvé leur bravoure, il faut maintenant qu'elles ne combattent plus que de générosité et de modération. » Parler et penser de la sorte, c'est être vraiment un grand ministre.

Une dame, ayant avec elle ses deux filles jeunes et jolies, espérait pénétrer jusque dans la chapelle de S. M. l'empereur de Russie. Un officier russe à qui elle en demandait la permission, lui répondit : « Cela est impossible, madame, nous sommes dans la semaine sainte, et l'empereur ne voudrait pas s'exposer aux distractions.»

Une autre dame disait à un officier russe ; Que votre empereur est beau! C'est vrai,

répondit-il: eh bien, sa bonté l'emporte sur sa beauté. -Aussi, répliqua une autre personne, lève-t-il aujourd'hui sur la France une contribution dont le paiement lui est assuré, la reconnaissance de tous les cœurs des Français. »

Tout Paris remarqua avec la plus vive satisfaction que tous les généraux et officiers de l'armée russe portaient la cocarde blanche unie avec celle de leur nation. D'autres officiers et les soldats portaient autour du bras un mouchoir blanc. Il en était de même des autres troupes alliées.

L'empereur Alexandre ordonna que les tambours et les musiciens de ses armées apprissent l'air vive Henri IV, à fin de le jouer souvent.

On n'oubliera jamais la cérémonie auguste et sainte célébrée le 10 avril sur la place de Louis XV. par les armées alliées; elle présentait un spectacle à-la-fois des plus touchans et des plus majestueux, soit par l'objet de la cérémonie, qui était de remercier Dieu d'avoir donné la paix à la France et au Monde, soit par le recueillement tout religieux de quatre-vingt mille guerriers de différentes nations, prosternés au pied des autels. A midi, LL. MM. l'empereur Alexandre et le roi de Prusse, et S. A. le prince Schwarzenberg, représentant S. M. l'empereur d'Autriche, se portèrent sur les boulevards pour passer en revue leurs troupes respectives ran

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